Evangile de Marc
16,16 Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. ( ) 16,17 Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ( ) 16,18 ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. » ( ) 16,19 Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. ( ) 16,20 Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient. ( )
Evangile de Luc

1,1 BEAUCOUP ONT ENTREPRIS de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous,


20773 Bible des Peuples sur titre chapitre 2023-11-11: Prologue

11377 Eusèbe (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Il est donc certain, que c'est dans les enseignements de saint Paul ou des autres Apôtres qui ont été attachés dès le commencement à la personne du Sauveur, que saint Luc a puisé la vérité historique de son récit.

11376 Tite (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Il ajoute: «Des choses»,car ce n'est pas dans un corps simplement apparent, comme le prétendent les hérétiques que Jésus a fait son avènement parmi nous, mais comme il était la vérité, c'est réellement dans la vérité qu'il a accompli son oeuvre.

11375 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Ou encore, afin que vous ayez une certitude inébranlable des vérités que vous avez apprises, en les voyant consignées dans l'Écriture.

11374 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Il se sert du mot, «ils ont vu», parce que le témoignage de témoins oculaires des faits, est pour nous le plus ferme motif de crédibilité.

11373 Origène (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Il est écrit dans l'Exode: «Le peuple voyait la voix du Seigneur». Cependant la voix s'entend plutôt qu'elle n'est vue; mais l'écrivain sacré s'exprime de la sorte pour nous faire comprendre que la voix du Seigneur est visible pour d'autres yeux, que Dieu ouvre à ceux qui en sont dignes. Or, dans l'Évangile, ce n'est pas simplement la voix qui est vue, mais une parole qui est bien supérieure à la voix.

11372 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: L'Évangéliste ne s'en rapporte pas seulement à son témoignage personnel, mais il s'appuie exclusivement sur celui des Apôtres, pour donner plus de poids à ses paroles: «Ainsi que nous les ont rapportées ceux qui les ont eux-mêmes vues dès le commencement».

11371 Bede (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Lorsque saint Luc dit plusieurs, il a donc moins égard à leur nombre qu'à la diversité des hérésies que professaient ces prétendus évangélistes, qui sans avoir été favorisés des dons de l'Esprit saint et ne s'appuyant que sur leurs vains efforts, ont cherché bien plutôt à composer des récits particuliers qu'à reproduire la vérité historique des faits.

11370 Théophylactus (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Souvent, en effet, nous regardons comme faux des faits qu'on avance dans la conversation, sans qu'on les mette par écrit; si, au contraire, on prend soin de les écrire, nous y ajoutons foi plus volontiers; car, pensons-nous, s'il n'était sûr de la vérité de ce qu'il dit, il ne l'écrirait point.

11369 Saint Ambroise (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Mais ce n'est pas seulement comme homme revêtu de notre chair qu'ils ont vu Notre-Seigneur, ils l'ont vu comme Verbe, lorsque avec Moïse et Élie, ils ont été témoins de la gloire du Verbe, qui est resté invisible pour ceux qui n'ont pu voir que son corps.

11368 Saint Cyrille de Jérusalem (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Saint Jean confirme ce que dit ici saint Luc, que les Apôtres ont vu ce Verbe de leurs yeux par ces paroles: «Le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire»; car c'est par le moyen de la chair que le Verbe s'est rendu visible.

11367 Saint Ambroise (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Car, de même que chez le peuple juif, un grand nombre de prophètes ont prophétisé sous l'inspiration de l'Esprit saint; tandis que d'autres n'étaient que de faux prophètes, de même aujourd'hui, sous la nouvelle loi, plusieurs ont entrepris d'écrire des évangiles qui ne sont pas de bon aloi; c'est ainsi qu'on nous donne un évangile, écrit, dit-on, par les douze Apôtres, un évangile que Basilide a eu la prétention d'écrire, un troisième même qui aurait pour auteur saint Mathias.

11366 Saint Ambroise (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Celui qui s'est efforcé de mettre en ordre, n'a dû ses efforts qu'à son travail personnel, et n'en peut espérer aucun résultat; au contraire, les dons et la grâce de Dieu n'exigent point d'efforts , et quand la grâce se répand dans une âme, elle l'arrose si largement, que l'esprit de l'écrivain loin d'être stérile, devient d'une inépuisable fécondité. C'est donc avec raison que saint Luc ajoute: «Des choses qui se sont accomplies parmi nous»,ou dont nous avons une connaissance surabondante, car ce qui est abondant ne fait défaut à personne, comme aussi personne ne doute de ce qui s'est accompli, puisque la foi s'appuie alors sur des faits qui en sont la démonstration la plus claire.

11365 Origène (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: De l'aveu de tous, l'objet final de certaines sciences est dans ces sciences elles-mêmes, comme la géométrie; pour d'autres, comme la médecine, cet objet est dans l'application, il en est ainsi de la parole de Dieu; aussi après nous avoir indiqué la source de la science par ces paroles: «Ils ont vu», il nous en fait connaître les oeuvres pratiques en ajoutant: «Et ils ont été ministres de la parole (ou du Verbe).»

11364 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: On peut dire encore que toute cette préface de saint Luc contient deux choses: dans quelles conditions ceux qui l'ont précédé (saint Mt et saint Mc) ont écrit l'Évangile, et pour quel motif il a entrepris lui-même de l'écrire. Cette expression: «Ils se sont efforcés», peut donc s'appliquer, et à ceux qui n'ont mis la main à cette oeuvre que par présomption, et à ceux qui l'ont entreprise dans les conditions de respect et d'honneur qu'elle réclame. Or, le sens douteux de cette expression se trouve précisé par une double explication que saint Luc nous donne. Premièrement, lorsqu'il dit: «Des choses qui se sont accomplies parmi nous»; secondement, quand il ajoute: «Ainsi que nous les ont transmises ceux qui les ont eux-mêmes vues dès le commencement». Ce mot «ils nous ont transmis», me paraît encore renfermer un avertissement donné à ceux qui reçoivent l'Évangile, de travailler eux-mêmes à sa propagation; car de même que les Apôtres l'ont transmis, ceux qui l'ont reçu doivent à leur tour le transmettre à d'autres. Lorsque les faits évangéliques n'étaient pas encore consignés par écrits, il en résultait bien des inconvénients à mesure qu'on s'éloignait des faits. Aussi ceux qui avaient recueilli ces faits de la bouche des premie rs disciples et des ministres du Verbe, agirent-ils sagement en les consignant dans des écrits qui les répandirent dans tout l'univers, dissipèrent les calomnies, prévinrent un fâcheux oubli, et constituèrent ainsi par la tradition l'intégrité des saints Évangiles.

11363 Bede (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Théophile signifie qui aime Dieu ou qui est aimé de Dieu, qui que vous soyez donc, si vous aimez Dieu, ou si vous désirez être aimé de Dieu, regardez cet Évangile comme écrit pour vous, et conservez-le comme un présent qui vous est fait, comme un gage qui vous est confié. Et ce ne sont pas des choses nouvelles, ou des secrets inconnus qu'il doit expliquer à ce même Théophile; il lui promet de lui exposer la vérité des choses dont il a été instruit, afin, dit-il, de vous faire connaître la vérité des choses qu'on vous a enseignées, c'est-à-dire pour que vous puissiez connaître dans leur ordre naturel, les paroles et les actions du Seigneur, dont le souvenir nous a été conservé.

11362 Saint Ambroise (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: En disant: «Il m'a semblé bon»,il n'exclut pas le bon plaisir de Dieu; car c'est Dieu lui-même qui prédispose la volonté de l'homme (Pv 8, 35). Or, personne n'ignore que l'Évangile de saint Luc est plus étendu que les autres, aussi saint Luc prend-il soin d'établir solidement la vérité des faits qu'il raconte: «C'est après avoir été très exactement informé, que j'ai cru devoir écrire», non tout ce qu'il avait appris, mais une partie; car si toutes les choses qu'a faites Jésus étaient rapportées en détail, je ne crois pas, dit saint Jean, que le monde pût contenir les livres où elles seraient écrites. Du reste, c'est à dessein qu'il a omis une grande partie des faits racontés par les autres Évangélistes, afin que chaque Évangile dût son caractère particulier à la nature des mystères et des miracles qu'il renferme.

11361 Origène (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Il nous fait connaître qu'elles ont été pour lui les suites de cet avènement, en ajoutant: «Qui se sont accomplies parmi nous», c'est-à-dire qui nous ont été dévoilées dans toute leur clarté, (comme signifie mot grec p ågëçñïöïñçìåíùí, que tin ne peut rendre par un seul mot), car la connaissance de ces myste res était chez lui le résultat d'une foi certaine, raisonnée, et qui excluait jusqu'à l'ombre même du doute.

11360 Eusèbe (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Saint Luc commence son récit en nous faisant connaître la raison qui l'a déterminé à écrire son évangile; c'est que plusieurs avaient eu la prétention téméraire de raconter les choses dont il avait une connaissance plus parfaite: «Plusieurs, dit-il, s'étant efforcé de mettre par ordre l'histoire des choses».

11359 Bede (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Et cependant saint Matthieu et saint Jean, pour un grand nombre de faits qu'ils racontent, ont dû nécessairement avoir recours à ceux qui connaissaient les détails de l'enfance de Jésus, de sa jeunesse, de sa généalogie, et qui avaient pu être témoins de ses actions.

11358 Théophylactus (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Nous pouvons conclure logiquement de ces paroles, que saint Luc n'a pas été un des premiers disciples du Sauveur, mais qu'il ne l'est devenu que dans là suite. D'autres se sont attachés à Jésus-Christ dès le commencement, comme Pierre et les fils de Zébédée.

11357 Théophylactus (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Il adressa son Évangile à Théophile, c'était un personnage distingué, peut-être même un prince; car l'épithète d'excellent ne se donnait qu'aux princes et aux gouverneurs, comme nous voyons saint Paul appeler le gouverneur Festus: «Très excellent Festus».

11356 Saint Ambroise (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Cette dernière expression ne signifie pas que le ministère de la parole s'adressait plutôt à la vue qu'à l'ouïe; mais comme ici, ce Verbe n'était pas un Verbe parlé, mais un Verbe substantiel, saint Luc veut nous faire comprendre que ce n'est pas d'une parole ordinaire, mais d'une parole toute céleste, que les Apôtres furent les ministres.

11355 Origène (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Saint Luc établit ensuite le droit qu'il avait d'écrire l'Évangile sur la connaissance qu'il en avait acquise, non par des rumeurs incertaines, mais par des traditions qui remontaient à l'origine des faits: «Il m'a semblé bon, après avoir tout appris dès le commencement, cher Théophile, d'en écrire l'histoire avec ordre».

2871 Bible des peuples sur verset 2018-12-02: Cette courte préface de l’Évangile aide à le situer parmi les écrits de son temps. Elle n’a rien à voir avec les longues préfaces des œuvres littéraires ou historiques des Grecs. Par contre, elle se calque sur le schéma habituel des ouvrages de type plus technique et pratique qui, sans s’abaisser aux formes du langage parlé, visaient avant tout à la précision. Luc n’a pas cherché à faire œuvre académique, il donnait aux chrétiens de classe moyenne des cités gréco-romaines un témoignage sur lequel ils puissent asseoir leur foi. Luc parle de ses prédécesseurs, comme le demandait ce genre de préface : on sent qu’il se réfère à la fois à des traditions orales et à des écrits. Il y avait déjà, non pas deux mais plusieurs écrits antérieurs aux synoptiques. Les événements qui se sont accomplis parmi nous. Luc emploie, sans doute volontairement, un verbe qui peut avoir deux significations différentes : “qui est pleinement digne de foi”, et : “qui marque un accomplissement”. Accomplissement : on peut comprendre que ces événements accomplissent toute l’espérance du peuple de Dieu ; le sens est plutôt celui-ci : ces événements ont atteint leur terme et se suffisent à eux-mêmes, autrement dit : c’est la bonne nouvelle définitive. Le parmi nous montre que Luc se sent solidaire et partie prenante de la première Église, elle-même en dépendance de l’expérience et de la foi des apôtres (voir 1Jean 1.3). Nous avons dit que l’Évangile et les Actes sont les deux versants d’une même œuvre de Luc : le parmi nous se rapporte également aux faits et témoignages de la première évangélisation. L’allusion à Luc en 2Corinthiens 8.18 laisse entendre que depuis longtemps déjà il était évangéliste ; il était donc habitué à manier les documents qui constituent la base de son évangile.

2870 Bible des peuples sur verset 2018-12-02: Luc dédie son livre à un chrétien aisé ; il lui confie son manuscrit pour qu’il le fasse recopier à l’usage des Églises. Il dédiera de même à Théophile les Actes des Apôtres. Les deux premiers chapitres de cet évangile sont, comme le début de l’évangile de Matthieu, un récit de l’enfance de Jésus. Mais l’esprit est fort différent. Matthieu utilisait des traditions peut-être assez éloignées de l’histoire, mais qui lui semblaient illustrer la future mission. Luc nous donne un récit qui contient toute une théologie mais qu’il veut appuyé sur les faits ; il utilise pour cela un ancien document rédigé en hébreu que gardaient les communautés chrétiennes de Palestine.
Nous trouvons donc 7 tableaux dans ces deux premiers chapitres :
- L’annonciation de Jean
- L’annonciation de Jésus
- La visitation
- La naissance de Jean
- La naissance de Jésus
- La présentation
- Jésus au Temple

20 Père Jean-Marc PIMPANEAU / Saint Ambroise sur verset 2001-04-04: COMPRENDRE L'INCARNATION avec Saint Augustin ! Comment en devenant un seul homme bien particulier, le Fils de Dieu s'est-il uni à l'ensemble de l 'humanité à travers l'histoire et le monde ? Pourquoi peut-on dire que l'Incarnation est déjà un acte de rédemption ? St Jean affirme: "Jésus est la Parole de Dieu faite chair" (Jn 1,14) Dans l'Islam, c'est le Coran qui est l'expression parfaite de la parole de Dieu. Qu'est-ce que cela change ? Qu1est-ce qui distingue l'Incarnation du Christ des avatars d'une divinité hindouiste ? Pourquoi l’incarnation répond-elle à toutes les attentes messianiques d'Israël ? Comment le Fils de Dieu peut-il garder sa nature divine en devenant homme ? Pourquoi précise-t-on que c'est le Fils de Dieu qui s'incarne ? Si l'on parle d'incarnation pour la venue du Fils de Dieu sur terre, pourquoi ne peut-on pas parler de réincarnation au sujet de son retour à la fin des temps ?

4898 Chouraqui sur titre livre 2019-04-19: Aucun problème biblique n’est jamais définitivement résolu. Jusqu’aux environs de 1950, un accord quasi unanime - contre les opinions outrées de l’école de Tübingen - faisait de Loucas (Luc) l’unique auteur du troisième évangile et des Actes des Apôtres. Dans les trois dernières décennies, des voix autorisées se sont élevées pour - tout en reconnaissant un auteur unique à ces deux livres - en refuser la paternité à Luc et dater ces ouvrages d’une ou de deux générations plus tard.
L’ancienne tradition chrétienne s’appuie sur le témoignage d’Irénée, du prologue antimarcionite et du canon de Muratori (fin du IIe siècle). Luc n’en demeure pas moins pour nous un homme a peu près inconnu. On croit savoir qu’il fut un sémite, probablement d’origine syrienne, étant ainsi le seul auteur du Nouveau Testament à ne pas être un fils d’Israël (Col 4,11-14). Mais il est lui aussi imprégné de culture biblique et chez lui aussi l’influence hébraïque, dans l’expression de la pensée, est patente. Luc aurait exercé la profession de médecin (Col 4,14). On a supposé qu’il aurait composé ses oeuvres après la mort de Paul, avec lequel il aurait été particulièrement lié, entre 60 et 84.
Luc, en présentant sa vie de Iéshoua‘, entend non seulement en rapporter la chronique fidèle, mais encore faire oeuvre de création littéraire. Il dispose pour cela de sources abondantes, ayant très certainement utilisé Marc et, sinon Matthieu, du moins la source commune dans laquelle Matthieu a puisé, dont le sigle est Q (de l’allemand Quelle). Marc et Q donnent ainsi toute la substance de l’évangile de Luc. Sur les données de ses sources écrites et orales, Luc structure son oeuvre en cinq parties:
1) l’évangile de l’enfance (Lc 1,1-2,52);
2) la mission en Galilée (Lc 3,1-9,50);
3) la montée vers Jérusalem (Lc 9,51-19,27);
4) dernières prédications (Lc 19,28-21,38);
5) la passion (Lc 22,1-24,53).
Homme de lettres, Luc a le souci d’insérer les faits qu’il décrit dans le cadre de l’histoire universelle et de l’histoire d’Israël qu’il connaît par ses sources et mieux encore par la Bible, lue et citée le plus souvent d’après la version des LXX.
Luc narre ainsi la vie de Iéshoua‘ comme constituant un document historique central dans l’histoire universelle. Pour lui, Iéshoua‘ et son évangile ouvrent à l’humanité la porte du salut. Le messie est en effet venu, député par son père IHVH-Adonaï Elohîms, pour sauver ceux qui sont perdus, c’est-à-dire tous les hommes. Dans le procès du salut, la croix n’a pas pour Luc l’importance centrale qu’elle prendra dans la tradition chrétienne ultérieure: il ne parle de caractère sacrificiel de la mort de Iéshoua‘ qu’en Lc 22,19 et Ac 20,28. L’essentiel, dans la marche vers le salut, est d’accueillir et d’accomplir les enseignements du messie, dans l’attente de la parousie et de l’instauration du royaume de IHVH-Adonaï, dans la gloire.
On a remarqué que le style de Luc ressemblait à celui de Flavius Josèphe, imprégné comme lui de langage biblique et d’hébraïsmes, ou encore, parmi les Grecs, à celui de l’historien Polybe. S’adressant surtout à des païens convertis, Luc évite d’employer des mots hébreux et il tend, plus que les autres évangélistes, à la pureté de style, n’évitant cependant pas, en vingt-huit occurrences, d’employer des mots qui seront ultérieurement proscrits du « bon usage » de la langue grecque par Phrynicos (IIe siècle de l’ère chrétienne).
Tandis que Marc fait largement usage du présent historique, Luc, plus soucieux de rigueur grammaticale, l’évite à une seule exception près: il entend largement utiliser les riches ressources de la conjugaison grecque pour ménager ses effets littéraires.
Malgré cela, on décèle de nombreux sémitismes dans son style. Dans les discours de Iéshoua‘, notamment, Luc emploie de nombreux hébraïsmes ou aramaïsmes, généralement les mêmes que dans Matthieu et Marc.
Tout au long de son oeuvre, Luc a un constant souci de la composition. Précédés par des introductions, ses développements se terminent souvent par des conclusions où il souligne d’un trait personnel l’essentiel de son message. À cet égard la comparaison des passages parallèles de Marc et de Luc est significative. Luc se présente ainsi comme un écrivain nanti d’un vocabulaire dense, qu’il utilise avec art, visant constamment à toucher le coeur de ses lecteurs, à les convaincre de l’authenticité, de la beauté tragique et de l’incomparable grandeur de son récit.
Les chapitres 1 et 2, consacrés à la naissance et à l’enfance de Iohanân (Jean) et de Iéshoua‘ (Jésus), sont caractéristiques de la narration lucanienne. Luc prend soin de préciser le temps et le lieu où se situent les événements qu’il décrit. Il fait vivre ses personnages qui entrent, viennent, montent, sortent ou partent. Les scènes ne sont pas seulement mimées, mais dialoguées et pour ainsi dire chantées en des actions de grâces et des cantiques. L’ensemble surgit de la matrice biblique d’où le récit semble directement émaner.
La deuxième partie de l’évangile de Luc (Lc 3,1-9,50) est consacrée à la mission de Iéshoua‘ en Galilée, sous le signe des réalités politiques et religieuses de l’Empire dont la Judée est une colonie.
Biographe appliqué, Luc reprend les récits des deux premiers évangiles. Le secret messianique cher à Marc est éliminé: Iéshoua‘, dès le début de sa vie publique, est salué en tant que messie et fils d’Elohîms. Luc attribue ainsi à la Galilée la primeur des enseignements de Iéshoua‘. Il situe tout au début la visite et la prédication faite à Nazareth.
Iéshoua‘ chemine ensuite dans les villes et les villages, souvent peuplés de réfugiés qui fuyaient les rigueurs ou la répression de l’occupant romain. Il est entouré des Douze et de femmes, Miriâm de Magdala, Iohana, Shoshana, d’autres encore qui l’assistaient de leurs biens. Le vrai mouvement du récit est donné par la prédication du royaume, davantage que par les voyages du maître à travers les chemins, souvent fleuris, de la Galilée.
Les grands thèmes traités par les deux premiers évangélistes sont repris par Luc. Il évoque la triple épreuve de Iéshoua‘ tenté par Satan (Lc 4,1-13), en faisant précéder son récit d’une brève introduction qui lui donne un sens plus profond. Suivent cinq confrontations avec les Peroushîm (pharisiens) et les répétiteurs de la tora (Lc 5,17-6,11).
L’institution des Douze (Lc 6,12-16) et le discours que Luc situe, non plus sur la montagne, comme l’avait fait Matthieu, mais dans une plaine (Lc 6,17-49) résument les intentions et le sens des enseignements de Iéshoua‘. L’alternance des bénédictions et des malédictions s’inspire des discours parénétiques de la Tora et d’une tradition constante chez les inspirés et chez les rabbis, tradition que l’on retrouve également dans maints écrits de Qumrân. La foule enthousiaste, à la différence des docteurs inquiets de l’avenir, voit dans Iéshoua‘ un grand prophète, tandis que Iohanân l’Immergeur pose la question: « Es-tu celui qui vient? » (Lc 7,20). Luc ménage ses effets et crée ainsi une émotion voulue.
Paraboles et miracles jalonnent la route de Iéshoua‘ en Galilée. Le récit culmine dans l’envoi des Douze en mission (Lc 9,1-6), la confession de Pierre (Lc 9,18-20) et la transfiguration (Lc 9,28-36). D’ultimes instructions aux adeptes (Lc 9, 44-50) précèdent la montée de Iéshoua‘ et des Douze vers Jérusalem, où tous l’attendent.
La montée vers Jérusalem (Lc 9,51-19,28) est un long intermède dans le récit lucanien. L’auteur y introduit tout ce qu’il n’a pu ou ne pourra mettre ailleurs. Chaque verset ajoute à l’extrême richesse de faits ou de pensées de l’ensemble. Celui-ci est dominé par l’importance exceptionnelle des paraboles: nul mieux que Luc ne sait faire usage de ce genre dans lequel Iéshoua‘ excelle.
On sent que l’écrivain jubile en nous transmettant un trésor de mots, d’idées et d’images où l’Église puisera surabondamment pendant vingt siècles sans arriver à en atténuer la richesse. Les paroles de Iéshoua‘ demeurent en cela aussi neuves, aussi vraies, aussi fécondes que lorsqu’elles sortirent pour la première fois de sa bouche.
La dernière partie du troisième évangile (Lc 19,28-24,53) se situe, comme il se doit, à Jérusalem. Luc répartit sa matière en deux grandes sections: la prédication dans le Temple (Lc 19,28-21,38); la passion et la résurrection (Lc 22,1-24,53).
La chronologie de Luc est plus imprécise que celle de Marc ou de Matthieu. Nous savons seulement qu’après son entrée triomphale à Jérusalem, Iéshoua‘ enseigne journellement et publiquement dans le sanctuaire. Dans les quatre évangiles, d’ailleurs, un seul fait est certain, c’est que la passion eut lieu un vendredi, la veille d’un shabat.
Le récit lucanien débouche donc ici sur la passion, la mort et la résurrection de Iéshoua‘ (Lc 22,1-24,53). Le procès de l’innocent persécuté, du serviteur souffrant démontre, aux yeux de Luc, que derrière la façade politique et humaine des faits, ce sont des forces spirituelles qui s’affrontent: celles de IHVH-Adonaï Elohîms, en quête de son royaume, et celles des idoles, mues par Satan, avides de puissance. Il serait dérisoire de voir là une tragédie en blanc et noir, avec d’un côté les bons ¬ les disciples ¬ et de l’autre les méchants, tous des juifs. Dominant la tragédie, il y a la fatalité du destin de Iéshoua‘, roi-messie d’un royaume dont le roi, Tibère, se veut aussi d’essence divine. Le vrai conflit est celui qui oppose Elohîms, dont Iéshoua‘ est le fils, aux dieux de Rome dont Tibère est l’implacable émanation.
En face de ce combat gigantesque, que font les pauvres hommes ? Pilate et Caïphe, avec tous les fonctionnaires romains ou hébreux, dépassés par l’ampleur du drame, tremblent pour leur peau ou pour leur situation.
Luc, dans son récit de la passion, néglige des détails rapportés par les autres évangélistes; en introduisant plus de sobriété dans sa narration, il ne donne que plus de grandeur à la tragédie qui déchire Jérusalem.
Le récit de la résurrection et de l’ascension de Iéshoua‘ introduit les adeptes dans le malkhout IHVH-Adonaï, le règne (ou le royaume) d’Elohîms, que Luc évoque à trente-deux reprises dans son Annonce. Ainsi se parachève en gloire le portrait lucanien de Iéshoua‘ bèn Iosseph, fils de l’homme et fils d’Elohîms, prophète et sauveur.

2869 Bible des peuples sur verset 2018-12-02: Luc, médecin syrien, est sans doute devenu chrétien lorsque les premiers missionnaires des communautés de Jérusalem et de Césarée sont allés porter l’Évangile au-delà des frontières de la nation juive. Par la suite il a quitté sa patrie pour accompagner l’apôtre Paul ( Actes 16.10). C’est ainsi qu’il est arrivé à Rome, capitale du monde connu à l’époque. Il y est resté au moins deux ans et il y a connu Pierre et Marc qui prêchaient parmi les chrétiens de Rome. Quand il écrit son Évangile, il connaît déjà des écrits relatant les actions et les miracles de Jésus, des textes que Marc et Matthieu ont aussi utilisés. De plus, au cours de ses voyages, Luc a recueilli d’autres récits conservés par les premières Églises de Jérusalem et de Césarée. À ce sujet le premier paragraphe de l’Évangile est instructif : Luc précise qu’il s’est préoccupé de retrouver le témoignage des premiers serviteurs de la Parole, c’est-à-dire des apôtres (1.1-5). Il serait donc erroné de penser que Luc, écrivant longtemps après les événements, comme le disent certains, brode autour de ce qu’il ignore. Si l’on peut dire que les dernières retouches à son évangile datent des années 70, il est de fait, pour l’essentiel, beaucoup plus ancien. C’est le cas tout spécialement pour les deux premiers chapitres, qui traduisent de très près un écrit hébraïque ou araméen de la première génération chrétienne. Luc était Grec de culture et il écrivait pour les Grecs. Il ne reproduit pas, comme Marc et Matthieu, des détails concernant les lois et coutumes juives que ses lecteurs n’auraient pas comprises. En bon Grec il a horreur de paraître conter deux fois la même chose. Dans l’Évangile, Luc voit la force qui réconcilie les hommes avec Dieu et les hommes entre eux. C’est pourquoi il a pris soin de rapporter les paraboles de la miséricorde et les paraboles de Jésus qui condamnent l’argent, cause de division entre les hommes. Luc a été également frappé par l’attitude très neuve de Jésus vis-à-vis des femmes, dans un monde juif qui faisait d’elles des mineures.
L’Évangile de Luc comprend trois sections (voir l’Introduction au Nouveau Testament) :
— Le ministère de Jésus en Galilée : 3.1 — 9.56
— Le voyage à Jérusalem : 9.57 — 18.17
— l’arrivée à Jérusalem et la passion : 18.18-23
Le dernier chapitre sur les apparitions de Jésus ressuscité sera comme une invitation à lire le livre des Actes, lequel est la continuation de l’Évangile de Luc.

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1,2 d’après ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, furent témoins oculaires et serviteurs de la Parole. ( ) 1,3 C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après avoir recueilli avec précision des informations concernant tout ce qui s’est passé depuis le début, d’écrire pour toi, excellent Théophile, un exposé suivi, ( ) 1,4 afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as entendus. ( ) 1,5 Il y avait, au temps d’Hérode le Grand, roi de Judée, un prêtre du groupe d’Abia, nommé Zacharie. Sa femme aussi était descendante d’Aaron ; elle s’appelait Élisabeth. ( ) 1,6 Ils étaient l’un et l’autre des justes devant Dieu : ils suivaient tous les commandements et les préceptes du Seigneur de façon irréprochable. ( )



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