Evangile de Matthieu
2,16 Alors Hérode, voyant que les mages s’étaient moqués de lui, entra dans une violente fureur. Il envoya tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages. ( ) 2,17 Alors fut accomplie la parole prononcée par le prophète Jérémie : ( ) 2,18 Un cri s’élève dans Rama, pleurs et longue plainte : c’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, car ils ne sont plus. ( ) 2,19 Après la mort d’Hérode, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte ( ) 2,20 et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et pars pour le pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant. » ( )

2,21 Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère, et il entra dans le pays d’Israël.


5481 Glose (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: On se demande encore pourquoi Joseph ne craignait pas de se retirer dans la Galilée, sur laquelle s'étendait le pouvoir d'Archélaüs ? C'est qu'il était plus facile d'échapper à toute recherche dans Nazareth que dans Jérusalem, capitale du royaume ou Archélaüs résidait ordinairement.

5480 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Quelqu'un sera peut-être surpris d'entendre saint Matthieu nous dire que Joseph craignait de revenir avec l'enfant dans la Judée, parce qu'Archélaüs avait succédé à Hérode son père, tandis qu'il ne craint pas de se retirer dans la Galilée, dont un autre fils d'Hérode était tétrarque, au témoignage de saint Luc. Mais l'époque dont parle saint Luc n'était pas celle où l'on craignait pour l'enfant. Tout était changé alors, et ce n'était plus Archélaüs qui régnait en Judée, mais Ponce-Pilate qui la gouvernait.

5479 Glose (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: L'Évangéliste confirme ce fait par le témoignage suivant du prophète : Pour accomplir ce qui a été prédit par les prophètes, il sera appelé Nazaréen.

5478 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Et d'ailleurs en quittant la bourgade où il avait pris naissance, il était plus facile d'en cacher le secret, car toute la violence de l'ennemi se portait contre Bethléem et ses alentours. Joseph vint donc à Nazareth pour échapper au danger et revenir dans sa patrie. Et il vint à Nazareth, dit l'Évangéliste, et il y demeura.

5477 Josephe (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Hérode eut neuf femmes dont sept lui donnèrent une nombreuse famille. Il eut son fils aîné Antipater de Doris, Alexandre et Aristobule de Mariamne, Archélaüs de Marthace de Samarie, Hérode Antipas qui fut dans la suite tétrarque de Galilée et Philippe, de Cléopâtre de Jérusalem. Or Hérode ayant fait mettre à mort ses trois premiers enfants, et Archélaüs s'appuyant sur le testament de son père pour s'emparer de son royaume, la cause fut portée à Rome au tribunal de César-Auguste, qui, sur l'avis du sénat, partagea les états d'Hérode de la manière suivante : Il donna à Archélaüs sous le titre de tétrarque la moitié du royaume d'Hérode, c'est-à-dire l'Idumée et la Judée, en lui promettant de rétablir en sa personne le titre de roi, s'il s'en rendait digne. Il subdivisa l'autre partie en deux tétrarchies, donna la Galilée à Hérode avec le titre de tétrarque, et à Philippe l'Iturée et la Traconite. Archélaüs devint donc après la mort d'Hérode une espèce d'etnarque, sorte de pouvoir que l'Évangéliste assimile au titre de roi.

5476 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: On nous demandera peut-être ici comment les parents de Jésus, comme le raconte saint Luc, pouvaient pendant toute son enfance venir tous les ans à Jérusalem, alors que la crainte d'Archélaüs devait les en tenir éloignés. La réponse est facile. Ils pouvaient très bien en effet venir secrètement à Jérusalem le jour de la fête, confondus qu'ils étaient au milieu d'une si grande foule, pour en sortir bientôt, tandis qu'ils auraient dû craindre d'y fixer leur séjour en d'autres temps. C'est ainsi qu'ils accomplissaient leurs devoirs religieux en assistant à la fête, et qu'ils ne s'exposaient pas à être remarqués en y restant plus longtemps. Il est d'ailleurs évident que lorsque saint Luc nous dit qu'ils montaient tous les ans à Jérusalem, Il faut l'entendre du temps où ils n'avaient plus rien à craindre d'Archélaüs, qui, d'après Josèphe, ne régna que neuf ans.

