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La Trinité 05 réfutation des ariens/Saint Augustin
DES RELATIONS DIVINES.
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La Trinité 05 réfutation des ariens/Saint Augustin
S'agit-il au contraire des opérations propres à chacune des trois personnes divines, nous disons qu'ici ces opérations ne touchent pas à la nature même de Dieu, et qu'elles n'affectent que les relations des trois personnes entre elles, ou leurs rapports avec les créatures. C'est pourquoi il est évident que tout ce qui s'affirme alors de Dieu tombe sur les relations divines, et non sur la nature ou essence divine. Ainsi nous disons des trois personnes de la sainte Trinité qu'elles ne sont qu'un seul et même Dieu, et que ce Dieu unique est grand, bon, éternel et tout-puissant, Nous ajoutons encore qu'il est à lui-même le principe de la divinité, non moins que sa propre grandeur, sa propre bonté, sa propre éternité et sa propre puissance. Mais on ne peut donner à la Trinité entière le nom de Père, si ce n'est peut-être dans un sens relatif aux créatures et à cause de notre adoption divine. Et en effet, cette parole de l'Ecriture : « Ecoute, Israël, le Seigneur ton Dieu est seul Seigneur ( Dt 6, 4 )», ne doit point s'entendre du Père à l'exclusion du Fils et du Saint-Esprit. Cependant nous pouvons avec raison appeler Père ce Dieu unique, parce qu'il nous engendre par sa grâce à la vie spirituelle. Mais on ne saurait dans aucun sens nommer la sainte Trinité Dieu le Fils. Quant à l'Esprit-Saint, comme il est écrit que «Dieu est Esprit (Jn 4, 24 ) », il est permis de le faire du moins dans un sens général; car le Père est Esprit, le Fils est Esprit, et également, le Père est saint, et le Fils est saint. Ainsi parce que le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont qu'un seul et même Dieu, et que ce Dieu est tout ensemble saint et Esprit, on peut désigner la Trinité tout entière par le mot Esprit-Saint.
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Néanmoins quand il s'agit spécialement de l'Esprit-Saint comme troisième personne de la sainte Trinité, et non de la Trinité tout entière, nous le nommons Esprit-Saint dans un sens relatif, et par rapport au Père et au Fils, car il est l'Esprit et du Père et du Fils. Cependant il est vrai de dire que ce nom n'exprime point ces relations divines, et qu'elles se montrent bien mieux dans celui « de don de Dieu (Ac 8, 20 ) ». Il est en effet le don du Père, puisque, selon la parole du Sauveur, «il procède du Père»: et il est également le don du Fils, puisque l'Apôtre nous dit que « celui qui n'a pas l'Esprit de Jésus-Christ n'est plaint à lui (Jn 15, 26 ; Rm 8, 9 )». C'est donc relativement aux deux premières personnes de la sainte Trinité que nous nommons la troisième Don de Dieu, quoiqu'elle ne soit pas elle-même étrangère à cette donation. Car nous la considérons comme l'union ineffable du Père et du Fils; et peut-être n'est-elle appelée Esprit-Saint que parce que ce même nom convient au Père et au Fils. Ainsi le mot (430) Esprit-Saint désigne spécialement la troisième personne de la sainte Trinité, mais il s'applique aussi aux deux autres, car le Père et le Fils sont tous deux Esprits et tous deux saints. L'Esprit-Saint est donc nommé le Don mutuel du Père et du Fils, afin que ce nom qui convient à l'un et à l'autre, explique par lui-même que dans la Trinité cet Esprit est l'union des deux premières personnes. Mais cette Trinité de personnes ne forme qu'un seul Dieu qui est unique, bon, grand, éternel et tout-puissant; et qui est à lui-même son unité, sa divinité, sa grandeur, sa bonté, son éternité et sa toute-puissance.
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CHAPITRE XII.
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PAUVRETÉ DU LANGAGE HUMAIN POUR EXPLIQUER LES RELATIONS DIVINES.
