Lecture d'un commentaire (2676)


Jn 1,1

Commentaire: Les trois premiers évangiles peuvent nous faire oublier le travail et les talents de ceux qui les ont rédigés. Quelle qu’ait été la vision qu’ils voulaient nous laisser du Sauveur, ils ont traité les témoignages avec tant de simplicité, que nous croyons bien souvent voir et entendre Jésus lui-même. En ce sens l’Évangile de Jean est tout différent. Ce livre l’a accompagné tout au long de sa vie d’apôtre, et il n’a cessé de faire et de défaire à mesure que s’approfondissait son expérience de Jésus, maintenant ressuscité et présent dans cette Église où il était apôtre et témoin. Et Jean ne nous cache pas son propos : “Ceci a été écrit pour que vous croyiez que Jésus est le Fils de Dieu” ( Jean 20.31). La foi de l’Église proclamait Jésus comme le Fils de Dieu, mais comment entendait-on ces mots ? La résurrection de Jésus avait manifesté l’aspect divin de sa personne ; mais on pouvait se demander depuis quand Jésus était le Fils de Dieu, dans quelle mesure il était Dieu ? l’évangile de Jean affirme clairement l’existence de Jésus en Dieu de toute éternité, et cette lumière sur l’origine de Jésus éclaire aussitôt l’étendue de son œuvre. Fils éternel de Dieu fait homme, il n’est pas venu seulement pour nous enseigner à être meilleurs, mais pour transformer la création. Jean n’a pas créé de toutes pièces son évangile. On y retrouve bien des témoignages très précis et qui contiennent plus de détails vérifiables que les autres évangiles. Mais il ne s’en est pas tenu à ses souvenirs. À mesure que progressait sa réflexion, ou son expérience, il les développait et les construisait en des “discours” où Jésus, avec l’aide de Jean, s’adresse en réalité à nous. L’Évangile de Jean est polémique : plus une vérité est pure et dure, moins nombreux sont ceux qui peuvent l’entendre. Cet évangile n’a pas été sans susciter des polémiques dans l’Église elle-même dans les premiers temps où il a été divulgué, mais assez vite il a été reconnu comme Parole de Dieu et des Apôtres. L’Évangile de Jean a donc été fait et refait, et il n’a sans doute été publié qu’après la mort de son auteur, vers l’an 95, comme le laisse entendre un petit paragraphe ajouté à la fin. Dans sa dernière rédaction, il semble bien avoir été reconstruit autour des trois Pâques qui jalonnent la vie publique de Jésus. Il y a là un élément important pour comprendre la pensée de Jean. Il termine d’écrire quand depuis déjà vingt ans Jérusalem et le Temple ont été détruits par les Romains. Mais, tout autant que Paul, il sait que la résurrection de Jésus inaugure un nouvel âge du monde. La révélation au peuple juif et les grandes liturgies du Temple appartiennent au passé, mais c’est dans cette Première Alliance, devenue l’Ancienne Alliance, qu’il faut trouver les clefs pour comprendre l’œuvre de Jésus. Jean reviendra donc souvent sur les fêtes des Juifs, sur les symboles religieux : l’eau, les palmes, l’agneau … et il montrera comment cela se retrouve transfiguré dans la vie et la nouvelle liturgie des chrétiens. Il y aura donc trois parties après cette mise en route que nous appelons la Semaine de la découverte, laquelle occupe le premier chapitre jusqu’à 2.16 :
— En 2.17, Jésus monte au Temple pour la Pâque : les chapitres 2—5 développeront ce signe du Temple.
— En 6.4, de nouveau la Pâque, et Jean développe le signe du pain.
— En 13.1 c’est la troisième Pâque, où Jésus sera mis à mort à l’heure où dans le Temple on sacrifie les agneaux de la Pâque. Et l’agneau sera le troisième signe.


Source: Bible des peuples