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La Trinité 01 consubstantialité des personnes divines/Saint Augustin
Au reste cette vérité est si assurée, que souvent nous disons que le Fils seul suffit au bonheur de la vision intuitive, et qu'en lui seul nous trouverons la récompense de notre amour et le rassasiement de nos désirs. Ne nous dit-il pas en effet lui-même: « Celui qui a mes commandements, et qui les garde, c'est celui-là qui m'aime? Or celui qui m'aime sera aimé de mon Père; je l'aimerai aussi et je me manifesterai à lui ( Jn 14, 21) ». Eh quoi! parce que Jésus-Christ ne dit pas ici : je vous montrerai le Père, est-ce qu'il s'en sépare? nullement. Mais parce que cette parole est vraie : « Mon Père et moi nous sommes un», le Père ne peut se manifester sans manifester également le Fils qui est en lui. Et de même, quand le Fils se manifeste, il manifeste nécessairement le Père qui est en lui. Aussi quand on dit que le Fils remettra le royaume à Dieu son Père, nous ne devons pas entendre qu'alors il cessera lui-même de régner, car il est évident qu'en conduisant les élus à la vision intuitive du Père, il les conduira à la vision de lui-même, puisqu'il nous assure qu'il se manifestera à eux. C'est pourquoi lorsque l'Apôtre Jude lui eût dit: «Seigneur, d'où vient que vous vous découvrirez à nous, et non pas au monde ? » Jésus-Christ lui répondit avec juste raison : « Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons en lui notre demeure ( Jn 14, 22, 23 ) ». Ainsi e Fils ne se manifeste pas seul à celui qui l'aime, mais il vient à lui avec le Père, et tous deux font en lui leur demeure.
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Mais peut-être penserez-vous que l'Esprit-Saint est exclu de l'âme de ce juste, où habitent le Père et le Fils? Eh quoi! Jésus-Christ n'a-t-il pas dit précédemment du Saint-Esprit: « Le monde ne peut le recevoir, parce qu'il ne le voit point; vous, au contraire, ( 357) vous le connaissez, parce qu'il demeure en vous, et qu'il est en vous (Jn 14, 17) ». Comment donc soutenir que cet Esprit, dont il est dit qu'il demeure en nous, et qu'il est en nous, n'habite pas dans l'âme du juste? Enfin ce serait une trop grossière absurdité que d'affirmer que la présence du Père et du Fils en l'âme de celui qui les aime, met en fuite l'Esprit-Saint, en sorte qu'il se retire à leur approche, comme un inférieur devant ses supérieurs. Toutefois il suffit, pour renverser cette monstrueuse erreur, de rappeler ces paroles du Sauveur: « Je prierai mon Père, et il vous donnera un autre Consolateur, pour qu'il demeure éternellement avec vous ( Jn 14, 16) ». Ainsi l'Esprit-Saint ne se retire point à l'approche du Père et du Fils, et il doit, conjointement avec eux, demeurer éternellement dans l'âme des justes, car il n'y vient point sans eux, ni eux sans lui. Mais c'est en raison de la distinction des personnes en la Trinité, que certaines choses sont dites séparément de chaque personne; et néanmoins ces mêmes choses se rapportent également aux trois personnes divines, à cause de l'unité de nature qui fait qu'en la Trinité des personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont qu'un seul Dieu.
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CHAPITRE. X.
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DANS QUEL SENS EST-IL DIT QUE LE FILS LIVRERA LA SOUVERAINETÉ AU PÈRE.
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Lors donc que Notre-Seigneur Jésus-Christ remettra son royaume à Dieu le Père, il le remettra également au Fils et au Saint-Esprit : et c'est alors qu'il introduira les élus dans cette contemplation de Dieu, qui est le terme de toutes leurs bonnes oeuvres, et qui sera pour eux un repos éternel et une joie immortelle. Telle est la promesse que renferment ces paroles du Sauveur: « Je vous verrai de « nouveau, et votre coeur se réjouira, et nul ne vous ravira votre joie ( Jn 16, 22 ) ». Marie, assise aux pieds de Jésus et écoutant sa parole, nous représente bien ce bonheur du ciel. Car, libre de toute action extérieure, et plongée dans la jouissance de la vérité suprême, autant du moins qu'elle nous est donnée pendant cette vie, elle figurait excellemment l'état immuable des élus. Marthe, au contraire, s'employait à des occupations bonnes et utiles, mais passagères, et auxquelles devait succéder un doux loisir, tandis que Marie se reposait en la parole du divin Sauveur. Aussi quand Marthe se plaignit de ce que sa soeur ne lui aidait pas, Jésus-Christ lui répondit-il : « Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera pas ôtée (50uc; 10, 42 ) ». Il ne dit point que la part de Marthe fût mauvaise, mais il dit que celle de Marie était meilleure, et il ajouta qu'elle ne lui serait pas ôtée. La première, qui a pour objet le soulagement de notre indigence, cessera avec cette indigence, et un éternel repos sera la récompense de son généreux dévouement. Mais la seconde subsistera toujours, parce que dans la Vision béatifique, Dieu sera toutes choses en tous ses élus, en sorte qu'ils n'éprouveront aucun autre désir, et qu'en sa lumière ils jouiront d'un parfait bonheur.
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C'est le bonheur que demandait le psalmiste, par ces gémissements ineffables que l'Esprit-Saint formait en lui, quand il s'écriait: «J'ai demandé une seule grâce au Seigneur, et je la lui demanderai encore, celle d'habiter dans la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, pour y contempler la beauté du Seigneur ( Luc; X, 42 ) ». Nous verrons donc Dieu le Père, Dieu le Fils, et Dieu l'Esprit-Saint, lorsque Jésus-Christ qui est établi médiateur entre Dieu et les hommes, aura remis son royaume à Dieu le Père. Alors le Verbe éternel qui est tout ensemble Fils de Dieu et Fils de l'homme, n'intercédera plus pour nous, comme notre médiateur et notre pontife. Mais lui-même en tant que pontife, et ayant pris la forme d'esclave, sera assujetti à Celui qui lui a soumis toutes choses, et auquel il a assujetti toutes choses; bien plus, en tant que Dieu il verra que lui sont assujettis, ainsi qu'à son Père, tous ceux avec qui il est lui-même assujetti en qualité de pontife. C'est ainsi que le Fils étant Dieu et homme tout ensemble, la nature humaine diffère en lui de la nature divine qu'il tient du Père. Et de même, quoique mon corps et mon âme soient d'une nature différente, ils ont ensemble des rapports intimes que l'âme d'un autre homme ne saurait avoir avec la mienne.
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Concluons donc que Jésus-Christ remettant son royaume à Dieu le Père, fera entrer dans la vision béatifique ceux qui sur la terre croient en lui, et dont il est le pontife et le médiateur. Ici-bas nous appelons cette vision de nos soupirs et de nos gémissements; mais quand le travail et la douleur auront cessé, (358) Jésus-Christ n'intercédera plus pour nous, parce qu'il aura remis son royaume à Dieu le Père. C'est ce qu'il prêchait à ses Apôtres, lorsqu'il leur disait: « Je vous ai dit ces choses en figures; l'heure vient que je ne vous parlerai plus en figures, mais je vous parlerai ouvertement de mon Père ». Et en effet il n'y aura
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plus ni voiles, ni figures dès lors que nous verrons Dieu face à face. Tel est le sens de cette
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parole : « Je vous parlerai ouvertement de mon Père » ; c'est-à-dire, je vous découvrirai
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manifestement mon Père. Toutefois il dit: « Je vous parlerai de mon Père » parce qu'il
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est son Verbe; et puis il ajoute: « En ce jour vous demanderez en mon nom, et je ne vous dis point que je prierai mon Père pour vous; car mon Père lui-même vous aime, parce que vous m'avez aimé, et que vous avez cru que je suis sorti de Dieu. Je suis sorti de mon Père et je suis venu dans le monde; je quitte de nouveau le monde, et je vais à mon Père ( Jn 16, 25, 28 ) ». Mais que signifie cette parole: « Je suis sorti de mon Père ? » C'est comme si Jésus-Christ disait : Restant toujours en tant que Dieu égal à son Père, j'ai paru inférieur à lui, en me faisant homme. Et encore: « Je suis venu dans le monde »; c'est-à-dire, j'ai montré aux regards des pécheurs qui aiment le monde, l'humanité que j'avais prise, en m'abaissant jusqu'à revêtir la forme d'esclave. Mais voilà que « je quitte de nouveau le monde », c'est-à-dire, que je soustrais mon humanité sainte aux yeux des amateurs du monde. Et « je vais à mon Père »; c'est-à-dire que j'instruis mes disciples à me considérer comme égal à mon Père.
