Lecture d'un commentaire (8833)


Mt 23,1

Commentaire: Considérez quel est le premier reproche qu'il leur adresse: «Ils disent et ne font pas». En effet, celui qui a reçu ta puissance d'enseigner et qui transgresse la loi est coupable au premier chef: premièrement, parce qu'il donne l'exemple de la prévarication, alors qu'il doit reprendre et corriger les autres; secondement, parce que la dignité dont il est revêtu augmente son crime et son châtiment; troisièmement enfin, parce que son titre de docteur rend son péché plus scandaleux dans ses effets. Une seconde chose que le Sauveur leur reproche, c'est d'être durs et sévères pour ceux qui leur sont soumis: «Ils lient des fardeaux pesants», etc. Et c'est en cela qu'ils sont doublement coupables d'exiger des autres, sans miséricorde, une vie parfaite et irréprochable, et de se donner à eux-mêmes toute latitude. Or, un bon supérieur doit se conduire tout autrement, c'est-à-dire se montrer juge sévère pour tout ce qui le concerne, et plein de douceur et de bonté pour ceux qu'il dirige. Remarquez encore comme il fait ressortir l'indignité de leur conduite. Il ne dit pas: ils ne peuvent pas, mais «Ils ne veu lent pas», et non-seulement: «Ils ne veulent pas porter ces fardeaux»,mais «Ils ne veulent pas les remuer du bout du doigt», c'est-à-dire ni s'en approcher ni les toucher. Ces fardeaux pesants et insupportables dont Notre-Seigneur veut ici parler, et que les pharisiens et les scribes imposaient à leurs disciples, sont ces préceptes de la loi dont saint Pierre dit au livre des Actes ( Ac 15): «Pourquoi voulez-vous imposer aux disciples un joug que ni nos pères ni nous n'avons pu porter ?» Ils donnaient, à l'aide de raisons frivoles, une grande importance à ces fardeaux de la loi dans l'esprit de leurs disciples, et les atta chaient, pour ainsi dire, sur les épaules de leur coeur, afin que, se regardant comme liés par la raison, ils ne fussent point tentés de rejeter loin d'eux ces fardeaux Pour eux, au contraire, ils n'en accomplissaient pas la moindre partie, c'est-à-dire que, non-seulement ils n'en portaient aucun en réalité, mais qu'ils ne voulaient pas même les toucher légèrement du bout des doigts.


Source: Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868)