Lecture d'un commentaire (18743)


Gn 1,1

Commentaire: LES PREMIÈRES CHOSES CRÉÉES
Au commencement, deux mille ans avant le ciel et la terre, sept choses furent créées: la Torah écrite au feu noir sur le feu blanc et couchée sur les genoux de Dieu ; le Trône divin, érigé dans le ciel qui, plus tard, se trouvait au-dessus des têtes des Hayyot ; le Paradis à la droite de Dieu, l'Enfer à sa gauche ; le Sanctuaire céleste directement devant Dieu, ayant sur son autel un joyau gravé du Nom du Messie, et une Voix qui crie à haute voix: «Revenez, enfants d'hommes» (1).
Lorsque Dieu décida de créer le monde, il prit conseil auprès de la Torah (2). Son conseil fut le suivant: « Seigneur, un roi sans armée, sans courtisans et sans accompagnateurs ne mérite guère le nom de roi, car personne n'est près d'exprimer l'hommage qui lui est dû.» La réponse plut énormément à Dieu. C'est ainsi qu'il enseigna à tous les rois de la terre, par son exemple divin, de ne rien entreprendre sans avoir d'abord consulté des conseillers (3).
Les conseils de la Torah sont donnés avec quelques réserves. Elle était sceptique quant à la valeur d'un monde terrestre, en raison du péché des hommes, qui ne manqueraient pas de ne pas respecter ses préceptes. Mais Dieu a dissipé ses doutes. Il lui dit que la repentance avait été créée depuis longtemps et que les pécheurs auraient l'occasion de s'amender. En outre, le service du Temple serait investi d'un pouvoir expiatoire, et le Paradis et l'Enfer étaient destinés à jouer le rôle de récompense et de punition. Enfin, le Messie a été désigné pour apporter le salut, qui mettrait fin à tout péché (4).
Ce monde habité par l'homme n'est pas non plus la première des choses terrestres créées par Dieu. Il a fait plusieurs mondes avant le nôtre, mais il les a tous détruits, parce qu'il n'était satisfait d'aucun d'entre eux avant d'avoir créé le nôtre (5). Mais même ce dernier monde n'aurait pas eu de pérennité, si Dieu avait exécuté son projet initial de le gouverner selon le principe de la stricte justice. Ce n'est que lorsqu'il a vu que la justice seule minerait le monde qu'il a associé la miséricorde à la justice et les a fait régner conjointement (6). Ainsi, dès le commencement de toutes choses a prévalu la bonté divine, sans laquelle rien n'aurait pu continuer d'exister. Sans elle, les myriades d'esprits mauvais auraient bientôt mis fin aux générations des hommes. Mais la bonté de Dieu a voulu qu'à chaque Nisan, au moment de l'équinoxe de printemps, les séraphins s'approchent du monde des esprits et les intimident de telle sorte qu'ils craignent de faire du mal aux hommes. De même, si Dieu, dans sa bonté, n'avait pas protégé les faibles, les animaux apprivoisés auraient été depuis longtemps détruits par les animaux sauvages. En Tammouz, au moment du solstice d'été, lorsque la force de Behemot est à son apogée, il rugit si fort que tous les animaux l'entendent, et pendant une année entière ils sont effrayés et timides, et leurs actes deviennent moins féroces que ne l'est leur nature. De même, à Tishri, au moment de l'équinoxe d'automne, le grand oiseau ziz (7) bat des ailes et pousse son cri, si bien que les oiseaux de proie, les aigles et les vautours, s'effraient et craignent de fondre sur les autres et de les anéantir dans leur avidité. Et, encore une fois, sans la bonté de Dieu, l'immense quantité de gros poissons aurait vite fait d'anéantir les petits. Mais au moment du solstice d'hiver, au mois de Tébet, la mer s'agite, car alors le léviathan fait jaillir de l'eau, et les gros poissons se sentent mal à l'aise. Ils restreignent leur appétit et les petits échappent à leur rapacité.
Enfin, la bonté de Dieu se manifeste dans la préservation de son peuple, Israël. Celui-ci n'aurait pu survivre à l'inimitié des païens, si Dieu ne lui avait pas désigné des protecteurs, les archanges Michel et Gabriel (8). Chaque fois qu'Israël désobéit à Dieu, et qu'il est accusé de méfaits par les anges des autres nations, il est défendu par ses gardiens désignés, avec un si bon résultat que les autres anges en conçoivent de la crainte. Une fois les anges des autres nations terrifiés, les nations elles-mêmes se risquent à ne pas mettre à exécution leurs mauvais desseins contre Israël.
Afin que la bonté de Dieu règne sur la terre comme au ciel, les Anges de la destruction sont assignés à une place à l'extrémité des cieux, d'où ils ne peuvent jamais sortir, tandis que les Anges de la miséricorde entourent le Trône de Dieu, sur son ordre (9).


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg