Livre de la Genèse

1,1 AU COMMENCEMENT, Dieu créa le ciel et la terre.


19234 Bible des Peuples sur titre chapitre 2023-11-11: La Parole de Dieu ordonne le monde

19233 Bible des Peuples sur titre livre 2023-11-11: I - LES ORIGINES DE L'HUMANITÉ

18743 Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg sur verset 2023-10-31: LES PREMIÈRES CHOSES CRÉÉES
Au commencement, deux mille ans avant le ciel et la terre, sept choses furent créées: la Torah écrite au feu noir sur le feu blanc et couchée sur les genoux de Dieu ; le Trône divin, érigé dans le ciel qui, plus tard, se trouvait au-dessus des têtes des Hayyot ; le Paradis à la droite de Dieu, l'Enfer à sa gauche ; le Sanctuaire céleste directement devant Dieu, ayant sur son autel un joyau gravé du Nom du Messie, et une Voix qui crie à haute voix: «Revenez, enfants d'hommes» (1).
Lorsque Dieu décida de créer le monde, il prit conseil auprès de la Torah (2). Son conseil fut le suivant: « Seigneur, un roi sans armée, sans courtisans et sans accompagnateurs ne mérite guère le nom de roi, car personne n'est près d'exprimer l'hommage qui lui est dû.» La réponse plut énormément à Dieu. C'est ainsi qu'il enseigna à tous les rois de la terre, par son exemple divin, de ne rien entreprendre sans avoir d'abord consulté des conseillers (3).
Les conseils de la Torah sont donnés avec quelques réserves. Elle était sceptique quant à la valeur d'un monde terrestre, en raison du péché des hommes, qui ne manqueraient pas de ne pas respecter ses préceptes. Mais Dieu a dissipé ses doutes. Il lui dit que la repentance avait été créée depuis longtemps et que les pécheurs auraient l'occasion de s'amender. En outre, le service du Temple serait investi d'un pouvoir expiatoire, et le Paradis et l'Enfer étaient destinés à jouer le rôle de récompense et de punition. Enfin, le Messie a été désigné pour apporter le salut, qui mettrait fin à tout péché (4).
Ce monde habité par l'homme n'est pas non plus la première des choses terrestres créées par Dieu. Il a fait plusieurs mondes avant le nôtre, mais il les a tous détruits, parce qu'il n'était satisfait d'aucun d'entre eux avant d'avoir créé le nôtre (5). Mais même ce dernier monde n'aurait pas eu de pérennité, si Dieu avait exécuté son projet initial de le gouverner selon le principe de la stricte justice. Ce n'est que lorsqu'il a vu que la justice seule minerait le monde qu'il a associé la miséricorde à la justice et les a fait régner conjointement (6). Ainsi, dès le commencement de toutes choses a prévalu la bonté divine, sans laquelle rien n'aurait pu continuer d'exister. Sans elle, les myriades d'esprits mauvais auraient bientôt mis fin aux générations des hommes. Mais la bonté de Dieu a voulu qu'à chaque Nisan, au moment de l'équinoxe de printemps, les séraphins s'approchent du monde des esprits et les intimident de telle sorte qu'ils craignent de faire du mal aux hommes. De même, si Dieu, dans sa bonté, n'avait pas protégé les faibles, les animaux apprivoisés auraient été depuis longtemps détruits par les animaux sauvages. En Tammouz, au moment du solstice d'été, lorsque la force de Behemot est à son apogée, il rugit si fort que tous les animaux l'entendent, et pendant une année entière ils sont effrayés et timides, et leurs actes deviennent moins féroces que ne l'est leur nature. De même, à Tishri, au moment de l'équinoxe d'automne, le grand oiseau ziz (7) bat des ailes et pousse son cri, si bien que les oiseaux de proie, les aigles et les vautours, s'effraient et craignent de fondre sur les autres et de les anéantir dans leur avidité. Et, encore une fois, sans la bonté de Dieu, l'immense quantité de gros poissons aurait vite fait d'anéantir les petits. Mais au moment du solstice d'hiver, au mois de Tébet, la mer s'agite, car alors le léviathan fait jaillir de l'eau, et les gros poissons se sentent mal à l'aise. Ils restreignent leur appétit et les petits échappent à leur rapacité.
Enfin, la bonté de Dieu se manifeste dans la préservation de son peuple, Israël. Celui-ci n'aurait pu survivre à l'inimitié des païens, si Dieu ne lui avait pas désigné des protecteurs, les archanges Michel et Gabriel (8). Chaque fois qu'Israël désobéit à Dieu, et qu'il est accusé de méfaits par les anges des autres nations, il est défendu par ses gardiens désignés, avec un si bon résultat que les autres anges en conçoivent de la crainte. Une fois les anges des autres nations terrifiés, les nations elles-mêmes se risquent à ne pas mettre à exécution leurs mauvais desseins contre Israël.
Afin que la bonté de Dieu règne sur la terre comme au ciel, les Anges de la destruction sont assignés à une place à l'extrémité des cieux, d'où ils ne peuvent jamais sortir, tandis que les Anges de la miséricorde entourent le Trône de Dieu, sur son ordre (9).