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C'est cette ferme et sincère croyance qui nous permettra de passer des ombres de la foi à la vue claire et nette des mystères divins, et qui nous introduira dans la vision intuitive, lorsque le Fils remettra le royaume à son Père. Et en effet les élus que Jésus-Christ a rachetés de son sang, et pour lesquels il intercède maintenant, forment son royaume; mais alors il ne priera plus son Père en leur faveur parce qu'il les aura réunis à lui dans le ciel, où il est égal à son Père. « Car mon Père, dit-il, vous aime ». Jésus-Christ prie son Père, en tant qu'il lui est inférieur, comme homme, et il exauce lui-même sa prière conjointement avec le Père, en tant qu'il lui est égal comme Dieu. Il ne se sépare donc point du Père quand il dit : « Mon Père vous aime » : mais ici il rappelle ce que déjà j'ai observé, et fait remarquer que quand on affirme une chose d'une seule des personnes de la sainte Trinité, les deux autres y sont comprises. Ainsi cette parole, « le Père vous aime » doit également s'entendre du Fils et du Saint-Esprit. Mais est-ce que présentement le Père ne nous aime pas? Eh quoi ! Il ne nous aimerait pas celui qui « n'a pas épargné son propre Fils, et qui l'a livré à la mort pour nous tous ( Rm 8, 32 ) ?» Toutefois Dieu nous aime moins tels que nous sommes que tels que nous serons un jour, car ceux qu'il aime présentement, il les conserve afin qu'ils jouissent d'un bonheur éternel. C'est ce qui arrivera, lorsque le Fils aura remis la royaume à son Père; et alors celui qui maintenant intercède pour nous, cessera de prier son Père, parce que le Père lui-même nous aime. Mais comment méritons-nous cet amour, si ce n'est par la foi qui nous fait croire à une promesse dont nous ne voyons pas encore l'accomplissement? Oui, la foi qui nous conduira à la vision béatifique, fait que dès à présent le Seigneur nous aime tels qu'il aime que nous soyons un jour. Car il ne saurait aimer les pécheurs tant qu'ils restent pécheurs, et c'est pourquoi il les presse de ne pas demeurer éternellement dans ce triste état.
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CHAPITRE XI.
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DEUX NATURES DANS LA PERSONNE DU FILS.
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Une règle essentielle à la bonne interprétation des saintes Ecritures, est donc de distinguer, par rapport au Fils de Dieu, ce qu'elles affirment de lui comme Dieu et comme égal à son Père, de ce qu'elles énoncent de lui comme ayant pris la forme d'esclave en laquelle il est inférieur à son Père. Mais aussi cette règle une fois bien comprise, nous ne nous inquiéterons point de contradictions qui ne sont qu'apparentes. Et en effet, selon la nature divine, le Fils et le Saint-Esprit sont égaux au Père, parce que nulle des trois personnes de la sainte Trinité n'est créature, ainsi que je l'ai prouvé; mais le Fils, en tant qu'il a pris la forme d'esclave, est inférieur au Père, selon ce qu'il a dit lui-même : « Le Père est plus grand que moi ». En second lieu, il est inférieur à lui-même, parce que saint Paul a dit «qu'il s'était anéanti ( Ph 2, 7 ) ». Enfin il est encore (359) comme homme inférieur à l'Esprit-Saint, car il s'est ainsi exprimé : « Quiconque parle contre le Fils de l'homme, le péché lui sera remis; mais si quelqu'un parle contre le Saint- Esprit, le péché ne lui sera pas remis ( Mt 12, 32 )». C'est aussi comme homme que Jésus-Christ rapporte ses miracles à l'opération de cet Esprit divin. « Si je chasse, dit-il, les démons par l'Esprit de Dieu, le royaume de Dieu est donc arrivé jusqu'à vous (50c 11, 20 ) ». On sait encore qu'ayant lu dans la .synagogue de Nazareth te passage suivant d'Isaïe, il s'en fit à lui même l'application : « L'Esprit du Seigneur est sur moi; il m'a consacré par son onction pour évangéliser les pauvres, et annoncer aux captifs leur délivrance ( 1saïe, 61, 1 ; 50c 4, 18 ) ». Ainsi Jésus-Christ ne se reconnaît envoyé pour ces oeuvres, que parce que l'Esprit du Seigneur est sur lui.
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Comme Dieu, il a fait toutes choses, et comme homme, il a été formé d'une femme et assujetti à la loi ( Jean 1, 3 ; Ga 4, 4 ) . Comme Dieu, il est un avec le Père, et comme homme, il n'est pas venu faire sa volonté, mais la volonté de Celui qui l'a envoyé. Comme Dieu, « il lui a été donné d'avoir la vie en soi, ainsi que le Père a la vie en soi ( Jn 10, 30, 6, 38, 5, 26 ) » ; et comme homme, il s'écrie au jardin des Oliviers : « Mon âme est triste jusqu'à la mort » ; et encore: « Mon Père, s'il est « possible, que ce calice s'éloigne de moi ( Mt 26, 38, 39 )». Comme Dieu, « il est lui-même le vrai Dieu et la vie éternelle », et comme homme, « il s'est fait obéissant jusqu'à la mort, et la mort de la croix ( 1Jn 5, 20 ; Ph 2, 8 ) ».
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Enfin, comme Dieu, il possède tout ce qui est au Père, selon ce qu'il a dit lui-même: « Mon Père, tout ce qui est à moi, est à vous; et tout ce qui est à vous, est à moi»; comme homme, il avoue que sa doctrine n'est pas de lui, mais de Celui qui l'a envoyé ( Jn 16, 15, 17, 10 , 7, 16 ).
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CHAPITRE XII.
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AUTRES PASSAGES RELATIFS AUX DEUX NATURES.
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Quant au jour et à l'heure du jugement dernier dont Jésus-Christ a dit que « nul ne les sait, non pas même les anges des cieux, ni le Fils, mais seulement le Père ( Mc 16, 32 )», il faut observer qu'il ne les savait pas, par rapport à ses disciples, puisqu'il ne devait point les leur faire connaître. C'est ainsi que l'Ange dit à Abraham: « Je sais maintenant que tu crains Dieu », c'est-à-dire que cette épreuve m'a prouvé que tu craignais Dieu ( Gn 22, 12 ).Au reste, Jésus-Christ se proposait de révéler en temps opportun ce secret à ses apôtres, ainsi qu'il le leur insinue par ces paroles, où le passé est mis pour le futur : « Je ne vous appellerai plus serviteurs, mais je vous donnerai le nom d'amis. Car le serviteur ne sait pas ce que veut faire son maître. Or je vous ai appelés mes amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j'ai appris de mon Père ( Jn 15, 15 ) ». Il ne l'avait pas encore fait, mais parce qu'il devait certainement le faire, il en parle comme d'une chose accomplie : « J'ai encore, avait-il ajouté, beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter à présent ( Jn 16, 12 ) » Parmi ces choses étaient sans doute compris le jour et l'heure du jugement.
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L'Apôtre écrit également aux Corinthiens: « Je n'ai pas prétendu parmi vous savoir autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié n. C'est qu'en effet il écrivait à des fidèles qui étaient incapables de s'élever jusqu'aux sublimes mystères de la divinité du Christ. Aussi leur dit-il peu après : « Je n'ai pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des personnes encore charnelles ( I Cor; II, 2, III, 1 ) ». Il ne savait donc point pour les Corinthiens ce qu'il ne pouvait leur apprendre, et il témoignait ne savoir que ce qu'il était nécessaire qu'ils apprissent. Au reste il savait bien pour les parfaits ce qu'il ne savait pas pour les enfants, car il dit lui-même: « Nous prêchons la sagesse aux parfaits ( I Cor; II, 6 )». Ainsi on dit qu'un homme ne sait pas une chose, quand il doit la tenir cachée; tout comme l'on affirme ne pas connaître le piége que l'on ne doit pas découvrir. Et en effet, l'Ecriture s'accommode à notre langage ordinaire, parce qu'elle s'adresse à des hommes.
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C'est comme Dieu que Jésus-Christ a dit: « Le Seigneur m'a engendré avant les collines», c'est-à-dire avant toutes les créatures, même les plus excellentes; « et il m'a enfanté avant l'aurore », c'est-à-dire avant tous les temps et tous les siècles ( Pr 8, 25 ). Mais c'est comme homme qu'il a dit: « Le Seigneur m'a créé au commencement de ses voies ( Pr 8, 22 ). En tant que Dieu, Jésus-Christ a dit : « Je suis la vérité », (360) et en tant qu'homme, il a ajouté : « Je suis la voie ( Jn 14, 6 ) ». Et en effet parce qu'il est « le premier-né d'entre les morts ( Ap 1, 5) », il a tracé à son Eglise la route qui conduit au royaume de Dieu et à la vie éternelle. Ainsi on dit avec raison que le Christ qui est le Chef du corps des élus et qui les introduit en la bienheureuse immortalité, a été créé au commencement des voies et des oeuvres du Seigneur. Comme Dieu, Jésus-Christ « est le commencement, lui qui nous parle, et en qui au commencement Dieu a fait le ciel et la
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terre ( Jn 8, 25 ; Gn 1, 1 ) », Mais comme homme, « il est l'époux qui s'élance de sa couche ( Ps 18, 6 ) ». Comme Dieu, « il est né avant toutes les créatures; il est avant tout, et toutes choses subsistent par lui »; et comme homme, « il est le Chef du corps de l'Eglise ( 100oloss; 1, 15, 17, 18 ) ». Comme Dieu, « il est le Seigneur de la gloire », et nous ne pouvons
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douter qu'il ne glorifie ses élus ( 1100o 2, 8 ), selon cette parole de l'Apôtre: « Ceux qu'il a prédestinés, il les a appelés; ceux qu'il a appelés, il les a justifiés; ceux qu'il a justifiés, il les a glorifiés ( Rm 8, 30 ) ». C'est encore de lui, comme Dieu, que le même Apôtre dit « qu'il justifie l'impie, qu'il est le juste par excellence, et qu'il justifie le pécheur ( Rm 4, 5, 3, 26 ).» Et en effet celui qui glorifie ceux qu'il a justifiés, et qui les justifie et les glorifie par lui-même; n'est-il pas réellement, ainsi que je l'ai affirmé, le Seigneur de la gloire ?Et cependant, comme homme, il répondit à ses disciples qui l'interrogeaient sur la récompense qu'il leur réservait : « Il n'est pas en mon pouvoir de vous donner une place à ma droite ou à ma gauche, elle appartient à ceux à qui mon Père l'a préparée ( Mt 20, 23 ) ».
