Evangile de Marc
1,9 En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. ( Mc 1,4 , ) 1,10 Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. ( Ez 1,1 , ) 1,11 Il y eut une voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. » ( Mt 3,17 , ) 1,12 Aussitôt l’Esprit pousse Jésus au désert ( Jb 1,6 , Is 11,6 Za 3,2 ) 1,13 et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient. ( Jb 5,23 , Ps 90,11 )

1,14 Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ;


20680 Bible des Peuples sur titre chapitre 2023-11-11: Début du ministère galiléen

9979 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: L'évangéliste saint Marc suit saint Matthieu pour l'ordre des faits. Ainsi après avoir dit que les anges le servaient, il ajoute: «Aussitôt l'emprisonnement de Jean, Jésus vint», etc. Après qu'il a été tenté, et après avoir été servi par les anges, Jésus vint en Galilée, nous apprenant par là à ne point résister aux violences des méchants. - thE ophyl. Il veut aussi nous enseigner qu'il vaut mieux fuir les persécutions que de les attendre; mais que lorsqu'elles nous surprennent, il faut alors les supporter avec courage.

9978 Bede (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Jean ayant été mis en prison, c'était pour le Seigneur le moment convenable de commencer sa prédication: «Il vint prêchant l'Évangile», etc. En effet, à la loi qui finit succède l'Évangile qui commence.

9977 Saint Jérôme (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Celui qui veut jouir du bonheur éternel, c'est-à-dire du royaume de Dieu, fait pénitence. Celui, en effet, qui désire goûter le fruit de la noix, en brise l'enveloppe. La douceur du fruit dédommage de l'amertume de la racine; l'espoir du gain va jusqu'à rendre agréable les périls de la mer. L'espoir de la guérison adoucit la douleur que cause l'opération du médecin. Or, pour annoncer dignement les oracles du Christ, il faut avoir obtenu de la divine miséricorde la grâce du pardon, et voilà pourquoi après avoir dit: «Faites pénitence», il ajoute: «Croyez à l'Évangile, car si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas ( Is 7, 15) ». «Faites donc pénitence, et croyez», c'est-à-dire renoncez aux oeuvres mortes. A quoi, en effet, servirait la foi, sans les bonnes oeuvres. Ce n'est pas cependant le mérite des bonnes oeuvres qui nous conduit à la foi, mais la foi commence, et les bonnes oeuvres viennent ensuite.

9976 Théophylactus (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Ou bien le Seigneur déclare que le temps de la loi est accompli, comme s'il disait: Jusqu'ici la loi faisait son oeuvre; maintenant le royaume de Dieu va être rétabli; ce royaume qui est une vie conforme à l'Évangile; car rien ne ressemble plus au royaume des cieux. En effet, lorsque vous voyez un homme vivre dans ce corps mortel, conformément à l'Évangile, ne dites-vous pas qu'il possède en lui le royaume des cieux, qui ne consiste pas dans le boire et le manger, mais dans la justice, la paix et la joie du Saint-Esprit.

9975 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Et, en effet, c'est lorsque le temps fut accompli, c'est-à-dire quand vint la plénitude des temps, et que Dieu eut envoyé son Fils ( Ga 4), qu'il convenait que genre humain recueillit s derniers fruits de divine miséricorde. Voilà pourquoi Jésus-Christ annonce que royaume de Dieu est proche. royaume de Dieu est même, quant à substance, que royaume des cieux: il n'en diffère que par une distinction purement rationnel. On entend par ce royaume de Dieu, celui où Dieu règne souverainement. Or, ce royaume se réalisera pour nous dans région des vivants ( Ps 114), où les élus verront Dieu face à face, et posséderont les biens qui leur ont été promis. A moins que par cette région des vivants, on n'aime mieux entendre l'amour divin, ou la nouvelle assurance des biens surnaturels que les cieux désignent; car il est évident que le royaume de Dieu n'est limité ni par l'espace ni par le temps.

