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La Trinité 06 égalité des personnes/Saint Augustin
LIVRE SIXIÈME : ÉGALITÉ DES PERSONNES.
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La Trinité 06 égalité des personnes/Saint Augustin
CHAPITRE PREMIER.
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La Trinité 06 égalité des personnes/Saint Augustin
LE FILS EST LA VERTU ET LA SAGESSE DE DIEU LE PÈRE. DIFFICULTÉ DE SAVOIR SI LE PÈRE N'EST PAS LUI-MÊME SAGESSE, MAIS SEULEMENT PÈRE DE LA SAGESSE.
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Quelques-uns voient une difficulté à admettre l'égalité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, parce qu'il est écrit que le « Christ est la vertu de Dieu et la sagesse de Dieu »; en sorte que l'égalité cesserait d'exister parce que le Père ne serait point vertu et sagesse, mais Père de la vertu et de la sagesse. Au fond, on n'attache pas d'ordinaire une médiocre importance à savoir comment Dieu peut être appelé Père de la vertu et de la sagesse. L'Apôtre dit en effet que « le Christ est la vertu de Dieu et la sagesse de Dieu (I Cor; I, 24 )». De là quelques-uns des nôtres ont déduit le raisonnement suivant contre ceux des Ariens qui ont les premiers attaqué la foi catholique. Arius aurait dit, à ce qu'on rapporte : S'il est Fils, il est né; s'il est né, il! a eu un temps où il n'était pas Fils: ne comprenant pas qu'être né de Dieu c'est être éternel, en sorte que le Fils est coéternel au Père, comme la lumière produite et répandue par le feu, naît en même temps que lui, et lui serait coéternelle si le feu était éternel. Aussi plus tard quelques Ariens ont rejeté cette opinion, et ont reconnu que le Fils de Dieu n'a pas commencé dans le temps. Mais dans les discussions que les nôtres soutenaient contre ceux qui disaient : Il fut un temps où le Fils n'était pas, quelques-uns faisaient ce raisonnement : Si le Fils de Dieu est la vertu et la sagesse de Dieu et que Dieu n'ait jamais été sans vertu et sans sagesse, le Fils est donc coéternel à Dieu le Père. Or, l'Apôtre dit que « le Christ est la vertu de Dieu et la sagesse de Dieu »; et d'autre part, affirmer qu'il fut un temps où Dieu n'eut ni Vertu ni sagesse, serait un trait de folie; donc il n'y a jamais eu de temps où le Fils de Dieu n'existât pas.
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Ce raisonnement nous mènerait nécessairement à dire que Dieu le Père n'est sage que de la sagesse qu'il a engendrée, et n'est point sagesse par lui-même. Or, s'il en est ainsi, si le Père n'est point lui-même sagesse, mais seulement Père de la sagesse, il reste à savoir comment, le Fils étant appelé Dieu de Dieu, lumière de lumière, on pourra aussi l'appeler sagesse de sagesse. Dans cette hypothèse, pourquoi le Père ne serait-il pas aussi appelé le Père de sa grandeur, de sa bonté, de son éternité, de sa toute-puissance, de sorte qu'il ne serait pas lui-même sa propre grandeur, sa bonté, son éternité, sa toute-puissance, mais qu'il serait simplement grand de la grandeur, bon de la bonté, éternel de l'éternité, tout-puissant de la toute-puissance qui est née de lui, absolument comme il ne serait point sage de sa sagesse, mais de la sagesse qui est née de lui? Dans ce cas, si réellement Dieu est seulement le Père de sa grandeur, de sa bonté, de son éternité, de sa toute-puissance, il ne faudrait pas reculer devant la nécessité d'admettre, en dehors de l'adoption de la créature, beaucoup de fils de Dieu coéternels au Père.
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A cette objection on répond sans peine que, nommer beaucoup d'attributs divins, ce n'est pas supposer que Dieu soit le père de beaucoup de fils coéternels, pas plus qu'on ne suppose qu'il est doublement Père, quand on dit que le Christ est la vertu de Dieu et la sagesse de Dieu car la vertu est la même chose que la sagesse, et la sagesse la même chose que la vertu. On peut donc dire aussi que la grandeur et tous les autres attributs que nous avons mentionnés et ceux que l'on peut mentionner encore, sont la même chose que la vertu. (434)
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CHAPITRE II.
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CE QUI PEUT OU NE PEUT PAS SE DIRE DU PÈRE ET DU FILS.