2121 Bible des peuples sur titre livre 2018-11-08: INTRODUCTION Plus nous avançons dans la vie, et plus nous prenons intérêt à retrouver nos racines. Où vivaient nos ancêtres ? Comment se sont connus nos parents ? Qui nous a inspiré nos premières décisions ? Tous les peuples de même ont cherché à reconstruire leur passé. Ils voulaient sans doute le sauver de l’oubli, mais plus encore ils voulaient retrouver dans le passé une confirmation de ce à quoi eux-mêmes croyaient : raconter leur histoire, c’était une façon d’affirmer leur propre identité au milieu de tant de peuples petits ou grands qui les entouraient. Et c’est cela même qui est au cœur de la Genèse, un livre qui s’est formé par morceaux, au long de plusieurs siècles. Il a pris sa forme définitive au cinquième siècle avant Jésus, lorsque le peuple juif qui rentrait de l’Exil à Babylone a fixé pour toujours l’expression de sa foi. Genèse : cela veut dire : commencement. Nous ne chercherons pas dans les premiers chapitres un document sur les origines de l’univers ou sur un péché qu’aurait commis le premier ancêtre. Mais, dès les premières pages, nous allons retrouver, sous des images, tout ce qui est important pour nous. Il y aura comme trois parties dans ce livre. Les chapitres 1—11 essayent de tendre une chaîne à travers ces temps énormes qui se sont écoulés depuis le début de la création jusqu’aux premiers “pères de la foi” dont le nom est resté dans les mémoires, et le premier, bien sûr, c’est Abraham. La seconde partie évoquera la vie de clans nomades qui déjà croyaient en un Dieu proche et secourable, le “Dieu de leur père”. Cette histoire, ou ces histoires, se déroulent en terre de Canaan, en un temps où le peuple israélite n’était pas encore né (entre le 18ème et le 15ème siècle avant le Christ). Et elles montrent comment Dieu avait déjà préparé son œuvre de salut par les promesses faites à Abraham et à Jacob. Ce sera le sujet des chapitres 12—38. Une troisième partie, l’histoire de Joseph, jette une première lumière sur les tragédies qui tissent l’existence humaine. Les hommes ont besoin d’un Sauveur, et le salut leur viendra à travers ceux qu’ils ont d’abord persécutés et rejetés (Chapitres 39—50). Qui a écrit la Genèse ? Il n’y a pas un seul, mais plusieurs auteurs. N’oublions pas que le peuple de la Bible s’est constitué peu à peu par le rassemblement de tribus nomades qui ne savaient ni lire ni écrire. Elles emportaient avec elles le souvenir de leurs ancêtres et des signes que Dieu avait accomplis en leur faveur : les traditions se transmettaient oralement. Lorsque ces tribus se fixèrent en Palestine, elles entrèrent peu à peu dans une nouvelle culture, celle de l’écriture. Autour du roi, des scribes fixaient par écrit les lois et les croyances du royaume. C’est ainsi qu’à l’époque du roi Salomon (10ème siècle avant le Christ), un écrivain inconnu, généralement appelé “le yahviste”, avait écrit une première histoire du peuple de Dieu. Il a utilisé largement la littérature des Babyloniens et leurs poèmes se rapportant au premier couple, au déluge, mais il les a refondus pour leur faire dire la vision du monde qu’il tirait de sa foi. Ce récit ancien a été ensuite complété par d’autres, à partir d’autres traditions, souvent avec des redites. Beaucoup plus tard, quand les Juifs sont rentrés de l’exil à Babylone (6ème siècle avant le Christ), leurs prêtres ont ajouté bien des paragraphes que nous indiquons ici en italique. Ces prêtres sont les auteurs du poème de la création en sept jours qui inaugure la Genèse et, d’une certaine façon, toute la Bible.