5475 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: On pourrait encore demander pourquoi saint Matthieu nous dit que les parents de Jésus se retirèrent avec lui dans la Galilée, parce qu'ils craignaient d'aller à Jérusalem à cause d'Archélaüs, tandis qu'au témoignage de saint Luc (Lc 1, 26 ; 2, 24 ; Mt 2, 23 ; 21, 11) il est plus vraisemblable qu'ils se fixèrent dans la Galilée, parce que la ville de Nazareth qu'ils habitaient en faisait partie. Nous répondons que lorsque l'ange vint trouver Joseph en Égypte et lui dit pendant son sommeil : Retourne dans la terre d'Israël, Joseph put comprendre d'abord qu'il était mieux pour lui d'aller dans la Judée, à laquelle paraissait convenir plus spécialement la dénomination de terre d'Israël. Mais lorsqu'il eût appris qu'Archélaüs y régnait, il ne voulut pas s'exposer au danger, puisque d'ailleurs le nom de terre d'Israël pouvait aussi convenir à la Galilée, qui était également habitée par le peuple d'Israël. Voici une autre solution : les parents de Jésus purent croire qu'ils ne devaient fixer leur demeure avec lui qu'à Jérusalem, où se trouvait le temple du Seigneur et c'est là qu'ils auraient été, si la crainte d'Archélaüs qui habitait cette ville ne les en eût détournés. Mais l'ordre qu'ils avaient reçu du ciel ne leur faisait pas une loi de se fixer dans la Judée ou à Jérusalem en passant par-dessus la crainte que leur inspirait Archélaüs, mais seulement dans la terre d'Israël, ce qui pouvait s'entendre de la Galilée, comme nous l'avons dit.

5474 Saint Hilaire de Poitiers (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: On peut donner une raison mystique de cette conduite. Joseph représente ici les apôtres à qui Dieu a confié Jésus-Christ pour le porter dans tout l'univers. Après la mort d'Hérode, c'est-à-dire après que le peuple juif fut comme détruit en punition de la mort du Sauveur, Dieu leur ordonna de prêcher aux Juifs, car ils étaient envoyées premièrement aux brebis perdues de la maison d'Israël (Mt 28, 19). Mais voyant qu'ils étaient toujours dominés par l'infidélité, qui était chez eux comme héréditaire, les apôtres craignent et se retirent, et avertis par une vision céleste qui leur révèle que les dons de l'Esprit saint sont transférés aux Gentils, ils leurs portent alors Jésus-Christ.

5473 Raban (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Ou bien on peut voir ici une figure des derniers temps de l'Église, où un grand nombre de Juifs se convertiront à la voix d'Hénoch et d'Élie, tandis que les autres seconderont la haine de l'Antéchrist en combattant contre la foi. La partie de la Judée sur laquelle régnait Archélaüs représente les partisans de l'Antéchrist ; Nazareth, ville de Galilée où Jésus-Christ est transporté, figure le reste de cette nation qui doit embrasser la foi. En effet le nom de Galilée signifietransmigration, et Nazareth, fleur des vertus, parce que plus l'Église se détache de la terre pour s'élever avec ardeur vers le ciel, plus aussi on voit se multiplier au milieu d'elle la fleur et la semence des vertus.

5472 Saint Jérôme (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Si l'Évangéliste avait cité un passage précis de l'Écriture, il aurait dit : Ce qui a été prédit par le prophète, et non ce qui a été prédit par les prophètes ; or en prenant cette expression au pluriel il nous montre qu'il rapporte non pas le texte, mais le sens de l'Écriture. Le mot Nazaréen signifie saint et toute l'Écriture proclame la sainteté du Seigneur. Nous pourrions dire encore que cette citation se trouve littéralement dans ce texte hébreu d'Isaïe : Une tige sortira de la racine de Jessé et le Nazaréen sortira de sa racine.

5471 Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Saint Luc passe sous silence tout ce qui a rapport aux Mages et les événements qui suivent. C'est ici le lieu de faire cette observation qui devra nous servir pour toute la suite, que chacun des Évangélistes coordonne son récit comme s'il n'omettait aucun fait. Tout en passant sous silence ce qu'il veut taire, chacun d'eux établit entre les choses qu'il a dites et celles qu'il vent dire une telle liaison que le récit parait sans interruption. Mais lorsque l'un raconte ce que l'autre a cru devoir omettre, en examinant attentivement la suite du récit, on voit où l'on peut placer ce qui a été omis par l'un des écrivains sacrés.

5470 Glose (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Joseph se montre docile à l'avertissement qui lui est donné par un ange ; Et s'étant levé dit l'auteur sacré, il prit la mère et l'enfant, etc. L'ange n'avait pas déterminé dans quel endroit de la terre d'Israël il devait se retirer ; l'incertitude de Joseph lui donnait ainsi l'occasion de revenir, et de lui ôter par ses fréquentes visites tout doute sur ce qu'il devait faire. Aussi lisons nous : Ayant appris qu'Archélaüs, etc.

5469 Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868) sur verset 2023-08-05: Ou bien peut-être cette citation est tirée d'une prophétie qui n'existe plus, et on ne doit point pousser trop loin les investigations sur ce point, car un grand nombre des écrits des prophètes ont été détruits. Ou bien encore l'Évangéliste aura lu ce témoignage dans des prophètes qui ne sont pas au nombre des livres canoniques, comme Nathan et Esdras. Ce qu'il y a de certain, c'est que cette circonstance avait été prédite, comme on le voit dans ces paroles de Philippe à Nathanaël : Nous avons trouvé celui que Moïse et les prophètes ont annoncé, Jésus de Nazareth. Voilà pourquoi les chrétiens furent d'abord appelés Nazaréens, nom qui fut ensuite changé à Antioche pour celui de chrétiens.

3155 Bible des peuples sur verset 2018-12-08: Il sera appelé Nazôréen. Matthieu joue sur ce mot qui évoque nezer ou rameau ( Isaïe 11.1) et nazir ( Nombres 6). Il y avait à l’époque des groupes religieux qui prêchaient et baptisaient, tout comme Jean Baptiste, et on les considérait comme des nazirs ; Jésus était à la fois nezer et nazir. Beaucoup se demandent ce que Jésus a fait entre l’âge de douze ans, quand on l’a remarqué dans le Temple ( Luc 2.41), et l’âge de trente ans ou plus, lorsqu’il commence son ministère public. Certains charlatans profitent du silence de l’Évangile pour imaginer Jésus en Inde apprenant la magie et l’art de faire des miracles auprès des fakirs, ou même mieux en visite auprès des extraterrestres ! Il est facile d’inventer n’importe quoi. Rappelons d’abord que l’évangile n’est pas une biographie de Jésus, un récit de sa vie de sa naissance à sa mort. Les évangiles de Marc et de Jean commencent avec le baptême de Jésus par Jean-Baptiste, qui marque le début de sa prédication. Plus tard, Matthieu et Luc ont voulu y ajouter comme une préface avec les récits de l’enfance pour nous aider à comprendre le secret de sa personne. Ensuite, lisons Matthieu 13.54-56. Lorsque les gens de Nazareth s’étonnent des miracles de Jésus, ils ne disent pas : “Il est resté longtemps à l’étranger, c’est sans doute là-bas qu’il a appris !” Ils se demandent plutôt : Qu’est-ce qui est arrivé au fils du charpentier ? Nous qui le connaissions depuis si longtemps, nous n’attendions pas cela. Jésus, le Nazaréen. Si l’on excepte les deux premiers chapitres de Matthieu et de Luc, les évangiles n’ont gardé de Jésus que ce dont les apôtres voulaient témoigner et qui leur semblait important pour connaître la personne et l’œuvre de Jésus. La façon dont il avait envisagé, accepté et souffert sa mort leur semblait beaucoup plus importante pour établir la foi que les détails qu’ils seraient allés chercher regardant sa jeunesse. Cela ne veut pas dire que ces années de Nazareth aient été moins importantes que le reste de la vie de Jésus. Il suffisait que le Fils de Dieu les ait vécues pour qu’elles aient une valeur d’éternité, puisque le salut de Dieu n’est autre que l’entrée de la communauté humaine, devenue une en Jésus, dans le mystère de l’Éternité Dieu. De fait, ces années de Nazareth ont fait de Jésus le prophète d’Israël. N’oublions pas qu’avant d’être le prophète et le sauveur du monde Jésus a été envoyé pour être le sauveur du peuple juif au temps où l’ancienne histoire était arrivée au terme voulu par Dieu. Les prophètes sont des hommes qui ont fait des expériences fortes et qui ont quelque chose à dire. Leurs paroles viennent d’eux-mêmes tout autant que de l’Esprit de Dieu. Jésus ne pouvait pas communiquer la parole de Dieu s’il n’avait pas, en tant qu’homme, une connaissance exceptionnelle du cœur humain. Les années passées à Nazareth n’ont pas été des années perdues. Jésus a fait sienne la culture de son peuple, vécu les événements qui touchaient sa nation ; il a fait l’expérience du travail manuel, des relations humaines, de la souffrance et de l’oppression (Jésus a sûrement vu près de Séphoris des nationalistes galiléens crucifiés). Dans le hameau de Nazareth Jésus a appris les générosités et la méchanceté du cœur humain. Il a dû en sortir bien souvent, ne serait-ce que pour chercher du travail. Séphoris, la capitale romaine de la Galilée n’était qu’à huit kilomètres à vol d’oiseau. Ce devait être le marché le plus proche, Jésus y a vu le monde de la ville, il y a appris les éléments de base du grec, nécessaires aussi bien pour acheter que pour traiter avec l’administration. Le Fils de Dieu ne s’est pas senti gêné, comme nous le serions nous-mêmes, dans une société rurale qui ne connaissait ni le savon, ni la fourchette, ni la salle d’eau : les conditionnements de la vie journalière lui semblaient tout aussi naturels qu’ils l’étaient pour son entourage. Jésus a fréquenté la synagogue, il a prié et chanté avec les hommes de la communauté, il a aimé la Loi. Mais il était pleinement libre et il pouvait apprécier les limites des personnes comme des institutions.

( Mc 6,2 , )
2,22 Mais, apprenant qu’Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée ( ) 2,23 et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, pour que soit accomplie la parole dite par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen. ( ) 3,1 En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée : ( ) 3,2 « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » ( ) 3,3 Jean est celui que désignait la parole prononcée par le prophète Isaïe : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. ( )



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