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Mais si on ne dit du Père considéré en lui-même que ce qu'il est par rapport à son Fils, c'est-à-dire son Père, son Générateur, son Principe, si de plus, il est principe de ce qu'il engendre de lui-même : si d'autre part, toutes les autres expressions lui sont communes avec son Fils, ou plutôt dans son Fils, soit qu'on le dise grand de la grandeur qu'il a engendrée, ou bon de la bonté qu'il a engendrée, ou puissant de la puissance ou vertu qu'il a engendrée, ou sage de la sagesse qu'il a engendrée; en sorte que le Père n'est point appelé la grandeur même, mais le générateur de la grandeur; à son tour, si le Fils qui considéré en lui-même est appelé Fils non conjointement avec son Père, mais relativement à son Père, n'est point dit grand en lui-même, mais avec le Père dont il est la grandeur, sage avec le Père dont il est la sagesse, comme le Père est dit sage avec le Fils, parce qu'il est sage de la sagesse qu'il a engendrée; il en résulte que dans tout ce qui se dit d'eux d'une manière absolue, c'est-à-dire dans tout ce qui exprime la substance, on ne sépare point l'un de l'autre, les qualifications leur sont communes. Or, s'il en est ainsi, le Père n'est donc pas Dieu sans le Fils, ni le Fils Dieu sans le Père, mais les deux ensemble sont Dieu. Et quand on dit: «Dans le principe était le Verbe», cela veut dire : Le Verbe était dans le Père, ou si ces mots : «Dans le principe», veulent dire : avant toutes choses, dans les paroles suivantes: « Et le Verbe était en Dieu», le mot Verbe ne s'entend que du Fils seul, et non du Père et du Fils, comme si les deux étaient un seul Verbe. En effet, Verbe a ici le sens d'image; or le Père et le Fils ne sauraient être tous les deux images; mais le Fils seul est image du Père, comme seul il est son Fils car ils ne sont pas fils tous les deux.
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nt à ce qui suit : « Et le Verbe était en Dieu », il y a de fortes raisons de l'entendre ainsi : « Le Verbe » et le Fils seul est Verbe « était en Dieu», et le Père n'est pas le seul qui soit Dieu, mais le Père et le Fils sont Dieu ensemble. Et comment s'étonner de cela, quand le même raisonnement peut s'appliquer à des choses de nature différente? Quoi de plus différent, par exemple, que l'âme et le corps? On peut dire cependant : L'âme était chez l'homme, c'est-à-dire dans l'homme, bien que l'âme ne soit pas corps et que l'homme soit tout à la fois âme et corps. Ce qui se lit ensuite : « Et le Verbe était Dieu (Jn 1, 1 ) », doit s'entendre ainsi : Le Verbe, qui n'est pas le Père, était Dieu avec le Père. Dirons-nous donc que le Père engendre sa grandeur, c'est-à-dire engendre sa vertu ou engendre sa sagesse; que le Fils est grandeur, vertu et sagesse, mais que les deux ensemble sont le Dieu grand, tout - puissant, sage? Mais alors comment expliquerons-nous: « Dieu de Dieu, lumière de lumière? » Car le Père et le Fils ne sont pas tous deux Dieu de Dieu, le Fils seul est Dieu de Dieu, du Père; tous deux ne sont pas non plus lumière de lumière, mais le Fils seul, engendré du Père qui est lumière, ne pourrait-on pas dire que pour indiquer brièvement et bien faire comprendre que le Fils est coéternel au Père, on a employé ces expressions : « Dieu de Dieu et lumière de lumière », au lieu de celles-ci: ce que le Fils n'est pas sans le Père, vient de ce que le Père n'est pas sans le Fils, c'est-à-dire : Lumière qui n'est pas lumière sans le Père vient de lumière qui est le Père, lequel ne serait pas lumière sans le Fils; afin que quand on dit: Dieu ce que le Fils n'est pas sans le Père, de Dieu ce que le Père n'est pas sans le Fils il soit parfaitement entendu que celui qui engendre n'est point antérieur à celui qui est engendré. Cela posé, le seul cas où l'expression est exclusivement applicable à l'un d'eux, c'est quand ils ne sont pas tous les deux la chose que cette expression désigne. Ainsi on ne peut dire Verbe de Verbe, parce que tous les deux ne sont pas Verbe, mais le Fils seulement; ni image d'image, parce qu'ils ne sont pas tous les deux image; ni : Fils de Fils, parce qu'ils ne sont pas fils tous les deux, d'après cette parole : « Moi et mon Père nous sommes un (Jn 10, 30 ) ». En effet: « Nous sommes « un », signifie: Ce qu'est mon Père quant à l'essence, je le suis aussi, mais non ce qu'il est au point de vue relatif.
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CHAPITRE III.
