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La Trinité 13 trinité dans la foi/Saint Augustin
LA MORT ET LES MAUX DE CE MONDE TOURNENT AU BIEN DES ÉLUS. COMBIEN ÉTAIT CONVENABLE LA MORT DU CHRIST POUR NOUS JUSTIFIER. CE QUE C'EST QUE LA COLÈRE DE DIRE.
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Bien que la mort de la chair ait pris son origine dans le péché du premier homme, cependant son saint usage a fait de très-glorieux martyrs. Voilà pourquoi, non-seulement la mort, mais tous les maux de ce monde, les douleurs et les travaux des hommes, quoique résultant du péché, et surtout du péché originel, qui a enchaîné la vie à la mort, ont dû subsister après la rémission des péchés, pour donner à l'homme l'occasion de combattre pour la vérité, pour exercer la vertu des fidèles, afin que le nouvel homme se préparât par un nouveau testament à une vie nouvelle, à travers les maux de ce monde, en supportant courageusement la misère que lui a attirée une vie coupable, en se félicitant humblement de la voir bientôt finir, en attendant avec patience et fidélité le bonheur qui sera le partage immortel de la vie future complètement affranchie.
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Car le démon expulsé du domaine et des coeurs des fidèles, sur lesquels il régnait à raison de leur condamnation et de leur infidélité, quoique condamné lui-même, le démon, dis-je, n'a permission de les combattre que durant cette existence mortelle, et dans la mesure où le juge utile à leurs intérêts Celui dont les saintes Ecritures nous disent hautement par la bouche de l'Apôtre : « Dieu est fidèle et il ne souffrira pas que vous soyez tentés par-dessus vos forces; mais il vous fera tirer profit de la tentation même, afin que vous puissiez persévérer (I Cor; X, 13 ) ». Or, ces maux pieuse ment supportés par les fidèles servent ou à expier les péchés, ou à-exercer et éprouver la vertu, ou à faire ressortir la misère de cette vie afin de faire désirer plus vivement et chercher avec plus d'ardeur cette autre vie, où le bonheur sera véritable et immortel. Mais là-dessus nous nous eu tenons à ce que dit l'Apôtre: « Or, nous savons que tout coopère au bien pour ceux qui aiment Dieu, pour ceux qui selon son décret, sont appelés à être saints. Car ceux qu'il a connus par sa prescience, il les a aussi prédestinés à être conformes à l'image de son Fils, afin qu'il fût lui-même le premier-né entre beaucoup de frères. Et ceux qu'il a prédestinés. il les a appelés; et ceux qu'il a appelés, il les a aussi justifiés et ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés». De ces prédestinés pas un seul ne périra avec le démon; pas un seul ne restera sous la puissance du démon jusqu'à la mort. Puis
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l'Apôtre ajoute ce que j'ai déjà cité plus haut: « Que dirons-nous donc après cela? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? Lui qui n'a pas épargné même son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, comment ne nous aurait-il pas donné toutes choses avec lui (Rm 8, 32 ) ? »
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Pourquoi la mort du Christ n'aurait-elle pas eu lieu ? Bien plus, pourquoi, parmi les innombrables moyens que le Tout-Puissant avait à sa disposition, pour nous délivrer, n'aurait-il pas donné la préférence à celui-ci ? Sa divinité ne perdait rien, ne subissait aucun changement. Et son Fils, en revêtant notre humanité, procurait aux hommes cet immense avantage, que la mort temporelle et nullement due de celui qui était tout à la fois Fils éternel de Dieu et fils de l'homme, les délivrerait de la mort éternelle qu'ils avaient méritée. Le démon tenait nos péchés sous sa main, et par eux nous clouait justement à la mort. Celui qui n'en avait pas commis, les a pardonnés, et a été condamné à la mort par le démon contre toute justice. Or, son sang a été d'un tel prix, que celui même qui avait fait souffrir au Christ une mort temporelle et imméritée, n'a pu retenir dans la mort éternelle aucun de ceux qui l'avaient encourue, dès qu'ils ont été revêtus du Christ. « Ainsi, Dieu témoigne son amour pour nous, en ce que, dans le temps où nous étions encore pécheurs, le Christ est mort pour nous. Maintenant donc, justifiés par son sang, nous serons, à plus forte raison, délivrés par lui de la colère ». « Justifiés par son sang », dit l'Apôtre ; évidemment (519) en ce que nous sommes délivrés de tous les péchés; mais délivrés de tous les péchés parc que le Fils de Dieu, qui n'avait pas de péché a été mis à mort pour nous. « Nous serons donc délivrés par lui de la colère ». Car la colère n'est pas chez Dieu comme chez l'homme un trouble de l'âme. C'est la colère de celui à qui l'Ecriture sainte dit ailleurs: « Pour vous Seigneur des vertus, vous jugez avec calme (Sg 12, 18 ) ». Eh