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Cependant nous ne devons point nous troubler parce que nous ne donnons que dans un sens relatif, le nom d'Esprit-Saint à la troisième personne de la sainte Trinité, et que nous le refusons dans un sens propre et direct à la Trinité entière. C'est que ce nom n'a point de corrélatif dans la langue théologique. Et en effet, nous disons bien le serviteur du maître, et le maître du serviteur, le Fils du Père et le Père du Fils, parce que ces expressions expriment des relations personnelles. Mais ici, un tel langage serait erroné; nous disons, il est vrai, l'Esprit-Saint du Père, mais nous ne disons pas le Père de l'Esprit-Saint, dans la crainte qu'on entende par là que l'Esprit-Saint est le Fils du Père. C'est ici encore que nous disons l'Esprit-Saint du Fils, et non le Fils de l'Esprit-Saint, pour éviter qu'on ne croie cet Esprit Père du Fils.
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Au reste, dans un grand nombre de substantifs relatifs, le terme corrélatif manque absolument. Ainsi quoi de plus clair que le mot gage? il implique toujours l'idée de celui qui le donne, et toujours il est la garantie de la chose à donner. Or, de ce que nous disons que l'Esprit-Saint est le gage du Père et du Fils (100or; 5, 5 ; Ep 1, 14 ), s'ensuit-il que nous puissions dire le Père du gage et le Fils du gage? Non, sans doute. Lorsque au contraire, nous affirmons que ce même Esprit est le don du Père et du Fils, nous nous interdisons ces autres termes, Père du don, et Fils du don, et nous nous bornons à dire le don du donateur et le donateur du don, parce qu'ici nous trouvons un terme usité, ce qui n'existe pas dans le premier cas.
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CHAPITRE XIII.
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DANS QUEL SENS LE MOT PRINCIPE SE DIT DE LA TRINITÉ.
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C'est dans un sens relatif que la première personne de la sainte Trinité est nommée Père et principe; mais elle est Père par rapport au Fils, et principe par rapport à toutes les créatures. Le même terme s'affirme également du Fils, et en outre ceux de Verbe et d'image; et parce qu'ils expriment tous la relation du Fils avec le Père, ils ne peuvent s'appliquer à celui-ci. Au reste, que le Fils soit principe, c'est ce qu'il nous apprend lui-même. Car comme les juifs lui disaient: « Qui êtes-vous?» il répondit: « Je suis le principe, moi qui vous parle (Jn 8, 25 ) ». Mais est-ce qu'il serait le principe du Père? non sans doute: et il ne se dit principe que dans ce sens qu'il est créateur au même titre que le Père. Et en effet celui-ci est appelé principe, parce qu'il est le créateur de tout ce qui existe. Or le terme de créateur a pour corrélatif celui de créature, de même que le mot maître implique celui de serviteur. Toutefois, quoique nous nommions le Père principe, et le Fils principe, nous ne reconnaissons pas dans la création deux principes différents, parce que le Père et le Fils ne sont à cet égard qu'un seul principe, de même qu'ils sont un seul Créateur et un seul Dieu.
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Mais comme il est vrai que tout être qui, tout en restant ce qu'il est, enfante ou produit
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au dehors quelque chose, est dit le principe de cette oeuvre, nous ne pouvons nier que ce titre n'appartienne également à l'Esprit-Saint. Et en effet nous l'appelons Créateur, et il est dit de lui qu'il opère au dehors sans altération aucune de sa substance, car il ne s'épanche, ni ne s'incarne dans les oeuvres qu'il produit. Eh ! que produit-il donc? Ecoutez l'Apôtre: « Les dons du Saint-Esprit, dit-il, sont distribués à chacun pour l'utilité de l'Eglise. L'un reçoit du Saint-Esprit le don de parler avec sagesse; l'autre reçoit du même Esprit le don de parler avec science. Un autre reçoit le don de la foi parle même Esprit; un autre reçoit du même Esprit le don de guérir les maladies; un autre le don des miracles; (431) un autre, le don de prophétie; un autre, le don de parler diverses langues. Or, c'est un seul et même Esprit qui opère toutes ces choses, distribuant à chacun ses dons, selon qu'il lui plaît » , c'est-à-dire, agissant en
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Dieu, car qui pourrait produire ces merveilles, s'il n'était Dieu? Aussi l'Apôtre affirme-t-il
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que « c'est un seul et même Dieu qui opère toutes ces choses en tous (I Cor; XII, 6, 11 ) »
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CHAPITRE XIV.
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LE PÈRE ET LE FILS SONT LE PRINCIPE DE L'ESPRIT-SAINT.
