Evangile de Luc
24,49 Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une puissance venue d’en haut. » ( ) 24,50 Puis Jésus les emmena au dehors, jusque vers Béthanie ; et, levant les mains, il les bénit. ( ) 24,51 Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel. ( ) 24,52 Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie. ( ) 24,53 Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu. ( )
Evangile de Jean

1,1 AU COMMENCEMENT était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.


20874 Bible des Peuples sur titre chapitre 2023-11-11: La Parole de Dieu s'est faite l'un de nous

2323 Indéterminée sur verset 2018-11-18: Benoît XVI commente longuement ce verset dans son discours de Ratisbonne pour réconcilier foi et raison. Notamment : "Au commencement était le λογος ». C'est exactement le mot employé par l'empereur. Dieu agit « σύν λόγω », avec logos. Logos désigne à la fois la raison et la parole – une raison qui est créatrice et capable de se communiquer, mais justement comme raison" http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2006/september/documents/hf_ben-xvi_spe_20060912_university-regensburg.html

15036 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: C'est surtout le propre de Dieu d'être éternel et sans commencement, c'est ce que l'Évangéliste a établi tout d'abord, mais de peur qu'on ne vînt à conclure de ces paroles: «Au commencement était le Verbe», que le Verbe n'a pas été engendré, il ajoute aussitôt pour repousser cette idée: «Et le Verbe était en Dieu».

15035 Alcuin d'York (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: C'est donc contre ceux qui alléguaient la naissance temporelle du Christ, pour enseigner qu'il n'avait pas toujours existé, que l'Évangéliste commence son récit par l'éternité du Verbe: «Au commencement était le Verbe».

15034 Origène (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Le verbe être a une double signification, tantôt il exprime les différentes successions de temps, lorsqu'il se conjugue avec d'autres verbes; tantôt il exprime la nature de la chose dont on parle sans aucune succession de temps, c'est pour cela qu'il est appelé verbe substantif.

15033 Saint Hilaire de Poitiers (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Tous les temps sont dépassés, tous les siècles sont franchis, toutes les années disparaissent; imaginez tel principe que vous voudrez, vous ne pouvez circonscrire celui-ci dans les limites du temps, il existait avant tout les temps.

15032 Saint Hilaire de Poitiers (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Il est dans le Père sans aucun commencement, il n'est point soumis à la succession du temps, mais il a un principe de son existence.

15031 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Ou bien encore, ces paroles: «Au commencement», dans le principe, signifient: «Avant toutes choses».

15030 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Le mot grec ëüãïò signifie également en latin raison et verbe, mais ici la signification de verbe est préférable, parce qu'elle exprime mieux les rapports, non seulement avec le Père, mais avec les créatures qui ont été faites par la puissance opérative du Verbe. La raison, au contraire, même quand elle n'agit pas, s'appelle toujours raison.

15029 Saint Basile (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Le Saint-Esprit a prévu que des envieux et les détracteurs de la gloire du Fils unique chercheraient à détruire par leurs sophismes la foi des fidèles en disant: S'il a été engendré, on ne peut pas dire qu'il était, et avant d'être engendré, il n'était pas. C'est pour fermer par avance la bouche à ces blasphémateurs, que l'Esprit saint dit: «Au commencement était le Verbe».

15028 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Remarquez ici la prudence spirituelle de l'Évangéliste. Il savait que les hommes avaient de tout temps rendu des honneurs divins à l'être qu'ils reconnaissaient exister avant toutes les créatures et qu'ils appelaient Dieu. C'est donc par cet être qu'il commence en lui donnant le nom de principe, et bientôt celui de Dieu: «Dans le principe était le Verbe».

15027 Saint Basile (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Notre verbe extérieur a quelque ressemblance avec le Verbe de Dieu. Notre verbe, en effet, reproduit la conception de notre esprit, car nous exprimons par la parole ce que notre intelligence a préalablement conçu. Notre coeur est comme une source, et la parole que nous prononçons est comme le ruisseau qui sort de cette source.

15026 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: C'est qu'en effet le Verbe de Dieu est la forme qui n'a jamais été soumise à la formation, c'est la forme de toutes les formes, la forme immuable, exempte de vicissitudes, de décroissance, de toute succession, de toute étendue mesurable, la forme qui surpasse toutes choses, qui existe en toutes choses, qui est le fondement sur lequel reposent toutes choses, et le faîte qui les couvre et les domine.

15025 Saint Basile (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Mais pourquoi est-il le Verbe? Parce que sa naissance est sans douleur, parce qu'il est l'image de celui qui l'a engendré, qu'il le reproduit tout entier en lui-même, sans aucune division, et en possédant comme lui toute perfection.

15024 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Mais pourquoi saint Jean nous parle-t-il immédiatement du Fils, sans rien dire du Père? C'est que le Père était connu de tous les hommes, sinon comme Père, du moins comme Dieu; le Fils unique, au contraire, n'était pas connu. Voilà pourquoi l'Évangéliste s'applique dès le commencement à en donner la connaissance à ceux qui ne l'avaient pas. Disons plus, le Père lui-même est compris dans tout ce qu'il dit du Fils. C'est pour cette raison qu'il lui donne le nom de Verbe. Il veut enseigner que le Verbe est le Fils unique de Dieu, il détruit donc par avance toute idée d'une génération charnelle, en montrant que ce Verbe a été engendré de Dieu d'une manière incorruptible. Une seconde raison pour laquelle il lui donne ce nom, c'est que le Fils de Dieu devait nous faire connaître ce qui concerne le Père. Aussi ne l'appelle-t-il pas simplement Verbe, mais il le distingue de tous les autres verbes, en ajoutant l'article. L'Ecriture a coutume d'appeler verbe ou parole les lois et les commandements de Dieu; mais le Verbe dont il est ici question est une substance, une personne, un être qui est né du Père par une naissance exempte de corruption et de douleur.

15023 Saint Basile (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Le Verbe dont parle ici l'Évangéliste n'est pas un verbe humain; comment, en effet, supposer au commencement l'existence du verbe humain, alors que l'homme fut créé le dernier de tous les êtres? Ce Verbe qui était au commencement, n'est donc point le verbe humain, ce n'est point non plus le verbe des anges; car toute créature est postérieure à l'origine des siècles, et a reçu du Créateur le principe de son existence. Élevez-vous donc ici à la hauteur de l'Évangéliste, c'est le Fils unique qu'il appelle le Verbe.

15022 Saint Basile (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Il s'exprime encore de la sorte contre ceux qui osaient blasphémer que le Verbe n'était pas. Où donc était le Verbe? Il n'était pas dans un lieu, car ce qui ne peut être circonscrit, ne peut être soumis aux lois de l'espace. Mais où était-il donc? Il était en Dieu. Or, ni le Père, ni le Fils, ne peuvent être contenus dans aucun espace.

