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La Trinité 06 égalité des personnes/Saint Augustin
si donc le Père seul, ou-le Fils seul, ou le Saint-Esprit seul étant aussi grand que le Père, le Fils et le Saint-Esprit réunis, on ne peut en aucune façon dire que Dieu est triple. En effet les corps augmentent par adjonction. Quoique celui qui s'unit à sa femme ne soit qu'un seul corps; ce corps avec elle, est néanmoins plus grand que celui de l'homme seul ou de la femme seule. Mais, dans les choses spirituelles, quand le moindre s'unit au plus grand, comme la créature au Créateur, c'est celle-là qui s'agrandit, et non celui-ci. En effet, dans tout ce qui n'est pas matériel, c'est s'agrandir que de devenir meilleur. Or, l'esprit d'une créature devient meilleur en s'unissant au Créateur qu'en ne s'y unissant pas, et, en devenant meilleur, il devient plus grand. Donc « celui qui s'unit au Seigneur est un seul esprit avec lui (I Cor; VI, 17 ) » ; et cependant le Seigneur ne devient pas plus grand, parce que celui qui s'unit à lui le devient davantage. Par conséquent, dans Dieu lui-même, le Fils égal (439) étant uni au Père égal, et le Saint-Esprit, aussi égal, étant uni au Père et au Fils, Dieu n'est pas plus grand que chacune de ces trois personnes, parce que sa perfection ne saurait s'augmenter. Or le Père est parfait, le Fils est parfait, le Saint-Esprit est parfait, et le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont Dieu parfait; donc Dieu est Trinité sans être triple.
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La Trinité 06 égalité des personnes/Saint Augustin
CHAPITRE IX.
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La Trinité 06 égalité des personnes/Saint Augustin
EST-CE UNE SEULE PERSONNE OU LES TROIS PERSONNES ENSEMBLE QUE L'ON APPELLE UN SEUL DIEU?
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La Trinité 06 égalité des personnes/Saint Augustin
Après avoir démontré que le Père seul peut être appelé Père, parce qu'il n'y a de Père que lui, il faut examiner l'opinion qui prétend que le seul vrai Dieu n'est pas le Père seul, mais le Père, le Fils et le Saint-Esprit réunis. En effet, si l'on demande : le Père seul est-il Dieu? peut-on répondre que non, à moins de dire que le Père est vraiment Dieu, mais non le seul Dieu, et que le -seul Dieu c'est le Père, le Fils et le Saint-Esprit? Mais alors que ferons-nous du témoignage même du Seigneur? Après avoir nommé son Père et lui adressant la parole, il lui disait: « Or, la vie éternelle, c'est qu'ils vous connaissent, vous seul vrai Dieu (Jn 17, 3 )? » Paroles que les Ariens interprètent en ce sens que le Fils n'est pas vrai Dieu. Mais laissant là les Ariens, nous avons à voir si par ces paroles : « C'est qu'ils vous connaissent, vous seul vrai Dieu », nous sommes forcés de croire que le Christ a voulu insinuer que le Père seul est vrai Dieu, en ce sens qu'il n'y a de Dieu que les trois réunis, Père, Fils et Saint-Esprit. Devons-nous conclure de ce témoignage du Christ que le Père seul est vrai Dieu, que le Fils seul est vrai Dieu, que le Saint-Esprit seul est vrai Dieu, c'est-à-dire que la Trinité même, dans son ensemble est le seul vrai Dieu, et non trois vrais dieux? Et quand le Sauveur ajoute : « Et celui que vous « avez envoyé, Jésus-Christ », faut-il sous-entendre : « est seul vrai Dieu », en sorte que le sens des paroles serait : c'est qu'ils connaissent que en vous et dans celui que vous-avez envoyé, Jésus-Christ, le seul vrai Dieu ? Pourquoi alors passe-t-il le Saint-Esprit sous silence? Est-ce parce que, quand on nomme une chose unie à une autre par un lien de paix tel que les deux ne fassent qu'un, ce lien de paix est par là même exprimé, sans être expressément nommé? En effet l'Apôtre semble aussi passer en quelque sorte l'Esprit sous silence, bien que sa présence soit sensible, dans ce passage où il dit: « Tout est à vous, mais vous êtes au Christ, et le Christ à Dieu (1100o 3, 22, 23 ) » : et dans cet autre : « Le chef de la femme est l'homme, le chef de l'homme est le Christ, et le chef du Christ est Dieu (1100o 11, 3 ) ». Mais, encore une fois, s'il n'y a de Dieu que les trois ensemble, comment Dieu est il le chef du Christ, c'est-à-dire comment la Trinité est-elle le chef du Christ, alors que le Christ doit être dans la Trinité pour qu'elle soit Trinité? Serait-ce que ce que le Père est avec le Fils, est le chef de ce que le Fils est seul? En effet le Père est Dieu avec le Fils, et le Fils seul est Christ; d'autant plus que celui qui parle ici est le Verbe fait chair, abaissement qui le rend inférieur au Père, selon ce qu'il dit lui-même : Parce que mon Père est plus grand que moi (Jean 14, 28 )». Ainsi l'être divin, qui lui est commun avec le Père, est le chef de l'homme médiateur, qu'il est seul ( Tim; 2, 5 ). Car si nous avons raison d'appeler l'âme la partie principale de l'homme, c'est-à-dire comme le chef de la substance humaine, quoique l'homme soit avec son esprit; à combien plus juste titre le Verbe, qui est Dieu avec le Père, sera-t-il le chef du Christ, bien que le Christ fait homme ne se puisse comprendre en dehors du Verbe qui s'est fait chair? Mais tout cela, nous l'avons dit, sera étudié plus spécialement dans la suite. Pour le moment, nous avons démontré, le plus brièvement possible, l'égalité et l'unité de substance dans la Trinité, en sorte que cette question, que nous nous réservons d'approfondir plus tard, ne peut en aucune façon, en quelque sens qu'elle soit résolue, nous empêcher de reconnaître la parfaite égalité du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
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La Trinité 06 égalité des personnes/Saint Augustin
CHAPITRE X.
