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La Trinité 08 de la nature de dieu/Saint Augustin
Or, qu'est-ce que la charité ou l'amour tant loué, tant préconisé par l'Ecriture, sinon l'amour du bien? Mais l'amour suppose quelqu'un qui aime, et quelque objet qui est aimé. Voilà donc trois choses: celui qui aime, celui qui est aimé, et l'amour. Qu'est-ce donc que l'amour, sinon une certaine vie qui unit deux objets ou tend à les unir: à savoir un objet aimant et un objet aimé? II en est ainsi même dans les amours extérieurs et charnels. Mais pour puiser à une source plus pure et plus limpide, foulons la chair aux pieds et montons jusqu'à l'âme. Qu'est-ce que l'âme aime dans l'être aimé, sinon une âme? Il y a donc là trois choses : le sujet de l'amour, l'objet de l'amour et l'amour. Il nous reste à monter encore et à retrouver tout cela dans un ordre plus élevé, autant que cela est donné à l'homme.
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La Trinité 08 de la nature de dieu/Saint Augustin
Mais que notre attention se repose ici un instant, non dans la pensée qu'elle a trouvé ce qu'elle cherche, mais comme il est d'usage de le faire quand on a trouvé le lieu où l'on a quelque chose à chercher. Rien n'est trouvé encore, mais nous savons où chercher. Que ceci suffise et serve comme d'exorde à ce que nous avons à dire ensuite. (463)
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La Trinité 09 la trinité dans l'homme/Saint Augustin
LIVRE NEUVIÈME : LA TRINITÉ DANS L'HOMME.
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La Trinité 09 la trinité dans l'homme/Saint Augustin
Il y a dans l'homme, qui est l'image de Dieu, une espèce de trinité , à savoir : l'âme, la connaissance que l'âme a d'elle-même et l?amour qu'elle a pour elle-même et pour sa propre connaissance ; et ces trois choses sont égales entre elles et de la même essence.
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La Trinité 09 la trinité dans l'homme/Saint Augustin
LIVRE NEUVIÈME : LA TRINITÉ DANS L'HOMME.
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La Trinité 09 la trinité dans l'homme/Saint Augustin
CHAPITRE PREMIER.
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La Trinité 09 la trinité dans l'homme/Saint Augustin
COMMENT IL FAUT CHERCHER A CONNAITRE LA TRINITÉ.
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La Trinité 09 la trinité dans l'homme/Saint Augustin
Nous cherchons évidemment la Trinité non une trinité quelconque, mais celle qu est Dieu, le vrai, le souverain et le seul Dieu Patience donc, qui que tu sois qui m'écoutes car nous cherchons encore, et personne m peut raisonnablement blâmer celui qui se livre à cette recherche, pourvu qu'il s'y livre avec une foi inébranlable, dans un sujet si difficile à pénétrer ou à exprimer. Celui qui voit le mieux ou s'explique le mieux, s'empresse, et avec raison, de blâmer celui qui affirme. « Cherchez Dieu », est-il écrit, « et votre âme vivra (Ps 68, 8 ). Mais, pour réprimer la joie du téméraire qui croirait avoir atteint le Psalmiste ajoute : « Cherchez sans cesse sa face (Ps 104, 4 ) ». Et l'Apôtre : « Si quelqu'un se persuade savoir quelque chose, il ne sait pas encore comment il faut savoir. Mais si quelqu'un aime Dieu, celui-là est connu de lui (1100o 8, 2, 3.) ». Il ne dit pas : celui-là le connaît, ce qui serait une dangereuse présomption mais « est connu de lui ». Ailleurs encore. après avoir dit: « Maintenant que vous connaissez Dieu », il se reprend aussitôt et dit : « Ou plutôt que vous êtes connus de Dieu (Gal; 4, 9 ). Il est exprès encore en ce passage: « Non, mes frères, je ne pense pas l'avoir atteint. Mais seulement, oubliant ce qui est en arrière, et m'avançant vers ce qui est devant, je tends au terme, au prix de la vocation céleste de Dieu dans le Christ Jésus. Ainsi, nous tous qui tant que nous sommes parfaits, ayons ce sentiment (Phil; 3, 13-15 ) ». Selon lui, la perfection en cette vie consiste uniquement à oublier ce qui est en arrière cl à s'avancer par l'intention vers ce qui est devant : l'intention de celui qui cherche offre une sécurité parfaite, jusqu'à ce que le but vers lequel nous tendons et nous avançons soit atteint. Mais cette intention , pour être droite, doit partir de la foi. En effet, une foi solide est un commencement de connaissance; mais la connaissance ne sera certaine et parfaite qu'après cette vie, quand nous verrons face à face( 100or; 13, 12 ). Ayons donc ces sentiments, pour bien comprendre qu'il y a plus de sécurité à désirer et à chercher la vérité qu'à prendre présomptueusement l'inconnu pour le connu.