15021 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: L'usage journalier de la parole lui fait perdre de son prix à nos yeux, et nous en faisons peu de cas, à cause de la nature passagère du son dont elle est revêtue. Or, il est une parole dans l'homme lui-même qui reste dans l'intérieur de son âme, car le son est produit par la bouche. La parole véritable, à laquelle convient particulièrement ce nom, est celle que le son vous fait entendre, mais ce n'est pas le son lui-même.

15020 Théophylactus (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: L'erreur de Sabellius se trouve détruite par ces paroles. Cet hérétique enseignait que le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne formaient qu'une seule personne, qui se manifestait tantôt comme le Père, tantôt comme le Fils, et tantôt comme le Saint-Esprit; mais quoi de plus fort pour le confondre que ces paroles: «Et le Verbe était en Dieu ?» car l'Évangéliste déclare ouvertement que le Fils est différent du Père, qu'il désigne ici par le nom de Dieu.

15019 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Celui qui peut comprendre la parole non seulement avant que le son de la voix la rende sensible, mais avant même que l'image des sons se présente à la pensée, peut voir déjà dans ce miroir et sous cette image obscure quelque ressemblance du Verbe dont il est dit: «Au commencement était le Verbe». En effet, lorsque nous énonçons ce que nous savons, le verbe doit nécessairement naître de la science que nous possédons, et ce verbe doit être de même nature que la science dont il est l'expression. La pensée qui naît de ce que nous savons est un verbe qui nous instruit intérieurement, et ce verbe n'est ni grec, ni latin, il n'appartient à aucune langue. Mais lorsque nous voulons le produire au dehors, nous sommes obligés d'employer un signe qui en soit l'expression. Le verbe qui se fait entendre au dehors est donc le signe de ce verbe qui demeure caché à l'intérieur, et auquel convient bien plus justement le nom de verbe. Car ce qui sort de la bouche, c'est la voix du verbe, et on ne lui donne le nom de verbe ou de parole, que par son union avec la parole intérieure, qui est son unique raison d'être.

15018 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: On objecte encore: Ces paroles: «Au commencement», ne signifient pas simplement et nécessairement l'éternité, car n'est-il pas dit de la création du ciel et de la terre: «Au commencement, Dieu fit le ciel et la terre ?» Mais qu'a de commun cette expression: «Il était», avec cette autre: «Il fit ?» Lorsqu'on dit d'un homme: «Il est», cette expression marque le temps présent; lorsqu'on l'applique à Dieu, elle signifie celui qui existe toujours et de toute éternité. De même l'expression: «Il était», appliquée à notre nature, signifie le temps passé, mais lorsqu'il s'agit de Dieu, elle exprime son éternité.

15017 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Et il n'est pas Dieu dans le sens de Platon, qui l'appelle tantôt une certaine intelligence, tantôt l'âme du monde, toutes choses complètement étrangères à sa nature divine. Mais on nous fait cette objection: Le Père est appelé Dieu avec addition de l'article, et le Fils sans l'article. Que dit en effet l'apôtre saint Paul? «Du grand Dieu et notre Sauveur Jésus-Christ» (Tt 2,13). Et dans un autre endroit: «Qui est Dieu au-dessus de toutes choses?» (Rm 9,5). C'est-à-dire, que Fils est appelé Dieu sans artic. Nous répondons que même observation peut s'appliquer au Père. En effet, saint Paul écrivant aux Philippiens, dit: «Qui ayant forme et nature de Dieu (Ýí ìïñöÞ Èåïý, sans artic), n'a point cru que ce fut pour lui une usurpation d'être égal à Dieu» (Ph 2,6). Et dans son Epître aux Romains: «Grâce et paix soient à vous de part de Dieu (ðü Èåïý, sans artic), notre Père, et de Jésus-Christ Notre-Seigneur». (Rm 1,7). D'ailleurs, il était parfaitement inutile de mettre ici l'article, alors qu'on l'avait employé mainte fois dans ce qui précède. Donc le Fils n'est pas Dieu dans un sens plus restreint, parce que le nom de Dieu qui lui est donné n'est pas précédé de l'article.

15016 Origène (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Ajoutons que le Verbe ou la parole que Dieu adressait aux prophètes, les éclairait, de la lumière de la sagesse; au contraire, le Verbe qui est avec Dieu, reçoit de Dieu la nature divine, et voilà pourquoi saint Jean a fait précéder ces paroles: «Et le Verbe était Dieu»; de ces autres: «Et le Verbe était avec Dieu ou en Dieu».

15015 Théophylactus (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: On peut encore donner une autre liaison de ces paroles avec ce qui précède. Puisque le Verbe était avec Dieu, il est évident qu'il y avait deux personnes distinctes, n'ayant toutes deux qu'une seule et même nature; c'est ce qu'affirme l'Évangéliste: «Et le Verbe était Dieu», c'est-à-dire, que le Père et le Fils n'ont qu'une même nature, comme ils n'ont qu'une même divinité.

15014 Saint Basile (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: C'est ainsi que l'Évangéliste réprime les calomnies et les blasphèmes de ceux qui osent demander: Qu'est-ce que le Verbe? Il répond: «Et le Verbe était Dieu».

15013 Saint Hilaire de Poitiers (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: L'Évangéliste lui donne le nom de Dieu sans aucune addition étrangère qui puisse être matière à difficulté. Il a bien été dit à Moïse: «Je t'ai établi le dieu de Pharaon» (Ex 7,1). Mais on voit immédiatement raison de cette dénomination dans mot qui accompagne: «de Pharaon», c'est-à-dire, que Moïse a été établi dieu de Pharaon, pour s'en faire craindre et prier, pour châtier et pour guérir; mais il y a une grande différence entre ces deux choses: Etre établi dieu de quelqu'un et être véritabment Dieu. Je me rappel encore un autre endroit des Écritures où nous lisons: «J'ai dit: Vous êtes des dieux» (Ps 81,6). Mais il est facile de voir que ce nom n'est donné ici que par simple concession; et ces paroles: «J'ai dit», expriment bien plutôt une manière de parler que la réalité du nom qui est donné. Au contraire, lorsque j'entends ces paroles: «Et le Verbe était Dieu»; je comprends que ce n'est point une simple dénomination, mais une véritable démonstration de sa divinité.