2122 Bible des peuples sur titre livre 2018-11-08: La Bible s’ouvre sur un hymne au Dieu créateur. Le premier chapitre de la Genèse est une composition rythmique, avec ses répétitions et sa forme liturgique, qui sert de préface et d’ouverture à toute la Bible. Il nous faut un effort pour jeter sur cette première page un regard simple. Il y a eu trop de discussions depuis cent cinquante ans sur le thème “la création selon la Bible et selon la science”, problème très mal posé, encore plus mal résolu, et qui habituellement nous laisse mal à l’aise. Nous ne chercherons pas ici des données historiques ou scientifiques ; ceux qui ont rédigé ce chapitre avaient bien d’autres choses à nous dire, et Dieu avait le droit de contresigner leur travail même s’ils voyaient le ciel comme une voûte d’azur où quelqu’un a épinglé les étoiles. Ni l’auteur de ces pages ni ses lecteurs, il y a quelque vingt-cinq siècles, ne partageaient notre curiosité, ils nous parlent de leur expérience de Dieu et du sens que la foi donne à la vie humaine, à l’histoire et au monde. Il y a donc là une parole de Dieu, mais ne lisons pas non plus ce texte comme s’il y avait là toute la compréhension chrétienne de l’univers. Ce récit biblique est le plus important de ceux qui nous parlent de l’ordre établi dans le monde par le Créateur, mais il faut préciser deux points : — Cette préface de la Bible n’est pas la partie la plus ancienne, comme le croient certaines personnes qui voudraient l’attribuer à nos plus lointains ancêtres, elle a été écrite au 5ème siècle avant le Christ, après le retour d’Exil. — Cette page écrite avant le Christ ne peut pas nous donner toute la compréhension chrétienne de l’univers. Il y a bien plus à dire et la Bible le dit là où beaucoup ne chercheraient pas, c’est-à-dire dans le Nouveau Testament : voir Jean 1 et Éphésiens 1. Mais que voulait dire l’auteur ? Que Dieu a tout fait ? Bien sûr. Dieu, un seul, distinct de cet univers qu’il créait, et antérieur à cet univers. Mais ce que l’auteur voulait avant tout, c’était de montrer que Dieu est infiniment au-delà de cette création qui nous émerveille ou nous écrase, au-delà d’une nature si riche et si dominatrice que facilement nous nous laissons emporter par ses pulsions. Dieu dit. Voici comme une frontière mise entre Dieu et sa créature. Le monde n’est pas Dieu, il n’est pas un visage de Dieu, il n’est pas sorti de Dieu comme du sein d’un Infini qui laisserait échapper ses richesses sans les connaître ni les dominer. Le monde est en Dieu, de quelque façon, mais Dieu est extérieur au monde et ne dépend pas de lui. Il ne faudra pas l’oublier quand plus tard le Nouveau Testament parlera de communion avec Dieu : Cela ne peut être que si Dieu, personnellement, nous appelle. Dieu crée, cela veut dire d’abord que Dieu met un ordre. Premier jour, deuxième jour, troisième jour. Tout n’est pas sur le même plan. Un univers matériel où la vie ensuite apparaîtra, avec ses mille réalisations diversifiées et hiérarchisées. Premier jour, deuxième jour, septième jour. Dieu ordonne le monde et notre existence. Le soleil et la lune ne sont pas là seulement pour éclairer : ils déterminent le temps et le calendrier. Pas de vie humaine, pas de vie de famille sans fêtes, sans une discipline et régularité dans le lever et le coucher, le travail et les heures de repas. Les hébreux divisaient le monde en trois régions : le ciel, la terre et les eaux. Nous retrouvons cet ordre : jours 1 et 4, 2 et 5, 3 et 6. Tout arrive à son heure : les créatures les plus parfaites viennent après les créatures inférieures, l’homme en dernier lieu. Dieu vit que cela était bon. Rien n’est mal de tout ce que Dieu a créé, et pourtant l’auteur ne nie pas l’existence de forces du mal dans le monde : la mer et la nuit, pour les Israélites, étaient des forces mauvaises. Mais voilà que ces forces sont contenues : la mer a ses limites et, tous les jours, la nuit cède le pas à la lumière. Il faudra pourtant se poser la question : Qui a mis le mal dans le monde ? Voir Genèse 3 ; Sagesse 1.14 ; 11.20 ; Siracide 13.1 ; Jacques 1.17. C’est avec la création de l’homme que s’achève l’œuvre de Dieu. Le texte nous laisse trois affirmations décisives qui sont à la base de la conception chrétienne de l’homme, des certitudes qui, avec le temps, ont créé la modernité et se sont imposées bien au-delà du monde chrétien : — Il le créa à son image. C’est une des plus importantes déclarations de la Bible : l’homme n’est pas enfermé sans espoir dans le monde de ses fantasmes et de ses illusions, prisonnier de ses catégories et de ses structures ; il est créé pour la Vérité. Dieu peut lui dire l’essentiel dans un langage humain et à travers des expériences humaines : nous ne sommes pas condamnés à toujours douter. À l’image de Dieu, et bien sûr, faits pour lui donner une réponse. — Homme et femme il les créa. Et voici la dignité du couple. L’homme que Dieu crée, ce n’est pas l’homme seul ni la femme seule, mais le couple. Et chose étrange dans une culture aussi machiste, pas de différence de rang entre l’homme et la femme. Avec la Bible nous échappons aux images simplistes des théories matérialistes : la division des sexes ne serait que le produit d’un hasard dans les mutations des chromosomes, et tout aussi par hasard, l’amour serait le produit de la division des sexes. Au contraire nous affirmons que l’amour a été premier dans le plan de Dieu, et la longue évolution de la sexualité en a été la préparation. — Ayez autorité… Ce n’est pas pour que l’homme soit tyran, dominateur, mettant en danger jusqu’à l’existence humaine sur une planète poubelle. Mais Dieu lui livre l’univers entier. L’homme fera usage de tout, et de la vie elle-même, pour croître, mûrir et mener à terme l’aventure humaine jusqu’à son retour en Dieu. Multipliez-vous et remplissez la terre. Dieu leur donne sa bénédiction. On aurait tort de prendre prétexte de cette bénédiction pour prêcher une procréation irresponsable : (voir Sagesse 4.11 qui fait l’éloge des familles dont les enfants sont bien éduqués, utiles et bons devant Dieu) ; cependant la Bible montrera en mille occasions, qu’un peuple qui n’a plus d’enfants a perdu le chemin des bénédictions divines. Je vous donne toutes les herbes et tous les arbres qui portent des fruits. Par ces mots, l’auteur exprime l’idéal d’un univers non violent, où l’on ne tuerait même pas les animaux. Dieu ne veut pas la mort de ses créatures, bien que plus tard, il doive faire une concession ( Genèse 9.3) pour tenir compte de la condition réelle de l’homme pécheur. Dieu se reposa le septième jour. Le respect de ce septième jour, appelé en hébreu “sabbat”, c’est-à-dire “repos” est un des piliers de la pratique israélite et chrétienne. C’est un jour saint, c’est-à-dire totalement différent des autres, et qui nous fait saints et différents des autres. Grâce à lui les personnes échappent à l’esclavage du travail et sont disponibles pour une rencontre avec Dieu, avec les autres et avec elles-mêmes (voir Exode 20.8 et les promesses exprimées en Isaïe 56.4 ; 58.13).