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L'UNITÉ D'ESSENCE DU PÈRE ET DU FILS.
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Je ne sais si on trouverait nulle part dans l'Ecriture ces expressions «être un» appliquées à des objets de différente nature. Si plusieurs (436) êtres sont de même nature et pensent diversement, ils ne sont pas un par le seul fait qu'ils ne pensent pas l'un comme l'autre. Par exemple, s'il suffisait aux hommes d'être hommes pour être un, le Christ, en recommandant ses disciples à son Père, n'aurait pas exprimé ce voeu: «Afin qu'ils soient un, comme nous (Jn 17, 11 ) ». Mais comme Paul et Apollo étaient deux hommes et pensaient de la même manière, l'apôtre a pu dire: « Celui qui plante et celui qui arrose sont une seule chose (1100o 3, 8 )». Quand donc on parle d'une seule chose sans spécifier quelle est cette seule chose et qu'il s'agit de plusieurs êtres, cela signifie identité de nature, identité d'essence sans diversité d'opinions ni de sentiments. Mais quand on désigne cette unité, cela peut s'entendre de plusieurs substances diverses ne formant qu'un tout. Ainsi l'âme et le corps ne sont certainement pas une seule chose: qu'y a-t-il même de plus différent? à moins qu'on n'ajoute ou ne sous-entende l'espèce d'unité, c'est-à-dire un homme, ou un animal.
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Voilà pourquoi l'Apôtre dit : « Celui qui s'unit à une prostituée, devient un même corps avec elle ». Il ne dit pas ils sont une même chose, ou : c'est une même chose; mais il ajoute le mot « corps », pour indiquer l'unité formée par l'union de deux objets différents, un corps d'homme et un corps de femme. Et quand il dit: « Celui qui s'unit au Seigneur est un seul esprit avec lui ( 1100o 6, 16, 17 ) », il ne dit pas : celui qui s'attache au Seigneur est un, ou: ils sont une seule chose; mais il ajoute : « esprit ». Car l'esprit de Dieu et l'esprit de l'homme sont de nature différente; mais, en s'unissant, ils forment un esprit de deux éléments divers, sauf que l'esprit de Dieu est heureux et parfait sans l'esprit de l'homme, tandis que l'esprit de l'homme n'est heureux qu'avec l'esprit de Dieu. Ce n'est pas sans raison, je pense, que dans 1'Evangile selon saint Jean, le Seigneur disant de si grandes choses et parlant si souvent de l'unité, soit de celle qui existe entre lui et son Père, soit de celle qui existe entre nous, n'a jamais dit nulle part : afin que nous et eux soyions une seule chose, mais bien : « Afin qu'ils soient un, comme nous sommes un ( Jn 17, 11 ). » Donc le Père et le Fils sont un selon l'unité de substance, et il n'y a qu'un seul Dieu, un seul Grand, un seul Sage, comme nous l'avons dit.
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Comment donc le Père serait-il plus grand? S'il était plus grand, ce ne pourrait être que par la grandeur. Or, le Fils étant la grandeur du Père, et ne pouvant évidemment être plus grand que celui qui l'a engendré; d'autre part, le Père ne pouvant être plus grand que la grandeur qui le fait grand, le Fils lui est donc égal. Et comment le Fils est-il égal, sinon par celui qui le fait être, et en qui l'être et la grandeur sont la même chose? Que si le Père était plus grand par l'éternité, le Fils ne lui serait donc point égal en toute chose. Comment, en effet, lui serait-il égal? Si vous dites que c'est par la grandeur, une grandeur à qui l'éternité manque, n'est plus égale. Sera-t-il égal en vertu et non en sagesse? Mais comment la vertu qui est moins sage sera-t-elle égale? Ou bien sera-t-il égal en sagesse, et non en puissance? Mais comment une sagesse moins puissante sera-t-elle égale? Il reste donc à dire que si l'égalité manque en quelque chose, elle manque en tout. Or, 1'Ecriture nous crie: « Il n'a pas cru que ce fût une usurpation de se faire égal à Dieu (Phil; II, 6. ) ». Donc tout ennemi de la vérité, pourvu qu'il n'ait pas rejeté l'autorité de l'Apôtre, est forcé de reconnaître que le Fils est égal à Dieu, au moins sur un point quelconque. Qu'il choisisse donc quel attribut il voudra; il suffira d'un pour lui prouver que le Fils est égal en tout ce qui tient à sa substance.
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CHAPITRE IV.
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SUITE DU MÊME SUJET.
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C'est ainsi que les vertus de l'âme humaine, dans quelque sens qu'on les entende et qu'on les distingue, ne sauraient être séparées: en sorte que ceux qui sont égaux en force, par exemple, le sont aussi en prudence, en tempérance et en justice. En effet, si vous dites que deux hommes sont égaux en force, mais que l'un l'emporte sur l'autre par la prudence, il s'ensuit que la force de cet autre est moins prudente; par conséquent, ils ne sont plus égaux en force, puisque la force de l'un est plus prudente que celle de l'autre. Et ainsi en sera-t-il des autres vertus, si vous les examinez en détail. Car il ne s'agit pas des forces du corps, mais de celles de l'âme. A combien plus forte raison en est-il de même dans cette immuable et éternelle substance, (437) incomparablement plus simple que l'âme humaine? En effet, pour l'âme humaine, ce n'est pas une même chose d'exister et d'être forte, prudente, juste ou tempérante; car l'âme peut exister et n'avoir aucune de ces vertus. Mais, pour Dieu, exister c'est être fort, juste, sage, c'est posséder tout ce que l'on peut dire de la multiplicité simple ou de la simplicité multiple, pour exprimer sa substance. Ainsi, quand on dit Dieu de Dieu, cela veut dire que le nom de Dieu convient à l'un et à l'autre, de manière à ce qu'il n'y ait qu'un seul Dieu, et non plusieurs Dieux. Car ils sont unis l'un à l'autre, comme cela arrive même pour des substances hétérogènes, ainsi le témoigne l'Apôtre. En effet, Dieu pris en lui-même est esprit; l'esprit de l'homme considéré en lui-même est aussi esprit; et cependant, s'il s'attache à Dieu, « il est un seul esprit avec lui »;. à combien plus forte raison cela peut-il se dire là où l'union est indissoluble et éternelle! à moins de tomber dans l'absurdité d'entendre par Fils de Dieu, fils des deux : ce qui arriverait si le mot Dieu ou tout ce qui exprime la substance divine, ne s'appliquait pas aux deux et même. à la Trinité tout entière. Quoiqu'il en soit et ce sujet demande une discussion plus approfondie), le point qui nous occupe est assez clair, savoir : que le Fils n'est en aucune façon égal au Père, s'il ne lui est égal en tout ce qui tient à la substance divine, comme nous l'avons déjà prouvé. Or, l'Apôtre le dit égal. Donc le Fils est égal au Père en tout, et d'une seule et même substance avec lui.
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CHAPITRE V.
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LE SAINT-ESPRIT ÉGAL EN TOUT AU PÈRE ET AU FILS.
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C est pourquoi le Saint-Esprit a aussi la même unité de substance et la même égalité. En effet, qu'il soit l'unité ou la sainteté, ou la charité des deux, ou l'unité par la charité, ou la charité par l'unité, il est clair qu'aucun des deux n'est ce qui les unit, ce par quoi celui qui est engendré aime celui qui l'engendre et en est aimé à son tour, et qui fait qu'ils conservent l'unité d'esprit par le lien de la paix (Ep 4, 3. ), non en vertu d'une communication, mais par leur propre essence, non par la grâce d'un être supérieur, mais par eux-mêmes. Modèle qui est proposé à notre imitation, avec l'aide de la grâce, et vis-à-vis de Dieu et vis-à-vis de nous : toute la loi et les prophètes se rattachant à ces deux commandements ( Mt 22, 37-40 ).Ainsi ces trois personnes sont un Dieu unique, seul, grand, sage, saint, heureux. Pour nous, c'est de lui, par lui et en lui que nous sommes heureux, parce qu'il nous donne d'être une seule chose entre nous, et un seul esprit avec lui, vu que notre âme s'attache à lui. Et il nous est avantageux de nous attacher à Dieu, car il perdra tous ceux qui l'abandonnent ( Ps 77, 28, 27 ). L'Esprit-Saint est donc, quel qu'il soit, commun au Père et au Fils. Mais cette communauté est consubstantielle et coéternelle. Qu'on l'appelle amitié, si on juge l'expression convenable; mais celle de charité vaut mieux. C'est aussi une substance, parce que Dieu est substance et que « Dieu est charité », ainsi qu'il est écrit ( Jn 4, 16 ). Or, comme cette substance est avec le Père et le Fils, elle est aussi, avec le Père et le Fils, grande, bonne, sainte, et tous ce qui est dans la nature divine : car exister, en Dieu, n'est pas autre chose qu'être grand, bon, etc; ainsi que nous l'avons démontré plus haut. Si, en effet, la charité était là moins grande que la sagesse, la sagesse ne serait pas aimée tout entière; elle est donc égale, et la sagesse est aimée dans toute son étendue. Or, la sagesse est égale au Père, comme nous l'avons expliqué plus haut; donc le Saint-Esprit lui est égal aussi; et s'il lui est égal, il l'est en tout, à cause de la parfaite simplicité qui caractérise cette substance. Voilà pourquoi il n'y a rien en Dieu de plus que trois: l'un aimant celui qui est de lui; l'autre aimant celui de qui il est, et leur amour même. Or, si cet amour n'existe pas, comment « Dieu est-il amour? » Et s'il n'est pas substance, comment Dieu est-il substance?