15012 Saint Hilaire de Poitiers (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Jetez donc un regard sur le monde, comprenez ce qui est écrit du monde: «Au commencement Dieu créa le ciel et la terre» (Gn 1,1). Ce qui est créé reçoit donc l'existence au commencement, et ce qui se trouve renfermé dans le principe qui lui donne l'existence se trouve également renfermé dans les limites du temps. Or, ce simple pécheur, sans lettres, sans science, s'affranchit des bornes du temps, remonte avant tous les siècles et s'élève au-dessus de tout commencement. Car ce qui était, c'est ce qui est, ce qui n'est circonscrit par aucune durée, et qui était au commencement ce qu'il est, bien plutôt qu'il n'était fait.

15011 Saint Hilaire de Poitiers (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Vous me direz: Le Verbe, c'est le son de la voix l'énoncé des choses, l'expression des pensées. Le Verbe était dans le principe avec Dieu, parce que la parole, expression de la pensée, est éternelle, lorsque celui qui pense est éternel lui-même. Mais comment le Verbe était-il au commencement, lui qui n'est ni avant, ni après le temps; je ne sais même s'il peut exister dans le temps? Lorsque les hommes parlent, leur parole n'existe pas avant qu'ils ouvrent la bouche, et lorsqu'ils ont fini de parler, elle n'existe plus; au moment même où ils arrivent à la fin de leurs discours, le commencement a cessé d'exister; Mais si vous avez admis, tout ignorant que vous êtes, ces premières paroles: «Au commencement était le Verbe», pourquoi demander ce que signifient les suivantes: «Et le Verbe était avec Dieu». Est-ce que vous pouviez supposer qu'en Dieu le Verbe était l'expression d'une pensée cachée, ou bien Jean aurait-il ignoré la différence qui existe entre ces deux termes: Etre et assister ? Ce qui était au commencement vous est présenté comme étant, non pas dans un autre, mais avec un autre. Faites donc attention au nom et à la nature qu'il donne au Verbe: «Et le Verbe était Dieu». Il n'est plus question du son de la voix, de l'expression de la pensée; ce verbe est un être subsistant et non pas un son, c'est une substance, une nature et non une simple expression, ce n'est pas une chose vaine, c'est un Dieu.

15010 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: De même qu'il existe une grande différence entre notre science et celle de Dieu, le verbe qui est le produit de notre science est aussi bien différent du Verbe de Dieu qui est né de l'essence même du Père; comme si je disais qu'il est né de la science du Père, de la sagesse du Père, ou ce qui est plus expressif encore, du Père qui est science, du Père qui est sagesse. Le Verbe de Dieu, Fils unique du Père, est donc semblable et égal à son Père en toutes choses; car il est tout ce qu'est le Père, il n'est cependant pas le Père, parce que l'un est le Fils, et l'autre le Père. Le Fils connaît tout ce que connaît le Père, puisqu'il reçoit du Père la connaissance en même temps que l'être. Connaître et exister sont ici une seule et même chose; et ainsi le Fils n'est point pour le Père le principe de la connaissance, parce qu'il n'est pas pour lui le principe de l'existence. C'est donc en s'énonçant lui-même, que le Père a engendré le Verbe qui lui est égal en toutes choses; car il ne se serait pas énoncé dans toute son intégrité et dans toute sa perfection, si son Verbe lui était inférieur ou supérieur en quelque chose. N'hésitons pas à considérer quelle distance sépare de ce Verbe divin notre verbe intérieur, dans lequel nous trouvons cependant quelque analogie avec lui. Le verbe de notre intelligence ne reçoit pas immédiatement sa forme définitive, c'est d'abord une idée vague qui s'agite dans l'intérieur de notre âme, et qui est le produit des différentes pensées qui se présentent successivement à notre esprit. Le verbe véritable n'existe, que lorsque de ces pensées qui s'agitent et se succèdent dans notre âme, naît la connaissance qui donne à son tour naissance au verbe, et ce verbe ressemble en tout à cette connaissance; car la pensée doit nécessairement avoir la même nature que la connaissance dont elle est le produit. Qui ne voit quelle différence extrême dans le Verbe de Dieu, qui possède la forme et la nature de Dieu sans l'avoir acquise par ces divers essais de formation, sans qu'il puisse jamais la perdre, et qui est l'image simple et consubstantielle du Père? C'est la raison pour laquelle l'Évangéliste l'appelle le Verbe de Dieu, plutôt que la pensée de Dieu; il ne veut pas qu'on puisse supposer en Dieu une chose qui soit soumise au changement, ou au progrès du temps; qui commence à prendre une forme qu'elle n'avait pas auparavant, et qu'elle peut perdre un moment après en retombant dans les vagues agitations de l'intelligence.

15009 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: On fait cette objection: S'il est Fils, donc il est né. Nous l'avouons. Ils ajoutent: S'il est né un Fils au Père, il était Père avant la naissance de son Fils. La foi rejette cette conclusion. Mais, poursuit-on, expliquez-moi donc comment le Père a pu avoir un Fils, qui fut coéternel au Père dont il est né, car le fils naît après son père pour lui succéder après sa mort. Ils vont chercher leurs comparaisons dans les créatures, il nous faut donc aussi trouver des comparaisons à l'appui des vérités que nous défendons. Mais comment pouvoir trouver dans toute la création un être coéternel, alors qu'aucune créature n'est éternelle? Si nous pouvions trouver ici-bas deux êtres absolument contemporains, l'un qui engendre, l'autre qui est engendré, nous pourrions avoir une idée de l'éternité simultanée du Père et du Fils. La sagesse nous est représentée dans l'Ecriture comme l'éclat de la lumière éternelle et comme l'image du Père. Cherchons dans ces deux termes une comparaison qui, à l'aide de deux choses existant simultanément, puisse nous donner l'idée de deux êtres coéternels. Personne n'ignore que l'éclat de la lumière vient du feu; supposons donc que le feu est le père de cet éclat, dès que j'allume une lampe, le feu et la lumière existent simultanément. Donnez-moi du feu sans lumière, et je vous concéderai que le Père n'a point eu de Fils. L'image doit son existence au miroir, cette image se produit dès qu'un homme se regarde dans un miroir, mais celui qui se regarde dans un miroir existait avant de s'en approcher. Prenons encore comme objet de comparaison une plante ou un arbuste nés sur le bord des eaux, est-ce que leur image ne naît pas simultanément avec eux? Si donc cet arbuste existait toujours, l'image de l'arbuste aurait la même durée. Or, ce qui vient d'un être est vraiment né de lui; l'être qui a engendré peut donc toujours avoir existé avec celui qui est né de lui. Mais on me dira: Je comprends que le Père soit éternel, et que le Fils lui soit coéternel, mais de la même manière que je comprends l'éclat du feu moins brillant que le feu lui-même, ou comme l'image de l'arbuste qui se produit dans les eaux, moins réelle et moins parfaite que l'arbuste lui-même. Non, l'égalité est parfaite et absolue. Je ne le crois point, me réplique-t-on, parce que vos comparaisons ne sont pas justes. Peut-être, cependant, trouverons-nous dans les créatures des choses qui nous feront comprendre comment le Fils est coéternel au Père, sans lui être inférieur, mais ce ne sera pas dans un seul objet de comparaison. Joignons donc ensemble deux comparaisons différentes, celle qu'ils donnent eux-mêmes et celle que nous apportons. Ils ont emprunté leur comparaison aux êtres qui sont postérieurs par le temps à ceux qui leur donnent naissance, par exemple, à l'homme qui naît d'un autre homme; mais cependant ces deux hommes ont une même nature. Nous trouvons donc dans cette naissance l'égalité de nature, mais nous n'y trouvons pas l'égalité d'existence. Au contraire, dans cette autre comparaison empruntée à l'éclat du feu et à l'image de l'arbuste, vous ne trouvez pas l'égalité de nature, mais l'égalité de temps. Vous trouvez donc réunies en Dieu les propriétés qui sont disséminées dans plusieurs créatures, et vous les trouvez réunies, non pas comme elles sont dans les créatures, mais avec la perfection qui convient au Créateur.

