Livre de Malachie
3,20 Mais pour vous qui craignez mon Nom, le soleil de justice brillera, ses rayons vous rendront la santé ; vous vous élancerez, vous bondirez comme des veaux au pâturage. ( ) 3,21 Au jour que je prépare, vous piétinerez les méchants et ils seront comme cendre sous la plante de vos pieds — parole de Yahvé Sabaot. ( ) 3,22 Souvenez-vous de la loi de Moïse, mon serviteur ; à l’Horeb je lui ai donné pour tout Israël mes lois et mes décisions. ( ) 3,23 Maintenant je vous envoie Élie le Prophète, juste avant que vienne le jour de Yahvé, jour grand et redoutable. ( ) 3,24 Il réconciliera les pères avec leurs fils et les fils avec leurs pères, de sorte que, lors de ma venue, je n’aie pas à maudire la terre. ( )
Evangile de Matthieu

1,1 Document sur les origines de Jésus Christ, fils de David et fils d’Abraham.


20512 Bible des Peuples sur titre livre 2023-11-11: PREMIÈRE PARTIE : LE CHEMIN DE LA SAGESSE

5106 Saint Athanase (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Je mettrai un frein à cette fureur aussi insensée qu'audacieuse, en m'appuyant sur l'autorité de témoignages divins pour démontrer la personnalité du Fils et la consubstantialité divine. Pour cela, je ne me servirai pas des passages que par une fausse interprétation il applique sans scrupule à l'humanité prise par le Sauveur, mais de ceux qui sans aucune ambiguïté et de l'aveu de tous ne peuvent s'entendre que de la divinité. Au chapitre 1er de laGenèse, Dieu s'exprime ainsi : Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance, il parle au pluriel, et il indique nécessairement quelqu'un à qui s'adressent ces paroles. Car si celui qui parle était seul, il dirait qu'il a fait l'homme à son image, tandis qu'il déclare ouvertement l'avoir fait également à la ressemblance d'un autre.

5105 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Quelques écrivains parlent de Sabellius disciple de Noet, qui prétendait que le Christ n'était autre que le Père et l'Esprit saint.

5104 Isidore (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Pour ne pas nous étendre indéfiniment, nous dirons, en quelques mots qui résument tout, que celui qui était Dieu, en tenant un langage plein d'humilité, fait une chose sage, utile et qui ne porte aucun préjudice à sa nature immuable ; tandis que l'homme au contraire ne peut s'approprier le langage des choses divines et surnaturelles sans une présomption souveraine et coupable. Un roi peut faire des actions communes, un soldat ne peut s'arroger la parole du commandement. Si donc celui qui s'est incarné est Dieu, les actions humbles et ordinaires ont leur raison d'être, mais s'il n'était qu'homme, les choses divines sont impossibles.

5103 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: L'impiété de l'erreur de Nestorius fut d'avancer que celui qui était né de la Vierge Marie n'était qu'un homme, avec lequel le Verbe divin avait formé unité de personne et contracté une union indissoluble, erreur que les oreilles catholiques ne purent jamais supporter.

5102 Saint Athanase (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: L'apôtre saint Jean, voyant cet hérétique bien longtemps auparavant à la lumière de l'Esprit saint, plongé dans le profond sommeil de cette erreur insensée, le secoue de sa léthargie par ces paroles : Au commencement était le Verbe. Puisqu'il était en Dieu dès le commencement, il est impossible qu'il ait reçu de l'homme dans ces derniers temps le commencement de son existence. Jésus-Christ lui-même n'a-t-il pas dit : Mon Père, glorifiez-moi de cette gloire que j'avais en vous avant la création du monde ? Que Photin comprenne donc qu'il possédait cette gloire dès le commencement.

5101 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Cérinthe et Ebion prétendirent que Jésus-Christ n'était qu'un homme. Paul de Samosate suivit leur erreur en soutenant que Jésus-Christ n'était pas éternel, que son existence ne remontait pas au-delà de sa naissance du sein de Marie, car il ne voyait en lui rien qui fût au-dessus de la nature humaine. Photin appuya plus tard cette hérésie.

5100 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Les erreurs des hérétiques sur la personne de Jésus-Christ peuvent se réduire à trois chefs, sa divinité, son humanité, ou l'une et l'autre à la fois.

5099 Glose (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Comme ce livre tout entier a pour objet la vie de Jésus-Christ, il est nécessaire tout d'abord de s'en former une idée juste. Ou pourra ainsi plus facilement expliquer tout ce qui dans le cours de cet ouvrage a rapport à sa divine personne. Le commencement de l'évangile selon saint Luc nous montre clairement aussi que le Christ est né d'une femme, ce qui prouve la vérité de son humanité ; les hérétiques rejettent en conséquence le commencement des deux évangiles.

5098 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Une autre raison, c'est que la dignité du trône l'emporte sur celle de la nature, et, bien qu'Abraham fût le premier par ordre de temps, David l'était par son titre de roi.

5097 Saint Jérôme (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: L'ordre est interverti, mais pour une raison nécessaire, car si le nom d'Abraham avait précédé celui de David, il aurait fallu répéter le nom d'Abraham pour l'enchaînement de la suite des générations.