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Dans la Trinité la personne qui engendre est dite principe par rapport à la personne qui est engendrée. C'est ainsi que le Père est principe du Fils, parce qu'il l'engendre. Mais soudain se présente une grave et difficile question, à savoir si le Père « de qui procède l'Esprit-Saint », est le principe de cet Esprit. Si je réponds affirmativement, il s'ensuit qu'on doit nommer principe, non-seulement celui qui produit et enfante quelque oeuvre, mais encore celui qui fait un don quelconque. Mais ici rappelons tout. d'abord, et comme pouvant nous donner quelque lumière, que le Fils n'est point le Saint-Esprit, quoique cet Esprit soit sorti du Père, ainsi qu'il est dit dans l'Evangile (Jn 15, 26 ). Je sais bien que cette assertion préoccupe plusieurs esprits; et néanmoins il est vrai de dire que l'Esprit-Saint diffère du Fils parce qu'il est sorti dit Père, non comme Fils, mais comme don. Nous ne saurions donc le nommer Fils, puisqu'il n'est point né comme Fils unique du Père, qu'en outre, il n'est point, comme l'homme, venu au monde pour recevoir la grâce de l'adoption divine. Quand nous disons que le Fils est né du Père, nous n'avons égard qu'à sa génération éternelle, et nullement à sa génération temporelle. Aussi n'est-il point Fils du Père dans le même sens qu'il est fils de l'homme. S'agit-il au contraire de l'Esprit qui est donné, nous le rapportons également et à celui qui le donne, et à ceux auxquels il est donné. Ainsi l'Esprit-Saint n'est pas seulement l'Esprit du Père et du Fils qui nous l'ont donné, mais il est encore l'Esprit de nous tous qui le recevons. Et de même nous disons que Dieu est notre salut (Ps 3, 9 ), parce qu'il en est l'auteur et le principe, et que nous le recevons de sa bonté.
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Cependant l'Esprit-Saint n'est point en nous l'esprit, ou le souffle de la vie, et il n'est dans l'homme que d'une manière toute spirituelle. Aussi ne l'appelons-nous nôtre que dans le même sens que nous disons à Dieu: « Donnez-nous notre pain (Mt 6, 11 )». Nous reconnaissons toutefois que nous ne nous sommes point donné l'esprit ou le souffle de la vie, puisque l'Apôtre nous dit: « Qu'avez-vous que vous n'ayez reçu (1100o 4, 7 )? » Mais autre est l'esprit que nous avons reçu pour vivre, et autre l'Esprit que nous recevons pour devenir des saints. C'est pourquoi, lorsque l'évangéliste saint Luc dit de Jean-Baptiste qu'il devait venir en l'Esprit et la vertu d'Elie, nous devons entendre ces mots de l'Esprit-Saint qu'Elie avait reçu (50c 1, 17). Tel est également le sens de cette parole du Seigneur à Moïse : « Je prendrai de Votre « Esprit, et je le leur donnerai », c'est-à-dire que je leur ferai part de l'Esprit-Saint que je vous ai donné (Nomb; 11, 17 ). Si donc l'Esprit-Saint qui est donné, a pour principe celui qui le donne, parce qu'il ne procède que de lui, il faut avouer qu'à l'égard de ce divin Esprit le Père et le Fils sont un seul et unique principe, et non deux principes. Et en effet, comme le Père et le Fils ne sont qu'un seul et même Dieu, ils ne sont également, par rapport aux créatures, qu'un seul et même Seigneur, un seul et même Créateur. Et de même à l'égard de l'Esprit-Saint, ils ne sont qu'un seul et unique principe. S'agit-il au contraire d'exprimer les rapports de la Trinité avec la création? le Père, le Fils et l'Esprit-Saint sont un seul principe, un seul Créateur et un seul Seigneur.
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CHAPITRE XV.
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L'ESPRIT-SAINT ÉTAIT-IL UN DON AVANT MÊME QU'IL FÛT DONNÉ?