15008 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Tandis que tous les autres Évangélistes commencent par l'incarnation du Sauveur, saint Jean, sans s'arrêter à sa conception, à sa naissance, à son éducation, aux progrès successifs de ses premières années, raconte immédiatement en ces termes la génération éternelle: «Au commencement était le Verbe».

15007 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Il ne dit pas: Il était en Dieu, mais: «Il était avec Dieu», nous montrant ainsi son éternité comme personne distincte.

15006 Concile œcuménique (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: L'Ecriture appelle le Fils, tantôt le Fils du Père, tantôt le Verbe, tantôt l'éclat de la lumière éternelle, et elle emploie tour à tour ces divers noms en parlant du Christ, pour les opposer aux blasphèmes de l'hérésie. Votre fils est de même nature que vous; l'Ecriture, pour vous montrer que le Père et le Fils ont une même nature, appelle le Fils, qui est né du Père, son Fils unique. Mais comme la naissance d'un fils rappelle l'idée de souffrance et de douleur qui accompagnent inséparablement la génération humaine, la sainte Ecriture appelle le Fils de Dieu le Verbe, pour éloigner toute idée de souffrance de la génération divine. Et encore, tout père est incontestablement plus âgé que son fils, mais il n'en est pas de même pour la nature divine, et c'est pour cela qu'elle appelle le Fils unique du Père, l'éclat de la lumière éternelle. En effet, la lumière naît du soleil, mais elle ne lui est point postérieure. Le nom d'éclat de la lumière éternelle vous montre donc que le Fils est coéternel au Père, le nom de Verbe vous prouve l'impassibilité de sa naissance, et le nom de Fils, sa consubstantialité avec le Père.

15005 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Lorsqu'un homme monte sur un navire, tant qu'il est près du rivage, il voit se dérouler devant lui les ports et les cités, mais dès qu'il est avancé en pleine mer, il perd de vue ces premiers objets, sans que ses yeux puissent s'arrêter sur aucun point. Ainsi l'Évangéliste, en nous élevant au-dessus de toutes les créatures, laisse notre regard comme suspendu et sans objet, et ne lui permet d'entrevoir ni aucunes bornes dans les hautes régions où il l'a transporté, ni aucunes limites où il puisse se fixer, car ces paroles: «Au commencement», expriment à la fois l'Etre infini et éternel.

15004 Origène (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Ce nom de principe ou de commencement a plusieurs significations. Il peut signifier le commencement d'un chemin ou d'une longueur quelconque, comme dans ces paroles: «Le commencement de la bonne voie est de faire la justice» (Pr 16,5). Il signifie encore principe ou commencement de génération, comme dans ces paros du Jb: «Il est commencement des créatures de Dieu» (Jb 40,14); et on peut, sans rien dire d'extraordinaire, affirmer que Dieu est commencement ou principe de toutes choses. Pour ceux qui regardent Mtère comme éternel et incréée, el est principe de tous s êtres qui ont été tirés de cette Mtère préexistante. mot principe a encore une signification plus particulière, comme lorsque saint Paul dit que Christ est principe de ceux qui ont été faits à image de Dieu (Col 1). Il y a encore commencement ou principe de discipline et de mora chrétienne, et c'est dans ce sens que même Apôtre dit aux Hébreux: «Lorsqu'en raison du temps, vous devriez être maîtres, vous avez encore besoin qu'on vous enseigne s premiers commencements de paro de Dieu» (He 5,12). mot principe a lui-même deux sens différents, il y a principe considéré dans ses rapports avec nous. Ainsi Christ est par nature principe de Sg, en tant qu'il est Sg et Verbe de Dieu; et il est pour nous ce même principe en tant que Verbe fait chair (Jn 1,14). Parmi toutes ces significations différentes du mot principe, nous pouvons choisir ici celle qui exprime le principe agissant; car le Christ créateur est comme le principe en tant qu'il est la sagesse, et le Verbe dans le principe, est la même chose que le Verbe dans la sagesse; car le Sauveur est la source d'une infinité de biens. De même donc que la vie était dans le Verbe, ainsi le Verbe était dans le principe, c'est-à-dire dans la sagesse. Considérez, si d'après cette signification, il est possible d'entendre le principe, dans ce sens que c'est suivant les règles de cette sagesse, et les idées exemplaires qu'elle renferme, que toutes choses ont été faites. Ou bien encore, comme le Père est le principe du Fils, le principe des créatures et de tous les êtres, il faut entendre ces paroles: «Dans le principe était le Verbe», dans ce sens que le Verbe qui était le Fils, était dans le principe, c'est-à-dire dans le Père.

15003 Origène (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Il est utile de faire remarquer que nous lisons dans l'Écriture, que le verbe ou la parole a été faite ou adressée à quelques-uns, par exemple à Osée, à Isaïe, à Jérémie; mais le Verbe n'est pas fait en Dieu comme une chose qui n'existe pas en lui. C'est donc d'un être qui est éternellement en lui, que l'Évangéliste dit: «Et le Verbe était avec Dieu», paroles qui prouvent que, même au commencement le Fils n'a jamais été séparé du Père.