bien! si c'est là le nom de la juste vengeance de Dieu, qu'est-ce que la vraie réconciliation avec lui sinon la fin de ce courroux ? Nous étions ennemis de Dieu, exactement dans le même sens que les péchés sont ennemis de la justice; ces péchés une fois remis, toutes ces inimitiés disparaissent, et Dieu se réconcilie avec le juste qu'il justifie lui-même. Mais ces ennemis, il les aimait déjà : puisqu'il « n'a point épargné même son propre Fils, mais qu'il l'a livré pour nous tous », dans le temps où nous étions encore pécheurs. L'Apôtre a donc raison d'ajouter ensuite: « Car si lorsque nous étions ennemis de Dieu, nous avons été réconciliés avec lui par la mort de son Fils », mort qui a procuré la rémission des péchés, « à bien plus forte raison, réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie»: sauvés par sa vie, après avoir été réconciliés par sa mort. Qui peut, en effet, douter qu'il donnera sa vie à ses amis, lui qui leur a donné sa mort quand ils étaient ses ennemis?
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« Non-seulement cela », continue l'Apôtre « mais nous nous glorifions en Dieu par Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui maintenant nous avons obtenu la réconciliation ». « Non-seulement», dit-il, nous serons sauvés, « mais nous nous glorifions, non pas en nous, mais en Dieu », ni par nous, mais « par Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui maintenant nous avons obtenu la réconciliation», dans le sens que nous avons expliqué plus haut. Après quoi l'Apôtre ajoute: « C'est pourquoi, comme le péché est entré dans le monde par un seul homme, et la mort par le péché, ainsi la mort a passé dans tous les hommes par celui en qui tous ont péché (Rm 5, 8-12 )». Et la suite du texte, où l'Apôtre parle plus au long des deux hommes : l'un, le premier Adam, celui qui a transmis à sa postérité deux maux héréditaires, le péché et la mort; l'autre, le second Adam, qui n'est pas homme seulement, mais aussi Dieu, qui, en payant pour nous ce qu'il ne devait pas, nous a affranchis des dettes de notre père et des nôtres. Et comme le démon nous tenait tous sous son esclavage à cause du premier Adam qui nous avait engendrés par sa concupiscence viciée et charnelle, il est juste qu'il nous laisse tous libres à cause du second Adam qui nous a régénérés par sa grâce spirituelle et immaculée.
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CHAPITRE XVII.
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AUTRES AVANTAGES DE L'INCARNATION.
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Il y a bien d'autres points de vue dignes d'attention et de réflexion dans l'incarnation du Christ, qui déplaît tant aux orgueilleux. Par exemple, elle fait comprendre à l'homme quelle place il tient parmi les êtres que Dieu a créés, puisque la nature humaine a pu être unie à Dieu si étroitement que deux substances, et par là même, trois : Dieu, l'âme et la chair, n'aient formé qu'une personne. Ainsi ces esprits orgueilleux et méchants, qui interviennent, en apparence pour aider, en réalité pour tromper, n'osent plus se préférer à l'homme par la raison qu'ils n'ont pas de corps; surtout, le Fils de Dieu ayant daigné mourir dans la chair, ils ne peuvent plus se faire adorer comme dieux par la raison qu'ils sont immortels. En outre, la grâce de Dieu, accordée sans aucuns mérites antérieurs, éclate visiblement dans le Christ fait l'homme: car le Christ lui-même n'avait point mérité antérieurement d'être si étroitement uni au vrai Dieu que le Fils de Dieu ne fît qu'une seule personne avec lui; mais il n'a commencé à être Dieu que du moment où il a été homme:
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ce qui fait dire à l'évangéliste : « Le Verbe a été fait chair (Jean 1, 14 ) ». Autre avantage : l'orgueil de l'homme, principal obstacle à son union avec Dieu, a pu être confondu et guéri par le profond abaissement d'un Dieu. Par là encore l'homme mesure la distance qui le séparait de Dieu, et peut apprécier ce que lui vaut le remède de la douleur, puisqu'il ne revient que par l'entremise d'un médiateur, qui, comme Dieu, vient au secours des hommes, et, comme homme, se rapproche d'eux par l'infirmité. Ensuite quel plus beau modèle d'obéissance, pour nous qui nous étions perdus par désobéissance, que celui de Dieu le Fils, obéissant à Dieu le Père jusqu'à la mort de la croix (Phil; 2, 8 )? D'ailleurs où pouvait-on nous montrer une (520) plus belle récompense de l'obéissance que dans la chair d'un si grand médiateur, ressuscité pour la vie éternelle ? Enfin il était digne de la justice et de la bonté du Créateur que le démon fût vaincu par cette même créature raisonnable qu'il se flattait d'avoir vaincue, et provenant de ce même genre humain que la faute d'un seul avait vicié dans son origine et livré à son pouvoir.
