Livre d'Esther
2,20 Esther n'avait révélé ni sa parenté ni son peuple, ainsi que le lui avait prescrit Mardochée dont elle continuait à observer les instructions comme au temps où elle était sous sa tutelle. ( ) 2,21 Mardochée était alors attaché à la Royale Porte. Mécontents, deux eunuques royaux, Bigtân et Téresh, du corps des gardes du seuil, complotèrent de porter la main sur le roi Assuérus. ( ) 2,22 Mardochée en eut vent, informa la reine Esther et celle-ci, à son tour, en parla au roi au nom de Mardochée. ( ) 2,23 Après enquête, le fait se révéla exact. Ces deux-là furent envoyés au gibet et, en présence du roi, une relation de l'histoire fut consignée dans le livre des Chroniques. ( ) 3,1 Quelque temps après, le roi Assuérus distingua Aman, fils de Hamdata, du pays d'Agag. Il l'éleva en dignité, lui accorda prééminence sur tous les grands officiers, ses collègues, ( )
3,2 et tous les serviteurs du roi, préposés au service de sa Porte, s'agenouillaient et se prosternaient devant lui, car tel était l'ordre du roi. Mardochée refusa de fléchir le genou et de se prosterner.
19221 Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg sur verset 2023-10-31: L'ORGUEIL DE MARDOCHÉE
Lorsque Assuérus éleva Haman à sa haute fonction, il ordonna en même temps à tous ceux qui le verraient de se prosterner devant lui et de lui rendre les honneurs divins. Pour bien montrer que l'hommage qui lui était rendu avait un caractère idolâtre, Haman fit attacher à ses vêtements l'image d'une idole, de sorte que quiconque se prosternait devant lui adorait en même temps une idole. (100) Mardochée, seul parmi tous ceux qui se trouvaient à la cour, refusa d'obéir à l'ordre royal. Les plus hauts fonctionnaires, même les juges les plus éminents, témoignèrent à Haman la révérence que leur demandait le roi. Les Juifs eux-mêmes prièrent Mardochée de ne pas déclencher la fureur d'Haman et de ne pas causer ainsi la ruine d'Israël. Mardochée, cependant, resta inébranlable ; aucun argument ne pouvait l'inciter à payer à un mortel le tribut dû à Dieu. (101)
Les serviteurs du roi, assis à la porte du palais royal, dirent à Mardochée: «En quoi es-tu meilleur que nous, puisque nous nous prosternons devant Haman, et que tu ne nous donnes aucun ordre à ce sujet ?» Mardochée répondit: «O fous sans intelligence ! Écoutez mes paroles, et répondez-y comme il convient. Qui est l'homme pour agir avec fierté et arrogance, lui qui est né d'une femme et dont les jours sont comptés ? À sa naissance, il y a des pleurs et des labeurs ; dans sa jeunesse, il y a des douleurs et des gémissements ; tous ses jours sont «pleins de tracas» et, à la fin, il retourne à la poussière. Devant un tel être, devrais-je me prosterner ? Je fléchis le genou devant Dieu seul, l'unique vivant dans le ciel, Celui qui est le feu consumant tous les autres feux, qui tient la terre dans ses bras, qui étend les cieux dans sa puissance, qui obscurcit le soleil quand il lui plaît, et qui illumine les ténèbres ; Il a ordonné au sable de fixer des limites aux mers, il a rendu salées les eaux de la mer, et il a fait répandre sur ses flots un parfum de vin ; il a enchaîné la mer comme avec des chaînes, et il l'a retenue dans les profondeurs de l'abîme, afin qu'elle ne déborde pas sur la terre ; elle se déchaîne, mais elle ne peut pas franchir ses limites. Par sa parole, il a créé l'étendue, qu'il a étendue comme un nuage dans les airs ; il l'a jetée sur le monde comme une voûte obscure, et comme une tente elle s'étend sur la terre. Dans sa force, il soutient tout ce qui est en haut et tout ce qui est en bas. Le soleil, la lune et les Pléiades courent devant Lui, les étoiles et les planètes ne sont pas un seul instant inactives ; elles ne se reposent pas, elles filent devant Lui comme ses messagers, allant à droite et à gauche, pour accomplir la volonté de Celui qui les a créées. C'est à Lui que revient la louange, c'est devant Lui que nous devons nous prosterner».
Les fonctionnaires de la cour prirent la parole et dirent: «Nous savons bien que ton ancêtre Jacob s'est prosterné devant Esaü, l'ancêtre de Haman !»
Mardochée répondit: «Je suis un descendant de Benjamin, qui n'était pas encore né lorsque son père Jacob et ses frères se jetèrent sur la terre devant Ésaü. Jamais mon ancêtre n'a fait un tel honneur à un mortel. C'est pourquoi la parcelle de terre attribuée à Benjamin en Palestine a été privilégiée pour contenir le Temple. Le lieu où Israël et tous les peuples de la terre se sont prosternés devant Dieu appartenait à celui qui ne s'était jamais prosterné devant un mortel. C'est pourquoi je ne plierai pas le genou devant ce pécheur d'Haman, et je ne me jetterai pas à terre devant lui». (102)
Haman tenta d'abord d'apaiser Mardochée par une démonstration de modestie. Comme s'il n'avait pas remarqué le comportement de Mardochée, il s'approcha de lui et le salua en disant: «Que la paix soit avec toi, mon seigneur !». Mais Mardochée lui répondit sans ambages: «Il n'y a pas de paix, dit mon Dieu, pour les méchants.» (103)
La haine de Mardochée entretenue par Haman ne s'explique pas seulement par l'inimitié héréditaire entre les descendants de Saül et d'Agag. (104) Même le refus public de Mardochée de rendre l'hommage dû à Haman ne suffit pas à expliquer sa virulence. Mardochée était au courant d'un certain incident dans le passé d'Haman. S'il l'avait divulgué, la trahison aurait été des plus douloureuses pour ce dernier. Cela explique l'intensité de son sentiment.
Il arriva qu'une ville de l'Inde se rebella contre Assuérus. Des troupes furent envoyées en toute hâte, sous le commandement de Mardochée et d'Haman. On estima que la campagne durerait trois ans, et tous les préparatifs furent faits en conséquence. A la fin de la première année, Haman avait dilapidé les provisions destinées à approvisionner la partie de l'armée qu'il commandait, pour toute la durée de la campagne. Très embarrassé, il demanda à Mardochée de lui venir en aide. Mais Mardochée lui refusa son aide, car ils avaient tous deux reçu la même quantité de provisions pour un nombre égal d'hommes. Haman proposa alors à Mardochée de lui emprunter de l'argent et de lui verser des intérêts. Mardochée refusa également de le faire, et ce pour deux raisons. Si Mardochée avait fourni des provisions aux hommes d'Haman, les siens auraient eu à en souffrir, et quant à l'intérêt, la loi l'interdit en disant: «Tu ne prêteras pas à usure à ton frère», et Jacob et Ésaü, les ancêtres respectifs de Mardochée et d'Haman, avaient été frères.
Lorsque la famine les guetta, les troupes commandées par Haman le menacèrent de mort s'il ne leur donnait pas leurs rations. Haman se tourna de nouveau vers Mardochée et lui promit de lui verser jusqu'à dix pour cent d'intérêts. Le général juif continua de refuser l'offre. Mais il se déclara prêt à l'aider à sortir de son embarras à la condition qu'Haman se vende à Mardochée comme son esclave. Acculé, celui-ci acquiesça et le contrat fut écrit sur la rotule de Mardochée, car il n'y avait pas de papier dans le camp.
L'acte de vente se lit comme suit: «Moi, Haman, fils de Hammedatha, de la famille d'Agag, j'ai été envoyé par le roi Assuérus pour faire la guerre à une ville indienne, avec une armée de soixante mille soldats, pourvue des provisions nécessaires. Le même ordre fut donné par le roi à Mardochée, fils de Schimeï, de la tribu de Benjamin. Mais je gaspillai les provisions que le roi m'avait confiées, de sorte que je n'eus pas de quoi nourrir mes troupes. J'ai voulu emprunter à intérêt à Mardochée, mais, compte tenu du fait que Jacob et Ésaü étaient frères, il a refusé de me prêter à usure, et j'ai été contraint de me vendre comme esclave à Mardochée. Si je refuse de le servir comme esclave, si je nie être son esclave, si mes enfants et les enfants de mes enfants jusqu'à la fin des temps refusent de le servir, ne serait-ce qu'un seul jour de la semaine, si je me montre hostile envers lui à cause de ce contrat, comme Ésaü envers Jacob après lui avoir vendu son droit d'aînesse, dans tous ces cas, on arrachera une poutre de bois de la maison du récalcitrant, et on le pendra à cette poutre. Moi, Haman, fils d'Hammedatha, de la famille d'Agag, n'étant soumis à aucune contrainte, je consens par la présente à être esclave à perpétuité de Mardochée, conformément au contenu de ce contrat».
Plus tard, lorsque Haman atteignit un rang élevé dans l'État, Mardochée, chaque fois qu'il le rencontrait, avait l'habitude de tendre son genou vers lui, afin qu'il puisse voir l'acte de vente. Cela le rendit si furieux contre Mardochée et contre les Juifs qu'il résolut d'exterminer le peuple juif. (105)
3,3 "Pourquoi transgresses-tu l'ordre royal?" Dirent à Mardochée les serviteurs du roi préposés à la Royale Porte. ( ) 3,4 Mais ils avaient beau le lui répéter tous les jours, il ne les écoutait pas. Ils dénoncèrent alors le fait à Aman, pour voir si Mardochée persisterait dans son attitude (car il leur avait dit qu'il était Juif). ( ) 3,5 Aman put en effet constater que Mardochée ne fléchissait pas le genou devant lui ni ne se prosternait: il en prit un accès de fureur. ( ) 3,6 Comme on l'avait instruit du peuple de Mardochée, il lui parut que ce serait peu de ne frapper que lui et il prémédita de faire disparaître, avec Mardochée, tous les Juifs établis dans tout le royaume d'Assuérus. ( ) 3,7 L'an douze d'Assuérus, le premier mois, qui est Nisan, on tira, sous les yeux d'Aman, le "Pûr" (c'est-à-dire les sorts), par jour et par mois. Le sort étant tombé sur le douzième mois, qui est Adar, ( )
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