2678 Bible des peuples sur marathon 2018-12-01: Au commencement était le Verbe. Le vrai commencement n’est pas la création de l’univers. Car ce début du temps, de l’espace, de la matière et des existants n’explique rien mais au contraire demande une explication. Le vrai commencement est hors du temps. Jean ne dit pas qu’en ce commencement “était Dieu”, car nous le savons. Mais il nous parle du Verbe. Nous gardons ce mot traditionnel, car le mot que Jean emploie dit plus que “parole”. C’est à la fois la pensée et la parole qui dit ce qu’on porte en soi : nous devrions peut-être traduire : “l’Expression” de Dieu. Parler de ce Verbe ou Expression du Père, ou bien encore de son Fils, c’est la même chose. Dans d’autres pages il sera appelé Irradiation ( Hébreux 1.1) et Image ( Colossiens 1.15) du Père. Jean nous rappellera que personne n’a vu Dieu (18). Le Père, de qui viennent l’existence et tous les existants, est sans origine, et son jaillissement n’est connu que de lui seul. Mais Jean nous dit ici que pour lui, être, c’est tout aussi bien se communiquer, se dire, se donner. Dieu se projette et se manifeste en celui qui est à la fois son Verbe et son Fils ; et à travers cette Parole unique, non créée, qui l’exprime pleinement, il crée un univers qui est encore une façon de dire ce qui est en Dieu. Ce qui a existé était vie grâce à lui. Toute la splendeur de l’univers, la vie et les capacités infinies d’auto-développement qu’il recèle, lui viennent de ce qu’il est comme une projection visible et matérielle du Verbe de Dieu. Mais ce n’est pas encore assez pour satisfaire le besoin de Dieu de se communiquer. Comme le disaient déjà plusieurs textes de l’Ancien Testament ( Proverbes 8.22, 31; Sagesse 7.2-30) Dieu est entré, grâce à son Verbe, dans l’histoire des hommes. C’est lui que disaient à leur façon tous les porteurs de la Parole, tous les prophètes de la Bible, et aussi ceux des autres religions. Le Verbe éclairait tous les hommes, y compris ceux qui ne connaissaient pas Dieu ; il était la conscience des justes de toutes les races et de tous les temps. Mais ce Verbe, Fils et Parole du Père, est venu un jour nous donner la parole définitive à travers sa propre existence, en devenant un homme parmi nous. Que nous étudiions l’histoire de notre race depuis ses origines, ou que nous lisions l’ancien Testament, nous voyons comment le langage de Dieu s’est développé parmi les hommes. Toujours c’était un langage humain, mais ce langage était habité par l’Esprit de Dieu, et de façon toute spéciale dans l’histoire d’Israël, c’était aussi la parole de Dieu. Nous allons retrouver cette parole vivante dans celui qui est le Fils fait homme, Jésus, mais d’une façon qui va nous déconcerter. Car là est le mystère du Fils : il est bien Dieu comme le Père, mais, ayant tout reçu, il est dans une attitude d’offrande : il se vide de lui-même afin que le Père l’exalte et le glorifie de nouveau. Noter au v. 18 l’expression extraordinaire : Dieu Fils Unique. Le texte dit exactement : qui est “vers le sein” du Père. Un homme est venu, envoyé par Dieu. Dans les deux strophes 6-8 et 15, l’auteur de l’évangile, Jean, nous parle de Jean-Baptiste, précurseur de Jésus. Le Verbe a vraiment joué le jeu : il n’est pas venu avec éclat, il s’est fait introduire par une parole qui venait de lui, mais qui restait humaine, celle de Jean. Il était facile de rejeter ce témoignage, et de fait il est venu chez les siens, dans le peuple d’Israël, et les siens ne l’ont pas reçu. Le Verbe s’est fait chair (14). Jean emploie le terme chair pour souligner l’humilité totale de Dieu qui, bien qu’il soit esprit, se fait créature avec un corps mortel. Jean dit : s’est fait et non pas “a pris l’apparence d’un homme” parce que le Fils de Dieu s’est vraiment fait homme. Il a habité parmi nous (14). Jean utilise un verbe qui au début signifiait : “planter sa tente”. De cette manière, il fait allusion à la tente sacrée qui servait de sanctuaire aux Hébreux dans le désert et qui était la demeure de Dieu parmi eux ( Exode 33.7-11). En réalité, Jésus, le Fils de Dieu fait homme est le vrai temple de Dieu au milieu de son peuple ( Jean 2.21), un temple aussi humble et apparemment aussi fragile que la tente du désert : néanmoins, c’est en lui que se trouve la plénitude de Dieu. Les apôtres ont vu sa gloire à certains moments de sa vie mortelle ( Jean 2.11 et Luc 9.32). Ils ont vu sa gloire dans sa passion et sa résurrection. Comment le Verbe vient-il nous sauver ? Jean ne dira pas tellement que Jésus nous tire de l’abîme du péché ; il préfère affirmer que Jésus nous introduit dans une situation inespérée et hors de notre portée : il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Nous sommes faits avec lui enfants de Dieu lorsque nous croyons en son Nom, c’est-à-dire en sa divinité. En lui tout était don d’amour et vérité (12). La Bible nous dit que l’amour (ou faveur ou grâce) et la fidélité (ou vérité) sont deux qualités essentielles de Dieu ( Exode 34.6-7) : elles reviennent comme un refrain dans le Psaume 89. Jean veut donc dire que Dieu s’est donné pleinement en Jésus ( Colossiens 2.9). Par Moïse nous avons reçu la loi (17). L’histoire biblique dénonçait les péchés d’Israël, mais elle annonçait le moment où une loi inscrite sur des pierres ou dans des livres ne serait plus nécessaire ( Jérémie 31.31). Un jour Dieu changerait le cœur des hommes ( Ézékiel 36.26) pour que des rapports d’amour et de fidélité réciproques s’établissent entre lui et les hommes ( Osée 2.21-22). Jean affirme que ce temps d’amour et de fidélité (la religion parfaite) est arrivé par Jésus Christ.