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La Trinité 06 égalité des personnes/Saint Augustin
ATTRIBUTS DE CHAQUE PERSONNE D'APRÈS SAINT HILAIRE. LA TRINITÉ REPRÉSENTÉE.
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La Trinité 06 égalité des personnes/Saint Augustin
Un écrivain, voulant d'un mot désigner dans les créatures les attributs de chacune des personnes de la Trinité, a dit: « L'Eternité dans le Père, la Beauté dans l'Image, l'Usage dans (440) le Don». Et comme Hilaire (car c'est lui qui a écrit cela dans ses livres: De la Trinité, liv. 2) est un auteur de grande autorité en fait de commentaires sur les Ecritures et de défense de la foi, après avoir cherché de toutes mes forces à pénétrer le sens caché de ces mots: Père, Image, Don, éternité, beauté, usage, je pense qu'il a simplement entendu dire par le mot d'éternité, que le Père n'a point de père de qui il soit né, mais que le Fils tient l'être du Père et lui est coéternel. En effet, si l'image reproduit parfaitement l'objet dont elle est l'image, c'est elle qui lui est coégale, et non lui à elle. Hilaire a nommé cette image beauté, à cause, je pense, de la beauté qui résulte de cette parfaite convenance, de cette première égalité, de cette première similitude, où il n'y a aucune différence, aucune inégalité, aucune dissemblance, mais où tout répond identiquement à l'être dont elle est l'image; où est la vie première et souveraine, pour qui vivre et être ne sont pas choses différentes, mais une seule et même chose; où est l'intelligence première et parfaite, pour qui vivre et comprendre ne sont pas chose différentes, mais où comprendre, vivre et être ne sont qu'une seule et même chose: Verbe parfait, à qui rien ne manque; moyen d'action, pour ainsi dire, du Dieu tout-puissant et sage, contenant dans sa plénitude la raison immuable de tous les êtres vivants; en qui tous sont une seule chose, comme elle-même est une seule chose d'une seule chose, avec qui elle ne fait qu'un. Là, Dieu connaît tout ce qu'il a fait par elle, en sorte que quand les temps passent et se succèdent, rien ne passe ni ne se succède dans la science de Dieu. Car ce n'est pas parce que les choses créées sont faites que Dieu les connaît; mais plutôt elles sont faites et changeantes, parce que Dieu en a la connaissance immuable. Cette ineffable union du Père et de son Image n'est donc pas sans jouissance, sans amour, sans joie. Et c'est cet amour, cette délectation, cette félicité ou béatitude, si aucune de ces expressions humaines est digne qu'Hilaire appelle d'un seul mot, Usage , c'est-à-dire : l'Esprit-Saint dans la Trinité, non engendré, mais doux lien de celui qui engendre et de celui qui est engendré, se répandant avec générosité et abondance sur toutes les créatures dans la mesure de leur capacité, afin que chacune soit dans l'ordre et se tienne à sa place.
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La Trinité 06 égalité des personnes/Saint Augustin
Aussi tous ces êtres, créés par l'art divin, portent en eux un certain cachet d'unité, de beauté et d'ordre. En effet, chacun d'eux est une espèce d'unité, comme par exemple, les natures des corps et les facultés des âmes; possède un genre de beauté, comme les figures ou les propriétés des corps, les connaissances ou les talents des âmes; et tend à un certain ordre ou s'y tient, comme le poids ou les situations du corps, et les affections ou les plaisirs des âmes. Il faut donc voir et comprendre le Créateur par ses ouvrages (Rm 1, 20 ) et retrouver dans chaque créature, dans une certaine proportion, les traces de la Trinité. Car c'est dans cette souveraine Trinité qu'est l'origine première de toutes choses, la beauté la plus parfaite, le bonheur le plus complet. Ainsi ces trois personnes semblent se déterminer mutuellement et sont infinies en elles-mêmes. Mais, ici-bas, dans les objets corporels, une chose n'est pas autant que trois, et deux sont plus qu'un, tandis que dans cette souveraine Trinité une personne est autant que trois ensemble, et deux ne sont pas plus qu'une. Et elles sont infinies en elles-mêmes. Ainsi chacune est dans chacune, et toutes sont dans chacune, et chacune est dans toutes, et toutes sont dans toutes, et toutes ne font qu'un. Que celui qui voit cela même imparfaitement, même à travers un miroir et en énigme (1100o 13, 12 ), se réjouisse de connaître Dieu, l'honore comme Dieu et lui rende grâces; que celui qui ne voit pas, cherche pieusement à voir, et non à rester aveugle pour blasphémer. Car Dieu est un, et pourtant Trinité. Entendons sans confusion ce texte : « De qui, par qui et en qui sont toutes choses; à lui », et non à plusieurs dieux, « gloire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il (Rm 11, 36 ) ». (441)
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La Trinité 07 unité de substance/Saint Augustin
LIVRE SEPTIÈME : UNITÉ DE SUBSTANCE.