9974 Bede (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Il ne faut pas croire, du reste, que Jean ait été jeté en prison aussitôt la tentation des quarante jours, et le jeûne du Seigneur. Car pour tout lecteur attentif de l'Évangile de saint Jean, il est évident qu'avant l'emprisonnement de Jean-Baptiste, le Seigneur avait déjà enseigné pendant un assez long temps, et opéré un grand nombre de miracles. En effet nous lisons dans cet Évangéliste: «Ce fut le premier des miracles que fit Jésus» ( Jn 2). Et ensuite: «Jean n'avait pas encore été mis en prison». Ou rapporte que saint Jean ayant lu l'Évangile de Saint Matthieu, de saint Marc et de saint Luc, en approuva la teneur, et rendit témoignage à la vérité de leur récit, mais en faisant remarquer qu'ils n'avaient écrit que l'histoire des faits d'une seule année, celle où eut lieu la passion de Jésus, et qui suivit l'emprisonnement de Jean-Baptiste; il laissa donc de côté l'année dont les faits avaient été suffisamment racontés par les trois premiers Évangélistes, pour s'attacher à ce qui avait précédé l'emprisonnement du saint Précurseur. Après avoir dit q ue Jésus vint en Galilée prêcher l'Évangile du royaume, saint Marc ajoute: «Parce que le temps est accompli», etc.

9973 Saint Jérôme (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: L'ombre disparaît, la vérité brille. Jean dans la prison, c'est la loi dans la Judée; Jésus en Galilée; c'est Paul prêchant aux nations l'Évangile du royaume. Car au royaume terrestre succède la pauvreté, et c'est à la pauvreté chrétienne qu'est accordé le royaume éternel. Quant aux honneurs de la terre, c'est une vile écume, une eau glacée, une fumée, ou un songe.

9972 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Il se retira encore pour conserver une vie qu'il devait employer à instruire les hommes et à guérir leurs infirmités avant sa passion; afin qu'après avoir rempli sa mission toute entière il se rendît obéissant jusqu'à la mort.

4814 Alain Toret - qui est Jesus? sur verset 2019-01-12: La concision du texte de ce prologue (versets 1 à 14), la focalisation et la multiplicité des symboles utilisés interdisent une lecture événementielle : ce n’est pas une narration. C’est un tableau symbolique en forme d’exposition qui récapitule tous les enjeux du drame à venir : d’un côté les hommes qui ont besoin de conversion, de l’autre Jésus qui apporte le sens de cette conversion offerte à tous, mais jamais imposée. Bref, c’est un prologue symbolique qui sert d’exposition !

678 Bible des peuples sur verset 2017-11-23: Dieu s’est fait homme. Jésus partage la vie du peuple de son temps, et comme les prophètes il enseigne par ses paroles et ses actes. Les délais sont accomplis : qu’est-ce que cela veut dire ? les temps fixés par Dieu sont arrivés à leur terme (Galates 4.4 ; Éphésiens 1.10), le temps de la préparation est achevé et la manifestation de Dieu, annoncée par les prophètes, est toute proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle : Dieu n’attend pas de l’homme des “œuvres”, mais il les appelle à la foi. “Dépouillez-vous de tout ce qui vous encombre, de tout ce qui vous empêche de l’entendre et de le voir, et croyez ! Croyez que c’est lui et lui seul qui peut vous sauver !”