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La Trinité 09 la trinité dans l'homme/Saint Augustin
rchons donc comme si nous devions trouver, et trouvons dans l'intention de toujours chercher. En effet, « quand l'homme a achevé, il commence seulement (Si 18, 6 ). Evitons l'infidélité qui doute de ce qu'il faut croire, et la témérité qui affirme ce qu'il faut chercher; là il faut s'en tenir à l'autorité, et ici chercher la vérité. Pour ce qui regarde la question présente, croyons que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont un seul Dieu qui a créé et gouverne l'univers; que le Père n'est pas le Fils, que le Saint-Esprit n'est ni le Père ni le Fils; mais que la Trinité consiste dans les rapports mutuels des personnes, et l'unité dans l'égalité d'essence. Demandons l'intelligence de ce mystère à Celui même que nous voulons comprendre; implorons son secours, dans le désir d'expliquer, autant qu'il le voudra bien, ce que nous comprenons, pleins d'attention et de pieuse sollicitude pour ne rien dire qui soit indigne de lui, dans le cas où nous commettrions une méprise. Ainsi, par exemple, si nous disons du Père quelque chose qui ne convienne pas au Père, que cela convienne au Fils ou au Saint-Esprit ou à la Trinité elle-même; que si nous disons du Fils quelque chose qui ne puisse proprement s'appliquer au Fils, cela s'applique du moins au Père, ou au Saint-Esprit ou à la Trinité; et qu'enfin, si nous avançons, en parlant du Saint-Esprit, quelque chose qui ne se rapporte pas à sa personne, on puisse du moins le rapporter au Père, ou au Fils ou à la (464) Trinité, le Dieu unique. Ainsi nous désirons maintenant savoir si le Saint-Esprit est vraiment la souveraine charité; eh bien! s'il ne l'est pas, c'est le Père qui l'est, ou le Fils, ou la Trinité elle-même : car nous ne pouvons échapper à l'absolue certitude de la foi et à l'infaillible autorité de l'Ecriture qui nous dit: « Dieu est charité (1Jn 4, 16 ) ». Mais nous ne pouvons commettre la sacrilège erreur d'attribuer à la Trinité ce qui ne conviendrait qu'à la créature et non au Créateur, ni lui appliquer les vains rêves de l'imagination.
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La Trinité 09 la trinité dans l'homme/Saint Augustin
CHAPITRE II.
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EXAMEN DES TROIS ÉLÉMENTS QUI CONSTITUENT LA CHARITÉ.
