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Lc 16,19

Commentaire: Cette parabole nous parle de l’abîme qui dans le monde entier sépare les riches des miséreux. Une loi fatale de l’argent fait que les riches vivent à part : logements, transports, loisirs, soins médicaux. Jésus se situe dans l’optique des anciens prophètes qui parlent plus volontiers des opprimés que des pauvres : pour eux la pauvreté est inséparable de l’injustice. La parabole est facile à interpréter : les murs que le riche construit autour de lui dans cette vie deviendront à sa mort un abîme infranchissable. Celui qui accepte aujourd’hui cette séparation se retrouvera à jamais de l’autre côté. Certains voudraient savoir quel péché avait condamné le riche à l’enfer. Peut-être avait-il refusé à Lazare les miettes de sa table ? l’Évangile ne le dit pas. Son péché, c’était de ne pas voir Lazare couché devant sa porte. Souviens-toi que tu as reçu toutes tes bonnes choses pendant ta vie. Le Lazare d’aujourd’hui est légion et déjà il est à notre porte : il s’appelle tiers ou quart-monde. À l’échelle mondiale les pays plus avancés et les minorités privilégiées se sont emparés de la table à laquelle tous avaient droit : le pouvoir réel, et la culture imposée par les médias. Les industries nationales et les sources d’emploi ont été détruits par un libre-échange affranchi de toute morale sociale, et des centaines de millions de Lazare s’enfoncent dans la marginalisation jusqu’à ce qu’ils meurent de misère, ou par la violence née d’une vie déshumanisée. Il faudrait citer ici les rapports de l’ONU sur les inégalités du développement. Lazare vit parmi les décombres et les immondices : il devient prostituée, voleur à la tire, jusqu’à ce qu’une mort prématurée lui permette de trouver quelqu’un qui l’aime : en compagnie d’Abraham et des anges. Entre temps le riche se donne beaucoup de peine, moins pour profiter de la vie que pour se convaincre qu’il a raison : il attend même que l’Église le justifie. Et c’est cette perversion de son esprit qui le conduit en enfer quand parfois elle lui inspire haine ou mépris pour tous ceux qui proclament les exigences de la justice telles que Moïse et les prophètes, c’est-à-dire la Bible, l’enseignaient.


Source: Bible des peuples