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Si nous voulons approfondir ce sujet, nous rencontrons la question suivante. De même que le Fils est essentiellement Fils, et en dehors de sa naissance temporelle, l'Esprit-Saint est-il par lui-même le don de Dieu, et abstraction faite de toute effusion sur l'homme? En d'autres termes : l'Esprit-Saint existait avant qu'il fût donné, mais il n'était pas encore le don de Dieu; ou bien, parce que Dieu devait un jour le donner, il était déjà le don de Dieu quoiqu'il n'eût pas encore été donné. Voici ma réponse: Si l'Esprit-Saint ne procède du Père (432) et du Fils qu'au moment où il est donné, et si cette procession n'est point antérieure à l'homme auquel il devait être donné, comment pouvait-il exister personnellement et de toute éternité , puisque selon vous il n'est que parce qu'il est donné ? Vous reconnaissez que le Fils est Fils bien moins par relation de paternité et de filiation que par nature et essence : et pourquoi n'avouerez-vous pas aussi que l'Esprit-Saint procède du Père et du Fils avant tous les siècles et de toute éternité, mais qu'il en procède comme devant en être le don? Ainsi il était le don de Dieu avant même que fût créé l'homme auquel il devait être donné. On peut en effet le considérer comme étant le don de Dieu, et comme étant donné de Dieu. Sous le premier rapport l'Esprit-Saint existe avant que d'être donné; mais le second ne peut s'affirmer de lui s'il n'a été réellement donné.
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CHAPITRE XVI.
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TOUT CE QUI SE DIT DE DIEU PAR RAPPORT AU TEMPS SE DIT DES RELATIONS ET NON DE LA SUBSTANCE.
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Quoique l'Esprit-Saint soit coéternel au Père et au Fils, nous disons néanmoins de lui des choses qui n'ont existé que dans le temps, comme d'avoir été donné. Mais ce langage ne doit point nous surprendre, car si l'Esprit-Saint, en tant que don de Dieu, est éternel, il n'a été donné que dans le temps. Et de même un homme n'est appelé maître que du jour où il a un serviteur. C'est ce que nous disons également de Dieu par rapport à l'acte de la création qui n'a été accompli que dans le temps. Car si Dieu est de toute éternité le maître de la créature, celle-ci n'est pas éternelle. Comment donc expliquer qu'en Dieu ces relations ne tombent point sur la substance, parce que son immutabilité s'oppose, comme je l'ai prouvé au commencement de ce traité, à ce qu'il soit soumis aux influences du temps et des lieux ? Non, nous n'osons affirmer que Dieu est de toute éternité le Maître de la créature, de peur que nous ne soyons contraints de dire que la créature elle-même est éternelle. Car Dieu ne peut de toute éternité commander à la créature, si de toute éternité celle-ci ne lui est assujettie. C'est ainsi qu'on ne saurait être serviteur si l'on n'a pas un maître, ni maître, si l'on n'a pas un serviteur.
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Mais peut-être direz-vous qu'à la vérité Dieu est éternel, tandis que le temps est essentiellement fini et limité, en raison même de sa mobilité et de ses variations. Bien plus, comme le temps n'a point précédé le cours des siècles, puisqu'ils ont commencé simultanément, vous vous croirez autorisé à dire que Dieu, même en qualité de Maître, n'est point soumis au temps, parce que de toute éternité il est le Maître des siècles, qui ont donné au temps sa valeur et son existence. Mais que répondrez-vous au sujet de l'homme qui a été créé dans le temps, et dont le Seigneur ne pouvait se dire le maître avant qu'il ne l'eût créé ? certainement ce n'est que dans le temps que Dieu est devenu le maître de l'homme; et pour parler plus clairement encore, j'affirme que Dieu n'a pu que successivement devenir votre maître et le mien, puisque votre naissance et la mienne appartiennent aux périodes successives des siècles et des âges. Cette question vous paraît-elle obscure, parce que celle de l'éternité des âmes est encore douteuse?je m'explique en l'appliquant au peuple d'Israël. Comment Jéhovah est-il devenu le Dieu d'Israël? car en supposant même ce que je ne discute pas en ce moment, à savoir que l'âme de ce peuple fût déjà créée, il n'en est pas moins vrai que ce même peuple n'existait point encore comme peuple, puisque nous ne connaissons pas la date de son origine.