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La Trinité 07 unité de substance/Saint Augustin
Dieu le Père, qui a engendré le Fils, ou la vertu et la sagesse, non-seulement est le Père de la vertu et de la sagesse, mais est lui-même vertu et sagesse, et également le Saint-Esprit. Cependant il n'y a pas trois vertus ou trois sagesses, mais une seule vertu et une seule sagesse, comme il n'y a qu'un Dieu et une essence. Pourquoi les Latins disent-ils une essence et trois personnes, et les Grecs une essence et trois substances ou hypostases? Ces expressions sont nécessaires pour signifier d'une manière quelconque ce que sont le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
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La Trinité 07 unité de substance/Saint Augustin
LIVRE SEPTIÈME : UNITÉ DE SUBSTANCE.
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La Trinité 07 unité de substance/Saint Augustin
CHAPITRE PREMIER.
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La Trinité 07 unité de substance/Saint Augustin
CHACUNE DES TROIS PERSONNES DE LA TRINITÉ EST-ELLE SAGESSE PAR ELLE-MÊME? DIFFICULTÉ DE CETTE QUESTION ; MOYEN DE LA RÉSOUDRE.
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La Trinité 07 unité de substance/Saint Augustin
Approfondissons maintenant davantage autant que Dieu nous le donnera, la question dont nous avons différé la solution tout à l'heure, à savoir: si chacune des trois personnes de la Trinité peut, en elle-même, indépendamment des autres , être appelée Dieu grand, sage, vrai, tout-puissant, juste, possédant tous les attributs essentiels et non relatifs ; ou si ces expressions ne doivent s'employer que quand on parle de la Trinité tout entière. Cette question est soulevée par ces mots de l'Apôtre: « Le Christ vertu de Dieu et sagesse de Dieu ( I Cor; I, 24 )».Dieu est-il le Père de sa propre sagesse et de sa propre vertu, de manière à être sage de la sagesse qu'il a engendrée, et puissant de la vertu qu'il a engendrée: vertu et sagesse qu'il a toujours engendrées, puisqu'il est toujours puissant et sage ? Car, disions-nous, s'il en est ainsi, pourquoi ne serait-il pas le Père de la grandeur par laquelle il est grand, de la bonté par laquelle il est bon, de la justice par laquelle il est juste, et ainsi des autres attributs? Que si toutes ces choses exprimées par des noms divers sont renfermées dans la même sagesse et la même vertu, en sorte que la grandeur soit la même chose que la vertu, la bonté la même chose que la sagesse. et aussi la sagesse la même chose que la vertu comme nous l'avons déjà dit, souvenons-nom alors que, quand nous nommons un de ces attributs, c'est comme si nous les nommions tous.
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La Trinité 07 unité de substance/Saint Augustin
demande donc si le Père, pris en parti culier, est sage, s'il est à lui-même sa propre sagesse, ou s'il est sage seulement quand il parle: car il parle par le Verbe qu'il a engendré, non d'une parole qui se prononce, fait entendre un son et passe, mais de celle, dont il est dit que le Verbe était en Dieu, que le Verbe était Dieu et que par lui tout a été fait (1 Jn 1, 1, 3); Verbe égal à lui et par lequel il s'exprime lui-même toujours et sans changement. Car il n'est pas Verbe lui-même, pas plus qu'il n'est Fils, ni image. Or, quand il parle, nous exceptons ici le langage temporel que Dieu a fait entendre à la créature, langage qui bruit et passe; quand il parle, dis-je, par ce Verbe coéternel, il ne doit pas être supposé seul, mais bien avec le Verbe hi-même, sans lequel il ne parlerait certainement pas. Mais est-il sage seulement parce qu'il parle, de manière à être sagesse comme son Verbe? Et être Verbe, et être sagesse, est-ce la même chose? En peut-on dire autant de la vertu, tellement que vertu, sagesse et Verbe soient la même chose, et que ces expressions soient seulement relatives, comme les mots Fils et image; de sorte que le Père pris en particulier, ne soit pas puissant ou sage, mais seulement avec la vertu et la sagesse qu'il a engendrées, tout comme il ne parle pas seul, mais par le Verbe et avec le Verbe qu'il a engendré ; et ainsi n'est-il grand que de la grandeur et avec la grandeur qu'il a engendrée? et s'il n'est pas grand par autre raison qu'il est Dieu, s'il n'est grand que parce qu'il est Dieu, vu que être grand et être Dieu sont pour lui la même chose; il s'ensuit que, pris en particulier, il n'est pas Dieu, mais seulement par et avec la divinité qu'il a engendrée, de telle sorte que le Fils est la divinité du Père, comme il est la sagesse et la vertu du Père, comme il est le Verbe et l'image du Père. Et comme être et être Dieu sont pour lui la même chose, ainsi le Fils est aussi l'essence du Père, comme il est son Verbe et son image. Par conséquent encore, excepté sa qualité de Père, le Père n'est quelque chose que parce qu'il a un Fils, en sorte que non-seulement en tant que Père, et il est évident qu'il ne l'est point par (442) rapport à lui-même, mais par rapport à son Fils, puisqu'il n'est Père que parce qu'il a un Fils, mais encore d'une manière absolue et par sa nature même, il n'existe que parce qu'il a engendré sa propre essence. En effet, comme il n'est grand que par la grandeur qu'il a engendrée, ainsi il n'existe que par l'essence qu'il a engendrée, puisque être et être grand sont en lui une même chose. Est-il donc le Père de son essence, comme il est le Père de sa grandeur, comme il est le Père de sa vertu et de sa sagesse ? car sa grandeur est la même chose que sa vertu, et son essence la même chose que sa grandeur.