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CHAPITRE VI.
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COMMENT DIEU EST UNE SUBSTANCE SIMPLE ET MULTIPLE.
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Si l'on demande comment cette substance est simple-et multiple, il faut d'abord examiner pourquoi la créature est multiple et jamais vraiment simple. En premier lieu, tout corps est composé de parties, de telle sorte que l'une est plus grande, l'autre plus petite, et que toute partie, quelle qu'elle soit et si (438) grande qu'elle soit, est moindre que le tout. En effet, le ciel et la terre sont des parties de l'univers; la terre en particulier, le ciel en particulier sont composés de parties innombrables, et moindres dans le tiers que dans le reste, dans la moitié que dans le tout; et l'univers entier, vulgairement désigné par ces deux parties, le ciel et la terre, est évidemment plus grand que le ciel seul ou que la terre seule. Et dans chaque corps, autre chose est la grandeur, autre chose la couleur ou la figure. En effet, la même couleur et la même figure peuvent subsister, quand la grandeur diminue; la couleur peut changer, bien que la figure et la grandeur restent les mêmes, et la figure peut aussi varier sans que la grandeur et la couleur subissent des changements. Ainsi toutes les propriétés qui s'affirment simultanément d'un corps, peuvent changer soit ensemble, soit les unes sans les autres. Preuve évidente que la nature du corps est multiple et jamais simple. La créature spirituelle, l'âme par exemple, est sans doute plus simple comparativement au corps; mais prise en elle-même et sans comparaison avec le corps, elle est multiple aussi, et nullement simple. En effet, elle est plus simple que le corps, parce qu'elle n'occupe pas de place dans l'étendue locale, mais qu'elle est dans chaque corps, tout entière dans le tout et aussi dans chaque partie; en sorte que quand une partie du corps, même la plus exiguë, éprouve une sensation, l'âme tout entière en est affectée, et rien ne lui en échappe, bien que cette sensation ne s'étende pas au corps entier. Cependant, comme dans la nature de l'âme, autre chose est l'activité, autre chose la paresse, ou la finesse, ou la mémoire, ou le désir, ou la crainte, ou la joie, ou la tristesse; ou d'autres affections sans nombre, et que ces affections peuvent subsister les unes sans les autres et sont susceptibles de plus ou de moins : il est de toute évidence que cette nature n'est pas simple, mais multiple. Car rien de simple n'est sujet à changement; or toute créature est changeante.
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On se sert d'expressions multiples pour dire que Dieu est grand, bon, sage, heureux, vrai, pour désigner tous les attributs qui sont dignes de lui; mais sa grandeur est la même chose que sa sagesse; car ce n'est pas par l'étendue matérielle, mais par sa vertu qu'il est grand. Sa bonté est également la même chose que sa sagesse et sa grandeur, et sa vérité est la même chose que tout cela: car en lui, être heureux n'est pas autre chose qu'être grand, être sage, ou vrai, ou bon, être enfin ce qu'il est.
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CHAPITRE VII.
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DIEU EST TRINITÉ, MAIS N'EST POINT TRIPLE.
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Et parce qu'il est trinité, il ne faut pas s'imaginer qu'il soit triple: autrement le Père seul, ou le Fils seul, seraient moindres que le Père et le Fils réunis. Du reste on ne voit pas comment on pourrait dire le Père seul, ou le Fils seul, puisque le Père est toujours et inséparablement avec le Fils et le Fils avec le Père, non pour être tous les deux Père ou tous les deux Fils, mais parce qu'ils sont toujours ensemble et jamais séparés. Néanmoins comme nous disons Dieu seul, en parlant de la Trinité, bien que Dieu soit toujours avec les esprits et les âmes des saints, et que nous l'appelons seul, parce que ces esprits ne sont point Dieu avec lui; ainsi nous disons le Père seul, non parce qu'il est séparé de son Fils, mais parce qu'ils ne sont pas Père tous les deux.
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CHAPITRE VIII.
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RIEN NE S'AJOUTE A LA NATURE DIVINE,
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