4820 Alain Toret - qui est Jesus? sur verset 2019-01-13: Lecture synchronique et sens littéral
Le titre nous donne le thème de l’ouvrage de Marc dont le prologue est le résumé qui nous est donné pour éclairer toute la suite : on comprend mieux ce qui se passe dans un récit quand on connaît l’objectif de l’auteur et la finalité du drame qui se joue.
Tableau 1 : Jean est dans le désert. Des foules judéennes viennent à lui, ce qui en soi n’est pas naturel ; d’autant que son message n’est pas facile à entendre. C’est qu’il y avait une attente dans le pays pour que les choses changent. N’en est-il pas de même de génération en génération ? N’espérons-nous pas nous aussi que des choses changent dans les comportements et dans la société ? Notons au passage que, contrairement à Matthieu et Luc, le Jean de Marc n’invective pas ceux qui font semblant par populisme en espérant que les changements éventuels ne se feront qu’à leur profit. Marc s’en tient à souligner la filiation prophétique de Jean à une époque où l’on se lamentait que le Seigneur n’envoie plus de prophète. À ceux qui se lamentent, Jean désigne « Celui qui le suit » comme devant accomplir ce qu’annonçaient les prophètes de salut.
Tableau 2 : Jésus vient de Galilée, seul. Il quitte un lieu où il fait bon vivre pour le désert. Il se mêle à ceux qui veulent que les choses changent. Il ne dit rien. Lui seul voit la manifestation de l’Esprit. La voix qui le désigne comme Fils est celle de Dieu puisque nous savons depuis le v. 1 qu’il est Fils de Dieu. Aussitôt, Jésus est tenté de s’écarter de Dieu : l’adversaire est là dès que l’identité de Jésus lui est connue.
Finale : Jésus commence sa prédication après la disparition de Jean : il a rempli sa mission de précurseur annoncée par les prophètes. D’une certaine façon, Jésus se comporte comme le continuateur de Jean. Mais il est plus qu’un simple prophète ; il ne reste pas au désert, mais il va vers les gens ; il s’habille comme tout le monde. L’Évangile de Dieu est ce que proclame Jésus. C’est donc aussi son Évangile.
Cette présentation parallèle fait de Jésus à la fois le continuateur de Jean et celui qui, le dépasse en tous points et même s’oppose à lui par sa façon d’agir : il va vers les gens plutôt que les gens viennent à lui, il s’habille comme tout le monde, au désert des anges le servent, la foi est ajoutée à la conversion, etc.
Marc entame son Évangile en en révélant déjà la fin et les étapes. En effet, le premier verset parle d’un « commencement de la Bonne nouvelle de Jésus, Christ, [Fils de Dieu] » (1,1), un commencement qui rappelle forcément le Livre de la Genèse, donc une création : avec Jésus, c’est la Nouvelle création dont l’évangile marcien dit le commencement.
Le lecteur toutefois s’interroge : que doit-il mettre sous ces termes ? Il ne tarde pas à être introduit au coeur de l’énigme. En effet, le jeu des pronoms « mon » et « ton », dans la citation des v. 2-3 (Ex 23,20 ; Ml 3,1 ; Is 40,3), semble attribuer implicitement le terme « Seigneur » à Jésus. La référence à Ex 23 suggère que le chemin de Jésus est un exode. Le passage du « sentiers de notre Dieu » d’Isaïe à « ses sentiers » de Marc semble bien identifier d’emblée Jésus comme « notre Dieu ». Dans la ligne de Malachie, l’arrivée du Seigneur qui en résulte est une entrée dans son propre temple. Quant à la citation d’Isaïe, elle suppose de prendre en compte toute la suite: Is 40,4-8
Le fait que la citation soit mise par le narrateur sous le chapeau d’Isaïe, au livret de la consolation, semble déjà y profiler la figure du serviteur, qui réapparaîtra à la fin du v. 11. Il est frappant que Marc cite explicitement ou implicitement de nombreux textes prophétiques, mais très peu la Torah : entre la Loi et les figures des prophètes, ce sont les secondes qui introduisent le mieux la présentation de Jésus. Peut-être faut-il voir là un écho de la tradition alexandrine dont témoigne ORIGÈNE évoquant la sagesse divine par la liaison courante dans une phrase unique de Rm 16,25-26 et 2Tm 1,10 : Cette sagesse sera imprimée en nous clairement selon la révélation du mystère qui a été tu pendant des siècles sans fin, qui a été dévoilée maintenant par les Écritures prophétiques et par la manifestation de Notre Seigneur et sauveur Jésus-Christ à qui est la gloire dans tous les siècles.