5096 Saint Ambroise (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Parmi les ancêtres du Sauveur, l'Écrivain sacré en choisit deux, l'un à qui Dieu avait promis l'héritage des nations, l'autre à qui Il avait prédit que le Christ naîtrait de sa race. David, quoique le dernier dans l'ordre des temps, est cependant nommé le premier, parce que les promesses qui ont le Christ pour objet sont supérieures à celles qui concernent l'Église, qui n'existe que par Jésus-Christ celui qui sauve est évidemment au-dessus de celui qui est sauvé.

5095 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Les Manichéens ont prétendu que Notre-Seigneur Jésus-Christ n'avait eu qu'un corps imaginaire et fantastique et qu'il n'avait pu naître du sein d'une femme.

5094 Saint Jérôme (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Nous lisons dans le prophète Isaïe (chap. 53) : Qui racontera sa génération ? N'allons pas croire que l'Évangéliste soit contraire au prophète, en voulant raconter ce qu'Isaïe déclare au-dessus de toute expression ; l'un parle de la génération divine, l'autre de la génération humaine.

5093 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Quant à la vérité de sa chair, ils se sont éloignés de la vraie foi à ce point de prétendre que le Verbe et la chair n'avaient qu'une seule et même substance, et de soutenir à force de sophismes que le Verbe s'était fait chair en ce sens qu'une partie du Verbe avait été changée, convertie en chair, et que cette chair n'avait pas été formée du sang de Marie.

5092 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: La fausse sagesse des Juifs impies niait que Jésus fût de la race de David, l'Évangéliste prend donc soin d'ajouter : Fils de David, Fils d'Abraham. Mais pourquoi ne suffisait-il pas de dire qu'il était le fils de l'un des deux ou d'Abraham, ou de David ? C'est que tous les deux avaient reçu la promesse que le Christ naîtrait de leur postérité : Toutes les nations de la terre seront bénies en ta race, avait dit Dieu à Abraham ; et à David : Je ferai asseoir sur ton trône un fils qui naîtra de toi. Aussi l'Évangéliste appelle Jésus-Christ fils de David et d'Abraham pour montrer l'accomplissement des promesses qui leur ont été faites. Une autre raison, c'est que le Christ devait réunir en sa personne la triple dignité de roi, de prophète et de prêtre. Or, Abraham a été prêtre et prophète : prêtre, puisque Dieu lui dit dans la Genèse : Prends pour me l'immoler une génisse de trois ans (Gn 15) ; prophète, comme Dieu le déclare au roi Abimélech : Il est prophète et il priera pour toi. Quant à David, il fut roi et prophète, mais sans être prêtre. Jésus-Christ est donc appelé fils de l'un et de l'autre, pour nous apprendre que cette triple dignité de ses deux aïeux lui était dévolue par le droit de sa naissance.

5091 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Les Apollinaristes ainsi que les Ariens soutinrent que le Christ s'était revêtu d'un corps, mais sans prendre l'âme. Vaincus sur ce point par les témoignages de l'Évangile, ils se retranchèrent à dire que cette faculté qui constitue l'homme raisonnable avait manqué à l'âme du Christ, et qu'elle avait été remplacée en lui par le Verbe de Dieu.

5090 Saint Cyrille de Jérusalem (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: L'Apôtre parlant du Fils unique dit Lui qui avait la nature de Dieu, n'a pas cru que ce fût pour lui une usurpation de s'égaler à Dieu. Quel est donc celui qui a la forme et la nature de Dieu ? et comment s'est-il humilié, anéanti en prenant la forme et la nature de l'homme ? Si les hérétiques dont nous venons de parler divisent Jésus-Christ en deux (d'un côté homme, de autre Verbe), et qu'ils prétendent, en séparant le Verbe de l'homme, que c'est ce dernier seul qui s'est anéanti, il leur faut prouver auparavant qu'il avait réellement la forme, la nature de Dieu son Père, qu'il était son égal, pour qu'il ait pu se soumettre à l'anéantissement. Mais aucune créature, considérée dans sa nature, ne peut être l'égale du Père. Comment donc s'est-il anéanti ? De quelle hauteur est-il descendu pour se faire homme ? Comment comprendre qu'il ait pris la forme d'un esclave, qu'il n'avait pas auparavant ? Ils répondent que le Verbe égal au Père a daigné habiter dans l'homme né de la femme, et que c'est ainsi qu'il s'est anéanti. J'entends, il est vrai, le Fils de Dieu dire à ses apôtres Si quelqu'un m'aime il gardera ma parole, et mon Père l'aimera : et nous viendrons à lui, et nous ferons en lui notre demeure. Vous comprenez comment il déclare que son Père et lui feront leur demeure dans ceux qui l'aiment ? Or pensez-vous qu'on puisse dire qu'il s'est appauvri, anéanti, qu'il a pris la forme d'esclave, parce qu'il fait sa demeure dans le coeur de ceux qui l'aiment ? Et que direz-vous de l'Esprit saint qui habite en nous ? Pensez-vous que ce soit là une véritable incarnation ?