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La Trinité 07 unité de substance/Saint Augustin
Cette discussion est occasionnée par ces paroles : « Le Christ est la vertu de Dieu et la « sagesse de Dieu ». C'est pourquoi, voulant traiter des choses insondables, nous sommes arrêtés, à cette difficulté: ou de dire que le Christ n'est pas la vertu de Dieu et la sagesse de Dieu , ce qui serait la négation insolente et impie des paroles de l'Apôtre; ou de reconnaître que le Christ est bien la vertu de Dieu et la sagesse de Dieu, mais que son Père n'est point le Père de sa propre vertu et de sa propre sagesse, impiété qui ne serait pas moindre, puisqu'il ne serait-pas le Père du Christ, vu que le Christ est la vertu de Dieu et la sagesse de Dieu; ou que le Père n'est pas puissant par sa propre vertu, ni sage par sa propre sagesse et qui oserait proférer ce blasphème?; ou que, dans le Père, autre chose est d'être, autre chose d'être sage, en sorte qu'il ne serait pas sage par le seul fait qu'il existe ce qui est vrai de l'âme humaine, laquelle est tantôt insensée, tantôt sage, parce qu'elle est de nature changeante et ne possède pas la simplicité absolue et parfaite; ou que le Père n'est point par lui-même, et que non-seulement sa qualité de Père, mais son existence même, est relative à son Fils, comment donc le Fils sera-t-il de la même essence que le Père, si le Père par lui-même n'est pas l'essence, qu'il n'existe point par lui-même, mais ne possède l'être que par rapport à son Fils? Mais, dira-t-on, il faut bien plutôt dire qu'il est d'une seule et même essence, puisque le Père et le Fils ne sont qu'une seule et même essence; vu que le Père n'est pas par lui-même, mais seulement par rapport au Fils qu'il a engendré comme essence, essence par laquelle il est tout ce qu'il est. Donc ni l'un ni l'autre n'est par soi, et tous les deux ne sont que relativement l'un à l'autre; ou bien, dira-t-on du Père seul que non-seulement il n'est Père, mais qu'il n'est rien que par rapport à son Fils, tandis qu'on dira du Fils qu'il est par lui-même? Si cela est, comment nommera-t-on le Fils en lui-même ? l'appellera-t-on essence? mais le Fils est l'essence du Père, comme il est la vertu et la sagesse du Père, comme il est le Verbe du Père et l'image du Père.
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La Trinité 07 unité de substance/Saint Augustin
Ou si l'on dit que le Fils est essence par lui-même, tandis que le Père n'est point essence, mais qu'il a engendré l'essence; qu'il n'existe point par lui-même, mais par l'essence qu'il a engendrée, comme il est grand par la grandeur qu'il a engendrée: donc le Fils sera aussi par lui-même la grandeur, donc il sera aussi par lui-même la vertu, la sagesse, le Verbe et l'image. Or, quoi de plus absurde que de dire qu'une image est sa propre image? Ou bien si l'image et le Verbe ne sont pas la même chose que la vertu et la sagesse, que ces deux premiers termes s'entendent dans le sens relatif, et ces deux derniers dans le sens absolu: voilà que le Père ne sera plus sage de la sagesse qu'il a engendrée, puisqu'il ne peut pas être dit sagesse par rapport à elle, ni elle par rapport à lui. En effet, tout rapport suppose deux termes. Reste donc à dire que le Fils est essence par rapport au Père; d'où ce résultat bien inattendu : que l'essence n'est pas l'essence, ou du moins que quand on dit essence, on entend dire rapport. Donnons un exemple:
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La Trinité 07 unité de substance/Saint Augustin
L'expression « maître » indique non une essence, mais un rapport vis-à-vis d'un serviteur: mais quand on dit «homme» ou quelque autre chose de ce genre, on indique une essence et non une relation. Ainsi quand on dit d'un homme qu'il est maître, le mot « homme » désigne l'essence, le mot « maître » la relation; car l'homme est homme en lui-même, et maître par rapport à son serviteur: et la raison de ce langage est que si l'essence est prise dans le sens relatif, elle n'est plus proprement essence. Ajoutons que toute essence prise dans le sens relatif est encore quelque chose en dehors de ce relatif; ainsi l'homme maître, l'homme serviteur, le cheval animal de somme, la pièce de monnaie arrhes, sont homme, cheval, pièce de monnaie en eux-mêmes, et sont des substances ou des essences; et ce n'est que dans le sens relatif qu'on les appelle maître, serviteur, animal de somme, arrhes. Mais si l'homme n'existait pas, c'est-à-dire n'était pas (443) une substance, on ne pourrait le nommer maître relativement; si le cheval n'était pas une essence, on ne pourrait lui donner la qualification relative d'animal de somme; et si la pièce de monnaie n'était pas une substance, on ne pourrait l'appeler relativement arrhes. Si donc le Père n'est pas quelque chose en lui-même, il est absolument impossible de lui attribuer un rapport. Il n'en est pas ici comme d'un objet coloré, auquel la couleur se rapporte, cette couleur n'existant point par elle-même, mais appartenant toujours à l'objet coloré, tandis que l'objet lui-même, bien qu'on ne l'appelle coloré que par rapport à sa couleur, est cependant corps en lui-même. Il ne faut donc pas s'imaginer que le Père n'est point dans un sens absolu, mais simplement par rapport à son Fils ; tandis que ce même Fils aurait tout à la fois une existence propre et une existence relative à son Père : étant appelé par lui-même grandeur vraie et vertu puissante, et de plus grandeur et vertu du Père grand-et puissant, par laquelle le Père est grand et puissant. Non, il n'en est pas ainsi: mais l'un et l'autre sont substance, et l'un et l'autre sont la même substance.