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Cela posé, étudions les éléments que nous croyons avoir découverts. Nous ne sommes pas encore dans la sphère supérieure, nous ne parlons pas encore du Père, du Fils et du Saint-Esprit; il s'agit seulement de cette image imparfaite image pourtant qui est l'homme; ce sujet d'étude sera peut-être plus familier et plus facile pour notre raison infirme. Quand donc, moi qui me livre à cette étude, j'aime quelque chose, je découvre trois termes:
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moi, la chose que j'aime et l'amour. En effet, je n'aime pas l'amour si je ne l'aime pas comme aimant; car il n'y a pas d'amour là où rien n'est aimé. Il y a donc trois choses : celui qui aime, l'objet aimé et l'amour. Mais si je n'aime que moi-même, les trois choses ne se réduisent-elles pas à deux : moi et l'amour? En effet, ce qui aime est la même chose que ce qui est aimé quand on s'aime soi-même, tout comme aimer et être aimé sont une chose unique quand on s'aime. C'est exprimer deux fois la même chose que de dire : Il s'aime et il est aimé de lui-même.. Alors aimer et être aimé se confondent, comme celui qui aime et celui qui est aimé ne font qu'un. Mais, même en ce cas, l'amour et ce qui est aimé sont choses différentes : car s'aimer soi-même, ce n'est pas l'amour, à moins que l'amour lui-même ne soit aimé. Or, autre chose est de s'aimer, autre chose d'aimer son amour. Car on n'aime l'amour qu'autant qu'il aime déjà quelque chose, puisqu'il n'y a pas d'amour là où rien n'est aimé. Ainsi donc, quand quelqu'un s'aime, il y a deux choses l'amour et ce qui est aimé; car alors ce qui aime et ce qui est aimé ne font qu'un. Il n'est donc pas absolument nécessaire de voir trois choses partout où il y a amour. Ecartons ici tous les autres éléments qui constituent l'homme; pour éclaircir, autant que possible, le sujet qui nous occupe, ne voyons que notre âme.
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Donc, quand l'âme s'aime, elle met deux choses en évidence : l'âme et l'amour. Or, qu'est-ce que s'aimer, sinon vouloir être à sa propre disposition pour jouir de soi? Et quand ce vouloir est aussi étendu que l'être, la volonté est égale à l'âme, et l'amour égal à ce qui aime. Or, si l'amour est une substance, il est esprit et non corps, comme l'âme n'est pas corps, mais esprit. Et cependant l'amour et l'âme ne sont pas deux esprits, mais un seul esprit; ni deux essences, mais une seule; et toutefois ces deux choses : ce qui aime et l'amour, ou, si vous le voulez, ce qui est aimé et l'amour, sont une seule chose. Et ces deux expressions ont un sens relatif, car aimant se rapporte à amour, et amour à aimant. En effet, celui qui aime éprouve quelque amour, et l'amour appartient à quelqu'un qui aime. Or, les mots âme et esprit ne sont pas relatifs, mais indiquent une essence. Car l'âme et l'esprit ne sont pas âme et esprit parce qu'ils appartiennent à un homme. Abstraction faite de l'homme, titre qui suppose l'adjonction d'un corps, abstraction faite du corps, l'âme et l'esprit restent; mais abstraction faite de celui qui aime, l'amour disparaît, et en supprimant l'amour, on fait disparaître celui qui aime. Ainsi donc, au point de vue relatif, ce sont deux choses: mais, pris en eux-mêmes, ils sont, individuellement, esprit, et, réunis, un seul esprit; individuellement, âme, et réunis, une seule âme.
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La Trinité 09 la trinité dans l'homme/Saint Augustin
Où est donc la Trinité? Redoublons d'attention et invoquons la lumière éternelle, afin qu'elle éclaire nos ténèbres et que nous voyions en nous, autant que possible, l'image de Dieu.
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La Trinité 09 la trinité dans l'homme/Saint Augustin
CHAPITRE III.
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La Trinité 09 la trinité dans l'homme/Saint Augustin
IMAGE DE LA TRINITÉ DANS L'AME DE L'HOMME QUI SE CONNAÎT ET S'AIME. L'ÂME SE CONNAÎT ELLE-MÊME PAR ELLE-MÊME.
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La Trinité 09 la trinité dans l'homme/Saint Augustin
L'âme ne peut s'aimer, si elle ne se connaît pas; car comment aimer ce qu'on ignore? Et si on dit que l'âme se croit telle d'après une notion générale ou spéciale, ou parce qu'elle sait par expérience que d'autres âmes (465) sont telles et que c'est pour cela qu'elle s'aime elle-même, on tient un langage qui touche à la folie. Comment en effet connaîtrait-elle une autre âme, si elle ne se connaît pas elle-même? On ne saurait dire que, de même que l'oeil voit d'autres yeux et ne se voit pas lui-même, ainsi l'âme connaît d'autres âmes et ne se connaît pas elle-même. Car nous voyons des corps par les yeux du corps, parce que nous ne pouvons pas, sinon à l'aide du miroir, réfracter et ramener sur eux les rayons qui partent d'eux-mêmes et se portent sur les objets que nous voyons. Question, du reste, très-subtile et très-obscure, jusqu'à ce qu'il soit prouvé clairement que cela est ou que cela n'est pas. Mais quoi qu'il en soit de la puissance visuelle, que ce soit un rayon ou autre chose, il est certain que nous ne la voyons pas; nous la cherchons par l'âme et c'est par l'âme que nous la comprenons si elle peut se comprendre. Donc l'âme perçoit, par les sens du corps, les notions des objets corporels, et par elle-même l'idée des objets incorporels. Donc, puisqu'elle est incorporelle, elle se connaît par elle-même. Et si elle ne se connaît pas, elle ne s'aime pas.
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La Trinité 09 la trinité dans l'homme/Saint Augustin
CHAPITRE IV.
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L'ÂME ELLE-MÊME, L'AMOUR ET LA CONNAISSANCE DE SOI, SONT TROIS CHOSES ÉGALES ET QUI N'EN FONT QU'UNE; ELLES SONT A LA FOIS SUBSTANCE ET RELATIONS INSÉPARABLES D'UNE MÊME ESSENCE.
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Comme l'âme et l'amour de l'âme, quand elle s'aime, sont deux choses différentes, ainsi l'âme et la connaissance de l'âme, quand elle se connaît, sont aussi deux choses distinctes. Donc l'âme, son amour, sa connaissance, sont trois choses, et ces trois choses n'en font qu'une, et quand elles sont parfaites, elles sont égales. En effet, si l'âme ne s'aime pas dans toute l'étendue de son être, par exemple, si l'âme de l'homme limite son amour à l'amour du corps, bien qu'elle soit elle-même plus que le corps, elle pèche et son amour n'est pas parfait. De même si elle s'aime au delà de l'étendue de son être, par exemple, si elle s'aime autant qu'il faut aimer Dieu, bien qu'elle soit incomparablement moins que Dieu, elle pèche aussi par excès et ne s'aime point d'un amour parfait. Mais la perversité et l'iniquité sont plus grandes encore, quand elle aime son corps autant qu'il faut aimer Dieu. De même si la connaissance est moins étendue que l'objet connu, et qui peut-être entièrement connu, cette connaissance n'est point parfaite. Mais si elle est plus grande, c'est que la nature qui connaît est supérieure à celle qui est connue, comme il arrive pour la connaissance du corps, laquelle est plus grande que le corps, objet de cette connaissance. En effet, il y a une certaine vie dans la raison de celui qui connaît, et le corps n'est pas vie. Et toute vie est supérieure à un corps quelconque, non en volume, mais en puissance. Mais quand l'âme se connaît elle-même, elle n'est point supérieure à elle-même par sa propre connaissance, puisque c'est elle-même qui connaît et elle-même qui est connue. Quand donc elle se connaît elle-même et rien du reste avec elle, sa connaissance est égale à elle-même: puisque sa connaissance n'est pas d'une autre nature, vu que c'est elle-même qui se connaît. Et quand elle se connaît tout entière et rien de plus, sa connaissance est égale à elle-même; car la connaissance qu'elle a d'elle-même n'est pas d'une autre nature que la sienne. Et quand elle se connaît tout entière, sa connaissance n'est ni plus petite ni plus grande qu'elle-même. Nous avons donc eu raison de dire que quand ces trois choses sont parfaites, elles sont nécessairement égales.
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La Trinité 09 la trinité dans l'homme/Saint Augustin
Nous avons en même temps les sentiment, si nous sommes capables de le voir, que ces choses existent dans l'âme, qu'elles y sont comme enveloppées, et qu'elles se développent de manière à être senties et spécifiées comme tenant à sa substance, ou, si je puis parler de la sorte, à son essence, et non comme accidents d'un sujet, ainsi qu'il en est de la couleur, de la figure d'un corps ou de toute autre qualité ou quantité. Car tout ce qui est de cette espèce ne sort pas du sujet qu'il affecte. En effet, la couleur ou la figure de tel corps ne peuvent être celles de tel autre. Mais l'âme peut aimer quelque autre chose qu'elle-même de l'amour même dont-elle s'aime. De plus elle ne se connaît pas seulement elle-même, mais elle connaît beaucoup d'autres choses encore. Par conséquent, l'amour et la connaissance ne sont pas dans l'âme comme accidents dans un sujet, mais ils sont substantiels comme l'âme, elle-même; et s'ils ont un sens relatif l'un vis-à-vis de l'autre, ils n'en sont pas moins substance, pris en eux-mêmes. Et ce (466) sens relatif n'est pas comme celui qui existe entre la couleur et le corps coloré, la couleur étant dans le corps coloré comme dans un sujet, sans avoir de substance propre à elle; puisque le corps coloré est lui-même substance, tandis que la couleur n'est que dans une substance. Mais ce rapport est comme celui qui existe entre deux amis, lesquels
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La Trinité 09 la trinité dans l'homme/Saint Augustin
sont tous les deux hommes et par suite substances : hommes dans le sens absolu, amis dans le sens relatif.
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La Trinité 09 la trinité dans l'homme/Saint Augustin
Cependant quoique celui qui aime ou qui connaît soit substance, que la connaissance soit substance, que l'amour soit substance, et qu'il y ait entre celui qui aime et l'amour, cidre celui qui connaît et la connaissance, un rapport analogue à celui qui existe entre deux amis; quoique les mots âme ou esprit, pas plus que le mot homme, n'aient le sens relatif : néanmoins celui qui aime et l'amour, celui qui connaît et hc connaissance ne peuvent pas être séparés l'un de l'autre, comme deux hommes qui sont amis. Sans doute quand deux amis semblent séparés de corps, ils ne le sont point de coeur, en tant qu'ils sont amis. Toutefois il peut arriver qu'un ami commence à avoir de l'aversion pour son ami et cesse par là même d'être son ami, à l'insu de celui-ci qui continue à l'aimer. Mais si l'amour dont l'âme s'aime vient à cesser, l'âme elle-même cesse d'aimer. De même si la connaissance que. l'âme a d'elle-même cesse, l'âme cesse en même temps de se connaître. Ainsi la tête d'un corps qui a une tête est évidemment tête, et il existe entre eux un sens relatif, bien qu'ils soient tous les deux substances : car la tête est corps, et l'être qui a une tête est corps. Néanmoins la séparation peut avoir lieu ici, et là elle est impossible.
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La Trinité 09 la trinité dans l'homme/Saint Augustin
Que s'il y a des corps absolument indivisibles, ils sont cependant composés de parties, sans quoi ils cesseraient d'être corps. Donc le mot de partie n'a de sens que relativement à un tout, puisque toute partie est partie d'un tout, et qu'un tout n'est tout que par toutes ses parties. Mais comme la partie est corps, et que le tout est corps, non-seulement ils ont un sens relatif, mais encore ils sont aussi substance. Serait-ce donc que l'âme est un tout, et que l'amour dont elle s'aime et la connaissance qu'elle a d'elle-même seraient comme ses deux parties, dont la réunion ferait d'elles un tout? Seraient-ce trois parties égales, qui, ensemble, formeraient un tout? Mais jamais partie ne renferme le tout dont elle est partie; or, quand l'âme se connaît tout entière, c'est-à-dire parfaitement, sa connaissance l'embrasse tout entière, et quand elle s'aime parfaitement elle s'aime tout entière, et son amour s'étend à tout son être. Serait-ce comme quand de vin, d'eau et de miel on forme une seule liqueur; que chacun de ces trois éléments se répand dans le bout, bien qu'il reste cependant trois choses? En effet il n'y a point de partie dans la potion qui ne renferme ces trois choses : car elles ne sont pas jointes comme le seraient de. l'eau et de l'huile, mais tout à fait mêlées; et toutes les trois sont des substances, et la liqueur entière n'est qu'une seule substance composée de trois éléments; serait-ce, dis-je, que l'âme, l'amour et la connaissance formeraient ensemble quelque chose d'analogue? Mais l'eau, le vin et le miel ne sont pas de même substance, quoique leur mélange ne forme qu'une seule substance de liqueur. Là, au contraire, - je ne vois pas comment les trois choses ne seraient pas de même substance, puisque l'âme s'aime elle-même et se connaît elle-même, et que ces trois choses existent de telle sorte que l'âme n'est aimée ni connue d'aucun être étranger. Elles sont donc nécessairement toutes les trois d'une seule et même essence; tellement que si elles n'étaient unies que par mélange, elles ne seraient trois en aucune manière et n'auraient aucun rapport entre elles. Ainsi, par exemple, si du même or vous faites trois anneaux semblables, quoique unis ensemble, ils ont entre eux un rapport, celui de similitude, car tout semblable est semblable à quelque chose; il y a trinité d'anneaux et unité d'or. Mais si on les mêle ensemble, que la substance de chacun d'eux se confonde dans toute la masse, alors la trinité disparaît complètement : non-seulement on dira qu'il y a unité d'or, comme on le disait déjà des trois anneaux, mais on ne parlera plus de trois objets en or.
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CHAPITRE V.
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La Trinité 09 la trinité dans l'homme/Saint Augustin
L'AME, L'AMOUR ET LA CONNAISSANCE DE SOI, SONT EN MÊME TEMPS DISTINCTS ET TOUT ENTIERS L'UN DANS L'AUTRE.
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Mais ici, quand l'âme se connaît et s'aime, la trinité reste : âme, amour, connaissance; il (467) n'y a ni mélange ni confusion; bien que chacune de ces choses soit distincte en elle-même, et que toutes soient réciproquement dans toutes, soit chacune en deux, soit deux dans chacune. Ainsi toutes sont dans toutes. En effet, d'une part, l'âme est certainement âme en elle-même, puisqu'elle est appelée âme d'une manière absolue, bien que dans le sens relatif, on la dise connaissant, connue, susceptible d'être connue par rapport à la connaissance qu'elle peut avoir d'elle-même; et aussi, aimant, aimée, aimable, au point de vue de l'amour dont elle s'aime. D'autre part, la connaissance quoique relative à l'âme connaissant ou connue, est aussi appelée en elle-même connue et connaissant : car la connaissance, par laquelle l'âme se connaît, ne s'ignore point elle-même. De même l'amour, bien que relatif à l'âme qui aime et dont il est l'amour, est cependant amour pour lui-même et en lui-même : car l'amour est aimé, et ne peut être aimé d'un autre amour, c'est-à-dire que de lui-même. Ainsi chacune de ces choses sont en elles-mêmes. Elles sont aussi réciproquement les unes dans les autres, puisque l'âme qui aime est dans l'amour, que l'amour est dans la connaissance de l'âme qui aime, et la connaissance dans l'âme qui connaît. Chacune d'elles sont donc dans les deux autres, puisque l'âme qui se connaît et s'aime, est dans son amour et sa connaissance; que l'amour de l'âme qui s'aime et se connaît, est dans l'âme et dans la connaissance de l'âme; et que la connaissance de l'âme qui se connaît et s'aime, est dans l'âme et dans l'amour de l'âme, puisqu'elle s'aime et se connaît s'aimant. Par conséquent encore, deux de ces choses sont en chacune d'elles, puisque l'âme qui se connaît et s'aime est avec sa connaissance dans son amour, et avec son amour dans sa connaissance; et que l'amour et la connaissance sont aussi ensemble dans l'âme qui s'aime et se connaît. Et comment toutes sont dans toutes, nous l'avons déjà montré plus haut, puisque l'âme s'aime tout entière, se connaît tout entière, connaît tout son amour, et aime toute sa connaissance, quand ces trois choses sont parfaites en elles-mêmes. Et par un merveilleux procédé, ces trois choses sont inséparables, et néanmoins chacune d'elles est substance, et toutes ensemble sont une seule et même substance ou essence, puisque leurs noms ne sont que l'indice de leurs rapports mutuels.
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La Trinité 09 la trinité dans l'homme/Saint Augustin
CHAPITRE VI.
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La Trinité 09 la trinité dans l'homme/Saint Augustin
CONNAITRE UNE CHOSE EN ELLE-MÊME ET LA CONNAITRE DANS L'ÉTERNELLE VÉRITÉ. C'EST D'APRÈS LES RÈGLES DE L'ÉTERNELLE VÉRITÉ QU'IL FAUT JUGER MÊME DES CHOSES CORPORELLES.
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