4854 Chouraqui sur titre livre 2019-03-30: Genesis (Genèse), titrait la traduction grecque des Septante. Beréshit, dit l’hébreu, suivant en cela le premier mot du texte, Beréshit: Entête. Et, de fait, ce livre ne cesse pas d’être l’Entête du Pentateuque et de la Bible tout entière. Non seulement il rapporte la genèse du monde, mais il donne aussi la clé du Livre. Ce volume, qui commence par décrire les origines de l’univers et de l’humanité, est l’irréfutable témoin d’une des plus profondes expériences, à jamais actuelle, de l’esprit en quête de ses racines et de ses finalités.
L’oeuvre est composée comme une symphonie. L’auteur débute par le thème le plus général qui se puisse concevoir: la création de l’univers. De là il passe à celle de l’humanité, au récit de sa chute que suit le premier assassinat, le meurtre d’Èbèl (Abel) par son frère Caïn (Caïn). Puis vient le déluge, après lequel l’humanité prend un nouveau départ. Abrahâm (Abraham), descendant de Noah (Noé), est un nouvel Adâm autour de qui s’articule l’histoire d’un peuple. Ainsi la symphonie traite-t-elle de thèmes de plus en plus restreints. Le récit continue en maniant les genres avec maîtrise: les dialogues de IHVH-Adonaï et d’Abrahâm, le pacte et la promesse, la rencontre de Malki-Sèdèq (Melchisédech) à Shalèm (Jérusalem), l’épisode savoureux de l’annonciation d’Is’hac (Isaac), le bannissement d’Ishma‘él (Ismaël), et enfin l’un des sommets de la littérature biblique: le récit du sacrifice offert par Abrahâm (Gn 22).
Les histoires de Ia‘acob (Jacob) et de Iosseph (Joseph) terminent allégrement le livre sur le thème de la réconciliation et du salut d’Israël et des nations, la promesse faite aux Hébreux du don de leur pays étant confirmée.
La guerre des rois, rapportée en Gn 14, est un texte très ancien, que certains supposent avoir été écrit en akkadien ou en cananéen, puis traduit en hébreu, et dont plusieurs protagonistes sont difficiles à identifier.
La tradition judéo-chrétienne attribue la paternité de ce volume, comme d’ailleurs de tout le Pentateuque (la Tora), à Moshè (Moïse). Cependant, dès le IIe siècle de notre ère, des voix s’élèvent qui mettent en cause cette attribution. Au XIIe siècle, Abrahâm ibn ‘Ezra (Espagne) fait remarquer que plusieurs passages du Pentateuque, notamment le verset 9 du chapitre 31 du Deutéronome (Dt 31,9), ne pouvaient se concilier avec la thèse traditionnelle. Il fallut cependant attendre les premiers essais de la critique biblique, au XVIIe siècle, pour voir le problème sérieusement soulevé.
C’est alors que Baruch Spinoza et Richard Simon ouvrent la voie à un courant de pensée qui aboutira à la théorie documentaire, adoptée aujourd’hui par la quasi-unanimité des exégètes: le Pentateuque n’est pas l’oeuvre d’un seul homme, Moshè; c’est une collection d’écrits rédigés, au cours des siècles, par de nombreux écrivains. Les exégètes fondent leurs conclusions sur des anachronismes, sur l’alternance dans le texte de noms différents pour désigner Dieu, sur la diversité du vocabulaire, du style, et même de l’inspiration. Auprès d’un premier document dit yahwiste (J), il existerait une source élohiste (E), un document sacerdotal (P), et enfin une tradition deutéronomiste (D), tout entière contenue dans le dernier livre du Pentateuque.
Si le morcellement de l’ouvrage semble indéniable quant à son origine, le texte, cependant, résiste à ce traitement de la critique. Il garde une incontestable unité et ne cesse de s’imposer à nous, tant par son contenu que par son style et sa composition.

