Livre de l'Exode
11,4 Et Moïse dit : Voici ce que dit le Seigneur : Vers le milieu de la nuit je viendrai en Égypte. ( ) 11,5 Et tout premier-né, en la terre d'Égypte, mourra ., depuis le premier-né du Pharaon qui est assis sur le trône, jusqu'au premier-né de la servante qui tourne la meule, et jusqu'au premier-né des bestiaux. ( ) 11,6 Et il y aura dans toute l'Égypte une grande lamentation telle qu'il ne s'en est jamais entendu, et qu'il ne s'en fera plus entendre de semblable. ( ) 11,7 Tandis que chez tous les fils d'Israël, depuis l'homme jusqu'aux bestiaux, pas un chien ne grondera de la langue ., afin que tu saches quelle différence éclatante le Seigneur fera entre les Égyptiens et les fils d'Israël. ( ) 11,8 Tous tes serviteurs que voici viendront à moi, et ils se prosterneront devant moi, en disant : Pars avec tout ton peuple ., retourne d'où tu es venu, et alors je partirai ., et Moïse quitta le Pharaon avec colère. ( )

11,9 Et le Seigneur dit à Moïse : Le Pharaon ne vous écoutera pas, afin que je multiplie et multiplie mes signes et mes prodiges en la terre d'Égypte.


5036 La Haggada, Rivon Krygier sur verset 2020-05-22: En réponse à cette "multiplication" des actions de Dieu, la Haggada propose dans ses versions post talmudiques de "multiplier et démultiplier notre reconnaissance à l'Eternel pour les bienfaits dont Il nous a comblé" dans un répond nommé Dayénou. Cet ajout dans la Haggada provient du 2è siècle et pourrait être lié à la virulente polémique judéo-chrétienne. Le texte de la Haggada fixé entre le VIè et le VIIIè siècle semble répondre aux impropères du Vendredi Saint, inspirées de l'homélie Peri Pascha de Méliton de Sardes. Il pourrait aussi se justifier sans cette polémique par des raisons purement internes au judaïsme. L'accusation d'ingratitude est en effet un thème majeur et récurrent d'une longue tradition d'autocritique héritée de la Bible et des prophètes (voir Ps 77 - Ps 104 qui rappelle tous les actes de Dieu - Ps 105 et Ne 9,9-37).

5034 La Haggada, Rivon Krygier sur verset 2020-05-22: La Haggada propose une déclinaison très précise de cette multiplication, qui conduit des 10 plaies explicitent de la Tora à 50 plaies lors de la mer des joncs, et que chaque plaie était composée de 4 voire de 5 plaies, ce qui peut conduire à un total de 200 voire de 250.
En effet, si les 10 plaies sont infligées par le seul doigt de Dieu (Ex 8,15), considérant que lors du passage de la mer des joncs c'est la main de Dieu qui est étendue (Ex 14,31 en LXX notamment), il faut donc multiplier par 5 car la main a 5 doigts...
Mais nous pouvons aller plus loin, car le Psaume indique Il lâcha sur eux le feu de sa colère: courroux, fureur, malheur, et une cohorte d'anges dévastateurs (Ps 77,49), ce qui permet de considérer que chaque plaie se subdivise en fait en 4 (ou 5 en comptant le feu initial). C'est ainsi que nous arrivons finalement à 200 ou 250 plaies...
On pourrait voir dans cet exercice l'expression d'une exaltation jubilatoire devant le déferlement de la puissance divine. Toutefois, l'une des traditions midrachiques y met un bémol, à l'occasion de l'engloutissement de l'armée égyptienne: en méditant sur Dt 28,63: le Saint béni soit-Il Se réjhout-Il de la chute des méchants ? Rabbi Yohanan enseigne: qu'apprend-on du verset - Elle [la nuée divine] se mit entre le camp des Égyptiens et le camp des fils d'Israël, et s'y tint ., il y eut obscurité et ténèbres ., les deux camps étaient séparés par la nuit, et, durant toute la nuit, ils ne se rejoignirent point - ? Les anges de service voulurent entonner un chant, mais (interdisant aux anges de se rapprocher pour chanter en choeur) le Saint beni soit-Il leur a dit: Mes créatures vont se noyer dans la mer et vous voudriez entamer un chant devant moi ? Rabbi Elazar a précisé: Lui ne se réjouit pas, mais Il réjouit les autres, comme le précise la forme verbale yassis.
Tentons d'en cerner la signification: dans l'en bas, il y a exaltation et liesse. Mais le fait que les anges ne soient pas autorisés à s'associer à cette réjouissance laisse entendre que cette victoire, bien qu'éclatante, ne reflète pas l'optimum: la pleine rédemption eût été de voir l'ensemble des créatures, en l'occurrence les égyptiens, échapper également à la mort !
C'est pourquoi la tradition ne requiert que la récitation d'un Hallel réduit pour en célébrer l'événement, au 7è jour de Pessah. On devine en creux que pour les Sages du Midrach, la victoire totale eut été celle où l'ennemi cesse d'être un ennemi. Citons un aphorisme talmudique: Qui est le véritable héros ? ... Celui qui fait de son ennemi un ami (Avot de -Rabbi Natan A:23)
La démultiplication n'a pas pour but la jubilation. Le procédé herméneutique de démultiplication consiste à produire un effet de loupe pour amplifier les faits et surtout la conscience qui en capte et en restitue l'éclat. le caractère graduel des dix plaies tranche par rapport aux frappes cataclysmiques de la Genèse: Déluge, Babel, Sodome et Gomorrhe. Ici, le ressort profond est de défaire les ressorts de l'idéologie religieuse egyptienne.

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11,10 Or, MoÏse et Aaron avaient fait tous ces signes et ces prodiges devant le Pharaon en la terre d'Égypte ., mais le Seigneur avait endurci le cœur du Pharaon, et celui-ci n'avait point consenti à congédier les fils d'Israël. ( ) 12,1 Et le Seigneur parla à Moïse et à son frère, en la terre d'Égypte, disant : ( ) 12,2 Cette lune est pour vous le commencement des lunes, la première des lunes de l'année. ( Gn 1,1 , ) 12,3 Parle à toute la synagogue des fils d'Israël, disant : Que le dixième jour de cette lune chacun de vous prenne une tête de son bétail dans sa maison paternelle ., chacun une victime par maison. ( ) 12,4 Que ceux qui sont en leurs maisons trop peu nombreux pour consommer une victime, s'associent à leurs plus proches voisins, selon le nombre des âmes, afin de compléter le nombre nécessaire. ( )



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