Lecture d'un commentaire (6205)


Mt 6,9

Commentaire: Dans toute prière il faut avant tout se concilier la bienveillance de celui qu'on prie, et lui exposer ensuite l'objet de notre demande. C'est par la louange qu'on se concilie cette bienveillance, et on la place ordinairement au commencement de la prière. La loi contenait bien des préceptes sur la manière dont Dieu devait être loué, mais on n'en trouve aucun qui enjoigne au peuple d'Israël d'appeler Dieu notre Père (cf. Is 1, 2 ; 63, 16 ; 64, 8 ; Ps 81, 6 ; Ml 1, 6 ; Sg 14, 3 ; Si 23, 1.4). Car Dieu ne ur était présenté que comme un maître qui commande à ses serviteurs, et non comme un père pin de tendresse pour ses enfants. peup chrétien au contraire, d'après témoignage de Apôtre a reçu esprit d'adoption dans quel nous crions : « Mon Père, mon Père, » non point sans doute par effet de nos mérites, mais par grâce qui nous fait dire dans prière : « Mon Père. » Ce nom excite à fois charité dans nos coeurs (car qu'y a-t-il de plus cher à des enfants que ur père), un sentiment d'affectueuse supplication, qui nous fait dire à Dieu : « Notre Père, » et l'espérance presque certaine d'obtenir ce que nous demandons. Car que peut-il refuser à ses enfants qui le prient, après le bienfait inestimable de cette filiation divine ? Enfin avec quelle sollicitude celui qui dit : « Notre Père » doit veiller à ne pas se rendre indigne d'une si auguste filiation ? Ceux qui ont les richesses en partage, ou qui se glorifient d'une illustre origine doivent apprendre, du moment qu'ils sont devenus chrétiens, à ne point se conduire avec hauteur à l'égard de ceux qui sont pauvres ou de condition obscure, puisque tous ensemble ils disent à Dieu : « Notre Père, » parole qui ne peut avoir dans leur bouche ni l'accent de la piété, ni celui de la vérité, s'ils ne les reconnaissent pour leurs frères.


Source: Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868)