Lecture d'un commentaire (2678)


Jn 1,1

Commentaire: Au commencement était le Verbe. Le vrai commencement n’est pas la création de l’univers. Car ce début du temps, de l’espace, de la matière et des existants n’explique rien mais au contraire demande une explication. Le vrai commencement est hors du temps. Jean ne dit pas qu’en ce commencement “était Dieu”, car nous le savons. Mais il nous parle du Verbe. Nous gardons ce mot traditionnel, car le mot que Jean emploie dit plus que “parole”. C’est à la fois la pensée et la parole qui dit ce qu’on porte en soi : nous devrions peut-être traduire : “l’Expression” de Dieu. Parler de ce Verbe ou Expression du Père, ou bien encore de son Fils, c’est la même chose. Dans d’autres pages il sera appelé Irradiation ( Hébreux 1.1) et Image ( Colossiens 1.15) du Père. Jean nous rappellera que personne n’a vu Dieu (18). Le Père, de qui viennent l’existence et tous les existants, est sans origine, et son jaillissement n’est connu que de lui seul. Mais Jean nous dit ici que pour lui, être, c’est tout aussi bien se communiquer, se dire, se donner. Dieu se projette et se manifeste en celui qui est à la fois son Verbe et son Fils ; et à travers cette Parole unique, non créée, qui l’exprime pleinement, il crée un univers qui est encore une façon de dire ce qui est en Dieu. Ce qui a existé était vie grâce à lui. Toute la splendeur de l’univers, la vie et les capacités infinies d’auto-développement qu’il recèle, lui viennent de ce qu’il est comme une projection visible et matérielle du Verbe de Dieu. Mais ce n’est pas encore assez pour satisfaire le besoin de Dieu de se communiquer. Comme le disaient déjà plusieurs textes de l’Ancien Testament ( Proverbes 8.22, 31; Sagesse 7.2-30) Dieu est entré, grâce à son Verbe, dans l’histoire des hommes. C’est lui que disaient à leur façon tous les porteurs de la Parole, tous les prophètes de la Bible, et aussi ceux des autres religions. Le Verbe éclairait tous les hommes, y compris ceux qui ne connaissaient pas Dieu ; il était la conscience des justes de toutes les races et de tous les temps. Mais ce Verbe, Fils et Parole du Père, est venu un jour nous donner la parole définitive à travers sa propre existence, en devenant un homme parmi nous. Que nous étudiions l’histoire de notre race depuis ses origines, ou que nous lisions l’ancien Testament, nous voyons comment le langage de Dieu s’est développé parmi les hommes. Toujours c’était un langage humain, mais ce langage était habité par l’Esprit de Dieu, et de façon toute spéciale dans l’histoire d’Israël, c’était aussi la parole de Dieu. Nous allons retrouver cette parole vivante dans celui qui est le Fils fait homme, Jésus, mais d’une façon qui va nous déconcerter. Car là est le mystère du Fils : il est bien Dieu comme le Père, mais, ayant tout reçu, il est dans une attitude d’offrande : il se vide de lui-même afin que le Père l’exalte et le glorifie de nouveau. Noter au v. 18 l’expression extraordinaire : Dieu Fils Unique. Le texte dit exactement : qui est “vers le sein” du Père. Un homme est venu, envoyé par Dieu. Dans les deux strophes 6-8 et 15, l’auteur de l’évangile, Jean, nous parle de Jean-Baptiste, précurseur de Jésus. Le Verbe a vraiment joué le jeu : il n’est pas venu avec éclat, il s’est fait introduire par une parole qui venait de lui, mais qui restait humaine, celle de Jean. Il était facile de rejeter ce témoignage, et de fait il est venu chez les siens, dans le peuple d’Israël, et les siens ne l’ont pas reçu. Le Verbe s’est fait chair (14). Jean emploie le terme chair pour souligner l’humilité totale de Dieu qui, bien qu’il soit esprit, se fait créature avec un corps mortel. Jean dit : s’est fait et non pas “a pris l’apparence d’un homme” parce que le Fils de Dieu s’est vraiment fait homme. Il a habité parmi nous (14). Jean utilise un verbe qui au début signifiait : “planter sa tente”. De cette manière, il fait allusion à la tente sacrée qui servait de sanctuaire aux Hébreux dans le désert et qui était la demeure de Dieu parmi eux ( Exode 33.7-11). En réalité, Jésus, le Fils de Dieu fait homme est le vrai temple de Dieu au milieu de son peuple ( Jean 2.21), un temple aussi humble et apparemment aussi fragile que la tente du désert : néanmoins, c’est en lui que se trouve la plénitude de Dieu. Les apôtres ont vu sa gloire à certains moments de sa vie mortelle ( Jean 2.11 et Luc 9.32). Ils ont vu sa gloire dans sa passion et sa résurrection. Comment le Verbe vient-il nous sauver ? Jean ne dira pas tellement que Jésus nous tire de l’abîme du péché ; il préfère affirmer que Jésus nous introduit dans une situation inespérée et hors de notre portée : il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Nous sommes faits avec lui enfants de Dieu lorsque nous croyons en son Nom, c’est-à-dire en sa divinité. En lui tout était don d’amour et vérité (12). La Bible nous dit que l’amour (ou faveur ou grâce) et la fidélité (ou vérité) sont deux qualités essentielles de Dieu ( Exode 34.6-7) : elles reviennent comme un refrain dans le Psaume 89. Jean veut donc dire que Dieu s’est donné pleinement en Jésus ( Colossiens 2.9). Par Moïse nous avons reçu la loi (17). L’histoire biblique dénonçait les péchés d’Israël, mais elle annonçait le moment où une loi inscrite sur des pierres ou dans des livres ne serait plus nécessaire ( Jérémie 31.31). Un jour Dieu changerait le cœur des hommes ( Ézékiel 36.26) pour que des rapports d’amour et de fidélité réciproques s’établissent entre lui et les hommes ( Osée 2.21-22). Jean affirme que ce temps d’amour et de fidélité (la religion parfaite) est arrivé par Jésus Christ.


Source: Bible des peuples