2123 Bible des peuples sur verset 2018-11-08: Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. Nous n’avons pu nous résoudre à abandonner cette traduction traditionnelle que tant de générations ont eue sous les yeux. Déjà les mots Au commencement avaient inspiré à l’apôtre Jean le début de son évangile. Pourtant la traduction exacte du texte hébreu serait en français : “Lorsque Dieu commença de créer le ciel et la terre, la terre était…” Le récit suppose que déjà existaient les cieux et la terre quand Dieu commence son œuvre de création, laquelle consiste à mettre l’ordre, le sens et la vie là où il n’y avait que chaos et stérilité. Il ne vaudrait pas la peine d’insister sur ce détail si ce n’était pour confirmer l’orientation de tout le chapitre. La préoccupation première de l’auteur n’était pas de dire que Dieu a tout fait de rien, ce que précisera plus tard 2Maccabées 7.28, mais d’affirmer qu’il ne saurait y avoir dans le monde ni ordre ni harmonie si ce n’était par l’œuvre de Dieu, le même Dieu qui a révélé à son peuple le sens profond de la création. Pour ce qui est du verbe créer en hébreu, disons qu’on ne l’utilise que pour Dieu mais qu’il signifie simplement “faire” ou “former”. C’est ainsi que Dieu crée Israël en Isaïe 43.1 et crée des prodiges devant son peuple en Exode 34.10. L’expression terre et cieux se réfère à la totalité de l’univers. La terre elle-même n’est pas vue comme une surface tendue entre les points cardinaux, sinon comme la totalité des nations et des peuples qui habitent cette étendue.

