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La Trinité 12 trinité dans la science/Saint Augustin
CHAPITRE V.
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La Trinité 12 trinité dans la science/Saint Augustin
PEUT-ON VOIR L'IMAGE DE LA TRINITÉ DANS L'UNION DE L'HOMME ET DE LA FEMME, ET LEUR PROGÉNITURE?
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La Trinité 12 trinité dans la science/Saint Augustin
Je ne regarde donc point comme probable l'opinion de ceux qui pensent que la nature hum-aine offre l'image de la Trinité d'un Dieu en trois personnes, dans l'union conjugale de l'homme et de la femme, complétée par leur progéniture : en sorte que l'homme représenterait la personne du Père, l'enfant né de lui, la personne du Fils, et la femme, celle du Saint-Esprit, vu qu'elle a procédé de l'homme sans être ni son fils ni sa fille (Gn 2, 22. ), bien que l'enfant soit conçu et né d'elle. En effet le Seigneur a dit du- Saint-Esprit qu'il procède du Père (Jn 15, 26 ), et cependant il n'est pas son Fils. Dans cette opinion erronée, il n'y a qu'une chose admissible; c'est que, d'après l'origine de la femme et le témoignage de la sainte Ecriture, on ne peut pas appliquer le nom de fils à foute personne procédant d'une autre personne, puisque la personne de la femme est sortie de celle de l'homme, sans qu'on l'ait pour cela nommée sa fille. Mais tout le reste est tellement absurde, tellement faux, qu'il est très-facile de le réfuter. Et d'ailleurs je aie parle pas de ce qu'il y a d'étrange à regarder le Saint-Esprit comme la Mère du Fils de Dieu et l'Epouse du Père; car on me répondrait peut-être que ces ternies ne sont blessants que quand ils s'appliquent à la conception et à l'enfantement charnels; que du reste les hommes purs, pour qui tout est pur, pensent à cela avec une chasteté parfaite; mais que pour les impurs et les infidèles, qui ont l'âme et la conscience souillées (Tit; 1, 15 ), il est si vrai qu'il n'y arien de pur qu'il répugne même à quelques-uns d'entre eux que le Christ soit né d'une Vierge selon la chair. Mais dans ces hauteurs spirituelles et sublimes, où rien n'est sujet à l'impureté ni à la corruption, où rien n'est né du temps, ni formé d'un être imparfait, si l'on emploie le langage qui a servi de type pour exprimer ce qui se passe, quoique à une très-grande distance, dans l'ordre inférieur de la création, il ne faut pas qu'une timide sagesse s'en effarouche, de peur de tomber dans une pernicieuse erreur, en cédant à une crainte imaginaire. Qu'elle s'accoutume à trouver, dans les choses matérielles, un (496) vestige des choses spirituelles, de manière que, quand il s'agira de monter sous la direction de la raison, pour parvenir à la vérité immuable par qui tout a été fait, elle n'emporte pas avec elle dans les régions supérieures ce qu'elle méprise dans les régions inférieures. Quelqu'un n'a pas rougi de choisir la sagesse pour épouse, bien que ce mot d'épouse fasse naître dans l'esprit la pensée d'une union charnelle en vue de la génération, et que la sagesse soit supposée du sexe féminin, puisque le substantif qui la désigne est féminin en latin et en grec.
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La Trinité 12 trinité dans la science/Saint Augustin
CHAPITRE VI.
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La Trinité 12 trinité dans la science/Saint Augustin
IL FAUT REJETER CETTE OPINION.
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Si nous rejetons cette opinion, ce n'est donc pas parce que nous craignons de regarder la sainte, incorruptible et immuable charité comme l'épouse du Père, et procédant de lui, et non comme une fille destinée à engendrer le Verbe par qui tout a été fait; mais parce qu'elle est formellement démontrée fausse par l'Ecriture. Dieu dit en effet: « Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance»; et ensuite peu après on lit: « Et Dieu fit l'homme à l'image de Dieu (Gn 1, 26, 27. ) » Evidemment le mot « notre », se rapportant à un pluriel, ne serait plus juste si l'homme était fait à l'image d'une seule personne, soit le Père, soit le Fils, soit le Saint-Esprit; mais comme il est fait à l'image de la Trinité, voilà pourquoi on dit : « A notre image ». D'autre part, de peur qu'on ne croie à trois dieux dans la Trinité, quand la Trinité n'est qu'un seul Dieu, on ajoute : « Et Dieu fit l'homme à l'image de Dieu », ce qui équivaut à dire : à son image.
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La Trinité 12 trinité dans la science/Saint Augustin
Il y a, dans les saintes lettres, certaines locutions auxquelles quelques-uns, quoique catholiques sincères, ne font pas assez attention. Ils pensent, par exemple, que ces mots
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« Dieu fit à l'image de Dieu », signifient : le Père fit à l'image du Fils. Par là ils veulent prouver que dans les saintes Ecritures, le Fils est aussi appelé Dieu, comme s'il n'existait pas des passages très-solides et très-clairs où le Fils est appelé non-seulement Dieu, mais vrai Dieu. En cherchant dans ce texte une autre solution, ils se jettent dans un embarras inextricable. En effet, si le Père a créé à l'image du Fils, tellement que l'homme ne soit pas l'image du Père, mais du Fils, le Fils n'est donc pas semblable au Père. Si au contraire la vraie foi enseigne et elle l'enseigne que le Fils est semblable au Père jusqu'à l'égalité d'essence, ce qui est fait à la ressemblance du Fils est nécessairement fait à la ressemblance du Père. Enfin, si le Père a fait l'homme, non à son image, mais à l'image de son Fils, pourquoi n'a-t-il pas dit : Faisons l'homme à ton image et à ta ressemblance, mais à la « nôtre? » N'est-ce pas parce que l'image de la Trinité se faisait dans l'homme, de manière à ce que l'homme fût l'image du seul vrai Dieu, parce que la Trinité elle-même est le seul vrai Dieu? Il y a une multitude de locutions de ce genre dans les Ecritures; il nous suffira de citer les suivantes.
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On lit dans les Psaumes: « Le salut appartient au Seigneur, et votre bénédiction se répand sur votre peuple (Ps 3, 9) »; comme si on parlait à un autre, et non à Celui dont on
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vient de dire: « Le salut appartient au Seigneur ». Et ailleurs : « C'est vous qui me sauverez de la tentation et, plein d'espérance en mon Dieu, je franchirai la muraille (Ps 17, 30 ) », comme si ces paroles : « C'est vous qui me sauverez de la tentation », s'adressaient à un autre. Puis: « Les peuples tomberont à vos pieds, contre le coeur des ennemis du Roi (Ps 44, 6 ) », ce qui équivaut à dire: contre le coeur de vos ennemis. En effet, le Prophète avait dit au Roi, c'est-à-dire à Notre-Seigneur Jésus-Christ : « Les peuples tomberont à vos pieds », et c'est ce roi qu'il entend, quand il ajoute : « Contre le coeur des ennemis du Roi ».
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exemples sont plus rares dans les livres du Nouveau Testament. Cependant l'Apôtre écrit aux Romains : « Touchant son Fils, qui lui est né de la race de David selon la chair, qui a été prédestiné Fils de Dieu en puissance selon l'Esprit de sanctification, par la résurrection d'entre les morts, de Jésus-Christ Notre-Seigneur (Rm 1, 3, 4 )» : comme s'il se fût agi d'un autre plus haut. Qu'est-ce en effet que le Fils de Dieu prédestiné par la résurrection d'entre les morts de Jésus-Christ, sinon le même Jésus-Christ qui a été prédestiné Fils de Dieu en puissance? Par conséquent, quand nous entendons dire: « Fils de Dieu en puissance de Jésus-Christ», ou (497) encore : « Fils de Dieu par la résurrection d'entre les morts de Jésus-Christ », alors que l'Apôtre aurait pu dire, selon le langage ordinaire : En sa puissance, ou : selon l'Esprit de sa sanctification, ou: par sa résurrection d'entre les morts, ou d'entre ses morts; quand nous lisons cela, dis-je, nous ne nous croyons point du tout obligés de supposer une autre personne, mais bien la seule et même, à savoir celle du Fils de Dieu, Notre-Seigneur Jésus-Christ. De même quand nous entendons dire: «Dieu fit l'homme à l'image de Dieu », bien qu'on aurait pu dire en termes plus conformes à l'usage : à son image, nous ne sommes point obligés de chercher une autre personne dans la Trinité, mais nous n'y voyons que la seule et même Trinité, qui est un seul Dieu et à l'image de laquelle l'homme a été fait.
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Cela établi, si nous devons chercher l'image de la Trinité , non dans un seul homme, mais dans trois, Père, Mère et Fils, l'homme n'était donc pas fait à l'image de Dieu avant que sa femme fût formée et qu'ils eussent un fils, puisqu'il n'y avait pas trinité jusqu'alors. Dira-t-on qu'il y avait déjà Trinité, puisque la femme, quoique encore privée de sa forme propre, était cependant contenue virtuellement dans le flanc de son mari, comme le fils dans les entrailles du père? Pourquoi alors l'Ecriture, après avoir dit . « Dieu fit l'homme à l'image de Dieu», ajoute-t-elle aussitôt : « Dieu le créa; il les créa mâle et femelle et il les bénit (Gn 1, 27, 28 )?» Ou bien faudrait-il distinguer et dire en premier lieu: « Et Dieu fit l'homme»; puis en second lieu : « Il le fit à l'image de Dieu »; et en troisième lieu : « il les créa mâle et femelle? » Car quelques-uns ont eu peur de dire : Il le fit mâle et femelle, pour ne pas donner lieu de croire à quelque chose de monstrueux comme sont les hermaphrodites : bien qu'on puisse en toute vérité comprendre les deux sexes en un seul mot singulier, puisqu'il est dit: « Deux dans une seule chair ». Pourquoi donc, comme je le disais d'abord, dans la nature humaine faite à l'image de Dieu, l'Ecriture ne mentionne-t-elle que mâle et femelle? Il semble que pour compléter l'image de la Trinité, il aurait fallu parler aussi du fils quoique encore renfermé dans les entrailles du père, comme la femme l'était dans le flanc du mari. Ou bien la femme était-elle déjà créée, et l'Ecriture a-t-elle dit en très-peu de mots ce qu'elle devait dire ensuite plus au long en expliquant la formation de la femme, tandis que le fils n'aurait pu être mentionné, puisqu'il n'était pas encore né? Comme si l'Esprit-Saint n'aurait pas pu renfermer aussi l'idée du fils dans ce peu de mots, en se réservant de raconter plus tard sa naissance, ainsi qu'il a raconté un peu plus bas la manière dont la femme a été tirée de l'homme (Gn 2, 24, 22 ), bien qu'il n'ait pas omis de donner ici son nom!
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CHAPITRE VII.
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COMMENT L'HOMME EST L'IMAGE DE DIEU. LA FEMME N'EST-ELLE PAS AUSSI L'IMAGE DE DIEU?
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Ainsi donc, quand on dit que l'homme a été créé à l'image de la souveraine Trinité, c'est-à-dire à l'image de Dieu, il ne faut pas rechercher cette image dans trois êtres humains; surtout en présence de ce passage de l'Apôtre où il dit que l'homme est l'image de Dieu, et lui défend pour cela de voiler sa tête, tandis qu'il veut que la femme voile la sienne. Voici ses paroles: « Pour l'homme, il ne doit pas voiler sa tête parce qu'il est l'image et la gloire de Dieu. Mais la femme est la gloire de l'homme ». Que dire à cela? Si la femme est nécessaire en personne pour compléter l'image de la Trinité, pourquoi après qu'elle est tirée du flanc de l'homme, l'homme est-il encore appelé l'image de la Trinité? Ou si une des trois personnes humaines peut être individuellement appelée image de Dieu, comme dans la souveraine Trinité elle-même chaque personne est Dieu, pourquoi la femme n'est-elle pas aussi l'image de Dieu? Et cependant on lui ordonne de voiler sa tête précisément parce que cela est défendu à l'homme en qualité d'image de Dieu (I Cor; XI, 7, 5 ).
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Mais il faut examiner comment l'Apôtre, en disant que c'est l'homme et non la femme qui est l'image de Dieu, n'est pas en contradiction avec ce texte de la Genèse : « Dieu fit l'homme, il le fit à l'image de Dieu, il les créa mâle et femelle et les bénit ». Ici c'est la nature humaine qui est dite créée à l'image de Dieu; les deux sexes la forment, et en parlant d'image de Dieu, le texte ajoute : « Il le créa mâle et femelle», ou en distinguant plus spécialement: « Il les créa mâle et femelle ». (498) Comment donc l'Apôtre nous dit-il que l'homme est l'image de Dieu et doit, pour cela, ne point voiler sa tête, et que la femme ne l'est pas et doit, pour cela, voiler la sienne? Peut-être, comme je le pense et comme je l'ai déjà dit en parlant de la nature de l'âme humaine, la femme avec son mari est-elle l'image de Dieu en ce sens que la substance humaine tout entière ,n'est qu'une seule image de Dieu, mais que quand la femme est considérée comme aide qualification qui n'appartient qu'à elle elle cesse d'être image de Dieu; tandis que le mari, nième pris isolément est l'image de Dieu, aussi pleine, aussi entière, que quand la femme ne fait qu'un avec lui,
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C'est l'explication que nous avons donnée sur la nature de l'âme humaine. Nous avons dit que quand elle est tout entière appliquée à la contemplation de la vérité, elle est l'image de Dieu; mais que, lorsqu'une partie d'elle-même est comme déléguée et détachée par la volonté pour agir dans le monde matériel, elle n'en reste pas moins l'image de Dieu dans la partie qui se porte vers la vérité entrevue, tandis qu'elle cesse de l'être dans la partie chargée de traiter des choses inférieures. Et comme à mesure qu'elle s'étend vers les choses éternelles, elle reproduit plus fidèlement l'image de Dieu, et que de ce côté, on ne doit ni la contenir, ni modérer son élan, voilà pourquoi l'homme ne doit point voiler sa tête. Mais comme dans l'action raisonnable qui s'exerce sur les choses matérielles et temporelles, il y a un très-grand danger de descendre trop bas, l'homme doit avoir l'empire sur sa tête, et c'est ce qu'indique l'ordre de la voiler afin de la contenir et de la sauvegarder. Interprétation pieuse et sacrée qui est agréable aux saints anges. Car Dieu ne voit pas selon la mesure du temps; il n'y a rien de nouveau pour ses yeux et pour sa science, dans les événements temporels et passagers , comme cela arrive pour les sens, charnels chez les hommes et les animaux, célestes chez les anges.
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La Trinité 12 trinité dans la science/Saint Augustin
La preuve que l'apôtre Paul veut figurer un mystère plus profond dans la distinction du sexe masculin et féminin, c'est que, tandis qu'il dit ailleurs que la femme qui est vraiment veuve est délaissée, sans enfants ni petits enfants, et qu'elle doit cependant espérer au Seigneur et persister jour et nuit dans les prières (1Tm 5, 5 ); ici il indique que la femme séduite et tombée dans la prévarication sera cependant sauvée par la génération des enfants, et ajoute : « S'ils demeurent dans la foi, la charité et la sainteté jointe à la tempérance (1Tm 2, 15 ) » : comme s'il pouvait être nuisible à une veuve fidèle ou de ne pas avoir eu d'enfants, ou de ce que ceux qu'elle a eus n'ont pas voulu persévérer dans les bonnes oeuvres. Mais comme les oeuvres qu'on appelle bonnes, sont pour ainsi dire les enfants de notre vie, dans le sens où l'on demande quelle vie chacun mène, c'est-à-dire comment il fait ces oeuvres temporelles, ce que les Grecs appellent Bios et non plus Zoé que ces bonnes oeuvres sont principalement les oeuvres de miséricorde, lesquelles sont sans profit pour les païens, pour les Juifs, qui ne croient pas au Christ, pour tous les hérétiques et les schismatiques, chez qui l'on ne trouve ni la foi, ni la charité, ni la sainteté jointe à la tempérance : cela étant, dis-je, on voit clairement la pensée de l'Apôtre; c'est dans un sens figuré et mystique qu'il parle de voiler la tête de la femme, et ses paroles n'auraient plus de signification si elles ne se rapportaient à quelque mystère.
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La Trinité 12 trinité dans la science/Saint Augustin
En effet, comme le déclarent, non-seulement l'infaillible raison, mais encore le témoignage de l'Apôtre, c'est selon l'âme raisonnable et non selon la forme du corps, que l'homme a été fait à l'image de Dieu. Car penser que Dieu est circonscrit et limité par une certaine conformation de membres, c'est une opinion misérable et sans fondement. Or le même bienheureux Apôtre ne dit-il pas « Renouvelez-vous dans l'esprit de votre âme et revêtez-vous de l'homme nouveau qui a été créé selon Dieu (Ep 4, 23, 24 ) » ; et ailleurs plus ouvertement : « Dépouillez le vieil homme avec ses oeuvres, et revêtez le nouveau qui se renouvelle à la connaissance de Dieu selon l'image de Celui qui l'a créé (100ol 3, 9, 10 )?» Si donc nous nous renouvelons dans l'esprit de notre âme, et si cet esprit est l'homme nouveau qui se renouvelle à la connaissance de Dieu selon l'image de Celui qui l'a créé : on ne peut douter que l'homme ait été fait à l'image de Celui qui l'a créé, non selon le corps, ni selon une partie quelconque de son âme, mais selon l'âme raisonnable, où peut seulement exister la connaissance de Dieu. Or, selon ce renouvellement, nous devenons aussi enfants de Dieu par le baptême du Christ, et, en nous (499) revêtant de l'homme nouveau, nous nous revêtons aussi du Christ par la foi. Qui donc exclura les femmes de cette participation, alors qu'elles sont avec nous cohéritières de la grâce et que l'Apôtre dit ailleurs : « Car vous êtes tous enfants de Dieu par la foi qui est dans le Christ Jésus. Car vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez été revêtus du Christ. Il n'y a plus ni Juif, ni Grec; plus d'esclave, ni de libre; plus d'homme, ni de femme; car vous n'êtes tous qu'une seule chose dans le Christ Jésus (Gal; 3, 26, 28 )?» Des femmes fidèles ont-elles donc perdu leur sexe corporel? Non; mais comme elles sont renouvelées à l'image de Dieu là où il n'y a pas de sexe, l'homme aussi a été fait à l'image de Dieu là où il n'y a pas de sexe, c'est-à-dire dans l'esprit de son âme. Pourquoi donc l'homme ne doit-il pas se voiler la tête, parce qu'il est l'image et la gloire de Dieu, tandis que la femme doit voiler la sienne, parce qu'elle est la gloire de l'homme, comme si elle ne se renouvelait pas dans l'esprit de son âme, lequel se renouvelle dans la connaissance de Dieu, selon l'image de Celui qui l'a créé? C'est parce que son sexe la plaçant à distance de l'homme, le voile qui couvre son corps a fort bien pu figurer cette partie de la raison qui s'occupe du gouvernement des choses temporelles : ainsi l'image de Dieu ne subsiste que dans la partie où l'âme humaine s'attache à contempler et à consulter les raisons éternelles; partie que les femmes ont évidemment aussi bien que les hommes.
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CHAPITRE VIII.
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COMMENT S'EFFACE L'IMAGE DE DIEU.
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La Trinité 12 trinité dans la science/Saint Augustin
Donc on reconnaît que leurs âmes sont de même nature; mais on retrouve dans leurs corps la différence des emplois d'une seule et même âme. Aussi quand on monte intérieurement de quelques degrés de contemplation à travers les parties de l'âme, dès que l'on commence à rencontrer quelque chose qui ne nous soit plus commun avec les animaux, là commence la raison, là on peut déjà reconnaître l'homme intérieur. Que si, entraîné par cette raison à qui est déléguée l'administration des choses temporelles, il descend trop bas dans le monde extérieur, du consentement de sa tête, c'est-à-dire n'étant point cru pêché ni retenu par la partie qui est au poste du conseil et joue en quelque sorte le rôle de l'homme, il vieillit parmi ses ennemis (Ps 6, 8 ), parmi les démons jaloux de sa vertu avec le diable leur chef; et la vision des choses éternelles est enlevée au chef même, qui a mangé avec sa femme du fruit défendu, en sorte que la lumière de ses yeux n'est plus avec lui (Ps 37, 11 ). Ainsi nus et privés tous les deux de l'illumination de la vérité, les yeux de leur conscience s'ouvrant pour leur faire voir combien ils sont déshonorés et enlaidis, ils fabriquent un tissu de bonnes paroles sans le fruit des bonnes oeuvres, comme qui dirait des feuilles de fruits agréables au goût, mais sans les fruits, afin de couvrir sous un beau langage la honte de leur coupable conduite (Gn 3 ).
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CHAPITRE IX.
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SUITE DU MÊME SUJET.
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En effet, l'âme éprise de sa propre puissance, quitte le rang qu'elle tient dans l'ordre universel pour s'attacher à des intérêts privés. Cédant à cet orgueil rebelle que l'Ecriture appelle « le commencement de tout péché (Si 10, 15 ) », alors qu'elle aurait pu suivre, au sein de la création, le Dieu qui gouverne l'univers et être parfaitement dirigée par des lois, elle a ambitionné quelque chose de plus que l'univers même qu'elle s'est efforcée d'assujettir à sa volonté; et comme il n'y a rien de plus que l'univers, elle est refoulée dans un coin de l'espace et perd pour avoir trop désiré, ce qui a fait dire à l'Apôtre que l'avarice est « la racine de tous les maux (1Tm 6, 5 ) »; et tout ce qu'elle fait, quand elle agit par un motif propre contre les lois qui régissent la création, elle le fait par l'entremise de son corps, qu'elle ne possède qu'en partie. Mettant ainsi sa complaisance dans les formes et les mouvements des corps et ne les possédant pas en elle-même, elle s'égare à travers leurs images fixées dans sa mémoire, se souille misérablement par une fornication imaginaire, dirige toutes ses fonctions vers ces fins, vers la recherche curieuse des choses matérielles et temporelles au moyen de ses sens; ou, bouffie d'orgueil, elle aspire à s'élever au-dessus des autres âmes, livrées comme elle à l'empire des (500) sens, ou enfin elle se plonge dans le sale bourbier de la volupté charnelle.
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CHAPITRE X.
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ON NE DESCEND QUE PAR DEGRÉS DANS L'ABÎME DU VICE.
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Quand l'âme, dans son intérêt ou dans celui des autres, cherche avec bonne volonté les biens intérieurs et supérieurs, qui ne sont point le lot de quelques-uns, mais la propriété commune de tous ceux qui les aiment, et dont on jouit avec un chaste amour, sans sollicitude et sans jalousie; s'il lui arrive alors de se tromper par ignorance dans quelque opération relative aux choses passagères qu'elle administre dans le temps, et où elle n'a pas su garder la juste mesure, c'est là une tentation qui tient à l'humanité. Et c'est une grande chose de passer cette vie, qui n'est pour ainsi dire qu'une voie de retour, sans qu'il nous survienne autre chose que des tentations qui tiennent à l'humanité (I Cor; X, 13 ). Car c'est là une faute hors du corps, qui n'est point réputée fornication et par là même se pardonne très-facilement. Mais quand l'âme fait quelque chose pour acquérir ce qui excite les sensations du corps, dans le désir de les expérimenter, d'y exceller, de les toucher et d'y trouver comme le terme de son bonheur, quoi qu'elle fasse alors, elle pèche et se déshonore; elle commet la fornication en péchant contre son propre corps (I Cor; VI, 18 ); puis important au dedans d'elle-même les simulacres trompeurs des objets corporels et bâtissant sur eux des rêves au point de ne plus rien voir de divin hors d'eux, avare égoïste elle se remplit d'erreurs, et prodigue égoïste elle se dépouille des vertus (Rétract; liv. II, ch. XV, n. 3 ). Elle ne tombe pas tout d'un coup, il est vrai, dans une si honteuse et si misérable fornication, mais il est écrit : « Celui qui méprise les petites choses, tombera peu à peu (Eccli. XIX, 1 ) ».
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CHAPITRE XI.
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L'IMAGE DE L'ANIMAL DANS L'HOMME.
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