5089 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: C'est pour cela que Fauste nous dit : L'Évangile n'a commencé et ne tire son nom que de la prédication du Christ, et nulle part dans cet Évangile Jésus-Christ ne dit que sa naissance est humaine. Quant à la généalogie, elle est si peu l'Évangile, que celui qui en est l'auteur n'a pas osé lui donner ce nom. Comment s'exprime-t-il en effet : Livre de la génération de Jésus-Christ, Fils de David. Ce n'est donc pas le livre de l'Évangile de Jésus-Christ, mais de la génération. Au contraire, Marc ne s'est pas occupé d'écrire la génération, mais uniquement la prédication du Fils de Dieu, prédication qui est vraiment l'Évangile. Aussi voyez avec quel à-propos il commence son récit L'Évangile de Jésus-Christ Fils de Dieu. Ce qui prouve suffisamment que la généalogie ne fait point partie de l'Évangile. Dans Matthieu lui-même, ce n'est qu'après que Jean-Baptiste eut été jeté en prison que nous lisons que Jésus commença à prêcher l'Évangile du royaume. Donc tout ce qui précède appartient à la généalogie, et non pas à l'Évangile. Je me suis donc reporté à Marc et à Jean dont les commencements me plaisent avec raison, car ils ne font mention ni de David, ni de Marie, ni de Joseph. Voici comment saint Augustin le réfute : Que répondra-t-il a ces paroles de l'Apôtre (2 Tm 2) : Souvenez-vous que Jésus-Christ, qui est de race de David, est ressuscité selon Évangi que je prêche ? Or, apôtre saint Pau c'était évangi des autres apôtres, et de tous s fidès dispensateurs d'un si grand mystère. C'est ce que lui-même dit ailurs Que ce soit moi, que ce soient eux (qui vous prêchent Évangi), voilà ce que nous prêchons, voilà aussi ce que vous avez cru. Tous, en effet, n'ont pas écrit l'Évangile, mais tous l'ont prêché.

5088 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Les Ariens ne veulent pas admettre que le Père, le Fils et l'Esprit saint n'aient qu'une seule et même substance, une seule et même nature, une seule et même existence ; mais ils voient dans le Fils une créature du Père, et dans l'Esprit saint une créature produite par une créature, c'est-à-dire par le Fils ; ils soutiennent encore que le Christ a pris un corps sans âme.

5087 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Mais Jean déclare dans son évangile que non seulement le Fils est Dieu, mais qu'il est consubstantiel à son Père ; car après avoir dit : a Et le Verbe était Dieu, il ajoute : Toutes choses ont été faites par lui. Donc il n'a pas été fait lui-même, puisque tout a été fait par lui, et s'il n'a pas été fait, il n'a pas été créé, et il a la même substance que son Père, car toute substance qui n'est pas Dieu est une substance créée.

5086 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Je ne sais pas quel avantage la personne du Médiateur nous aurait procuré, si en laissant la meilleure partie de nous-mêmes sans rédemption, il n'a pris de notre nature que la chair, qui, séparée de l'âme, est incapable d'apprécier ce bienfait. En effet, si Jésus-Christ est venu sauver ce qui avait péri, comme tout en nous était perdu, tout réclamait le bienfait de la rédemption. Aussi Jésus-Christ vient sur la terre pour tout sauver en s'unissant tout notre être, le corps et l'âme.

5085 Léon Le Grand (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Pour nous, nous ne dirons pas que le Christ s'est fait homme en ce sens qu'il lui ait manqué ce qui constitue la nature humaine, soit l'âme, soit l'intelligence ordinaire, soit un corps qui ne serait point né d'une femme, mais qui serait le produit du changement, de la conversion du Verbe dans la chair, trois erreurs qui forment les trois différentes parties de l'hérésie des Apollinaristes.

5084 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: S'il en était ainsi, il faudrait dire que le Verbe divin aurait pris la nature d'un animal sans raison avec une figure humaine.

5083 Saint Cyrille de Jérusalem (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Il faut avoir perdu le sens et la raison, a notre avis, pour soupçonner l'ombre même de changement dans la nature du Verbe divin. Elle demeure ce qu'elle est toujours, elle ne change pas, elle n'est susceptible d'aucune altération.

5082 Remi (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: L'Évangéliste écrit : Livre de la génération de Jésus-Christ, parce qu'il savait qu'il existait un ouvrage intitulé : Livre de la génération d'Adam. Par cet exorde, il a donc intention d'opposer ce livre au premier, le nouvel Adam à l'ancien, parce que le second a rétabli tout ce que le premier avait perdu.

5081 Glose (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: D'autres ont nié la vérité de l'humanité du Sauveur. C'est ainsi que Valentin a enseigné que le Christ envoyé par son Père, avait apporté sur la terre un corps spirituel et céleste, qu'il n'avait rien pris de la Vierge Marie, mais qu'il n'avait fait que passer par son sein, comme l'eau passe dans un canal ou dans le lit d'un ruisseau. Pour nous, nous ne croyons pas que Jésus-Christ est né de la Vierge Marie parce qu'il n'aurait pu autrement exister ou apparaître aux hommes dans une chair véritable, mais parce que telle est la doctrine de l'Écriture, qu'il nous faut croire sous peine de n'être plus chrétiens, et d'encourir la damnation. Si Jésus-Christ avait voulu donner à son corps formé d'un élément aérien ou liquide les propriétés d'une chair humaine véritable, qui oserait dire que cela lui était impossible ?

5080 Léon Le Grand (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Eutychès s'empara de la troisième erreur des Apollinaristes, et il nia qu'il y eut en Notre-Seigneur Jésus-Christ la réalité d'une chair humaine et d'une âme semblable à la nôtre, et soutint qu'il n'y avait en lui qu'une seule nature. Dans son système, la substance divine du Verbe serait comme changée en corps et en âme ; et ces différentes actions, être conçu, naître, croître, être nourri, étaient des actions de la nature divine, toutes choses qui ne peuvent lui être attribuées que par son union à une chair véritable ; car la nature du Fils est la même que la nature du Père, que la nature du Saint-Esprit, elle a la même impassibilité et la même éternité. Si cet hérétique parait se séparer de l'erreur perverse d'Apollinaire, pour ne pas être obligé d'admettre que la divinité est passible et mortelle, et que cependant il ne craigne pas de soutenir qu'il n'y a dans le Verbe incarné, c'est-à-dire dans le Verbe et la chair qu'une seule nature, il tombe infailliblement dans l'erreur insensée des Manichéens et de Marcion ; il faut qu'il admette encore que tout en Jésus-Christ a été feint et imaginaire, et que sans avoir un corps véritable il n'a fait qu'en présenter l'apparence aux yeux de ceux qui le voyaient.

5079 Léon Le Grand (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Eutychès ayant osé dire devant l'assemblée des évêques qu'il y avait eu en Jésus-Christ deux natures avant l'incarnation, et une seule après, on dut le presser par des questions habilement posées de bien préciser sa foi. Quant à moi, je pense qu'en s'exprimant ainsi il était persuadé que l'âme que le Sauveur s'est unie a séjourné dans les cieux avant de naître de la Vierge Marie. Mais c'est un langage que ni la conscience ni les oreilles des catholiques ne peuvent tolérer, attendu que le Seigneur en descendant des cieux n'en a rien apporté de ce qui est propre à notre nature, ni une âme qui eût préexisté à sa naissance, ni un corps venu d'ailleurs que du sein maternel. Aussi l'erreur condamnée justement dans Origène, qui a soutenu que les âmes, avant d'être unies à des corps, non seulement avaient existé, mais qu'elles avaient agi diversement, doit l'être également dans Eutychès.

5078 Remi (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Les Évangélistes anéantissent toutes ces hérésies au commencement de leur Évangile : saint Matthieu en soutenant que Jésus-Christ tire son origine des rois de Juda, prouve qu'il est véritablement homme, et qu'il a réellement revêtu notre chair ; de même saint Luc, qui décrit son origine sacerdotale. Saint Marc au contraire par ces mots : Commencement de l'Évangile de Jésus-Christ, et saint Jean par ces autres : Au commencement était le Verbe, proclament tous les deux qu'avant tous les siècles il a toujours été Dieu en Dieu le Père.

5077 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Comment encore peuvent-ils répondre aux difficultés évidentes que leur présente le saint Évangile, où le Seigneur produit entre eux des témoignages si frappants, par exemple : Mon âme est triste jusqu'à la mort, et encore : J'ai le pouvoir de donner ma vie, et beaucoup d'autres semblables. Diront-ils que ce langage de Notre-Seigneur est figuré, nous leur opposerons l'autorité des Évangélistes, qui, dans le récit des faits, établissent également que Jésus-Christ avait un corps, et qu'il avait une âme, et lui attribuent des sentiments qui supposent nécessairement l'existence de l'âme. C'est ainsi que nous lisons : Et Jésus fut dans l'admiration, il s'irrita, et d'autres semblables exemples.

5076 Raban (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Ces paroles : de Jésus-Christ, font connaître la dignité royale et sacerdotale dont il est revêtu, car Josué, dont le nom était la figure de celui de Jésus, fut après Moïse le chef du peuple de Dieu, et Aaron, consacré par une onction mystérieuse, fut le premier grand-prêtre de la loi.

5075 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Ou bien encore, ce livre est appelé livre de la génération, parce que le mystère d'un Dieu fait homme est l'abrégé de toute l'économie de notre salut et la source de tous les biens ; ce don une fois fait aux hommes, tous les autres devaient nécessairement en découler.

5074 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Ne regardez pas l'exposé de cette génération comme de peu d'importance, car c'est une chose souverainement ineffable qu'un Dieu ait daigné prendre naissance dans le sein d'une femme et qu'il compte David et Abraham parmi ses aïeux.

5073 Remi (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Si l'on entend les paroles du prophète de la génération humaine, à la question qu'il fait, il ne faut pas répondre : Aucun, mais un très petit nombre, puisque saint Matthieu et saint Luc l'ont racontée.

5072 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Or, si le corps du Christ ne fut qu'une apparence, lui-même nous a trompés, et s'il nous a trompés, il n'est plus la vérité. Or le Christ est la vérité, donc son corps ne fut pas un corps fantastique.

5071 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Ce que Dieu conférait par l'onction à ceux qui étaient consacrés prêtres et rois, l'Esprit saint l'a communiqué au Christ fait homme, en y ajoutant un caractère de sanctification : car l'Esprit saint a purifié ce qui dans la Vierge Marie servit à former le corps du Sauveur, et c'est en vertu de cette onction de son corps qu'il a reçu le nom de Christ.

5070 Raban (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Quoique la généalogie du Sauveur occupe une très petite place dans le livre des Évangiles, saint Matthieu l'intitule : Livre de la génération, car c'est un usage chez les hébreux de prendre le titre de leurs livres dans les premiers faits qu'ils racontent, comme on le voit dans le livre de la Genèse.

5069 Glose (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Le sens serait plus clair si on lisait Voici le livre de la génération ; mais on trouve de nombreux exemples de cette manière de s'exprimer, tels que celui-ci : Vision d'Isaïe, sous-entendez : Voici. On lit au singulier : Livre de la génération, bien qu'il énumère successivement plusieurs séries de générations, parce que ces générations ne sont ici rappelées qu'en vue de la génération de Jésus-Christ.

5068 Saint Jérôme (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Saint Matthieu nous est représenté sous la figure d'un homme (cf. Ez 1, 10), il commence donc son évangile en parlant de l'humanité du Sauveur : Livre de la génération, etc.

5067 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Saint Matthieu écrivait pour les Juifs, qui connaissaient la nature divine ; il était donc inutile de leur en parler ; ce qu'il importait de leur apprendre, c'était le mystère de l'incarnation. Saint Jean au contraire a écrit son évangile pour les Gentils, qui ignoraient que Dieu eut un Fils, il lui fallait donc tout d'abord leur enseigner que Dieu a un Fils, Dieu lui-même, et que ce Fils s'est incarné.

5066 Raban (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Cet exorde prouve suffisamment que l'Évangéliste a voulu nous raconter la génération de Jésus-Christ selon la chair.

3145 Bible des peuples sur verset 2018-12-08: Jésus-Christ. Dans l’Évangile de Matthieu cette expression n’apparaît qu’ici et en 16.21 : sans doute Matthieu a-t-il voulu marquer ainsi les deux grandes parties de son évangile : la confession de Pierre achèvera cette première partie, et la résurrection, la seconde. Cette généalogie de Jésus l’insère dans l’Histoire Sainte avec ses trois grandes périodes : avant les rois, le temps des rois et les temps qui suivent le retour d’Exil. Les séries de quatorze noms ont peut-être quelque rapport avec David, vu que le chiffre de son nom, évalué à partir de la valeur des lettres selon l’usage hébraïque, est 14. Luc, pour sa part, donnera une liste de 77 noms qui, remontant jusqu’à Adam, met en relief l’universalité de la mission de Jésus : il est venu sauver, non seulement Israël, mais toute l’humanité ( Luc 3.23).

3144 Bible des peuples sur verset 2018-12-08: Bien des livres de la Bible prennent soin de montrer que les événements ou les personnages dont ils parlent s’enracinent dans l’histoire passée, car toute la Bible tire sa force d’une continuité de l’histoire et d’une fidélité de Dieu à ses promesses. C’est le sens de cette “généalogie”, ou liste d’ancêtres. Matthieu préfère dire, comme les livres de la Bible : livre des origines. Cette liste contient 42 noms arrangés en trois séries de 14 noms, un chiffre symbolique pour les Juifs. Ce n’est pas, bien entendu, une liste complète. Jésus est fils d’Abraham, le père des croyants ; Dieu lui avait promis que toutes les nations se rassembleraient autour de sa race. Jésus est aussi le fils de David, et tous savaient que le Sauveur serait un descendant de David. Nous trouvons les noms de la première série dans Ruth 4.18-22. Ceux de la suivante, qui sont les rois fils de David, ont leur histoire dans le Livre des Rois. La Bible ne dit rien des descendants de Zorobabel ( Esdras 3 et 4). La liste arrive jusqu’à Joseph, le père adoptif de Jésus. Parmi les Juifs, cette adoption suffisait pour que Jésus soit tenu pour fils de David, comme Joseph. Quatre des noms inclus dans cette liste appartiennent à des femmes mentionnées dans la Bible : Thamar, qui a tout fait pour garder la bénédiction de Dieu ( Genèse 38) ; Rahab, une prostituée étrangère ( Josué 2), Ruth, une autre étrangère à la conduite exemplaire, et la veuve d’Urie, la belle Bethsabée, qui avait partagé le péché de David. Tout cet arrière-plan annonce discrètement celui qui vient pour sauver les pécheurs et ouvrir le royaume d’Israël aux multitudes du monde païen. Le Sauveur est la fleur et le fruit de notre terre tout autant que de la race élue ( Isaïe 45.8). Dieu avait amené le peuple juif à ce point de maturité humaine et religieuse où la venue et la prédication de Jésus prendraient tout son sens. Jésus arrive au terme d’une très longue histoire marquée par la souffrance et le péché, mais aussi par l’espérance et la grâce. Nous aussi, nous sommes solidaires du Christ par le sang avant de l’être par la foi. Notre histoire moderne, et celle de nos familles, préparent le second avènement du Christ.

3143 Bible des peuples sur verset 2018-12-08: Qui était Matthieu, appelé aussi Lévi ? Nous lisons dans l’évangile qu’il était collecteur d’impôts et que Jésus en a fait un de ses apôtres ( Matthieu 9.9 et Marc 2.14). Et cependant, il est certain que l’Évangile qui se présente sous son nom a été rédigé en sa forme actuelle vers les années 80, c’est-à-dire après sa mort. Peut-être l’auteur était-il un de ses disciples, peut-être a-t-il repris un premier essai dû à Matthieu. Cet évangile a été écrit selon toute probabilité dans une communauté chrétienne où se mêlaient chrétiens d’origine juive et grecque, peut-être à Antioche (voir Actes 11.19 et 13). Il est profondément marqué par une situation conflictuelle qui oppose juifs et chrétiens. C’est le moment où la communauté juive, terriblement éprouvée par la guerre avec les Romains, où leur nation a été détruite, se réorganise sous la direction des Pharisiens. Ceux-ci viennent de décider l’exclusion de tous les Juifs qui croient en Jésus et qui appartiennent à la communauté chrétienne. Cet évangile entend montrer que les chrétiens n’ont pas à s’inquiéter si maintenant leur peuple les rejette. La communauté officielle qui n’a pas cru est restée en dehors du Royaume où sont entrés ceux qui ont reconnu le Messie. Cette minorité a reçu les “biens de l’Alliance” que promettaient les prophètes, et désormais elle doit les partager avec les croyants de toute origine qui viendront intégrer l’Église, c’est-à-dire le peuple “appelé et réuni par Dieu”. Dans cette perspective, toute l’histoire de Jésus est présentée comme un conflit qui se termine par une séparation. Le tournant correspondra à la fin du chapitre 13 : Jésus, désormais, ne prêche plus aux foules, mais à des disciples. Matthieu a été frappé par le fait que Jésus, dans ses deux ou trois années de ministère, s’est présenté le plus souvent comme un prédicateur, un Maître de l’Écriture. Il insistera donc sur les paroles de Jésus, plus nombreuses en son évangile que dans les autres, et en revanche, il racontera ses gestes et miracles de la façon la plus schématique. Il n’y a donc pas à s’étonner si Matthieu a construit son évangile autour de cinq “discours”, dans lesquels il a assemblé des paroles de Jésus prononcées en diverses occasions. Ces discours sont : Le Sermon sur la montagne : Matthieu 5—7. Les Instructions aux missionnaires : Matthieu 10. Les Paraboles du Royaume : Matthieu 13. Les avis donnés à la communauté chrétienne : Matthieu 18. Comment vivre en attendant la fin des temps : Matthieu 23—25. En guise d’introduction Matthieu a placé les 2 chapitres sur l’enfance de Jésus. Ce sont là des récits d’un caractère spécial, où il se soucie très peu de l’historicité des faits, car l’intention est de mettre en images un enseignement théologique.

4894 Chouraqui sur titre livre 2019-03-31: L’habitude s’est imposée d’intituler la première partie du Nouveau Testament : les Quatre Évangiles. En fait, jusqu’au quatrième siècle, les chrétiens parlaient uniquement de l’« Évangile » ou, en hébreu, Bessora (et en araméen Bessorta), l’unique Annonce de Iéshoua‘ bèn Iosseph, distinguant ses quatre parties par référence à leurs auteurs, selon Matyah (Matthieu), selon Marcos (Marc), selon Loucas (Luc) et selon Iohanân (Jean). Ces quatre livres reflétaient en effet la tradition orale, puis écrite, des faits, des paroles et des gestes de la vie, de la mort et du réveil de Iéshoua‘ bèn Iosseph.
La similitude de structure des Évangiles synoptiques (Matthieu, Marc, Luc), aussi bien que leurs divergences occasionnelles, même à l’intérieur des textes parallèles, a inspiré l’hypothèse de l’utilisation réciproque, avancée pour la première fois par saint Augustin. Celui-ci supposait que Matthieu aurait, le premier, écrit son évangile; Marc l’aurait résumé, tandis que Luc se serait servi de l’un et de l’autre. Au début du IIe siècle, Papias, évêque de Hiérapolis en Phrygie, avait écrit, selon Eusèbe (Histoire ecclésiastique, III, 39, 6), que « Matthieu recueillit les paroles en langue hébraïque; chacun les interpréta comme il pouvait ». Ce témoignage ne manque pas d’ambiguïté. On s’est fondé sur lui, cependant, pour parler d’un évangile primitif écrit en araméen ou en hébreu, qui serait à la source de nos évangiles actuels. Dans l’ensemble, cependant, l’opinion encore la plus répandue est celle qui admet la théorie des deux sources, l’une consistant dans l’Évangile de Marc, l’autre dans un document disparu, fait surtout de logia ou « paroles » de Iéshoua‘, que l’on désigne par le sigle Q, de l’allemand Quelle, source.
S’appuyant sur une rétroversion en hébreu des Évangiles, Robert L. Lindsey, suivi par David Flusser, revient à la thèse traditionnelle selon laquelle Matthieu est le premier des évangélistes.
L’opinion traditionnelle, elle encore, attribue le premier évangile à l’apôtre Matthieu (Mt 10,3; Mc 3,18; Lc 6,15; Ac 1,13), un publicain ou collecteur d’impôts (Mt 9, 9), que Marc (Mc 2,13) et Luc (Lc 5,27) appellent Lévi, et dont le nom hébreu était Matyah, diminutif de Matatyah ou de Matanyah, en araméen Mati ou Mataï. Il va sans dire que les critiques qui attribuent à ce livre une composition tardive ne voient dans ce nom qu’un procédé pseudépigraphique, l’auteur réel ayant voulu mettre son oeuvre sous le patronage d’un apôtre. Certains font de cette oeuvre le résultat du travail d’une équipe, appelée par eux « école de Matthieu ».
La même incertitude règne parmi les exégètes quant à la date de l’oeuvre, qu’ils fixent selon leurs tendances entre 60 et 115, date à laquelle Ignace d’Antioche cite le livre. Mais il semble qu’il faille retenir ici pour l’essentiel la thèse de John A. T. Robinson (Redating the New Testament, Londres, 1976) dont l’argumentation se fonde sur l’importance de 70, année de la destruction du Temple de Jérusalem. L’évangile de Matthieu n’aurait pu être écrit après cette date sans parler explicitement de cet événement.
On ignore le lieu de composition de ce livre. On suppose qu’il est né en milieu judéo-chrétien, imprégné d’influences et de coutumes bibliques, mais où le grec était ordinairement parlé. Des exégètes ont suggéré la ville d’Antioche en Syrie, d’autres ont parlé de la Phénicie.
Iohanân le dit parfaitement: Tout cela a été écrit pour que vous adhériez à Iéshoua‘, le messie, bèn Elohîms, et pour qu’en adhérant vous ayez la vie en son nom (Jn 20,31). Nous ne sommes donc pas en présence d’un livre d’histoire froidement objective, mais d’une Annonce, d’un kèrygma, qui engage les adeptes de Iéshoua‘ dans un combat à la vie, à la mort, dont dépend le salut d’Israël comme celui du monde.
Matthieu, en 1071 versets, résume la vie de Iéshoua‘, de sa naissance à sa mort, en insistant sur ce qui, dans cette vie, lui paraît être l’essentiel: son activité publique et sa mort. Les quatre derniers jours de l’existence de Iéshoua‘ sont racontés en 413 versets, les trente-trois ans qui précèdent l’étant en 658 versets.
En voici la structure:
I. Généalogie et naissance de Iéshoua‘: ch. 1 et 2. (Mt 1,1-2,23
II. Iohanân et l’immersion de Iéshoua‘. Retraite au désert: Mt 3,1-4,11.
III. Action publique de Iéshoua‘ en Galilée et dans les régions avoisinantes: Mt 4,12-20, 34. Cette section renferme quatre discours:
1. Sermon sur la montagne: Mt 5,1-7,29.
2. Instructions aux adeptes: Mt 11,5-42.
3. Sept paraboles: Mt 13,1-52.
4. Règles de vie pour les adeptes: Mt 18.
IV. Iéshoua‘ à Jérusalem: Mt 21,1-25,46.
1. L’entrée messianique à Jérusalem: Mt 21,1-22.
2. La prédication messianique: Mt 21,23-22,46.
3. Contre les scribes et les pharisiens: Mt 23.
4. Cinquième discours: la fin arrive: Mt 24,1-25,46.
V. Passion, crucifixion et relèvement de Iéshoua‘: Mt 26,1-28,20.
Systématique dans la composition générale de son oeuvre, Matthieu l’est aussi dans sa manière de regrouper les thèmes: Iéshoua‘, évoqué dans les chapitres 5 à 7 (Mt 5,1-7,29) en tant que grand maître de justice, est présenté, en un second volet décrivant dix miracles, comme un incomparable thaumaturge (Mt 8,1-9,34). La tension qui oppose Iéshoua‘ aux autres familles spirituelles d’Israël est analysée en deux sections séparées (Mt 11,2-12,50; Mt 21,23-23,39).
Caractéristique est aussi le constant recours de Matthieu à la Bible hébraïque qui est pour lui le terme de référence suprême, d’où Iéshoua‘ tire toute son authenticité et toute sa légitimité. Tout est advenu pour accomplir ce qu’a dit IHVH-Adonaï par son inspiré (Mt 1,22); cette formule revient, à quelques variantes près, en onze occurrences. Matthieu cite la Bible plus de soixante fois, sans compter les innombrables allusions qu’il y fait sans la mentionner explicitement; pour son auditoire averti, une simple phrase, un simple mot renvoient à la matrice biblique dont tout le Nouveau Testament porte l’ineffaçable empreinte.