L’irruption de Jean permet ensuite de présenter celui qui vient comme « le plus fort ». Il semble aussi le faire apparaître comme un disciple de Jean : « il vient derrière moi » (v. 7). Jean, qui vient pourtant d’être rapproché de la figure d’Elie (v. 6), creuse un abîme entre lui et celui qu’il annonce (v. 7 : « je ne suis digne, me courbant, de délier la courroie de ses sandales ») et dont il dit qu’il baptisera d’Esprit Saint (v. 8), ce qui établit un lien entre Celui-qui-est-annoncé et la sphère de Dieu. Jésus est introduit par une déclaration à tonalité eschatologique (« en ces jours-là » au v. 9), renforcée par l’allusion implicite au Livre de Daniel dans la conclusion (v. 15). Nous y reviendrons pour parler du titre de Fils de l’Homme. On doit de suite retenir que le surgissement de Jésus dans l’histoire semble nous mettre en même temps en présence d’un autre temps que les apocalypses désignent comme eschatologique. Il s’agit du temps de Dieu, un temps difficile à concevoir et qui est contemporain de chacun de nos instants présents. Ce basculement du temps est souligné dans la formule « les temps sont accomplis » pour signifier que dorénavant, par et avec Jésus, chacun de nos présents est contemporain de Dieu lui-même. On voit alors venir Jésus adulte, de Nazareth en Galilée, et non de Judée comme les foules. Il est sans généalogie, ce qui semble contredire l’idée de Messie du v. 1. En effet, dans la pensée juive contemporaine de Jésus, le Messie devait être un descendant de David (Messie-roi) ou un descendant de Lévi ou de Sadoq (Messie-prêtre). Pour Marc, Jésus vient d’ailleurs, on ne sait d’où. Il est baptisé (v. 9) d’un baptême de conversion pour un pardon de péchés (v. 4), mais, nouveau renversement, les v. 10-12 introduisent le lecteur dans le regard de Jésus, qui voit se déchirer les cieux et descendre sur lui l’Esprit comme une colombe ; puis dans son ouïe qui lui fait entendre une voix « hors des cieux ». Quand Jésus remonte des eaux — symbole de mort — les cieux s’ouvrent et descend l’Esprit de vie. En convoquant implicitement le Ps 2,7, Gn 22,2 et Is 42,1 (premier chant du serviteur), il affirme : « Toi, tu es mon Fils Bien-aimé, en toi je me complais » (v. 11). S’agissant d’un psaume d’intronisation royale, c’est donc cette dimension qui est soulignée comme programmatique. Lisons l’ensemble du psaume 2.
La lecture montre clairement la compréhension que les Juifs du Ier siècle avaient de la citation de Marc : « aujourd’hui » est à prendre dans l’éternité de Dieu et la déclaration est la ci-tation d’un décret éternel. Rien à voir avec l’interprétation adoptianiste d’Arius. Placée par Marc dans un prologue symbolique, « aujourd’hui » doit être reçu symboliquement quant au temps de l’histoire : le contexte est apocalyptique et c’est dans le temps de Dieu qu’il nous faut recevoir cet « aujourd’hui ». La qualification du fils renvoie également à un autre récit bien présent chez les auditeurs juifs : Gn 22,2
De toute la Torah, c’est donc ici la figure d’Abraham qui est privilégiée de préférence à celle de Moïse. Mais c’est surtout à nouveau le courant prophétique qui est convoqué avec Isaïe. Is 42,1
La théophanie met Jésus au plus près de l’Esprit qui descend sur lui, et au plus près du Père innomé, par la voix venue des cieux. Jésus est intronisé pour le monde terrestre (cf. Is 61,1). Mais l’Esprit le chasse au désert, comme s’il avait un ascendant sur lui et comme si Jésus devait à son tour, sur fond des v. 2-3, être le messager d’un Autre. Il y est tenté par le Satan, sans qu’on dise s’il lui résiste, mais il vit avec les bêtes sauvages, ce qui le situe dans le temps messianique de la création réconciliée, et servi par les anges, ce qui le met du côté de Dieu. Ainsi, le prologue inscrit l’action de la Bonne Nouvelle dans le temps de l’histoire : Jésus a fait partie du groupe de Jean dont l’action est historique. Mais le prologue inscrit aussi l’action de la Bonne Nouvelle dans le temps de Dieu : le surgissement de l’Esprit et la voix qui vient du ciel sont les éléments décisifs de la mise en route de Jésus, conduit par l’Esprit. Avec cette exposition, conclue par un résumé sommaire de l’enseignement de Jésus, le lecteur en sait plus que les acteurs de l’évangile marcien : le lecteur détient des clés d’interprétation qui manquent souvent aux pharisiens et aux autres et que les disciples n’ont pu maîtriser qu’au bout du chemin.

( )
1,15 il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » ( Dn 7,13 , Ga 4,4 ) 1,16 Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pêcheurs. ( ) 1,17 Il leur dit : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » ( ) 1,18 Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. ( ) 1,19 Jésus avança un peu et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque et réparaient les filets. ( )



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trouve dans 2 liturgie(s): Dimanche-3-temps ordinaire annee B, Dimanche-1-Carême annee B,
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