Evangile de Luc
15,20 Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. ( ) 15,21 Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.” ( ) 15,22 Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, ( ) 15,23 allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, ( ) 15,24 car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer. ( )

15,25 Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses.


13898 Saint Jérôme (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: On peut dire encore que les paroles du fils ne sont point l'expression de la vérité, mais d'une vaniteuse présomption; aussi le père ne s'y laisse point tromper, et il cherche à calmer son fils par une autre raison, en lui disant: «Vous êtes avec moi», par la loi qui vous enchaîne, non qu'il n'ait jamais été coupable, mais parce que son père l'a toujours retiré des occasions de péché par ses châtiments? Rien d'étonnant d'ailleurs de voir mentir à son père celui qui porte envie à son frère.

13897 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Mais que veulent dire ces paroles: «Et tout ce que j'ai est à vous ?» Est-ce que ce n'est pas aussi à son frère? Sans doute, mais les fils arrivés à la perfection, et comme entrés déjà dans l'immortalité, possèdent toutes choses, comme si chacune d'elles était à tous, et comme si toutes étaient à chacun d'eux. La cupidité rend le coeur étroit et ne peut rien posséder qu'avec égoïsme; la charité, au contraire, agrandit et dilate le coeur. Mais comment, tout ce qui est au père peut-il être au fils? Est-ce que Dieu a aussi donné à ce fils la possession des anges? Si par possession vous entendez que le possesseur soit le propriétaire et le maître, il ne lui a pas tout donné, car nous ne serons pas un jour les maîtres des anges, mais nous partagerons leur bonheur. Mais si vous entendez le mot possession dans le sens que nous disons, que les âmes possèdent la vérité, je ne vois pas pourquoi nous ne prendrions pas cette expression à la lettre, car en parlant ainsi, nous ne voulons pas dire que les âmes soient maîtresses de la vérité; si enfin le sens propre du mot possession ne se prête pas à cette interprétation, nous y renonçons volontiers, car le père ne dit pas: Vous possédez touts mais: «Tout ce qui est à moi est à vous», mais non pas comme si vous en étiez le maître. En effet, ce que nous avons d'argent peut être destiné, soit à l'entretien, soit à l'ornement de notre famille ou à quelque autre usage semblable. Car puisque ce fils peut dire, dans un sens vrai, que son père est à lui, pour. quoi ne pourrait-il pas le dire de ce que possède son père? Il faut seulement l'entendre de différentes manières; ainsi lorsque nous serons parvenus à la béatitude des cieux, les choses supérieures seront à nous pour les contempler, les êtres qui nous sont égaux pour partager leur sort, les créatures inférieures pour les dominer. Le frère aîné peut donc se livrer à la joie en toute sécurité.

13896 Bede (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Aux murmures des scribes et des pharisiens, qui reprochaient au Sauveur d'accueillir favorablement les pécheurs; il répond par trois paraboles, qu'il leur expose successivement. Dans les deux premières, il montre combien la conversion des pécheurs est un sujet de joie pour lui et pour les anges; le but de cette troisième parabole n'est plus seulement de faire ressortir cette grande joie, mais de condamner les murmures de ces esprits envieux: «Cependant, poursuit-il, son fils aîné était dans les champs».

13895 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Ce fils aîné, c'est le peuple d'Israël; il n'est point allé dans une région lointaine, cependant il n'est pas dans la maison, il est dans les champs, c'est-à-dire, qu'il travaille pour acquérir les biens de la terre dans le riche héritage de la loi et des prophètes. Il revient des champs et approche de la maison, c'est-à-dire, qu'il désapprouve les travaux de son oeuvre servile, en considérant d'après les mêmes Écritures la liberté de l'Église: «Et comme il revenait et approchait de la maison, il entendit une symphonie et des danses»,c'est-à-dire, ceux qui, remplis de l'Esprit saint, prêchaient l'Évangile dans une parfaite harmonie de doctrine: «Et il appela un des serviteurs»,etc; c'est-à-dire, qu'il se met à lire un des prophètes et cherche à savoir en l'interrogeant la cause de ces fêtes qu'on célèbre dans l'Église, dont il voit qu'il ne fait pas encore partie. Le prophète, serviteur de son père, lui répond: «Votre frère est revenu»,etc. Comme s'il lui disait: Votre frère s'en était allé jusqu'aux extrémités de la terre, de là cette joie. plus vive de ceux qui font entendre des chants nouveaux, car «ses louanges retentissent d'un bout de la terre à l'autre». ( Is 42,10 ). Et pour fêter retour de celui qui était égaré, on a immolé homme qui sait ce que c'est de souffrir, «parce que ceux auxquels il n'avait point été annoncé ont vu». ( Is 53, 3; Is 52, 45).

13894 Saint Ambroise (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Le peuple d'Israël représenté par le frère aîné, envie à son plus jeune frère, c'est-à-dire, au peuple des Gentils, le bienfait de la bénédiction paternelle; ce que faisaient les Juifs, en voyant Jésus-Christ manger avec les païens: «Il s'indigna et ne voulait pas entrer».

13893 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Cette indignation dure encore aujourd'hui, et ce peuple persiste à ne vouloir pas entrer. Mais lorsque la plénitude des nations sera entrée dans l'Église, le père sortira dans le temps favorable, afin que tout Israël soit sauvé. ( Rm 11, 23.26) : «Son père donc étant sorti, se mit à prier». s Juifs, en effet, seront un jour ouvertement appelés au salut apporté par Évangi, et cette vocation manifeste nous est ici représentée par sortie du père, qui vient prier son fils aîné d'entrer. réponse du fils aîné soulève deux questions: «Il répondit à son père: Voilà tant d'années que je vous sers, et je n'ai jamais manqué à un de vos commandements», etc. Il est évident d'abord que cette fidélité à ne transgresser aucun commandement, ne doit pas s'entendre de tous s commandements, mais de celui qui est premier et plus nécessaire, c'est-à-dire, qu'on ne a jamais vu adorer d'autre Dieu que Dieu, seul créateur de toutes choses ( Ex 20, 3). Il n'est pas moins certain que ce fils aîné ne représente pas tous s Israélites, mais ceux qui n'ont jamais quitté culte du vrai Dieu pour adorer s idos; car bien que ses désirs eussent pour objet s biens de terre, il n'attendait cependant que du seul vrai Dieu ces biens communs ici-bas aux justes et aux pécheurs, selon ces paros du Psalmiste: «Je suis devenu sembb devant vous à animal stupide, cependant j'ai toujours été avec vous» ( Ps 72, 22.23). Mais quel est le chevreau qu'il n'a jamais reçu pour faire un festin? «Et vous ne m'avez jamais donné un chevreau pour faire bonne chère avec mes amis».Le pécheur est ordinairement figuré sous l'emblème du bouc ou de chevreau.

13892 Saint Ambroise (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Les Juifs demandent un chevreau, et les chrétiens un agneau; aussi on leur délivre Barabbas, tandis que l'agneau est immolé pour nous. Le fils aîné se plaint qu'on ne lui ait point donné un chevreau, parce que les Juifs ont perdu les rites de leurs anciens sacrifices; ou bien ceux qui désirent un chevreau sont ceux qui attendent l'Antéchrist.

13891 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Cependant, je ne vois pas comment on peut appliquer les conséquences de cette interprétation, car il est souverainement absurde que ce fils, à qui son père dira bientôt: «Vous êtes toujours avec moi», ait demandé à son père de croire à l'Antéchrist. On ne peut pas davantage voir dans ce fils ceux des Juifs qui devaient embrasser le parti de l'Antéchrist. Or, si ce chevreau est la figure de l'Antéchrist, comment pourrait-il en faire un festin, lui qui ne croit pas à l'Antéchrist? Mais si le festin de joie qui est fait avec ce chevreau signifie la joie produite par la ruine de l'Antéchrist, comment ce fils aîné du père peut-il dire que cette faveur ne lui ait jamais été accordée, puisque tous ses enfants doivent se réjouir de sa ruine? Il se plaint donc que le Seigneur ne lui ait pas été donné en festin, parce qu'il le prend pour un pécheur, car comme cette nation considère le Sauveur comme un chevreau ou comme un bouc, en le regardant comme un violateur et un profanateur du sabbat, elle n'a pu mériter la faveur d'être admise à son festin. Ces paroles: «Avec mes amis», doivent s'entendre, ou des principaux des Juifs avec le peuple, on des habitants de Jérusalem avec les autres peuples de Juda.

13890 Saint Jérôme (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: ou bien encore: «Vous ne m'avez jamais donné un chevreau»,c'est-à-dire, le sang d'aucun prophète ni d'aucun prêtre ne nous a délivrés de la domination romaine.

13889 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Son père ne l'accuse pas de mensonge, il le loue même d'avoir toujours persévéré avec lui, et il l'invite à se livrer aux sentiments plus parfaits d'une joie meilleure et plus douce: «Alors le père lui dit: Vous, mon fils, vous êtes toujours avec moi».

13888 Saint Ambroise (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Ce fils sans pudeur est semblable au pharisien qui cherchait à se justifier, parce qu'il observait la lettre de la loi, et qu'il accusait son frère d'avoir dévoré son bien avec des femmes perdues: «Et à peine votre autre fils qui a dévoré son bien avec des courtisanes, est-il revenu», etc.

13887 Saint Jérôme (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Il ajoute: «Vous avez tué pour lui le veau gras». Le peuple juif confesse donc que le Christ est venu, mais par un sentiment d'envie, il refuse le salut qui lui est offert.

13886 Saint Ambroise (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Cependant ce bon père ne laisse point de vouloir le sauver en lui disant: «Vous êtes toujours avec moi», ou comme juif, par l'observation de la loi, ou comme juste par l'union plus intime avec Dieu.

13885 Saint Ambroise (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Car s'il veut renoncer à tout sentiment d'envie, il verra bientôt que tout est réellement à lui, les sacrements de l'Ancien Testament, s'il est juif, et ceux de la nouvelle loi, s'il est baptisé.

13884 Théophylactus (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: On peut encore donner à tout ce passage une explication différente: Ce fils qui se laisse aller aux murmures, figure tous ceux qui se scandalisent en voyant les progrès rapides et le salut des âmes parfaites, comme celui que David nous représente, se scandalisant de la paix dont jouissent les pécheurs.

13883 Tite (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Ce fils aîné, semblable à un laboureur, s'appliquait aux travaux de l'agriculture, en cultivant non un champ matériel, mais le champ de son âme, et en greffant les arbres du salut, c'est-à-dire, les vertus.

13882 Théophylactus (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Ou bien il était dans les champs, c'est-à-dire dan s le monde, cultivant sa propre chair pour lui donner du pain en abondance, et semant dans les larmes pour moissonner dans la joie.

13881 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: On demande si celui qui s'afflige du bonheur des autres est atteint de la passion de l'envie. Je réponds qu'aucune âme sainte ne s'attriste de la sorte; loin de là, elle regarde le bien des autres comme le sien propre. Il ne faut pas du reste vouloir expliquer à la lettre tout ce que renferme une parabole, quand on a découvert le sens que s'est proposé l'auteur, il ne faut plus chercher autre chose. Or le but de cette parabole est d'exciter les pécheurs à revenir à Dieu avec confiance, par l'espérance des grands avantages qui leur sont promis. Aussi voyons-nous les grâces qui leur sont prodiguées devenir un sujet de trouble et de profonde jalousie pour les autres, bien qu'ils soient eux-mêmes environnés de tant d'honneurs, qu'ils puissent devenir à leur tour un sujet d'envie.

13880 Théophylactus (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Ou bien encore, Notre-Seigneur, dans cette parabole, a dessein de reprendre les mauvaises dispositions de ceux qu'il appelle justes par supposition; comme s'il leur disait: Vous êtes vraiment justes, je l'admets, vous n'avez transgressé aucun des commandements, est-ce donc une raison pour ne pas vouloir accueillir ceux qui reviennent de leur conduite coupable?

13879 Saint Jérôme (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Disons encore que toute justice en comparaison de celle de Dieu, n'est qu'injustice. De là ce cri de saint Paul: «Qui me délivrera de ce corps de mort ?» ( Rm 8). De là cette indignation des Apôtres, lorsqu'ils entendirent demande de mère des enfants de Zébédée ( Mt 20).

13878 Saint Cyrille de Jérusalem (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Nous éprouvons quelque fois nous-mêmes ce sentiment, nous en voyons, en effet, dont toute la vie se passe dans l'exercice des plus sublimes vertus, d'autres qui ne se convertissent à Dieu que dans l'extrême vieillesse, ou même qui, par une grâce particulière de la miséricorde divine, n'effacent leurs pêchés qu'au dernier jour de leur vie. Or il en est qui, par un sentiment de défiance inopportune, ne peuvent admettre cet excès de miséricorde, parce qu'ils ne considèrent pas la bonté du Sauveur, qui se réjouit du salut des pécheurs.

13877 Théophylactus (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Le fils dit donc à son père: J'ai passé gratuitement dans les douleurs une vie toujours exposée aux persécutions des pécheurs, et vous n'avez jamais commandé qu'on mît à mort pour moi un chevreau (c'est-à-dire, pécheur qui me persécutait), pour me donner quelques moments de soulagement et de repos. Dans ce sens, Achab était le chevreau d'Élie, qui disait à Dieu: «Seigneur, ils ont tué vos prophètes».

13876 Saint Ambroise (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Ou bien dans un autre sens: l'Évangile nous dit que ce frère aîné revenait des champs, c'est-à-dire des occupations de la terre, et comme il ignore les choses de l'Esprit de Dieu, il se plaint qu'on n'a jamais tué pour lui un chevreau; car ce n'est pas pour satisfaire l'envie, mais pour la rédemption du monde que l'agneau a été immolé. L'envieux demande un chevreau, celui qui est innocent demande qu'on immole pour lui un agneau. Ce frère est le plus âgé, parce que l'envie est la cause d'une vieillesse prématurée; il se tient dehors, parce que la malveillance lui défend d'entrer, il ne peut souffrir ni le bruit de la symphonie et des danses, (il ne s'agit pas ici des joies du théâtre qui ne sont propres qu'à exciter s passions), c'est-à-dire les chants harmonieux du peuple qui fait éclater les sentiments d'une joie douce et suave lorsqu'un pécheur revient à Dieu. Ceux au contraire qui sont justes à leurs propres yeux, s'indignent du pardon accordé au pécheur qui avoue ses fautes. Qui êtes-vous pour vous opposer à Dieu qui veut pardonner, lorsque vous pardonnez vous-même à qui bon vous semble? Applaudissons donc à la rémission des péchés qui suit la pénitence, de peur qu'en nous montrant ainsi jaloux du pardon qui est accordé aux autres, nous nous rendions indignes de l'obtenir nous-mêmes du Seigneur. Ne portons point envie à ceux qui reviennent de loin, car nous nous sommes égarés nous-mêmes dans ces régions lointaines.

13875 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Ces femmes perdues sont les superstitions des Gentils, et on dissipe son bien avec elles, quand au mépris de la légitime alliance qu'on a contractée avec le vrai Dieu, on se livre à une honteuse fornication avec le démon.

246 Saint Ambroise sur verset 2004-03-20: Symbole de ces âmes qui, tout en se croyant fidèles, aiment à se donner aux choses extérieures et qui demeurent étrangères à l’esprit de Dieu (saint Ambroise : commentaire de l’évangile selon saint Luc, VII 215).

( )
15,26 Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait. ( ) 15,27 Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.” ( ) 15,28 Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier. ( ) 15,29 Mais il répliqua à son père : “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. ( ) 15,30 Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !” ( )



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trouve dans 2 liturgie(s): Dimanche-4-Carême annee C, Dimanche-24-temps ordinaire annee C,
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Lu dans le marathon de la parole: Voir heure 41