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Mais parce que le Père et le Fils ne sont qu'un, ils concourent également à préparer la même place. Et en effet j'ai déjà prouvé que par rapport à la Trinité ce que l'Ecriture énonce d'une seule personne doit être entendu de toutes trois en raison de l'unité de nature qui leur rend communes les oeuvres extérieures. C'est ainsi qu'en parlant de l'Esprit-Saint, Jésus-Christ dit : « Si je m'en vais, je vous l'enverrai (Jn 16, 7 ) ». II ne dit pas: Nous enverrons, mais j'enverrai, comme si cet Esprit divin ne devait recevoir sa mission que du Fils, à l'exclusion du Père. Mais dans un autre endroit, il dit : « Je vous ai dit ces choses lorsque j'étais encore avec vous. Mais le Consolateur, l'Esprit-Saint que mon Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses ( Jn 14, 25, 26) ». Ne semble-t-il pas ici que le Père seul doit envoyer l'Esprit-Saint, et que le Fils n'y aura aucune part? Et de même, au sujet
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de la place qui est réservée dans le ciel à ceux à qui le Père l'a préparée, Jésus-Christ veut
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faire entendre que conjointement avec le Père il a préparé et réservé cette place.
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Mais peut-être m'objectera-t-on qu'en parlant de l'Esprit-Saint, il a bien dit qu'il l'enverrait, mais n'a pas nié que le Père ne puisse aussi l'envoyer, et qu'en affirmant ensuite la même chose du Père, il ne l'a pas niée de lui-même, tandis qu'ici il reconnaît qu'il ne lui appartient pas de donner cette place. C'est pourquoi il dit avec raison qu'elle est réservée à ceux à qui le Père l'a préparée. Je réponds, comme je l'ai déjà fait ailleurs, que dans cette circonstance Jésus-Christ s'exprime en tant qu'homme. « Il ne m'appartient pas, dit-il, de donner cette place », c'est-à-dire que cela surpasse en moi la puissance de l'homme. Mais c'est une raison pour que nous comprenions qu'étant comme Dieu égal à son Père, il la donne conjointement avec lui. Le sens de ces paroles est donc celui-ci : Je ne puis comme homme donner cette place, et elle est réservée à ceux à qui le Père l'a préparée : toutefois, parce que « tout ce qui est au Père est à moi», vous devez comprendre que conjointement avec le Père j'ai préparé et réservé cette place ( Jn 16, 15 ).
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Et maintenant je demande à montrer comment Jésus-Christ a pu dire : « Si quelqu'un entend mes paroles et ne les garde pas, je ne le juge pas ». Est-ce comme homme qu'il parle ici, et de la même manière qu'il avait dit précédemment : il ne m'appartient pas de donner cette place ? Non, sans doute, car il poursuit en ces termes « Je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour sauver le monde» ; et encore: « Celui qui me méprise et qui ne reçoit pas ma parole, a un juge qui doit le juger». Peut-être comprendrions-nous qu'il veut parler de son Père, s'il n'ajoutait: « La parole que j'ai annoncée, le jugera au dernier jour ». Eh bien! le Fils
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ne jugera donc point, puisqu'il a déclaré qu'il ne jugerait pas ; et le Père ne jugera point, ( 361) puisque ce sera la parole que le Fils aura annoncée. Mais écoutez la suite de ce passage : « Je n'ai point parlé de moi-même: mais mon Père qui m'a envoyé, m'a prescrit lui-même ce que je dois dire, et comment je dois parler. Et je sais que son commandement est la vie éternelle. Or ce que je dis, je le dis selon que mon Père m'a ordonné ( Jn 12, 47, 50 ) ». Ainsi ce n'est pas le Fils qui juge, mais c'est la parole que le Fils a prononcée ; et cette parole n'est elle-même investie de ce pouvoir que parce que le Fils n'a point parlé de lui-même, -mais selon l'ordre et le commandement de Celui qui l'a envoyé. Le jugement est donc réservé au Père dont le Fils nous a transmis la parole. Or ce Verbe, ou cette parole du Père, n'est autre que le propre Fils de Dieu. Car il ne faut point ici distinguer deux commandements, l'un du Père, et l'autre du Fils, et c'est uniquement le Fils qui est désigné par le terme de commandement ou de parole.
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