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La Trinité 07 unité de substance/Saint Augustin
Or, comme il est absurde de dire que la blancheur n'est pas blanche, de même il est absurde de dire que la sagesse n'est pas sage; et comme la blancheur est dite blanche par elle-même, ainsi la sagesse est dite sage par elle-même. Mais la blancheur du corps n'est pas une essence, puisque c'est le corps lui-même qui est essence, et la blancheur sa qualité : qualité qui le fait nommer corps blanc, bien que pour lui exister et être blanc ne soient pas la même chose. Car là, autre chose est la forme, autre chose la couleur; et ni l'une ni l'autre n'existent par elles-mêmes, mais seulement dans un corps quelconque, lequel corps n'est ni forme, ni couleur, mais seulement formé et coloré. La vraie sagesse est sage et elle est sage par elle-même. Et comme toute âme devient sage par participation à la sagesse, si cette âme redevient insensée, la sagesse n'en subsiste pas moins en elle-même: elle ne change pas, parce que l'âme a changé en passant à la folie. Mais il n'en est pas de même de celui qui devient sage par elles comme le corps devient blanc par la blancheur. En effet, quand ce corps prend une autre couleur, la blancheur ne subsiste plus, elle a tout à fait cessé d'être. Que si le Père qui a engendré la sagesse est sage par elle, et que, pour lui, être ne soit pas être sage, dès lors son Fils est sa qualité et non plus son Fils; la simplicité a cessé d'être parfaite. Mais loin de nous cette pensée ! car là l'essence est vraiment et souverainement simple, et l'existence et la sagesse y sont une même chose. Or, si être et être sage y sont une même chose, le Père n'est donc pas sage par la sagesse qu'il a engendrée; autrement il ne l'engendrerait pas, mais ce serait elle qui l'engendrerait lui-même. En effet, qu'entendons-nous quand nous disons que être et être sage sont pour lui la même chose, sinon qu'il existe par ce qui le fait sage? Donc, la raison pour laquelle il est sage, est aussi la raison pour laquelle il existe; et, par conséquent, si la sagesse qu'il a engendrée est la raison pour laquelle il est sage, elle est aussi la raison pour laquelle il existe : ce qui ne peut avoir lieu que si elle l'engendre ou le crée. Or, personne n'a jamais dit que la sagesse ait engendré ou créé le Père en aucune façon. Ne serait-ce pas là la plus grande des folies? Donc, le Père lui-même est aussi sagesse; et le Fils est appelé sagesse du Père, comme il est appelé lumière du Père; c'est-à-dire que, comme il est lumière de lumière et que les deux ne sont qu'une même lumière, ainsi doit-on entendre qu'il est sagesse de sagesse et que tous les deux sont une même sagesse, et, par conséquent, une seule essence, puisque là, être et être sage c'est la même chose. En effet, s'il est de la sagesse d'être sage, de la puissance de pouvoir, de l'éternité d'être éternelle, de la justice d'être juste, de la grandeur d'être grande, il est de l'essence d'exister. Et comme, dans cette simplicité, la sagesse n'est pas autre chose que l'être, la sagesse n'est pas non plus autre chose que l'essence.
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La Trinité 07 unité de substance/Saint Augustin
CHAPITRE II.
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La Trinité 07 unité de substance/Saint Augustin
LE PÈRE ET LE FILS SONT ENSEMBLE UNE SEULE SAGESSE, COMME UNE SEULE ESSENCE, BIEN QU'ILS NE SOIENT PAS ENSEMBLE UN SEUL VERBE.