223 Saint Augustin sur verset 2004-01-03: Or, l'Ecriture dit que la création fut achevée en six jours, non que Dieu ait eu besoin de ce temps, comme s'il n'eût pu créer tous les êtres à la fois et leur faire ensuite marquer le cours du temps par des mouvements convenables; mais le nombre senaire exprime ici la perfection de l'ouvrage divin. Il est parmi tous les nombres le premier qui se compose de ses parties, je veux dire du sixième, du tiers et de la moitié de lui-même; en effet, le sixième de six est un, le tiers est deux et la moitié est trois, or, un, deux et trois font six. Les parties dont je parle ici sont celles dont on peut préciser le rapport exact avec le nombre entier, comme la moitié, le tiers, le quart ou telle autre fraction semblable. Quatre, par exemple, n'est point partie aliquote de neuf, comme un, qui en est le neuvième, ou trois, qui en est le tiers; d'un autre côté, le neuvième de neuf qui est un, et le tiers de neuf qui est trois, ajoutés ensemble, ne font pas neuf. Quatre est encore partie de dix, mais non partie aliquote, comme un qui en est le dixième. Deux en est le cinquième, cinq la moitié; ajoutez maintenant ces trois parties, un, deux et cinq, vous formez non le total dix, mais le total huit. Au contraire, les parties additionnées du nombre douze le surpassent;. car, prenez le douzième de douze qui est un, le sixième qui est deux, le tiers qui est trois, le quart qui est quatre, et la moitié qui est six, vous obtenez, en ajoutant tout cela, non pas douze, mais seize.

743 Dict. Amoureux du Judaïsme sur verset 2017-12-30: La guematria de "Berechit" est 1819, ce qui le numéro de verset du premier commandement donné aux Hébreux dans le livre de l'Exode: la bénédiction du nouveau mois (Ex 12,2). (dans la base num de Ex 12,2 = 1816)

739 Dict. Amoureux du Judaïsme sur verset 2017-12-30: Dans son commentaire, Rachi cite le Psaume 110,6. "Il a fait connaître aux membres de son Peuple la force de Ses oeuvres.". Force se dit en hébreu "coa'h" dont la valeur numérique est 28 dans la guematria, qui est le nombre de lettre du premier verset de la Torah.

732 Dict. Amoureux du Judaïsme sur verset 2017-12-27: Le premier mot du premier livre de la Bible est "Berechit", qui commence par un Beth. Ce mot ne signifie pas du tout (comme on le traduit généralement, en particulier en latin) "Au commencement" ou "A l'origine", mais "En tête" ou "Dans la tête": dans la tête de Dieu. Autrement dit, l'Univers existait dans la tête de Dieu avant qu'il ne le crée. ou encore: l'univers est une idée avant d'être une réalité. "Beth" indique d'ailleurs, par sa forme, la direction du temps, créé lui aussi dans l'esprit de Dieu. Pourquoi la lettre Beth est-elle fermée de tous côtés et n'est ouverte que par devant ? C'est pour t'apprendre qu'elle est la maison du monde.

( Ex 12,2 , Ps 110,6 Gn 4,5 Ps 32,6 Mc 1,1 )
1,2 La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux. ( ) 1,3 Dieu dit : « Que la lumière soit. » Et la lumière fut. ( Ex 20,3 , ) 1,4 Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière des ténèbres. ( ) 1,5 Dieu appela la lumière « jour », il appela les ténèbres « nuit ». Il y eut un soir, il y eut un matin : premier jour. ( ) 1,6 Et Dieu dit : « Qu’il y ait un firmament au milieu des eaux, et qu’il sépare les eaux. » ( Ex 20,4 , )
1 IMAGE
Responsive image


trouve dans 1 passage(s): La création,
trouve dans 2 liturgie(s): Samedi-1-Samedi saint (Vigile Pascale) annee C, Samedi-1-Samedi saint (Vigile Pascale) annee A,
trouve dans 0 document(s) de référence: