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La Trinité 04 incarnation du verbe/Saint Augustin
CHAPITRE III.
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La Trinité 04 incarnation du verbe/Saint Augustin
L'UTILITÉ DE LA MORT ET DE LA RÉSURRECTION DE JÉSUS-CHRIST.
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Ce qui m'importe en ce moment, c'est d'expliquer, du moins autant que Dieu m'en fera la grâce, comment Jésus-Christ Notre-Seigneur et notre Sauveur, étant une seule personne, a pu se mettre en rapport avec la dualité humaine, et comment il a pu ainsi opérer notre salut. Et d'abord nul catholique ne révoque en doute que nous ne soyons soumis à la mort de l'âme et à celle du corps. La première est un effet du péché, et la seconde est la peine de ce même péché, qui devient ainsi l'auteur de cette double mort. Il fallait donc que l'homme dans son ensemble, c'est-à-dire en son âme et en son corps, s'appliquât un remède de vie et d'immortalité, afin que tout ce qui avait été détérioré en lui, fût renouvelé. Or, la mort de l'âme est le péché mortel, et la mort du corps est la corruption qui sépare l'âme d'avec le corps. Ainsi, lorsque Dieu (405) s'éloigne de l'âme, elle meurt, et lorsqu' elle-même s'éloigne du corps, il meurt. Dans le premier cas, l'âme devient insensée; et dans le second, le corps devient cadavre. Mais l'âme ressuscite à la grâce par la pénitence, et elle reprend dans un corps encore soumis à la mortalité, une vie qui commence par la foi, parce qu'elle croit en celui qui justifie l'impie, et qui s'augmente et se fortifie chaque jour par la pratique des vertus et le renouvellement de plus en plus parfait de l'homme intérieur.
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Quant à l'homme extérieur , c'est-à-dire quant au corps, plus son existence se prolonge, et plus il se corrompt par l'âge, les maladies et les diverses épreuves de la vie, jusqu'à ce qu'il arrive à cette dernière que nous appelons la mort. Mais sa résurrection est différée jusqu'au dernier jour, parce qu'alors seulement l'oeuvre de notre justification sera pleinement consommée. Car « nous serons semblables à Dieu, parce que nous le verrons tel qu'il est (Jn 3, 2 ) ». Aujourd'hui au contraire, tandis que le corps qui se corrompt, appesantit l'âme, et que sur la terre notre vie est une tentation continuelle, nul homme vivant ne peut obtenir devant le Seigneur cette plénitude de justice qui nous rendra égaux aux anges, et qui sera comme l'apogée de notre gloire. Au reste, il serait ici bien inutile de prouver longuement que nous devons distinguer la mort de l'âme de la mort du corps. Car le Sauveur lui-même a nettement établi cette distinction dans cette maxime évangélique : « Laissez les morts ensevelir leurs morts (Mt 8, 22 ) ». Un cadavre doit être enseveli; qui ne le comprend? c'est pourquoi en parlant de ceux qui s'occupaient de ce triste ministère, Jésus-Christ s'est proposé de nous désigner ces hommes dont l'âme est morte par le péché, et que l'Apôtre veut ressusciter à la grâce, quand il leur dit: « Levez-vous, vous qui dormez: sortez d'entre les morts, et Jésus-Christ vous éclairera (Eph. 5, 14 ) ».
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Dans un autre passage , le même Apôtre signale encore avec douleur ce même genre de mort, lorsqu'il dit de la veuve frivole et mondaine que « vivant dans les délices, elle est morte, quoiqu'elle paraisse vivante ( 1Tm 5, 6 ) ». Ainsi on dit de l'âme qui a perdu la grâce, que revenant à la justice qui agit par la foi, elle ressuscite et reprend une nouvelle vie. Le corps, au contraire, ne meurt réellement que par sa séparation d'avec l'âme; mais en tant
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qu'il coopère aux oeuvres de la chair et du sang, l'Apôtre dit dans son épître aux Romains
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qu'il est mort. Voici ses paroles: « Si Jésus-Christ est en vous, quoique le corps soit mort à cause du péché, l'esprit est vivant à cause de la justice». Or, cette vie n'est autre que la vie de la foi, puisque, selon le même Apôtre, « le juste vit de la foi (Rm 1, 17 ) ». Ensuite il
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continue ainsi : « Mais si l'esprit de celui qui a ressuscité Jésus, habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus-Christ rendra aussi la vie à vos corps mortels, à cause de son esprit qui habite en vous (Rm 8, 10, 11 ) ».
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C'est donc de cette double mort que le Sauveur Jésus nous a rachetés en mourant une seule fois. Aussi nous a-t-il laissé dans sa propre mort le mystère et l'exemple de notre double résurrection. Et en effet, comme il était le Juste par excellence, il n'a pu ni mourir à la grâce, ni avoir besoin de renouveler en lui-même l'homme intérieur, ni être obligé de revenir par la pénitence à la vie de la justice. Mais parce qu'il avait pris une chair passible et mortelle, il est mort, et est ressuscité en tant qu'homme; et il nous offre ainsi en sa personne le mystère de notre résurrection spirituelle et l'exemple de notre résurrection corporelle. C'est à la première, qui suppose la mort de l'âme, que se rapportent ces paroles du Psalmiste, paroles que Jésus-Christ a prononcées sur la croix: « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné? (Ps 21, 1 ; Mt 27, 46 ) »De son côté, l'Apôtre semble commenter ces mêmes paroles, quand il nous dit «que notre vieil homme a été crucifié avec Jésus-Christ, afin que le corps du péché soit détruit, et que désormais nous ne soyons plus esclaves du péché ». Et en effet, le pécheur est crucifié en son âme par la douleur de la contrition, et il l'est encore en son corps par les rigueurs d'une mortification salutaire. Mais en laissant le pécheur sous cette double pression, Dieu lui facilite les moyens de faire mourir en lui le péché. Voilà donc la croix où expire le corps du péché, afin que nous « n'abandonnions plus nos membres au péché « comme des instruments d'iniquité ( Rm 6, 6, 13 )».
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n autre côté, s'il est vrai que l'homme intérieur se renouvelle en nous de jour en jour, on ne saurait nier que d'abord il n'ait été (406) le vieil homme. C'est en effet en l'intérieur de l'âme que s'accomplit cette parole de l'Apôtre: « Dépouillez-vous du vieil homme, et revêtez-vous de l'homme nouveau ». Ce qu'il explique en disant que « nous devons renoncer au mensonge, et parler selon la vérité (Ep 4, 22-25 ) ».Or, n'est-ce pas dans le secret de son âme que le juste renonce au mensonge, afin que disant la vérité dans son coeur, il habite sur la montagne sainte du Seigneur?
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Bien plus, le mystère de cette résurrection spirituelle est renfermé dans celui de la résurrection corporelle de Jésus-Christ; et il nous en avertit lui-même, lorsqu'il dit à Madeleine: « Ne me touchez pas, car je ne suis pas encore remonté vers mon Père (Jn 20, 17 ) ». C'est aussi à ce même mystère que se rapportent ces paroles de l'Apôtre : « Si vous êtes ressuscités avec Jésus-Christ, recherchez les choses du ciel, où Jésus-Christ est assis à la droite de Dieu; et n'ayez de goût que pour les choses d'en-haut (100oloss; 3, 1, 2 ) ». Et en effet, ne point toucher le Christ avant qu'il soit remonté vers son Père, c'est ne se permettre à son égard aucune pensée basse et terrestre.
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Quant à la mort corporelle que Jésus-Christ a daigné subir comme homme, elle nous est un exemple de celle que nous devons souffrir en notre chair. Car ses souffrances sont pour tous ses disciples une puissante exhortation à ne pas craindre « ceux qui tuent le corps, et «qui ne peuvent tuer l'âme (Mt 10, 28 )». Aussi l'Apôtre dit-il dans le même sens « qu'il accomplit en sa chair ce qui manque à la passion de Jésus-Christ (100oloss; 1, 24 )». Nous trouvons également dans la réalité de sa résurrection corporelle le modèle et la certitude de notre propre résurrection, puisqu'il a dit à ses apôtres : « Touchez et voyez, car un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que j'en ai ( 50c 24, 39 ) ». Bien plus, ce ne fut qu'après avoir touché ses plaies, que l'un d'entre eux s'écria: « Mon Seigneur et mon Dieu ( Jn 20, 28 ) ! » Or, cette réalité si évidente de la résurrection du Sauveur devenait pour les apôtres la démonstration de cette parole : « Pas un seul cheveu de votre tête ne périra ( 50c 21, 18 )». Pourquoi donc disait-il à Madeleine : « Ne me touchez point, car je ne suis « pas encore remonté vers mon Père », tandis qu'il permettait ensuite à ses apôtres de le toucher avant son ascension? C'est qu'il avait en vue, dans la première circonstance, le mystère de notre résurrection spirituelle, et dans la seconde, celui de notre résurrection corporelle. Il serait, en effet, par trop absurde et ridicule de soutenir avec quelques-uns qu'avant son ascension Jésus-Christ permit aux hommes de le toucher, et aux femmes, seulement après.
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Au reste, l'Apôtre voyait en la résurrection du Christ le type et le modèle de la nôtre, quand il disait : « Chacun à son rang, Jésus-Christ d'abord, puis ceux qui sont à Jésus-Christ ( 1100o 5, 25 ) » ; d'ailleurs, le contexte de ce passage prouve qu'il s'agit ici de cette résurrection des corps au sujet de laquelle le même Apôtre a dit que « Jésus-Christ changera notre corps misérable, en le rendant conforme à son corps glorieux ( Ph 3, 21) ». Ainsi, Jésus-Christ en mourant une seule fois, a remédié à la double mort de l'homme; et en ressuscitant une seule fois, il est devenu pour nous le divin exemplaire d'une double résurrection. Et en effet, son humanité sainte nous présente dans sa mort et dans sa résurrection le type sacré et le modèle salutaire de notre résurrection spirituelle et corporelle.
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CHAPITRE IV.
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LE NOMBRE SIX.
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Ce rapport de l'unité à la dualité nous ramène au nombre trois, puisque deux et un font trois. Mais ce dernier nombre multiplié par lui-même nous donne six, car un, plus deux, et plus trois font six. Or, ce nombre six est dit un nombre parfait, parce qu'il est complet en toutes ses subdivisions, savoir l'unité, le tiers et la moitié; sans qu'on puisse le concevoir sous quelque autre rapport. Ainsi l'unité donne six, le tiers, deux, et la moitié, trois. Pareillement, un plus deux, et plus trois font six. L'Ecriture elle-même nous indique cette perfection numérique, quand elle nous dit que Dieu acheva l'oeuvre de la création en six jours, et qu'au soir du sixième jour il créa l'homme à son image ( Gn 1, 27 ). Nous voyons également que le Fils de Dieu s'est incarné au sixième âge du monde, et qu'il devint alors Fils de l'homme pour réformer l'homme selon l'image et la ressemblance du Créateur. Nous vivons en effet dans le sixième âge, soit (407) que l'on distribue les siècles écoulés par période millénaire, soit qu'on les divise par les grands événements de l'histoire sainte. Ainsi, le premier âge s'étend d'Adam à Noé; le second, de Noé à Abraham; le troisième, en suivant l'ordre établi par saint Matthieu, d'Abraham à David; le quatrième, de David à la captivité de Babylone; et le cinquième, du retour de la captivité à l'enfantement de la Vierge Marie. En admettant cette division chronologique, on trouve que le sixième âge a commencé à la naissance de Jésus-Christ pour se continuer jusqu'à ce jour qui nous est inconnu, et après lequel il n'y aura plus de temps.
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s un autre rapport, ce nombre six nous représente dans sa triple division, celle des siècles écoulés. Car nous comptons l'ère d'avant la loi, l'ère de la loi, et l'ère de la grâce. C'est en cette dernière que l'homme a reçu le sacrement de la réconciliation, afin que la résurrection générale coïncidant avec le dernier jour de l'univers, il soit alors entièrement renouvelé en la beauté de son âme, et l'infirmité de son corps. Nous pouvons donc reconnaître une figure de l'Eglise en la personne de cette femme que Jésus-Christ guérit de l'infirmité par laquelle Satan la tenait courbée ( 50c 13, 16 ). Car, c'est de ce genre d'ennemis cachés et secrets que se plaint le psalmiste, quand il dit : « Ils ont courbé mon âme ( Ps 56, 7 ) ». Or, cette femme était infirme depuis dix-huit ans, c'est-à-dire depuis trois fois six ans. De plus, le nombre des mois qui composent cette période, depuis dix-huit ans, forme un total de deux cent seize; et ce total lui-même est le produit de six multiplié par trente-six. Nous lisons également dans l'Evangile que depuis trois ans le figuier stérile ne portait point de fruits, et que le jardinier obtint pour lui le délai d'une année, après laquelle il devait être coupé, s'il restait encore infructueux ( 50c 13, 6-17 ). Mais ici ces trois années se rapportent aux trois périodes que j'ai signalées, et le nombre des mois forme le carré de six,. c'est-à-dire six fois six.
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L'année civile elle-même avec son cycle de douze mois, qui comprennent chacun trente jours, selon que les anciens en avaient réglé le cours sur celui de la lune, l'année, dis-je, n'est qu'un multiple du nombre six. Et en effet, de même que six plus quatre font dix, soixante plus quarante font cent, en sorte que soixante est la sixième partie de l'année. Car si nous multiplions ensuite soixante par six, nous obtiendrons trois cent soixante, c'est-à-dire douze mois de trente jours. Toutefois, si le cycle lunaire détermine le nombre des mois, le cours du soleil règle celui de l'année. Or, il reste en plus cinq jours et un quart pour que le soleil et l'année terminent également leur révolution ; mais parce que ce quart multiplié par quatre, donne un jour entier, on l'intercale chaque cinquième année, et de là vient le nom de bis-sextile qui lui est affecté. Enfin ces cinq jours et quart nous offrent d'intimes relations avec le nombre six. D'abord, si nous voulons compter par nombres ronds, nous trouverons six jours plutôt que cinq en prenant le quart pour un jour entier. De plus ces cinq jours forment le sixième du mois, de même que six heures nous donnent le quart du jour. Et en effet un jour entier, c'est-à-dire le jour et la nuit, se compose de vingt-quatre heures, dont le quart est six. Telle est la corrélation du cours de l'année civile avec le nombre six.
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CHAPITRE V.
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LE NOMBRE SIX ET LE TEMPLE DE JÉRUSALEM.