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La Trinité 07 unité de substance/Saint Augustin
Le Père et le Fils sont donc ensemble une seule essence, une seule grandeur, une seule vérité, une seule sagesse; mais le Père et le Fils ne sont pas ensemble un seul Verbe, parce qu'ils ne sont pas tous les deux un seul Fils. En effet, comme le Fils est Fils relativement au Père, et non relativement à (444) lui-même; ainsi le Verbe, quand on le nomme ainsi, se rapporte à celui dont il est le Verbe. Car il est Fils par là même qu'il est Verbe, et il est Verbe par là même qu'il est Fils. Donc, puisque le Père et le Fils ensemble ne sont évidemment pas un seul Fils, il s'ensuit que le Père et le Fils ensemble ne sont pas un seul Verbe des deux. Voilà pourquoi le Verbe n'est pas Verbe parce qu'il est sagesse, puisqu'il est nommé Verbe, non par rapport à lui-même, mais seulement par rapport à celui dont il est le Verbe, comme il est nommé Fils par rapport à son Père, tandis qu'il est sagesse parce qu'il est essence. Et comme l'essence est une, la sagesse est une. Or, comme le Verbe est sagesse, mais n'est pas Verbe parce qu'il est sagesse car il est Verbe relativement, et sagesse essentiellemententendons, quand on dit Verbe, qu'on parle de la sagesse née pour être Fils et image. Et quand on prononce ces deux mots « sagesse née », entendons, dans l'un, « née », et le Verbe, et l'image, et le Fils; toutefois, dans ces trois expressions, ne cherchons pas l'essence, parce qu'elles sont relatives. Mais dans l'autre, « sagesse », qui est une expression absolue, puisque la sagesse est sage par elle-même , entendons l'essence même, pour qui être et être sage sont une même chose. Par conséquent, le Père et le Fils sont ensemble une seule sagesse, parce qu'ils sont une seule essence, et, en particulier, sagesse de sagesse, comme essence d'essence. Ainsi, quoique le Père ne soit pas le Fils, ni le Fils le Père, quoique l'un ne soit pas engendré et que l'autre le soit, ils n'en sont pas moins une seule essence : car les noms de Père et de Fils ne sont que relatifs. Mais l'un et l'autre sont ensemble une seule sagesse et une seule essence, pour laquelle être et être sage sont une même chose; mais ils ne sont pas- tous les deux ensemble Verbe ou Fils, parce que être et être Verbe ou Fils ne sont pas la même chose : ces expressions n'étant que relatives, comme nous l'avons déjà suffisamment démontré.
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La Trinité 07 unité de substance/Saint Augustin
CHAPITRE III.
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La Trinité 07 unité de substance/Saint Augustin
POURQUOI LES ÉCRITURES ATTRIBUENT PARTICULIÈREMENT AU FILS LA SAGESSE, BIEN QUE LE PÈRE ET LE SAINT-ESPRIT SOIENT AUSSI SAGESSE.
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La Trinité 07 unité de substance/Saint Augustin
Pourquoi donc les Ecritures ne parlent-elles presque jamais de la sagesse que pour la montrer engendrée ou créée de Dieu? Sagesse engendrée par qui tout a été fait; sagesse créée ou faite dans les hommes, par exemple, quand ils se tournent vers la sagesse qui n'a pas été créée ou faite, mais engendrée, et qu'ils en reçoivent la lumière; car alors il se forme en eux quelque chose qui s'appelle leur sagesse: ce que les Ecritures elles-mêmes prédisent ou racontent quand elles disent que « le Verbe s'est fait chair et a habité parmi nous ( Jn 1, 14)», le Christ étant devenu sagesse en devenant homme. Et si la sagesse ne parle pas dans ces livres, ou si on n'y parle d'elle que pour montrer qu'elle est née ou créée de Dieu, quoique le Père lui-même soit sagesse, ne serait-ce pas pour nous recommander et proposer à notre imitation cette sagesse même, sur le modèle de laquelle nous sommes formés? Car le Père la nomme pour qu'elle soit son Verbe, non ce verbe qui sort de la bouche, s'exprime par un son et demande de la réflexion avant d'être prononcé , verbe qui appartient à l'espace et au temps, tandis que l'autre est éternel, et, en nous éclairant, nous dit, et de lui-même et de son Père, ce qu'il faut dire aux hommes. Aussi le Christ a-t-il dit : « Et nul ne connaît le Fils si ce n'est le Père, et nul ne connaît le Père si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils aura voulu le révéler (Mt 11, 27 ) »; parce que le Père révèle par son Fils, c'est-à-dire par son Verbe. Si en effet la parole temporelle et transitoire que nous prononçons, tout à la fois se manifeste elle-même et fait connaître l'objet dont nous parlons, à combien plus forte raison le Verbe de Dieu, par qui tout a été fait ! Il révèle le Père en tant que Père, parce qu'il est la même chose, qu'il est ce qu'est le Père, eu tant qu'il est sagesse et essence. Car, en tant que Verbe, il n'est point ce qu'est le Père, parce que le Père n'est pas Verbe, parce qu'il n'est lui-même appelé Verbe ou Fils que dans le sens relatif, ce que le Père n'est certainement point. Et le Christ est appelé vertu et sagesse de Dieu, parce qu'il est lui-même vertu et sagesse du Père, qui est vertu et sagesse ; comme il est lumière du Père qui est lumière, et source de vie en Dieu le Père qui est certainement source de vie. Il est écrit : « Parce que la source de vie est en vous, et que nous verrons la lumière dans votre lumière (Ps 35, 10 ) » ; et encore : « Car comme le Père a la vie en (445) lui-même, ainsi il a donné au Fils d'avoir en lui-même la vie ( Jn 5, 26 ) » ; et ailleurs : « Il était la vraie lumière qui éclaire tout homme venant au monde » : et « le Verbe, cette lumière, était en Dieu» ; de plus : « le Verbe était Dieu ( Jn 1, 9, 1 )». Or «Dieu est lumière et il n'y a point de ténèbres en lui ( 1Jn 1, 5 )»; mais c'est une lumière spirituelle et non corporelle; spirituelle, non dans le sens d'illumination, comme quand le Christ dit aux apôtres : « Vous êtes la lumière du monde ( Mt 5, 14 ) »; mais « la lumière qui éclaire tout homme », la sagesse essentielle et souveraine qui est Dieu et par laquelle nous agissons ici-bas. Le Fils est donc sagesse du Père qui est sagesse, comme il est lumière de lumière et Dieu de Dieu, en sorte que le Père est lumière en lui-même, et le Fils lumière en lui-même; que le Père est Dieu en lui-même et le Fils Dieu en lui-même; par conséquent le Père est en lui-même sagesse, et le Fils en lui-même sagesse. Et comme les deux ensemble sont une seule lumière et un seul Dieu, ainsi les deux ne sont qu'une seule sagesse. Mais « Dieu a fait le Fils notre sagesse, notre justice et notre sanctification ( 1100o 1, 30 ) », parce que nous nous tournons vers lui temporellement , c'est-à-dire pendant quelque temps, afin de demeurer avec lui dans l'éternité. Et « le Verbe » lui-même, aussi dans le temps, « a été fait chair et a habité parmi nous ( Jn 1, 14 ) ».