2676 Bible des peuples sur titre livre 2018-12-01: Les trois premiers évangiles peuvent nous faire oublier le travail et les talents de ceux qui les ont rédigés. Quelle qu’ait été la vision qu’ils voulaient nous laisser du Sauveur, ils ont traité les témoignages avec tant de simplicité, que nous croyons bien souvent voir et entendre Jésus lui-même. En ce sens l’Évangile de Jean est tout différent. Ce livre l’a accompagné tout au long de sa vie d’apôtre, et il n’a cessé de faire et de défaire à mesure que s’approfondissait son expérience de Jésus, maintenant ressuscité et présent dans cette Église où il était apôtre et témoin. Et Jean ne nous cache pas son propos : “Ceci a été écrit pour que vous croyiez que Jésus est le Fils de Dieu” ( Jean 20.31). La foi de l’Église proclamait Jésus comme le Fils de Dieu, mais comment entendait-on ces mots ? La résurrection de Jésus avait manifesté l’aspect divin de sa personne ; mais on pouvait se demander depuis quand Jésus était le Fils de Dieu, dans quelle mesure il était Dieu ? l’évangile de Jean affirme clairement l’existence de Jésus en Dieu de toute éternité, et cette lumière sur l’origine de Jésus éclaire aussitôt l’étendue de son œuvre. Fils éternel de Dieu fait homme, il n’est pas venu seulement pour nous enseigner à être meilleurs, mais pour transformer la création. Jean n’a pas créé de toutes pièces son évangile. On y retrouve bien des témoignages très précis et qui contiennent plus de détails vérifiables que les autres évangiles. Mais il ne s’en est pas tenu à ses souvenirs. À mesure que progressait sa réflexion, ou son expérience, il les développait et les construisait en des “discours” où Jésus, avec l’aide de Jean, s’adresse en réalité à nous. L’Évangile de Jean est polémique : plus une vérité est pure et dure, moins nombreux sont ceux qui peuvent l’entendre. Cet évangile n’a pas été sans susciter des polémiques dans l’Église elle-même dans les premiers temps où il a été divulgué, mais assez vite il a été reconnu comme Parole de Dieu et des Apôtres. L’Évangile de Jean a donc été fait et refait, et il n’a sans doute été publié qu’après la mort de son auteur, vers l’an 95, comme le laisse entendre un petit paragraphe ajouté à la fin. Dans sa dernière rédaction, il semble bien avoir été reconstruit autour des trois Pâques qui jalonnent la vie publique de Jésus. Il y a là un élément important pour comprendre la pensée de Jean. Il termine d’écrire quand depuis déjà vingt ans Jérusalem et le Temple ont été détruits par les Romains. Mais, tout autant que Paul, il sait que la résurrection de Jésus inaugure un nouvel âge du monde. La révélation au peuple juif et les grandes liturgies du Temple appartiennent au passé, mais c’est dans cette Première Alliance, devenue l’Ancienne Alliance, qu’il faut trouver les clefs pour comprendre l’œuvre de Jésus. Jean reviendra donc souvent sur les fêtes des Juifs, sur les symboles religieux : l’eau, les palmes, l’agneau … et il montrera comment cela se retrouve transfiguré dans la vie et la nouvelle liturgie des chrétiens. Il y aura donc trois parties après cette mise en route que nous appelons la Semaine de la découverte, laquelle occupe le premier chapitre jusqu’à 2.16 :
— En 2.17, Jésus monte au Temple pour la Pâque : les chapitres 2—5 développeront ce signe du Temple.
— En 6.4, de nouveau la Pâque, et Jean développe le signe du pain.
— En 13.1 c’est la troisième Pâque, où Jésus sera mis à mort à l’heure où dans le Temple on sacrifie les agneaux de la Pâque. Et l’agneau sera le troisième signe.

2679 Bible des peuples sur verset 2018-12-01: La traduction auprès de Dieu est insuffisante. La préposition grecque qui signifie “auprès de” est suivie d’un accusatif, ce qui lui donne un sens de mouvement : “tourné vers”, ou : “en relation avec”.

2677 Bible des peuples sur verset 2018-12-01: JEAN EST-IL L’AUTEUR DE L’ÉVANGILE QUI PORTE SON NOM ?
Voilà une question bien difficile à résoudre. Il ne manque pas de raisons pour douter que Jean en soit l’auteur, mais on peut aussi réunir tout autant d’arguments pour défendre l’attribution traditionnelle à Jean. Comme nous l’avons dit dans l’Introduction aux Évangiles, une certaine crainte nous invite de façon pressante à chercher d’autres auteurs que les apôtres. Le message de Jean est tellement clair qu’il nous brûle. Nous dire que Celui qui l’a marqué pour toujours, qu’il a aimé et dont il a été aimé, c’était la Parole Éternelle de Dieu, Dieu né de Dieu… il y a là de quoi nous abasourdir. Alors on aimerait mieux que cela ait été dit par un autre, pas un témoin direct, mais quelque théologien qui aura plus facilement idéalisé Jésus, parce que, de loin, il n’aura pas eu toute l’évidence de sa présence humaine, sa façon de regarder et de manger, et l’odeur de sa sueur… Mais reconnaissons que les raisons de douter sont fortes, et la principale est celle-ci : des dizaines d’années séparent les premiers témoignages si frais sur les faits et gestes de Jésus, et les discours construits postérieurement à partir d’eux, qui parfois semblent oublier la tradition originale. Un des premiers témoins de Jésus peut-il avoir fait tout ce chemin ? Celui qui a donné la dernière forme aux discours, dans les années 70-80, sans doute près d’Éphèse où une très ancienne tradition affirme que Jean s’est retiré et est mort, est un théologien. Son intérêt pour tout ce qui touche au Temple inviterait à penser qu’il est prêtre. Cela peut-il s’allier avec la personne du pêcheur de Tibériade, le fils de Zébédée ? Est-il possible qu’une telle vision de Jésus, Christ, et bientôt Fils de Dieu et Sauveur du Monde, soit née en lui, et qu’il l’ait ensuite exprimée dans son évangile ? C’est le type de questions où chacun décidera à partir de sa propre expérience. On peut avoir rencontré des croyants qui, sans avoir étudié la théologie universitaire, sont théologiens en un sens très vrai et profond. Il leur a suffi d’une rencontre privilégiée pour que s’éveillent leurs dons. Ensuite ils ont fait partie de ce tout petit nombre d’apôtres qui constamment reprennent dans la prière et la réflexion commune les faits et les découvertes de leur tâche d’Église, cherchant à comprendre les voies de Dieu. Des livres, des personnes qui les aideront à mûrir leur pensée ? Dieu qui leur infuse la sagesse fera venir jusqu’à eux les aides extérieures. Cela ne peut-il être le cas de Jean si lié à Jésus, et ensuite apôtre durant quelque 60 ans ? Il n’est pas passé comme Paul par les écoles rabbiniques, et c’est pourquoi il n’utilise pas comme lui des arguments sophistiqués, mais Théologien, oui : connaisseur de Dieu.

139 BST - Olivier sur verset 2000-08-06: Les paraboles: l'Evangile de Luc est organisé et très structuré: ch 1 à 4: Prépa ch 4 à 9: Ministère en Galilée ch 10 à 19: Montée à Jérusalem ch 20 à 24: Passion - Résurrection

4899 Chouraqui sur titre livre 2019-04-19: L’identification de l’auteur du quatrième évangile fait problème. La plus ancienne tradition chrétienne l’attribuait à Iohanân bèn Zabdi, devenu en français Jean, fils de Zébédée, qui l’aurait écrit dans sa vieillesse à Éphèse. Mais à partir du XIXe siècle, même dans l’Église, des exégètes élèvent des doutes: le véritable auteur serait un certain Jean le Presbytre ou, pour d’autres, tout simplement un inconnu. Mais ces thèses ne sont pas sans se heurter à de graves objections. D’éminents critiques affirment l’existence d’une « école johannique » qui aurait recueilli les traditions de Iohanân et leur aurait donné la forme que nous leur connaissons aujourd’hui. Cette opinion tient compte des méthodes, courantes à l’époque, de transmission des textes; elle a l’avantage de sauver, pour l’essentiel, l’origine johannique de l’ouvrage, tout en expliquant certaines des difficultés que la critique biblique croit y déceler.
Le lieu où Jean aurait rédigé son oeuvre serait, selon d’anciennes traditions transmises par le prologue antimarcionite, Jérôme et Épiphane, l’Asie Mineure; Irénée précise même: la ville d’Éphèse. Éphrem, lui, opte pour Antioche. Des exégètes concilient ces deux opinions en avançant que la rédaction se serait étendue sur une longue période, au cours de laquelle l’auteur aurait séjourné dans ces deux villes. Cet évangile est cité dès la première moitié du IIe siècle; les auteurs, selon leurs tendances, situent sa rédaction entre les années 60 et 100.
Les exégètes s’évertuent à trouver la clé selon laquelle Jean organise la mise en oeuvre de sa documentation: les uns découvrent dans les douze premiers chapitres de Jean 7 sections de 7 périodes divisées à leur tour en 7 ou 14 parties; d’autres répartissent le texte autour des six fêtes liturgiques dont il est fait mention (Jn 2,13; Jn 3,1; Jn 6,4; Jn 7,2; Jn 10,22; Jn 11,55).
Quelques thèmes fondamentaux caractérisent l’évangile de Jean et se retrouvent tout au long de son oeuvre:
¬ Iéshoua‘ le messie est le logos, le mot grec traduisant l’hébreu dabar ou parole de IHVH-Adonaï.
¬ Le messie est source de lumière. Jean revient sur le thème initial des premières lignes de la Genèse où la lumière, première des créatures d’Elohîms, est citée cinq fois. Source de lumière, Iéshoua‘ la rend à un aveugle (Jn 9).
¬ Iéshoua‘ est le témoin et la route qui mènent à la parfaite adhérence à IHVH-Adonaï et à sa Tora. Ce thème est l’un des plus constants de l’annonce.
¬ Iéshoua‘ est la source de la vérité.
Plutôt qu’une composition en parties nettement distinctes, Jean semble avoir adopté une composition « symphonique », comparable à celle du Cantique des Cantiques. Déconcertés par ce type de composition pourtant bien conforme au génie oriental, des exégètes s’efforcent de recomposer l’évangile de Jean en le pliant aux exigences d’une logique occidentale et moderne. Là où ces exégètes voient une « dislocation » du texte, due à l’intervention de sources distinctes, ne vaut-il pas mieux déceler le talent d’un auteur dont la composition demeure aujourd’hui aussi neuve qu’elle l’était voilà vingt siècles ?
Le génie de Jean consiste justement à employer le grec pour exprimer le mystère d’une vision hébraïque. Il y réussit en créant une langue nouvelle, sorte d’hébreu-grec où le ciel hébraïque se reflète dans son miroir hellénique.
C’est l’oeuvre d’un fils d’Israël versé dans les lettres hébraïques aussi bien qu’araméennes et qui n’entend rien cacher de ses racines au profit de je ne sais quel conformisme littéraire. Il lui suffit d’être lui-même; et cela étant, il n’hésite pas devant l’emploi de paratextes, d’inclusions, de chiasmes, de parallélismes, caractéristiques de l’expression hébraïque. Il reproduit dans son texte des mots hébreux ou araméens, accompagnés de leur traduction. Il accumule les sémitismes par le redoublement des verbes. Il donne à certains verbes grecs le sens que leur équivalent a en hébreu; « voir » veut dire ainsi « éprouver » ou « jouir »; « répondre » a le sens du verbe ‘ana, qui signifie en hébreu « prendre la parole »; à son entrée et à sa sortie est la forme concrète que l’Hébreu emploie pour signifier le mouvement de l’homme, ses allées et venues. Jean donne au verbe peripateïn le sens de halakh, aller, « marcher », le mot « main » garde pour lui ses significations hébraïques de « puissance »; jeter au coeur signifie dans son grec particulier « inspirer ».
L’existence d’un original hébreu ou araméen n’est pas démontrée. Ce serait d’ailleurs une erreur d’opposer de manière tranchée l’hébreu et l’araméen parlés par les contemporains de Iéshoua‘. Le second est abondamment mêlé d’hébraïsmes que l’on retrouve dans son vocabulaire, sa syntaxe, sa morphologie. En fait les deux langues sont devenues, aux premiers siècles de l’ère chrétienne, des soeurs jumelles.
Mais même quand ils s’expriment ou écrivent en araméen, les Hébreux pensent dans la langue de la Bible, c’est-à-dire en hébreu. Le substrat linguistique de Jean est essentiellement l’hébreu, qu’il ait existé ou non un document préalablement écrit en cette langue. Cette réflexion est valable, à des degrés variables, pour tous les livres du Nouveau Testament.
Cela nous amène à un deuxième trait, également valable pour l’ensemble des livres de la Bible: il est artificiel de distinguer abruptement entre tradition orale et tradition écrite. Toute oeuvre, avant d’être couchée sur le papier, dans telle ou telle langue, est d’abord gravée dans la pensée de l’homme. Un livre de la nature du quatrième évangile, au-delà du grec, de l’araméen ou de l’hébreu, semble émaner des sources du silence, là où le verbe se révèle en tant que logos, parole vivante. Et c’est à partir d’une contemplation silencieuse qu’il faut lire, comprendre, commenter et, éventuellement, traduire l’oeuvre de Jean.
L’univers des Hébreux est jalonné de « signes », otot, qui sont autant d’attestations de la volonté de IHVH-Adonaï. Ainsi en est-il de l’évangile de Jean, où Iéshoua‘ change l’eau en vin, sauve un enfant de la mort, guérit un homme paralysé depuis trente-huit ans, nourrit cinq mille hommes avec cinq pains et deux poissons, guérit un aveugle-né, ressuscite d’entre les morts Èl‘azar de Béit-Hananyah. Ces signes majeurs soulignent les axes profonds de la théologie de Jean et annoncent le signe ultime et décisif: la résurrection du crucifié.
La puissance d’expression de Jean se manifeste dans cette marche en avant d’un homme que rien ne peut arrêter, pas même l’horreur de la crucifixion; en lui, il voit le mashiah bèn Elohîms, le sauveur d’Israël et de l’humanité, le vainqueur du Prince de ce monde, le triomphateur de la mort.
Par rapport aux évangiles synoptiques, Jean remplace le thème fondamental de la prédication de Iéshoua‘, l’annonce du Royaume (ce mot n’apparaît chez lui qu’en Jn 3,3 et Jn 3,5 et Jn 18,36), par celui de la vie éternelle, conçue comme un bien eschatologique, divin, mais qu’il est possible de posséder dès maintenant.
Jean donne des dimensions nouvelles à l’eschatologie. Il n’inclut pas dans son évangile des passages apocalyptiques et ne fait pas mention de la venue du Fils de l’homme sur des nuées, pour son ultime triomphe lors des assises du Jugement dernier. Plus sobre que les synoptiques, il actualise partiellement la gloire de Iéshoua‘, son salut, son jugement. Si bien que les passages sur la résurrection corporelle à la fin des temps, que les pharisiens enseignaient, sont considérés par certains auteurs (mais peut-être à tort) comme des additions adventices. Jean croit en fait au progrès de l’histoire qui a trouvé son sens depuis la venue, la mort et la résurrection du messie. Pour lui, l’histoire de Iéshoua‘ annonce la fin de l’histoire du monde; le messie a vaincu le monde et refoulé dans les ténèbres extérieures le prince de ce monde. Sa mission consiste à découvrir aux hommes les trésors ineffables de la vie, de l’amour, de la paix de IHVH-Adonaï Elohîms.
Dans ce sens, Jean souligne, davantage peut-être que ses devanciers, le mystère de la personne de Iéshoua‘, de sa transcendance et de sa préexistence. Ainsi comprend-il la passion et le supplice du crucifié comme le début de sa glorification.
Toute lecture de Jean doit donc tenir compte du caractère sacramentaire et, à certains égards, symbolique de son livre. Son symbolisme, inhérent à la pensée hébraïque, s’enracine cependant dans les faits dont il souligne la signification théologique et sotériologique. Davantage que dans le syncrétisme hellénistique ou dans la gnose orientale, Jean puise son inspiration dans le fond traditionnel de la pensée d’Israël, à une heure où l’espérance messianique apparaît comme l’unique recours contre l’abîme de déréliction où Rome plonge Jérusalem. Ainsi le mysticisme johannique a ses racines non seulement dans les Psaumes et les prophètes, mais dans les préoccupations immédiates des Hébreux, à l’heure de leurs plus grandes épreuves.
On peut justement penser que ni dans la Bible ni dans la littérature universelle, il n’existe de livre comparable au quatrième évangile. Il confirme en la complétant l’unité profonde de la Bible et de son ultime partie, le Nouveau Testament, aux jaillissements des feux du génie créateur d’Israël, confronté à l’épreuve de la destruction de sa patrie et à l’heure de son exil. Jean voit dans l’incarnation du messie la réponse donnée par IHVH-Adonaï Elohîms à un monde aux abois pour le sauver du néant, en communiquant aux hommes les mystérieux bienfaits de la vie divine.

2680 Bible des peuples sur verset 2018-12-01: LE VERBE, DIEU OU PAS DIEU ? Et le Verbe était Dieu. Cette affirmation a été discutée, non seulement parce qu’elle demande un minimum de réflexion, mais surtout pour des questions de préjugés doctrinaux. C’est le cas pour les Témoins de Jéhovah qui n’hésitent pas à traduire : “la Parole était un dieu”. Et pour justifier une telle traduction ils s’appuient sur le texte Jean 10.34-36 : le mot grec Theos, disent-ils, peut signifier un dieu aussi bien que Dieu, et lorsqu’il s’agit de Dieu, il y a toujours l’article en grec : O Theos, le Dieu. Mais ici il n’y a pas d’article, donc : un dieu. Ceci est très vite dit et la réalité est assez différente. Lorsqu’on a affaire, non à un sujet mais à un attribut, comme c’est ici le cas avec “était Dieu”, le grec biblique met l’article si “Dieu” est considéré comme une personne, et il ne le met pas si “Dieu” signifie en réalité la nature divine. Bien sûr celui qui est Dieu (où les personnes qui sont Dieu) ne font qu’un avec la nature divine, mais la personne signifie autre chose que la nature. Donc sans article si l’on dit ce-que-Dieu-est, et avec article si l’on désigne celui-qui est-Dieu. Nous en avons un exemple au livre des Rois. En 1Rois 8.60 Salomon déclare : “ainsi tous les peuples de la terre sauront que Yahvé est Dieu et qu’il n’y en a pas d’autre que lui.” Et Dieu est sans article : seul Yahvé est Être divin. Par contre en 1Rois 18.21 Élie dit au peuple : “Si Yahvé est Dieu, suivez-le, si c’est Baal, suivez-le”. Et Dieu est avec article parce que le choix est entre deux personnes. On verra de même en Deutéronome 32.39 et Josué 2.11 deux exemples de “Dieu” sans article, chaque fois pour dire que Yahvé est bien Être tout-puissant et souverain. Si l’on passe au Nouveau Testament, on trouve une nouvelle donnée. Nous avons rappelé dans le commentaire de Jean 20.11 que dès les jours de la Résurrection et de la Pentecôte la foi chrétienne avait acquis la certitude que Jésus était Fils de Dieu dans le sens le plus fort du terme et que très vite on avait joué sur les mots Dieu et Seigneur pour désigner le Père et le Fils sans que ce dernier soit privé de son rang divin. Et il est facile de voir que Paul les nomme toujours côte à côte : pour lui Dieu est le Père, et, d’accord avec ce que nous avons dit sur l’usage de l’article en grec, Paul écrit toujours : le Dieu, car c’est la personne du Père. Dans ces conditions, si Jean voulait dire que le Verbe était de nature divine, entendons : partageait la nature divine de Dieu-Père, mais sans être la même personne que le Père, il ne pouvait pas s’exprimer autrement qu’il ne l’a fait : le Verbe était Dieu, sans l’article. Et aussitôt après il dit : Il était au commencement auprès de Dieu : et c’est “le Dieu”, avec article, car il dit que le Verbe était auprès de la personne de Dieu-Père. Il est bien vrai que dès le début de l’Église, aussi bien pour les Juifs que pour les Grecs la foi chrétienne en Jésus Fils de Dieu, né de Dieu et partageant le mystère divin du Père était un défi à la raison philosophique et aux religions qu’on avait enseignées — et c’est encore la même chose pour les Témoins de Jéhovah. Mais traduire : le Verbe (ou la Parole) était un dieu, c’est proprement absurde, — et s’ils veulent être conséquents avec leur argument, ils doivent traduire également en 16.27 : Je suis sorti d’un dieu ! Car là aussi il n’y a pas d’article.

( Mc 1,1 , )
1,2 Il était au commencement auprès de Dieu. ( ) 1,3 C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. ( ) 1,4 En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; ( ) 1,5 la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. ( ) 1,6 Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. ( )