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On peut encore, et avec raison, appliquer ce même nombre à la résurrection du Sauveur. Car il a dit lui-même, en faisant allusion au temple de Jérusalem : « Détruisez ce temple, et je le rebâtirai en trois jours ». Mais ici le jour est pris pour l'année, selon que lui répondirent les Juifs : « On a mis quarante-six ans à bâtir ce temple (Jn 2, 19, 20 )». Or, quarante-six fois six font deux cent soixante-seize, c'est-à-dire neuf mois, et six jours qui sont eux-mêmes comptés pour un mois entier. C'est ainsi que nous disons que la mère porte l'enfant dans son sein pendant dix mois, quoique ce ne soit réellement que neuf mois et quelques jours. Tous les enfants en effet ne naissent point exactement au bout de neuf mois et six jours; mais cela arriva pour le divin Sauveur, comme nous l'atteste la tradition que l'Eglise a sanctionnée. Il fut donc conçu et il mourut le huit des calendes d'avril, en sorte que le sépulcre neuf où il fut enseveli, et où personne n'avait été mis, et qui depuis ne reçut personne, est en parfait rapport avec le sein (408) qui l'avait porté, et qui toujours resta vierge. On s'accorde également à mettre la naissance de Jésus-Christ au huit des calendes de janvier, ce qui nous donne à partir de sa conception le nombre de deux cent soixante-seize jours, nombre où six est répété quarante-six fois. Qui ne voit maintenant le rapport de ce nombre avec les années que l'on mit à bâtir le temple, puisque ce fut pendant un égal espace de jours que se forma dans le sein de Marie ce corps du Sauveur Jésus qui devait mourir sur la croix et puis ressusciter le troisième jour? Car l'évangéliste saint Jean observe expressément que « Jésus-Christ parlait du temple de son corps (Jn 2, 21 ) ». Nous entendons encore dans saint Matthieu le divin Sauveur s'exprimer avec non moins de force et d'évidence, quand il dit : « Comme Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre de la baleine, ainsi le Fils de l'homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre (Mt 12, 40 ).
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CHAPITRE VI.
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LES TROIS JOURS QUI PRÉCÉDÈRENT LA RÉSURRECTION.
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Mais ici encore nous ne trouvons point, selon le récit évangélique, trois jours pleins et complets. Car le premier et le dernier sont comptés chacun pour un jour entier, et toutefois l'un ne commença que vers le soir, et l'autre n'embrassa que quelques heures de la matinée. Le second seul fut complet, et dura vingt-quatre heures, douze de nuit, et douze de jour. Et en effet, Jésus-Christ fut condamné à mort, sur la demande des Juifs, le sixième jour de la semaine, et à la troisième heure du jour. Il fut crucifié le même jour à la sixième heure, et rendit le dernier soupir à la neuvième. Mais « il était déjà tard ». lorsqu'il fut enseveli; et cette expression de l'évangéliste saint Marc signifie que la sépulture eut lieu au déclin du jour (Mc 15, 42-45). Ainsi, quand même vous suivriez le calcul de saint Jean qui marque le crucifiement à la troisième heure, vous ne trouveriez point un jour entier, et toujours vous seriez obligé de n'y comprendre que quelques heures du soir, de même que le dernier ne renfermera que quelques heures de la matinée. Et en effet, entre le soir du second jour jusqu'au matin de celui qui vit s'accomplir la résurrection du Sauveur, se placera le troisième jour. Ainsi le Dieu qui a dit à la lumière de jaillir des ténèbres et qui a voulu qu'en participant à la grâce du nouveau Testament, et à la résurrection de Jésus-Christ, nous pussions entendre dire « ayant été autrefois ténèbres, nous sommes maintenant lumière en notre Seigneur ( 100or; 4, 6 ; Ep 5, 8 )», nous fait en quelque sorte entendre par là que le jour commence à la nuit.
