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La Trinité 04 incarnation du verbe/Saint Augustin
LE CHRIST VEUT CETTE UNION.
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La Trinité 04 incarnation du verbe/Saint Augustin
Telle est l'ineffable unité que dans le discours après la Cène, le Sauveur demandait
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La Trinité 04 incarnation du verbe/Saint Augustin
pour nous à son Père, lui le Fils de Dieu, le Verbe de Dieu qui, devenu Fils de l'homme, s'est constitué notre médiateur auprès de Dieu, et qui, égal à son Père en unité de nature divine, est notre frère par ressemblance de la nature humaine. Voici donc ces paroles où Jésus-Christ prie comme homme, mais où il rappelle aussi que comme Dieu il est un avec son Père: « Je ne prie pas pour eux seulement, mais encore pour ceux qui doivent croire en moi par leur parole, afin que tous ils soient un, comme vous, mon Père, en moi, et moi en vous; qu'ils soient de même un en nous, afin que le monde croie que vous m'avez envoyé. Et je leur ai donné la gloire que vous m'avez donnée, afin qu'ils soient un, comme nous sommes un (Jn 17, 20, 22. ) ».
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La Trinité 04 incarnation du verbe/Saint Augustin
CHAPITRE IX.
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La Trinité 04 incarnation du verbe/Saint Augustin
MÊME SUJET.
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La Trinité 04 incarnation du verbe/Saint Augustin
Observons ici que Jésus-Christ ne dit pas: Je prie, afin qu'eux et moi soyons un, quoiqu'en qualité de chef du corps qui est l'Eglise, il eût pu le dire, parce qu'en effet l'Eglise ne forme qu'un seul corps avec Jésus-Christ, qui en est le chef. Mais il veut nous montrer sa consubstantialité avec son Père; aussi de même que dans un autre endroit il avait dit : « Le Père et moi sommes un ( Jn 10, 30 ) », c'est-à-dire qu'il y a entre nous une parfaite égalité de nature, il prie ici pour que ses disciples soient un en lui. Et en effet, ceux-ci ne pouvaient être un en eux-mêmes, parce que les passions, les plaisirs coupables et le péché les éloignaient les uns des autres. C'est pourquoi Jésus, notre divin médiateur, nous purifie d'abord de nos souillures, et puis nous fait un en lui-même. Mais cette admirable unité n'est point seulement une unité de nature qui rendrait tous les hommes égaux entre eux, ainsi que dans le ciel, les anges sont égaux; elle est surtout une unité de volonté qui réunit comme en un faisceau toutes les volontés, et les fait (410) converger toutes ensemble vers la possession du même bonheur, parce qu'un seul et même Esprit embrase tous les coeurs des feux du même amour. Ainsi se réalise cette parole du Sauveur: « Père, qu'ils soient un, comme vous et moi sommes un ». Et en effet, de même que le Père et le Fils sont un par égalité de nature et conformité de volonté, les Chrétiens qui reconnaissent pour leur médiateur auprès de Dieu le Père, Jésus-Christ, Fils de Dieu doivent être unis entre eux bien moins par les liens de la chair et du sang que par les rapports de la charité. Au reste le Sauveur nous indique lui-même cet heureux effet de sa médiation divine et de notre réconciliation avec le Seigneur, quand il dit : « Je suis en eux, et vous en moi, afin qu'ils soient consommés dans l'unité (Jn 17, 23 ) ».
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CHAPITRE X.
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LA VIE ET LA MORT.
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Notre véritable paix, et notre alliance forte et assurée avec le Seigneur, reposent donc sur l'acte d'expiation et de réconciliation que Jésus, médiateur de vie et de grâce, a daigné accomplir. Et de même un médiateur de péché et de mort nous avait ravi l'innocence, et nous tenait éloignés de Dieu. Car le démon superbe et orgueilleux n'avait rempli le premier homme d'orgueil et de présomption que pour le conduire à la mort, tandis que Jésus-Christ, humble et humilié, l'a ramené à la vie par l'humilité et l'obéissance. Le démon vain et téméraire est tombé lui-même, et a entraîné l'homme qui consentit librement à ses suggestions. Mais Jésus-Christ en s'humiliant a mérité d'être exalté, et il a relevé avec lui le fidèle qui croît en lui. Sans doute Satan n'avait point été assujetti à la mort du corps, puisqu'il n'a point de corps, et que son péché n'était qu'un péché de pensée; mais il n'en paraît pas moins à l'homme le prince de ces légions infernales qu'il emploie pour régner sur le monde par le mensonge et l'erreur. C'est par leur concours que tantôt il enorgueillit au moyen d'une fausse philosophie l'homme qui n'est déjà de lui-même que trop superbe, et qui ambitionne le pouvoir, bien plus qu'il n'aime la justice. Tantôt aussi il flatte sa curiosité non moins que son orgueil par l'appareil d'un culte sacrilège et de pratiques magiques, en sorte que tout ensemble il trompe les esprits, les précipite dans l'illusion et les tient captifs et assujettis. Quelquefois aussi, se transformant en ange de lumière, il promet à l'homme le pardon de ses fautes au moyen de certaines expiations, et fait briller à ses yeux le faux éclat de prestiges mensongers.
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CHAPITRE XI.
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QUE PENSER DES PRODIGES OPÉRÉS PAR LE DÉMON?
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Il est certainement facile aux esprits mauvais de produire à l'aide des corps aériens bien des effets qui étonnent même les meilleurs esprits, parce qu'ils sont unis à une chair qui les affaiblit. C'est ainsi que sur nos théâtres l'art et l'habileté des jongleurs exécutent avec des corps terrestres et matériels des choses si surprenantes, qu'il faut les avoir vues pour y croire. Est-il donc étonnant que Satan et ses anges opèrent, au moyen des éléments qu'ils mettent en jeu par leurs corps aériens, des prestiges capables de tromper les hommes? Bien plus, ils nous présentent mille fantômes et mille imaginations qui font illusion à nos sens, et qui, soit pendant notre sommeil, ou dans l'état de veille, nous fascinent et nous rendent furieux. Mais de même qu'un homme juste et honnête se permet de regarder de vils histrions qui dansent sur la corde, ou qui exécutent des tours incroyables de prestidigitation, sans qu'il ait en lui-même le moindre désir de les imiter, ni qu'il les croie meilleurs que lui; ainsi le chrétien pieux et fidèle qui est témoin des prestiges que produisent les démons, et qui nième par suite de la faiblesse humaine, les admire, ne leur envie point un tel pouvoir, et ne se juge point inférieurs à eux. Eh ! comment pourrait-il le faire, puisqu'il appartient à cette société de saints qui comprend les hommes justes et les bons anges, et puisque ceux-ci, par la puissance souveraine du Seigneur, à qui toutes choses sont soumises, opèrent de véritables miracles, et des prodiges bien plus surprenants?
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CHAPITRE XII.
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PRINCIPE DE VIE ET PRINCIPE DE MORT.
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Il est donc impossible qu'aucune cérémonie sacrilège, non plus que nulle initiation impie, ou expiation magique puisse purifier l'âme et la réconcilier avec Dieu. Et en (411) effet, le démon qui se pose ici en faux médiateur, ne saurait élever l'homme vers ses hautes destinées, et il ne cherche même qu'à l'arrêter dans le noble essor qui l'y fait aspirer. C'est pourquoi il corrompt ses affections, et il les rend d'autant plus perverses qu'il le remplit lui-même de plus d'orgueil et de vanité. Mais alors ces affections ainsi corrompues, loin de favoriser en nous les sublimes élans de la vertu, nous entraînent vers l'abîme, par-ce qu'elles doublent le poids de nos vices. Ainsi la gravité de notre chute est en rapport avec la hauteur d'où nous sommes précipités. La prudence nous conseille donc d'imiter les mages qu'une étoile conduisit au berceau de l'Enfant-Dieu, et que les anges instruisirent par un songe mystérieux. A leur exemple nous ne devons point revenir en notre patrie par la même route que nous en sommes sortis, mais suivre cet autre chemin que nous a tracé Jésus, ce Roi doux et humble, et sur lequel Satan, son superbe ennemi, ne peut que nous tendre d'inutiles embûches. D'ailleurs les cieux eux-mêmes nous invitent à adorer le Dieu humble et caché dont ils racontent la gloire, et dont ils proclament la grandeur dans l'univers entier et jusqu'aux extrémités de la terre (Ps 18, 2, 5 ).
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Quant à la mort, elle a été introduite dans le monde par le péché d'Adam, selon cette parole de l'Apôtre : « Le péché est entré dans le monde par un seul homme, et la mort par le péché. Ainsi la mort a passé à tous les hommes par ce seul homme en qui tous ont péché (Rm 5, 12 ) » . Or celui qui nous a ouvert cette triste voie, c'est le démon qui, en nous persuadant de commettre le péché, nous a précipités dans la mort. Mais cette mort qui est double dans l'homme correspond en Satan à la perte unique de la grâce. Et en effet, il était mort selon l'esprit par suite de sa révolte, et non point selon la chair, tandis qu'en nous entraînant dans son impiété, il nous a soumis à la mort de l'âme et à celle du corps. Il semblait à l'homme qu'il ne s'exposait qu'à la première en se laissant criminellement séduire, et voilà qu'il s'est attiré la seconde par une juste condamnation. Aussi l'Ecriture nous dit-elle que « Dieu n'a point fait la mort», parce qu'il n'en est ni l'auteur, ni le principe. Toutefois il a pu infliger la mort au pécheur comme un châtiment juste et bien mérité. C'est ainsi que le juge envoie un criminel au supplice, et que la cause de ce supplice n'est point l'équité du juge, mais la faute du coupable. Le démon nous a donc soumis à la mort du corps, sans y participer lui-même; mais par une secrète disposition, et une profonde justice du Seigneur, cette même mort que Jésus-Christ quoique innocent a bien voulu subir, nous est devenue un remède de vie et d'immortalité.
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Et en effet, « comme c'est par un homme que la mort est venue, c'est aussi par un homme que vient la résurrection (I Cor; XV, 21 ) ». Mais les hommes s'attachent bien plus à éloigner la mort du corps que celle de l'âme, quoique la première soit inévitable, et ils montrent ainsi qu'ils sont plus sensibles au châtiment du péché, qu'à la malice même du péché. Eh! ne les voyons-nous pas chaque jour s'appliquer bien peu, et même nullement à éviter le péché, au lieu qu'ils s'épuisent pour prévenir une mort qu'ils ne peuvent éviter? C'est pourquoi Jésus-Christ, le vrai médiateur de la vie, a voulu nous prouver qu'il ne faut point craindre la mort du corps qui est une condition de notre nature, mais bien plutôt le péché qui donne la mort à notre âme, et que nous pouvons ne point commettre avec le secours de la foi. Il a donc atteint lui-même la fin commune à tous les hommes, quoique par une voie bien différente. Car nous sommes venus à la mort par le péché, et lui par la justice et l'innocence. Aussi, de même qu'en nous la mort est la peine du péché, elle a été en Jésus-Christ l'expiation du péché.
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CHAPITRE XIII.
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MORT VOLONTAIRE DE JÉSUS-CHRIST.
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L'âme qui est préposée au corps de l'homme, meurt à la grâce, quand elle se sépare de Dieu, et le corps lui-même meurt, quand l'âme l'abandonne. Mais parce que cette dernière mort est un châtiment, il est juste que l'âme qui s'est volontairement éloignée de Dieu, quitte même involontairement le corps auquel elle est unie. Ainsi la mort que nous subissons malgré nous, est la peine du péché que nous avons librement commis. Car pour que l'âme quitte volontairement le corps, il faut qu'elle-même lui fasse violence et lui donne un coup mortel. Or, Jésus-Christ notre divin médiateur a voulu subir librement la (412) mort pour nous prouver combien, en la subissant, il était exempt de péché. Il est donc mort parce qu'il l'a voulu, quand il l'a voulu, et de la manière dont il l'a voulu. Et en effet, c'est en tant qu'uni au Verbe de Dieu qu'il a dit comme homme: « J'ai le pouvoir de donner ma vie, et j'ai le pouvoir de la reprendre. Nul ne me l'ôte, mais je la donne moi-même, et je la reprends de nouveau (Jn 10, 18 ) ». Aussi voyons-nous par le récit des évangélistes, que tous ceux qui furent présents à la mort de Jésus-Christ, s'étonnèrent de l'entendre pousser ce grand cri qui annonçait que notre péché était effacé, et qui précéda immédiatement son dernier soupir. Car d'ordinaire le supplice de la croix amenait une longue agonie, comme le prouvent les deux voleurs auxquels il fallut rompre les bras et les jambes afin de hâter leur mort, et pour que les corps ne restassent pas exposés le jour du sabbat. La mort de Jésus fut donc une sorte de miracle, et Pilate en jugea ainsi, quand on vint lui demander la permission de rendre au corps du Sauveur les honneurs de la sépulture (Mc 15, 37 ; Jn 19, 30 ) ».
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Mais cet esprit de mensonge qui a été pour l'homme un médiateur de mort, voudrait en vain nous fermer les sources de la vie par ses prétendues expiations, et ces cérémonies impies et sacriléges, avec lesquelles il se joue de notre orgueil. Exempt de la mort du corps, mais condamné aussi à ne jamais recouvrer la vie de l'âme, il n'a été que trop heureux d'avoir pu, n'étant lui-même blessé à mort que dans l'âme, nous frapper de mort dans l'âme et dans le corps. Quant au miracle de la résurrection, il passe évidemment son pouvoir, puisqu'il est tout ensemble le sacrement de notre régénération, et le modèle de la résurrection qui doit s'accomplir au dernier jour. Au contraire, le vrai médiateur de la vie qui est toujours vivant en son âme, est ressuscité en cette même chair qui avait subi la mort, et il combat pour nous contre le démon. De son côté, cet esprit rebelle, mort lui-même à la grâce, et auteur de la double mort qui frappe l'homme, s'efforce d'affermir son règne dans le coeur de tous ceux qui croient en lui. Mais le Sauveur Jésus le chasse de ce royaume intérieur, et ne lui permet que d'exercer au dehors sa rage et ses efforts impuissants.
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La Trinité 04 incarnation du verbe/Saint Augustin
Il voulut même souffrir que cet esprit mauvais le tentât, afin de nous venir en aide pour surmonter la tentation, par sa grâce et par son exemple. C'était vainement que d'abord il avait cherché à le vaincre par des tentations intérieures, quand Jésus-Christ après son baptême se fut retiré dans le désert, et que le démon lui tendit les plus captieuses embûches. Sans doute cet esprit mort à la grâce n'eut aucune prise sur celui qui était vivant de la vie de l'Esprit-Saint; mais acharné à frapper l'homme de la mort du péché, il essaya contre le Christ toute sa malice, et l'attaqua, autant qu'il lui fut permis, dans cette chair par laquelle le médiateur vivant et immortel était devenu comme nous faible et mortel. Toutefois il ne réussit alors en aucune de ses diverses suggestions; et lorsque, usant du pouvoir qu'il avait reçu du dehors, il eut fait attacher le Sauveur à la croix, il perdit tous ses droits à la domination intérieure qui lui assujettissait nos âmes.
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Et, en effet, la mort de Jésus-Christ, qui n'avait été en lui précédée d'aucun péché, brisa soudain les chaînes multipliées des nombreux péchés de l'homme. Ainsi le Sauveur, en souffrant pour nous la mort qui ne lui était point due, a fait que celle que nous subissons justement, ne puisse nous nuire. Au reste, personne n'avait le pouvoir de lui ôter la vie, et lui-même il s'en est dépouillé volontairement. Car, puisqu'il pouvait ne point mourir, s'il l'eût voulu, il est certain que la mort a été en lui un acte libre et spontané. Aussi l'Apôtre nous dit-il que Jésus-Christ « a exposé en spectacle avec une pleine autorité les principautés et les puissances, après avoir triomphé d'elles en lui-même (100oloss; 2, 15 ) ». Sa mort a été, en effet, un vrai sacrifice, dont les mérites nous sont appliqués, et qui a racheté, expié et effacé entièrement nos péchés, en sorte que les principautés et les puissances de l'enfer ne peuvent plus réclamer notre condamnation. Et de plus, sa résurrection est pour nous le modèle de cette vie nouvelle à laquelle « il a appelé ceux qu'il a prédestinés; or, ceux qu'il a appelés, il les a justifiés, et ceux qu'il a justifiés, il les a glorifiés(Rm 8, 30 ) ». L'homme, en consentant librement aux séductions du démon, était en toute justice devenu son esclave; et cet esprit mauvais, affranchi lui-même de la corruption de la chair et du sang, s'enorgueillissait de la victoire que lui avait (413) procurée sur un être faible et infirme, la fragilité d'une chair mortelle. Il se complaisait donc en ses richesses et sa puissance, et insultait insolemment à notre misère et notre malheur. Mais voilà que soudain la mort de l'Homme-Dieu est venue détruire sa domination. Car s'il n'a point suivi le pécheur dans l'abîme où il l'avait précipité, il n'a point laissé d'y pousser celui qui devait être le Rédempteur du monde.
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C'est ainsi qu'en se soumettant comme nous à la mort, le Fils de Dieu a daigné se faire notre ami, tandis que notre superbe ennemi, en évitant cette même mort, croyait assurer au-dessus de nous sa grandeur et sa prééminence. N'est-ce pas en effet ce divin Rédempteur qui a dit: « Personne ne peut témoigner un plus grand amour qu'en donnant sa vie pour ses amis (Jn 15, 13 ) »? Aussi le démon se crut-il lui-même supérieur à Jésus-Christ, parce que celui-ci parut dans sa passion lui céder la victoire, et parce qu'alors s'accomplit en lui cette parole du psalmiste : « Vous l'avez pour un peu de temps abaissé au-dessous des anges (Ps 8, 6 ) ». Mais le Christ innocent, qui a été injustement mis à mort, a vaincu justement l'esprit mauvais qui nous tenait sous sa légitime domination. Il nous a donc délivrés de la captivité où le péché nous avait plongés, et il l'a chargée elle-même de fers. En un mot, le sang du juste qui a été injustement répandu, a effacé le décret de notre condamnation, et il a mérité aux pécheurs la grâce du salut et de la rédemption.
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Cependant cette mort elle-même du Christ sert aujourd'hui encore au démon pour tromper ses adeptes. Car jouant le rôle de faux médiateur, il leur persuade qu'il les purifiera de leurs péchés au moyen de certains rites qui n'ont d'autre efficacité que de les plonger plus profondément. Et néanmoins l'orgueil pousse alors ces malheureux à déverser tout d'abord l'ironie et le mépris sur la mort de Jésus-Christ, et puis à exalter au-dessus de lui la sainteté et la divinité de l'esprit mauvais, parce qu'il ne s'est point soumis au supplice de la croix. Mais le démon ne compte plus qu'un petit nombre d'adhérents, parce que de toutes parts les gentils ouvrent les yeux, et qu'ils viennent humblement boire aux sources du salut. Plus leur confiance au Christ rédempteur s'accroît et s'affermit, et plus ils abandonnent le démon pour accourir vers le divin Rédempteur. C'est qu'à l'insu même de cet esprit mauvais, la sagesse divine sait excellemment faire servir sa fureur et ses piéges au salut des fidèles. Et en effet elle atteint avec force de l'extrémité supérieure qui est la création de l'âme, à l'extrémité inférieure qui est la mort du corps, et elle dispose toutes choses avec douceur. Or, elle atteint ainsi d'une extrémité à l'autre à cause de sa pureté, et parce que rien de souillé n'est en elle (Sg 8, 1, 7, 24, 25 ).
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Mais si le démon peut se glorifier de ne point être assujetti à la mort du corps, et s'il s'en fait un titre d'honneur et de vanité, il ne saurait éviter cette autre mort qui lui est réservée dans les flammes éternelles de l'enfer. Car ces flammes ont la propriété, et de torturer les âmes, et de faire souffrir tous les corps terrestres et aériens. Quant à ces hommes orgueilleux qui méprisent Jésus-Christ parce qu'il a été crucifié, quoique ce supplice soit le prix inestimable dont il a payé notre rançon, ils n'éviteront point cette première mort qui par suite du péché originel est devenue le triste apanage de notre nature, et de plus ils seront précipités avec le démon dans la seconde mort des enfers. Ils préfèrent à Jésus-Christ cet esprit mauvais qui les a perfidement soumis à une mort dont la nature le préservait, et à laquelle le divin Sauveur a daigné s'assujettir par un effet de sa grande miséricorde à notre égard. Cependant ces mêmes hommes ne font aucune difficulté de se croire meilleurs que les démons, et ils ne cessent de les détester et de les poursuivre de leurs malédictions, quoiqu'ils sachent que ces esprits mauvais n'ont jamais subi ce supplice de la croix, qui est le principe et le motif de tous leurs mépris envers Jésus-Christ. C'est qu'ils ne veulent point considérer que le Verbe de Dieu, tout en restant ce qu'il est par sa divinité, c'est-à-dire immuable en son essence, a bien pu souffrir en l'infériorité de la nature humaine, qu'il avait daigné prendre, une mort dont l'esprit impur est à l'abri, parce qu'il n'a point un corps terrestre et mortel. Ainsi, malgré leur évidente supériorité sur les démons, la chair qu'ils portent les soumet à la mort; et de même les démons qui n'ont point un corps composé de sang et de chair, sont exempts de la mort. (414) Mais ces hommes peuvent-ils raisonnablement attendre quelque résultat efficace de diverses expiations auxquelles ils s'assujettissent? Car ou ils ignorent qu'ils offrent ces sacrifices à des esprits trompeurs et orgueilleux, ou s'ils le savent, comment se persuadent-ils qu'ils feront utilement alliance avec des êtres perfides et envieux, dont toute l'occupation est de ruiner l'oeuvre de notre salut?
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CHAPITRE XIV.
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La Trinité 04 incarnation du verbe/Saint Augustin
LE CHRIST EST LA PLUS PURE VICTIME.
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J'observe en outre à l'égard de ces mêmes hommes qu'ils devraient bien comprendre que malgré tout leur orgueil, les démons ne pourraient prendre aucun plaisir aux sacrifices qui leur sont offerts, si un vrai sacrifice n'était dû au Dieu véritable, dont ils usurpent l'honneur et l'adoration. Or, d'abord ce sacrifice ne. peut être légitimement offert que par un prêtre juste et saint, et puis il est nécessaire que le Dieu auquel il est présenté, le reçoive, et en applique les mérites à ceux qui le lui font offrir. Il faut enfin que la victime soit elle-même pure et immaculée, afin qu'elle puisse purifier l'homme de tout péché. Certes, tel est le but que se proposent tous ceux qui font offrir un sacrifice au Seigneur. Mais est-il un prêtre plus juste et plus saint que le Fils unique de Dieu, qui n'a nul besoin de sacrifier pour l'expiation de ses propres péchés, puisqu'en lui ne se trouve ni la faute originelle, ni celles que nous commettons chaque jour? De plus, quelle victime plus parfaite l'homme pouvait-il choisir que sa propre chair ? et quelle chair plus propre à être immolée qu'une chair mortelle? quelle victime pouvait encore en raison même de sa pureté mieux purifier l'homme de toutes ses souillures, que la chair qui par un miracle de chasteté a été formée dans le sein d'une Vierge, est née de ses chastes entrailles? enfin quel sacrifice serait plus agréable au Seigneur et plus propitiatoire à notre égard, que celui où la victime n'est autre que le propre corps de notre pontife? Ainsi l'on doit considérer quatre choses dans tout sacrifice : celui à qui il est offert, celui qui l'offre, celui qui s'immole, et celui au nom de qui il est immolé. Or, ces quatre choses se rencontrent excellemment en Jésus-Christ, qui est notre seul et véritable médiateur, et qui par son sacrifice a ménagé avec Dieu notre paix et notre réconciliation. Car il est Dieu comme celui à qui il l'offre, il ne fait qu'un avec ceux pour qui il l'offre, et il est tout ensemble le prêtre qui l'offre et la victime qui est offerte.
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La Trinité 04 incarnation du verbe/Saint Augustin
CHAPITRE XV.
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