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oilà pourquoi, lorsque les Ecritures disent ou racontent quelque chose de la sagesse, soit qu'elle parle elle-même ou qu'on parle d'elle, c'est surtout du Fils qu'il s'agit. A l'exemple de cette image, ne nous éloignons pas de Dieu, puisque nous sommes aussi l'image de Dieu, non une image égale et née du Père comme celle-là, mais créée du Père par le Fils. De plias, nous sommes éclairés par la lumière, tandis qu'elle est la lumière qui éclaire; voilà pourquoi elle nous sert de modèle, sans en avoir elle-même. En effet, elle n'est point formée sur quelque autre image antérieure du Père, de qui elle est absolument inséparable, étant la même chose que celui de qui elle est. Pour nous, nous nous efforçons d'imiter celui qui est permanent, de suivre celui qui est immuable, et de marcher en lui pour tendre à lui; parce que, par son abaissement, il est devenu notre voie dans le temps, pour être, par sa divinité, notre demeure éternelle. Etant dans la forme de Dieu égal à Dieu et Dieu lui-même, il offre un modèle aux esprits purs, qui ne sont point tombés par orgueil; puis pour procurer encore dans son exemple une voie de retour à l'homme déchu qui, à raison de la tache du péché et des châtiments infligés à sa condition mortelle, ne pouvait plus voir Dieu, « il s'est anéanti lui-même », non en changeant rien à sa divinité, mais en revêtant notre nature changeante, « et prenant la forme d'esclave (Ph 2, 7 ), il est venu » à nous « en ce monde ( 1Tm 1, 15 ) , et il était dans ce monde, parce que « le monde a été fait par lui »; il est venu, dis-je, pour donner l'exemple à ceux qui voient en haut sa divinité, à ceux qui admirent en bas son humanité, à ceux qui se portent bien, pour conserver leur santé, aux malades, pour les guérir, aux mourants pour bannir la crainte, aux morts pour leur donner le gage de la résurrection, « gardant en tout, lui-même, la primauté ( 100ol 1, 18 )»; afin que l'homme qui ne devait chercher le bonheur qu'en Dieu et ne pouvait sentir Dieu, pût, sur les pas du Dieu fait homme, suivre celui qu'il pouvait sentir et qu'il devait suivre. Aimons-le donc et attachons-nous à lui, au moyen de la charité répandue en nos coeurs par l'Esprit-Saint qui nous a été donné ( Rm 5, 15 ). Ainsi il n'est pas étonnant, après que l'image égale au Père s'est donnée à nous pour modèle afin de nous réformer à l'image de Dieu, il n'est pas étonnant, dis-je, que quand l'Ecriture parle de la sagesse, elle parle du Fils que nous suivons en vivant sagement, bien que le Père aussi soit sagesse, comme il est lumière et Dieu.
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Et l'Esprit-Saint aussi, soit qu'on voie en lui la souveraine charité qui unit le Père et le Fils et nous unit à eux, sentiment qui n'est point indigne de lui, puisqu'il est écrit: « Dieu « est amour (1Jn 4, 8 ) », et comment ne serait-il pas aussi sagesse, puisqu'il est lumière, « Dieu « étant lumière? » soit qu'on désigne son essence d'une autre manière et par un mot spécial, l'Esprit-Saint, dis-je, est aussi lumière, puisqu'il est Dieu, et, étant lumière, il est évidemment sagesse. Or, que l'Esprit-Saint existe, c'est ce que l'Ecriture nous crie par la bouche de l'Apôtre, qui nous dit: « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de « Dieu? » Puis il ajoute aussitôt : « Et que (446) l'Esprit de Dieu habite en vous ( 1100o 3, 16 )?» En effet, Dieu habite dans son temple. Et ce n'est pas comme ministre que l'Esprit de Dieu habite dans le temple de Dieu : car ailleurs l'Apôtre nous dit en termes plus clairs: « Ne savez-vous pas que vos corps sont le temple de l'Esprit-Saint qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et qu'ainsi vous n'êtes plus à vous-mêmes? car vous avez été achetés à haut prix: glorifiez donc Dieu dans votre corps (1100o 6, 19, 20 )». Or, qu'est-ce que la sagesse, sinon une lumière spirituelle et immuable? Sans doute le soleil aussi est une lumière, mais une lumière matérielle; la créature spirituelle est aussi une lumière, mais qui n'est point immuable. Donc le Père est lumière, le Fils est lumière, le Saint-Esprit est lumière; et cependant tous ensemble ne sont point trois lumières, mais une seule lumière. Voilà pourquoi le Père est sagesse, le Fils est sagesse, le Saint-Esprit est sagesse; et tous ensemble ne sont point trois sagesses, mais une seule sagesse. Et comme là, être et être sage sont une même chose, le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont qu'une seule essence. Là encore, être et être Dieu sont une même chose; donc le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont qu'un seul Dieu.
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CHAPITRE IV.
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POURQUOI LES GRECS ONT ÉTÉ OBLIGÉS DE DIRE TROIS HYPOSTASES ET LES LATINS TROIS PERSONNES.
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En traitant de ces ineffables mystères, et pour exprimer en quelque façon des choses qu'il n'est pas possible d'exprimer, les Grecs ont dit une essence et trois substances; les Latins une essence ou substance et trois personnes; vu que, dans notre langue latine, comme nous l'avons déjà dit, essence signifie substance ( 50iv; 5, ch. 2, 8 ). On a adopté ce langage afin de se faire comprendre au moins en énigme, et pour répondre à ceux qui demandent ce que c'est que ces trois, que la vraie foi distingue au nombre de trois, puisqu'elle ne dit point que le Père soit le Fils, ni que le Saint-Esprit, qui est le don de Dieu, soit le Père ou le Fils. Quand donc on demande ce que c'est que ces trois tria vel tres, nous nous efforçons de trouver une expression particulière ou générale qui les renferme, et nous n'en rencontrons pas, parce que l'excellence infinie de la Divinité est au-dessus de tout langage connu. En effet, quand il s'agit de Dieu, la pensée approche plus de la réalité que le langage, et la réalité est bien au-dessus de la pensée. Quand nous disons que Jacob n'est pas Abraham, et qu'Isaac n'est ni Abraham ni Jacob, nous reconnaissons qu'Abraham Isaac et Jacob sont trois êtres distincts. Et si on nous demande ce que c'est que ces trois, nous répondons que ce sont trois hommes, si nous voulons leur donner un nom spécial au pluriel; que ce sont trois êtres vivants, si nous voulons leur donner un nom général; car l'homme, selon la définition des anciens, est un être vivant doué de raison et sujet à la mort; ou,, si nous voulons employer le langage de nos Ecritures, nous dirons que ce sont trois âmes, en donnant à l'homme entier, composé d'un corps et d'une âme, le nom de l'âme, sa meilleure partie. C'est ainsi qu'on lit que Jacob descendit en Egypte avec soixante-quinze âmes, c'est-à-dire soixante-quinze personnes (Gn 46 ; Dt 10, 22 ). De même, quand nous disons : Ton cheval n'est pas le mien, et celui d'un tiers n'est ni le mien ni le tien, nous reconnaissons que ce sont trois êtres: et si on nous demande ce que c'est que ces trois êtres, nous répondrons, par le nom spécial, que ce sont trois chevaux, ou, par le nom général, que ce sont trois animaux. Et encore: quand nous disons qu'un b?uf n'est pas un cheval, et qu'un chien n'est ni un boeuf ni un cheval, nous parlons de trois choses; et si on nous demande ce que c'est que ces trois choses, nous ne répondons plus, par le nom spécial, que ce sont trois chevaux, ou trois boeufs, ou trois chiens; mais, par le nom général, que ce sont trois animaux, ou, par une expression plus étendue encore, que ce sont trois substances, ou trois créatures, ou trois natures. Or, tout ce qui peut s'énoncer au pluriel sous un seul mot spécial, peut aussi s'exprimer sous un seul mot général; mais tout ce qui peut s'exprimer sous un seul mot général, ne peut pas se désigner sous un seul mot spécial. En effet, ce qui s'appelle, du nom spécial, trois chevaux, peut aussi s'appeler trois animaux; mais le cheval, le boeuf et le chien ne peuvent se désigner que par un nom général, animaux, substances, ou tout autre de ce genre; l'on ne peut dire, par le mot spécial, que ce sont trois chevaux, trois b?ufs (447) ou trois chiens. Car nous ne désignons sous un seul nom au pluriel que les objets auxquels le sens de ce nom peut s'appliquer en commun. Or, ce qu'Abraham, Isaac et Jacob ont de commun, c'est d'être homme; voilà pourquoi on les appelle trois hommes; ce que le cheval, le boeuf et le chien ont de commun, c'est d'être animal, voilà pourquoi on les appelle trois animaux. De même trois lauriers peuvent s'appeler trois lauriers ou trois arbres; mais le laurier, le myrte et l'olivier ne peuvent s'appeler que trois arbres, ou trois substances, ou trois natures. Ainsi trois pierres peuvent s'appeler trois pierres ou trois corps; mais la pierre, le bois et le fer ne peuvent se désigner que sous le nom de trois corps ou sous quelque autre expression plus générale encore.
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