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Nous voyons encore par la Genèse, qu'en prévision de la chute de l'homme, les jours furent d'abord comptés du matin au soir, et de même ici, par allusion à sa rédemption, ils sont comptés du soir au matin. De plus, observons que Je nombre des heures, y compris la neuvième, qui s'écoulèrent depuis la mort du Sauveur jusqu'à sa résurrection, est de quarante. Or, c'est également pendant quarante jours qu'il resta sur la terre après sa résurrection; et dans l'Ecriture ce nombre quarante désigne souvent, par son rapport avec les quatre éléments du monde, l'idée d'une perfection absolue. Dix est en effet un nombre parfait, et quatre fois dix font quarante. D'un autre côté nous comptons trente-six heures depuis le soir de la sépulture du Sauveur Jésus, jusqu'au matin de sa résurrection, c'est-à-dire six fois six. Au reste le rapport de l'unité à la dualité est le principe de la plus belle harmonie; ajoutez donc douze heures à vingt-quatre, et vous aurez trente-six, c'est-à-dire tout un jour de vingt-quatre heures, et douze heures de nuit, ce qui ne laisse pas, comme je l'ai déjà observé, d'être un calcul mystérieux. Car il nous est bien permis de considérer le jour comme symbole de l'âme, et la nuit comme symbole du corps, puisque dans sa mort et dans sa résurrection, la sainte humanité du Sauveur figurait la mort et la résurrection de notre âme et de notre corps.
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Tel est donc dans le nombre trente-six le rapport de l'unité à la dualité, puisque douze ajouté à vingt-quatre nous donne trente-six. Au reste chacun peut rechercher les motifs qui ont conduit les écrivains sacrés à mentionner ces divers nombres. J'en ai donné quelques raisons, mais d'autres peuvent en apporter ou de meilleures, ou d'équivalentes. Seulement bien ignorant serait celui qui ne voudrait voir dans ces nombres aucune raison secrète et mystique. Pour moi, j'ai exposé celles que m'ont fournies la tradition et (409) l'autorité de l'Eglise, le témoignage des saintes Ecritures et la constante harmonie des nombres. Au reste, nul n'est sage s'il contredit la raison, nui n'est chrétien s'il rejette l'Ecriture, et nul n'est ami de la paix s'il combat l'Eglise.
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CHAPITRE VII.
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UNION DES FIDÈLES.
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Nous reconnaissons donc en ces nombres mystérieux, non moins que dans le sacrifice du Calvaire, le prêtre et le Dieu, qui avant de paraître parmi nous et de naître de la femme, a voulu s'annoncer mystiquement à nos pères, Et en effet ces diverses apparitions d'anges , dont ils ont été favorisés, et les divers prodiges qu'opérèrent ces esprits célestes, ne furent que l'ombre et la figure du grand mystère de l'incarnation. C'est ainsi que toute créature prédisait à sa manière le futur avènement de celui qui devait être l'unique Sauveur des hommes. Le péché nous avait séparés du Dieu suprême, unique et véritable; et, entraînés sur sa pente fatale, nous nous étions éloignés des principes de la vie. Nous nous étions ainsi évanouis en nos pensées, et brisant les liens qui nous rattachaient au ciel, nous étions devenus les captifs volontaires du monde et du démon. Il fallait donc, selon les conseils et les décrets d'un Dieu plein de miséricorde, que toutes les créatures proclamassent l'arrivée de notre unique Rédempteur, qu'il vint lui-même appelé par les cris et les soupirs de toute l'humanité, et qu'au ciel comme sur la terre tout attestât son heureux avènement. Il fallait encore que l'homme délivré de ses nombreux ennemis, se jetât aux pieds de son unique Libérateur, et que souillé de mille péchés qui avaient donné la mort à son âme, et même à son corps, il en vînt à aimer Celui qui seul pur, saint et immaculé , a voulu mourir comme homme, pour racheter l'homme. Enfin, il fallait que, croyant en sa résurrection, nous puissions par la foi ressusciter avec lui en esprit, et être justifiés en celui qui est le juste par excellence. Nous ressusciterons donc nous-mêmes en notre chair, puisque celui qui est la tête du corps dont rions sommes les membres, est ressuscité le premier. C'est par la foi en ce divin Rédempteur qu'aujourd'hui nous sommes purifiés; mais alors, confirmés en grâce par la vision béatifique, et réconciliés avec le Seigneur notre Dieu, par la médiation de Jésus-Christ, nous lui serons unis, nous jouirons de lui, et nous demeurerons éternellement avec lui.
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CHAPITRE VIII.
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