Même s’il la cite en grec, dans la version des LXX, ou librement en traduisant lui-même un texte qu’il connaît à peu près par coeur comme tous les lettrés d’Israël, l’auteur est très certainement imprégné d’hébraïsme. On le sent presque à chaque mot: même s’il écrit en grec, même s’il connaît bien l’araméen, il pense tout d’abord dans la langue de la Bible, en hébreu. Les parallélismes qui caractérisent le style de la Bible hébraïque sont cultivés par Matthieu au point de devenir un procédé. La comparaison entre Mt 7,24-27 et Lc 6,47-49 est significative à cet égard. Parallélismes, chiasmes, inclusions, recours aux mots ou sentences agrafes révèlent avec évidence un auteur hébreu, vivant en milieu judéen de l’enseignement de la Bible et des traditions des rabbis. Béda Rigaux l’a écrit très justement: « L’humus du premier évangile est sémitique, vétéro-testamentaire et palestinien. »
Ces caractères se décèlent aussi dans l’emploi que Matthieu fait des nombres 2, 3, 5, 7. Il définit trois tentations ou épreuves (Mt 4,1-11); trois plantes: menthe, cumin, fenouil; trois vertus: justice, matricialité, adhérence; trois exemples de justice: justification, prière, jeûne (Mt 6,1-18); trois prières à Gat-Shemani (Mt 26,39-44); trois reniements de Petros (Mt 26, 69-75); trois sentences sur l’arbre et ses fruits; il relate l’immersion de Iéshoua‘ en trois strophes de trois stiques et de neuf verbes parmi une trentaine de séries dominées par le nombre trois.
Le sept, chiffre parfait pour les Hébreux, revient très fréquemment sous sa plume: caractéristique est la triple série de quatorze (7 x 2) générations des ancêtres de Iéshoua‘, correspondant aux multiples septénaires de l’Apocalypse.
La matière propre de Matthieu ne comprend pas seulement la aggada midrashique de la communauté messianique naissante, mais bon nombre de textes messianiques interprétés dans des perspectives chrétiennes, selon une exégèse qui reflète souvent la méthodologie propre aux rabbis de Judée. Matthieu met l’accent sur l’annonce apocalyptique et eschatologique des triomphes ultimes d’un messie de gloire (voir notamment Mt 25,31-46). Son annonce, de tous ses feux, éclaire la personne de Iéshoua‘ bèn Iosseph, en qui il reconnaît le mashiah sidqenou, le « messie de notre justification ». Suivant des procédés fréquents dans l’exégèse rabbinique, Matyah adapte, librement parfois, le texte prophétique qu’il cite dans le sens de la vérité qu’il veut enseigner.
Matthieu, davantage que Marcos, décrit en Iéshoua‘ la majesté du messie de gloire. Il le fait par touches imperceptibles, éliminant de son récit tout ce qui peut rappeler cette humanité sur laquelle Marcos, au contraire, insiste souvent. Il situe son messie sur un plan résolument surnaturel; il souligne la grandeur de ses miracles qui le placent bien au-dessus de ses disciples et des foules: Ceux-ci « s’approchent » de l’Adôn et ce verbe revient 52 fois dans Matthieu alors qu’on le trouve seulement 10 fois dans Luc, 5 fois dans Marc et 10 fois dans les Actes. Les adeptes « se prosternent » devant lui, et ce verbe revient à treize reprises chez Matthieu, selon le nombre des attributs par lesquels IHVH-Adonaï se révèle à Moshè (Moïse) en Ex 34,6-7. Iéshoua‘ est décrit comme le maître de justice, le rabbi miraculeux, le serviteur souffrant, le vainqueur enfin de la mort et du diable. Sa résurrection le situe à la droite de IHVH-Adonaï Elohîms et confirme sa vocation de sauveur d’Israël et de l’humanité.
Le nom de Iéshoua‘ bèn Iosseph revient cent cinquante fois sous la plume de Matthieu et quatre-vingt-une fois sous celle de Marc et celle de Luc. Il signifie en hébreu Yah sauve; il est celui qui sauvera son peuple de ses fautes (Mt 1,21). Mais Iéshoua‘ est aussi pour l’évangéliste le Rabbi et l’Adôn, ce nom revenant quatre-vingts fois dans Matthieu. Le fils de l’homme, le sauveur annoncé de l’humanité et d’Israël, la chrétienté naissante, à la suite des évangélistes, voit en lui le fils d’Elohîms. Cette expression en hébreu (Bèn Elohîms) n’a pas et ne peut pas avoir le même sens qu’en grec (huios tou theou). En hébreu, le mot Bèn exprime une dépendance qui souvent n’est pas celle d’une filiation biologique. Par surcroît, dans l’univers biblique, Elohîms est le père non seulement de tout homme mais de toute créature, de tout objet.
Pour le Grec, au contraire, les dieux ne sont pas créateurs mais procréateurs, et huios désigne uniquement un lien de filiation biologique, celui du fils à son géniteur. Ainsi, derrière les questions de sémantique, il est nécessaire de percevoir les différences de la pensée et de son expression chez les Hébreux et chez les Grecs. Mais toute lecture du Nouveau Testament, y compris du Corpus paulinien, souligne bien l’unité de l’univers spirituel et culturel des Hébreux, efface des frontières que les rivalités religieuses, aggravées par les grandes tragédies de l’histoire, avaient édifiées entre le monde juif et le monde chrétien.
Restitué à son contexte historique et à son substrat sémitique, le Nouveau Testament, sans rien perdre de sa substance théologique, prend tout le relief d’une irrésistible authenticité. Comme la Genèse pour ce qui est de la Bible hébraïque, le livre de Matthieu pour le Nouveau Testament en constitue la magistrale introduction.

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1,2 Abraham est le père d’Isaac ; Isaac, le père de Jacob ; Jacob, le père de Juda et ses frères ; ( ) 1,3 Juda, le père de Farès et Zara, dont la mère est Tamar. Farès est le père d’Esrom ; Esrom, le père d’Aram ; ( Gn 38,11 , ) 1,4 Aram, le père d’Aminadab ; Aminadab, le père de Nahasson ; Nahasson, le père de Salmon ; ( ) 1,5 Salmon, le père de Booz, et Rahab est sa mère ; Booz est le père d’Obed, et Ruth est sa mère ; Obed est le père de Jessé ; ( ) 1,6 Jessé, le père du roi David. David est le père de Salomon, dont la mère avait été la femme d’Urie. ( )



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