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Selon le même ordre d'idées, j'affirme que le souverain domaine de Dieu sur les arbres et les moissons est soumis au temps. Et en effet les arbres et les moissons n'ont qu'une existence bien récente. Mais direz-vous : ils existaient en germes dès la création. Je vous l'accorde, et néanmoins vous m'avouerez qu'autre est la souveraineté qui s'exerce sur une matière brute et inerte, et autre celle qui régit la même matière polie et organisée. C'est ainsi qu'à des intervalles différents, je possède d'abord une pièce de bois, et puis, le coffre qu'elle a servi à confectionner. Car peut-on nier que le coffre n'existait pas encore, quand déjà je possédais le bois? Comme ut donc serons-nous en droit d'assurer qu'aucun accident n'atteint la substance divine ? Ce sera en disant que Dieu est essentiellement immuable et que tout ce qui tient à la mutabilité du temps, des lieux et des créatures, ne s'affirme de lui qu'indirectement et par relation. C'est dans ce même sens que je dis d'un homme qu'il (433) est mon ami. Car il n'a commencé de l'être que du jour où il a commencé de m'aimer; en sorte que ce titre d'ami implique en lui un certain changement de volonté. S'agit-il d'une pièce d monnaie avec laquelle je paie? C'est sans changer et dans un sens relatif qu'elle devient ou un prix ou un gage ou toute autre chose.
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Ainsi une pièce de monnaie peut prendre bien des noms et les perdre sans que sa valeur substantielle et intrinsèque en soit altérée. Mais combien plus facilement dirons-nous du Dieu immuable et éternel que tout ce qui se produit dans le temps et par rapport aux créatures, ne tombe point sur sa substance, et ne se dit de lui que relativement à la créature ! « Seigneur, dit le psalmiste, vous êtes devenu notre refuge (Ps 89, 1 ) ». Mais ici ce mot refuge ne s'applique à Dieu que relativement, tandis qu'à .notre égard il se prend dans un sens précis et direct. Et en effet, de ce que Dieu devient notre refuge, lorsque nous avons recours à lui, pouvons-nous conclure qu'il éprouve dans sa nature, ou substance, une modification quelconque, modification qui n'existait pas avant que nous n'eussions recours à lui ? Non, sans doute, et c'est en nous seulement qu'il s'opère quelque changement, puisque de mauvais que nous étions précédemment, nous devenons bons en prenant le Seigneur pour notre refuge. L'homme change, mais Dieu demeure immuable. Ainsi encore le Seigneur commence à devenir notre Père lorsque nous sommes régénérés par sa grâce, car « il nous a donné dit saint Jean, le pouvoir de devenir enfants de Dieu (Jn 1, 12 ) ». C'est donc l'homme qui devient meilleur par le fait de son adoption divine; et si le Seigneur commence alors à devenir son Père, cela n'implique aucun changement en sa nature.
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Je me résume, et je dis que tout ce qui s'affirme de Dieu comme ayant commencé en lui à une date précise, et comme n'existant pas auparavant, ne s'affirme que relativement. Gardons-nous cependant de croire qu'en lui la substance divine soit modifiée par ces relations accidentelles, car elles n'atteignent que le sujet auquel nous les rapportons. L'homme devient juste en devenant l'ami de Dieu, et ainsi il change. Mais on ne saurait assigner une date à l'amour de Dieu pour cet homme, comme s'il ressentait présentement pour lui un amour qui soit nouveau, et qui n'existait pas auparavant. Un tel langage contredirait en Dieu cette vision qui lui montre le passé comme toujours présent, et le futur comme étant déjà passé. Et en effet, avant toute création Dieu a aimé-ses-élus, et il les a prédestinés à la gloire. Mais lorsque ceux-ci se tournent vers lui, et qu'ils le trouvent, nous disons qu'il commencé à les aimer. Du reste nous ne parlons ainsi que pour nous faire comprendre et pour suppléer à l'imperfection de tout langage humain. Et de même quand Dieu s'irrite. contre les méchants, et qu'il se montre bienveillant envers les bons, ce sont eux qui changent, tandis que lui-même reste immuable. C'est le phénomène de la lumière qui offense un oeil malade et réjouit un oeil sain. Certes la lumière est toujours la même, et notre oeil seul a changé.
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La Trinité 06 égalité des personnes/Saint Augustin
LIVRE SIXIÈME : ÉGALITÉ DES PERSONNES.
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La Trinité 06 égalité des personnes/Saint Augustin
Après s'être posé cette question : Comment l'Apôtre appelle-t-il le Christ Vertu de Dieu et Sagesse de Dieu? Saint Augustin demande si le Père n'est pas lui-même Sagesse, mais seulement Père de la Sagesse. Remettant à plus tard la solution de cette question, il prouve l'unité et l'égalité du Père, du Fils et du Saint-Esprit; il démontre que Dieu n'est pas triple, mais Trinité. En dernier lieu, il explique la parole de saint Hilaire : « Eternité dans le Père, Beauté dans l'image, Usage dans le Don ».
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