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CHAPITRE XVIII.
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POURQUOI LE FILS DE DIEU A PRIS SON HUMANITÉ DANS LA RACE D'ADAM ET DANS LE SEIN D'UNE VIERGE.
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Assurément Dieu pouvait prendre la nature humaine, qui devait servir de médiatrice entre Dieu et l'homme, ailleurs que dans la race d'Adam, de celui qui avait souillé par son péché tout le genre humain; il avait bien créé Adam lui-même, sans lui donner de parents. Il pouvait donc, ou de cette manière, ou de toute autre, créer un autre Adam pour vaincre celui qui avait vaincu le premier, Mais il a jugé convenable de tirer de la race vaincue l'homme qui devait servir à vaincre l'ennemi du genre humain. Néanmoins, il a voulu le faire naître d'une Vierge, que l'Esprit et non la chair, la foi et non la passion, ont rendue féconde (Luc; I, 26-38 ). Ici point de cette concupiscence sensuelle, origine commune des esclaves du péché originel; c'est bien au-dessus de ses atteintes, par la foi et non par l'union charnelle, que la sainte virginité a été fécondée; il fallait que le fruit qui devait naître de la race du premier homme, tînt de lui son origine, et non son crime. En effet, ce qui naissait ici n'était plus une nature viciée par la contagion originelle, mais un remède, l'unique remède à tous les vices de l'humanité. Ce qui naissait, dis-je, c'était un homme qui n'avait point de péché, qui n'en pouvait jamais avoir, et qui devait rendre la vie, en les délivrant du péché, à ceux qui ne pouvaient naître sans péché. Car, bien que la chasteté conjugale dirige à bonne fin la concupiscence charnelle dont le siége est dans les parties sexuelles, toutefois cette concupiscence a des mouvements involontaires qui prouvent assez ou qu'elle n'a pu exister dans le paradis terrestre avant le péché, ou que, si elle y existait, elle n'était pas de nature à se soustraire parfois à l'empire de la volonté.
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Mais telle que nous l'éprouvons maintenant, elle combat, nous le sentons, la loi de l'esprit, elle stimule la passion charnelle, même en dehors de l'union conjugale; si on lui cède elle ne s'assouvit qu'en péchant; si on lui résiste, elle s'agite sous le frein : et peut-on douter que ces deux inconvénients aient été inconnus dans le paradis à l'homme encore innocent? Car, là, l'innocence excluait tout péché, et le bonheur, tout trouble. Donc il était nécessaire que cette concupiscence charnelle fût bannie, quand une Vierge concevait Celui en qui l'auteur de la mort ne devait rien trouver qui méritât la mort, bien qu'il dût la lui donner, pour être à son tour vaincu par la mort de l'auteur de la vie: lui le vainqueur du premier Adam et le maître du genre humain, vaincu par le second Adam et perdant ses droits sur le peuple chrétien, lequel est délivré, au milieu du genre humain, du crime de l'humanité par celui qui était exempt de crime, quoique membre de la race humaine : en sorte que le trompeur a été vaincu par l'espèce qu'il avait vaincue par le crime. Et tout cela s'est fait pour que l'homme ne s'enfle pas d'orgueil, pour que « celui qui « se glorifie, se glorifie dans le Seigneur ». En effet le vaincu n'était qu'un homme, et il a été vaincu parce qu'il voulait être dieu, tandis que le vainqueur était homme et Dieu; et le fils d'une Vierge a vaincu, parce que Dieu ne se contentait pas de le gouverner comme les autres saints, mais s'était humblement revêtu de lui. Or, ces précieux dons de Dieu et tant d'autres qu'il serait trop long de rechercher et d'exposer ici, n'eussent point existé, si le Verbe n'avait pas été fait chair.
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CHAPITRE XIX.
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QUELLE EST LA PART DII LA SCIENCE, ET QUELLE EST LA PART DE LA SAGESSE DANS LE VERBE INCARNÉ.
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Pour revenir à la distinction qu'il s'agit d'établir, tout ce que le Verbe, fait chair pour nous, a fait et souffert dans le temps et dans l'espace, appartient à la science et non à la sagesse. Quant au Verbe, considéré en dehors du temps et de l'espace, coéternel au Père et partout tout entier, tout ce qu'on en peut dire de conforme à la vérité, est parole de sagesse:
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par conséquent le Verbe fait chair, qui est le (521) Christ Jésus, renferme tout à la fois les trésors de la sagesse et de la science. C'est ce que l'Apôtre écrit aux Colossiens: « Car je veux que vous sachiez quelle sollicitude j'ai pour vous, pour ceux qui sont à Laodicée et pour tous ceux qui n'ont pas vu ma face dans la chair, afin que leurs coeurs soient consolés, et qu'ils soient unis eux-mêmes dans la charité, pour parvenir à toutes les richesses d'une parfaite intelligence, et à la connaissance du mystère de Dieu, qui est le Christ Jésus, en qui tous les trésors de la sagesse et de la science sont cachés (100ol 2, 1-3 ) ». Et qui peut savoir jusqu'à quel point l'Apôtre connaissait ces trésors, jusqu'où il y était entré et quelles grandes choses il y avait découvertes? Pour moi, m'en tenant à ce qui est écrit: « Or, à chacun est donnée la manifestation de l'Esprit pour l'utilité car à l'un est donnée par l'Esprit la parole de sagesse, à un autre la parole de science selon le même Esprit (1100o 12, 7, 8) »; si la distance entre la sagesse et la science consiste en ce que la première appartient aux choses divines et la seconde aux choses humaines, pour moi, dis-je, je les reconnais toutes les deux dans le Christ, et tout fidèle les y reconnaît avec moi. Et quand je lis : « Le Verbe a été fait chair et il a habité parmi nous », dans le Verbe je reconnais le vrai Fils de Dieu, dans la chair je reconnais le vrai Fils de l'homme, et les deux réunis, par une ineffable surabondance de grâce, en la personne unique du Dieu-Homme. Ce qui fait que l'Evangéliste ajoute: « Et nous avons vu sa gloire, comme celle qu'un fils unique reçoit de son père, plein de grâce et de vérité (Jn 1, 14 ) ». Si nous rattachons la grâce à la science, la sagesse à la vérité, ce ne sera pas nous écarter, je pense, de la distinction que nous cherchons à établir entre ces deux choses.
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En effet, dans l'ordre des choses qui se-sont faites dans le temps, le point culminant de la grâce est l'union de l'homme à Dieu dans la même personne; et, dans l'ordre des choses éternelles, on attribue avec raison la souveraine vérité au Verbe de Dieu. Mais comme ce même Fils unique du Père est plein de grâce et de vérité, il en résulte que dans ce qu'il a fait pour nous dans le temps, il est celui en qui nous sommes purifiés par la foi, pour le contempler à jamais dans les choses éternelles. Quant aux principaux philosophes païens qui ont pu comprendre les perfections invisibles de Dieu par les choses qui ont été faites, comme ils raisonnaient sans le Médiateur, c'est-à-dire sans l'Homme-Christ, et qu'ils n'ont cru, ni aux prophètes qui annonçaient sa venue, ni aux apôtres qui. le disaient arrivé; ils ont retenu la vérité dans l'injustice, ainsi qu'on l'a dit d'eux. En effet, vivant dans ce bas monde, ils n'ont pu que chercher quelques moyens d'arriver aux objets sublimes qu'ils avaient compris; et ils sont ainsi tombés aux mains des démons menteurs, qui leur ont fait changer la gloire du Dieu incorruptible contre une image représentant des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles (Rm 1, 20, 18, 23 ). Car c'est sous ces formes qu'ils ont créé ou adoré des idoles. Donc le Christ est notre science et aussi notre sagesse. C'est lui qui nous donne la foi aux choses temporelles, c'est lui qui nous apprend la vérité sur les choses éternelles. Par lui nous allons à lui, par la science nous tendons à la sagesse: et cependant, nous ne nous éloignons pas de ce seul et même Christ « en qui tous les trésors de la sagesse et de la science sont cachés ».
