Lecture d'un commentaire (1828)


Ac 9,1

Commentaire: C’est un événement décisif pour l’Église naissante. Le Christ vient personnellement conquérir le persécuteur le plus acharné des chrétiens ( Galates 1.13 ; Actes 22.4-5 ; 22.19 ; 26.9-11). Ce serait une erreur de présenter Paul comme un méchant homme qui trouve finalement le bon chemin. Comme nous le voyons dans Actes 22.3-4 ; Galates 1.14 et Philippiens 3.4-11, dès sa jeunesse, Paul éprouve le besoin de se consacrer au service de Dieu. C’est pour cela qu’il va à Jérusalem pour étudier la Loi, c’est-à-dire la religion, avec les meilleurs maîtres de l’époque. C’est à ce jeune homme digne de confiance que les Juifs avaient confié la tâche difficile d’éliminer de leurs communautés la nouvelle doctrine suspecte des chrétiens. Paul est chargé de la répression des disciples du Christ ; il le fait sévèrement, pour le bien de sa religion. Pourquoi me persécutes-tu ? Qui est ce Seigneur qui m’appelle persécuteur alors que ma seule ambition est de servir Dieu ? Jusqu’à cet instant, Paul se sentait bien, comme le pharisien de la parabole ( Luc 18.9), il remerciait Dieu d’avoir fait de lui un croyant digne et actif dans sa communauté. Maintenant, dans la lumière du Christ, il découvre que ses mérites et ses services sont sans valeur pour Dieu ; sa foi n’est que fanatisme ; son assurance de croyant dissimule mal son orgueil. Paul se voit pécheur, violent et rebelle, mais en même temps il comprend que Dieu l’accueille, le choisit et lui pardonne : cet homme sera mon instrument de choix (15). Paul n’est plus le pharisien de la parabole : il vient de se mettre à la place du publicain. “Mon Dieu, prends pitié de moi qui suis un pécheur !” C’est la vraie conversion chrétienne. Désormais, Saul (qui prendra le nom de Paul) sera un instrument de choix pour le Christ : il étendra l’Église aux autres pays. Jusqu’alors, l’Église était restée en milieu juif, composée de Juifs, dirigée par des Juifs. Paul aussi était Juif, mais il avait été formé à l’étranger. Il possédait la culture grecque ainsi que celle de sa propre race. C’est à cause de cela et de sa personnalité exceptionnelle qu’il allait être l’apôtre des Grecs. L’Église doit constamment se renouveler, porter l’Évangile à de nouveaux peuples, à de nouveaux milieux. Aux moments importants de l’histoire, le Christ appelle des hommes dont l’Église a besoin : François d’Assise, et plus proche de nous, Jean XXIII. Le Chemin : ainsi s’appelait le christianisme. On ne le voyait pas comme une nouvelle religion, mais plutôt comme une nouvelle manière de vivre éclairée par l’espérance. On s’étonne parfois du caractère subit de la conversion de Paul, et l’on oublie que Dieu, dans sa sagesse, avait déjà préparé le terrain pour que soit accueillie cette grâce : Paul avait étudié “aux pieds de Gamaliel” ( Actes 22.3), un des plus grands rabbins de l’époque, connu pour son ouverture d’esprit (Actes 5.35-39) ; Paul avait en outre participé à l’exécution d’Étienne ( Actes 7.58) et il avait été témoin, là, de la foi bouleversante et de la charité sans limites du premier martyr (Actes 7.59-60).


Source: Bible des peuples