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Mais, pour le moment, nous ne parlons que de la science, nous réservant de parler plus tard de la sagesse, si Dieu nous en fait la grâce. Toutefois ne donnons pas aux mots une acception si étroite, que nous nous interdisions d'appeler sagesse la science des choses humaines, et science la sagesse qui s'occupe des choses divines. L'usage, élargissant le sens des mots, applique souvent à l'une et à l'autre la dénomination de sagesse ou de science. Cependant l'Apôtre n'eût pas écrit: « A l'un est donnée la parole de sagesse, à un autre la parole de science », si ces deux dénominations n'avaient chacune un sens particulier, suivant la distinction que nous établissons à cette heure.
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CHAPITRE XX.
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La Trinité 13 trinité dans la foi/Saint Augustin
RÉSUMÉ DE CE LIVRE. COMMENT NOUS SOMMES ARRIVÉS GRADUELLEMENT A DÉCOUVRIR UNE CERTAINE TRINITÉ DANS LA SCIENCE PRATIQUE ET DANS LA VRAIE FOI.
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La Trinité 13 trinité dans la foi/Saint Augustin
Voyons enfin le résultat de cette longue discussion, à quoi elle conclut, où elle a abouti. Tous les hommes désirent être (522) heureux, et cependant tous n'ont pas la foi qui purifie le coeur et conduit au bonheur. Ainsi donc c'est par cette foi, que tous ne veulent pas, qu'il faut tendre au bonheur que personne ne peut ne pas vouloir. Chacun voit dans son coeur qu'il veut être heureux, et; sur ce point, l'accord est si universel, qu'on ne se trompe jamais en jugeant de l'âme des autres d'après la sienne; en deux mots, nous savons que c'est là le voeu de tous. Or, beaucoup désespèrent d'être immortels, bien que, sans cela, ce qu'ils désirent, c'est-à-dire le bonheur, soit impossible. Cependant ils voudraient être immortels s'ils pouvaient l'être, mais ne croyant pas le pouvoir, ils ne vivent pas de façon à pouvoir le mériter. La foi est donc nécessaire pour parvenir au bonheur, à la jouissance de tous lesbiens, soit de l'âme, soit du corps. Or, que cette foi repose sur le Christ qui est ressuscité d'entre les morts dans sa chair, pour ne plus jamais mourir; que personne ne puisse être délivré que par lui de l'empire du démon au moyen de la rémission des péchés; que la vie soit nécessairement malheureuse avec le démon, et que cette vie, ou plutôt cette mort, soit sans terme : voilà encore ce que cette même foi nous enseigne. J'en ai parlé dans ce livre comme je l'ai pu et aussi longtemps que je l'ai pu; et déjà j'en avais traité longuement dans le quatrième livre de cet ouvrage (Ch; XIX-XXI ), mais dans un but différent: là, pour faire voir pourquoi et comment le Christ a été envoyé par le Père dans la plénitude du temps(Gal; IV, 4 ) et réfuter ceux qui prétendent que Celui qui envoie et Celui qui est envoyé ne peuvent être égaux en nature; ici, pour établir la distinction entre la science active et la sagesse contemplative.
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Nous avons cherché à découvrir dans l'une et dans l'autre, et en montant, pour ainsi dire, par degrés, une certaine trinité particulière (sui generis) appartenant à l'homme intérieur, comme déjà nous en avions cherché une dans l'homme extérieur. Notre but était d'exercer notre intelligence sur des objets d'un ordre inférieur, afin d'arriver dans la mesure de nos forces, et si cela est possible, à contempler au moins en énigme et à travers un miroir (I Cor; XIII, 12 ), la souveraine Trinité qui est Dieu. L'homme qui confie à sa mémoire les paroles de la foi, sans même en comprendre la signification, comme on retient, par exemple, des mots grecs, ou latins ou de toute autre langue qu'on ignore: cet homme n'a-t-il déjà pas en son âme une certaine trinité, à savoir: le son des mots que sa mémoire conserve, même quand il n'y pense pas; puis la pensée qui naît du souvenir, quand il y songe, et enfin la volonté qui unit le souvenir et la pensée? Cependant nous ne dirons pas que, dans cette opération, il agisse selon la trinité de l'homme intérieur: c'est bien plutôt selon la trinité de l'homme extérieur, puisque le souvenir qu'il se rappelle, quand il le veut et autant qu'il le veut, ne se rattache qu'au sens corporel qu'on appelle l'ouïe, et qu'il n'y a dans sa pensée autre chose que des images d'objets matériels, c'est-à-dire de sons. Mais s'il sait et se rappelle le sens des paroles, c'est déjà une opération de l'homme intérieur; cependant on ne peut pas encore dire qu'il vive selon la trinité de l'homme intérieur, à moins qu'il n'aime les enseignements, les préceptes, les promesses renfermés dans ces paroles. Il peut même se les rappeler et y penser, tout en les croyant faux et en cherchant à les réfuter. Ainsi la volonté qui unit le souvenir de la mémoire et l'impression qui en résulte dans le regard de la pensée, complète, elle troisième, une sorte de trinité; mais on ne vit pas selon cette trinité quand on repousse comme fausses les impressions de la pensée. Mais quand on les croit vraies et qu'on aime ce qu'il y a à aimer, alors seulement on vit selon la trinité de l'homme intérieur : car l'homme vit selon ce qu'il aime.
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La Trinité 13 trinité dans la foi/Saint Augustin
Or comment aimer ce que l'on ignore, mais que l'on croit? Nous avons déjà traité cette question dans les livres précédents (50iv; 8, ch. et suiv; ; 50iv; 10, ch. 1, etc;), et prouvé que personne ne peut aimer ce qu'il ignore complètement, et que quand on est dit aimer l'inconnu; c'est en vertu de quelque chose de connu. Maintenant nous disons, pour conclusion de ce livre, que le juste vit de la foi ( Rm 1, 17 ), de la foi qui agit par la charité (Gal; 5, 6 ), en sorte que les vertus mêmes qui règlent la vie, la prudence, la force, la tempérance et la justice, se rapportent toutes à cette même foi, sans quoi elles ne seraient pas de véritables vertus. Du reste, quelle que soit leur valeur, elles ne peuvent en cette vie dispenser de la rémission de tous les péchés, et celle-ci ne s'obtient que par celui qui a vaincu, en versant son sang, le prince des pécheurs. Toutes les connaissances qui résultent de cette foi et de cette conduite pour l'âme du fidèle, quand elles sont contenues dans la mémoire, vues par le regard de la pensée et acceptées par la volonté, forment une certaine trinité particulière ( sui generis ). Mais l'image de Dieu, dont, avec son aide, nous parlerons plus tard, n'est point encore ici. C'est ce qui sera mieux démontré quand nous aurons fait voir où elle est. Le lecteur s'en convaincra par le livre suivant. (524).
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La Trinité 14 image de dieu dans l'homme/Saint Augustin
LIVRE QUATORZIÈME : IMAGE DE DIEU DANS L'HOMME.
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La Trinité 14 image de dieu dans l'homme/Saint Augustin
L'image de Dieu ne se trouve pas dans la mémoire, l'intelligence et l'amour, quand ces facultés ont pour objet la foi aux choses du temps, ou les opérations de l'âme sur elle-même , mais quand elles s'appliquent aux choses immuables. Elle est parfaite quand l'âme est renouvelée à la connaissance de Celui qui a créé l'homme à son image, et qu'elle reçoit ainsi la Sagesse où se trouve la contemplation des choses éternelles.
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La Trinité 14 image de dieu dans l'homme/Saint Augustin
LIVRE QUATORZIÈME : IMAGE DE DIEU DANS L'HOMME.
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La Trinité 14 image de dieu dans l'homme/Saint Augustin
CHAPITRE PREMIER.
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La Trinité 14 image de dieu dans l'homme/Saint Augustin
QU'EST-CE QUE LA SAGESSE DONT IL EST ICI QUESTION? D'OU VIENT LE NOM DE PHILOSOPHE? CE QUI A ÉTÉ DIT PLUS HAUT DE LA DISTINCTION ENTRE LA SCIENCE ET LA SAGESSE.
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