Lecture d'un commentaire (1805)


Ac 5,17

Commentaire: Peut-on comparer cette confrontation entre les apôtres et les chefs du peuple à ce qui se passe de nos jours dans bien des endroits, lorsque l’Église dénonce les violations des droits de l’homme ? Beaucoup diront : ce n’est pas pareil, les apôtres étaient persécutés parce qu’ils proclamaient Jésus, alors que maintenant ce sont des chrétiens qui font de la politique. Mais ce n’est pas évident. En ce temps-là les Juifs étaient dominés et divisés, et Jésus parlait comme un homme libre ; il enseignait un chemin de liberté qui s’appellerait aujourd’hui, l’action non violente. Et les autorités se sont débarrassées de lui pour défendre la sécurité de leur nation ( Jean 12.48) et leur propre politique. Croire en Jésus, c’était dès lors reconnaître qu’on avait mal agi en le rejetant (Luc 21.12-16). Voyez comment les prêtres jugent Pierre et Jean : ils leur demandent de se désolidariser d’un homme (Jésus) qu’ils ont condamné légalement. Proclamer Jésus signifie prêcher la réconciliation universelle ( Éphésiens 2.14) qui se fait à tous les niveaux de la vie humaine, y compris l’économie et la politique. L’Église ne proclamerait pas Jésus comme le seul Sauveur (5.31) si elle fermait les yeux lorsque des nations entières sont condamnées à une mort lente par manque de travail, de nourriture, d’éducation et de santé. Cependant, dénoncer n’est pas juger, et ce serait inutile si nous ne savions plus annoncer le plan de salut de Dieu. Gamaliel était l’un des plus renommés parmi les maîtres de la Loi. Nous voyons ici l’ouverture d’esprit et la foi de ce vieux maître juif qui sait que les voies de Dieu ne sont pas toujours les voies des hommes. Si leur projet, ou leur activité, vient des hommes (39). Jésus avait dit quelque chose d’analogue ( Matthieu 15.13). Pourtant cela ne nous semble pas évident : ne voit-on pas beaucoup de fausses doctrines qui durent ? Mais, peut-être que celles qui durent des siècles doivent leur durée au fait que, malgré les erreurs et le mal qu’elles provoquent, elles contiennent des principes utiles ou nécessaires pour un temps, ou pour certaines parties de l’humanité. Peut-être disent-elles des choses très importantes que l’Église devait dire et n’a pas pu ou n’a pas voulu dire. L’expérience montre que la majorité des hommes ne reconnaissent pas dans la foi chrétienne la vérité qu’ils recherchent : Dieu les a-t-il abandonnés pour autant ? Si nous avons le Christ, nous pouvons dire avec certitude que tel ou tel n’est pas “le” prophète. Mais peut-être Dieu a-t-il voulu qu’il soit prophète pour un groupe déterminé, pour qu’il les aide dans une étape de leur marche vers la lumière. Gamaliel a été le maître de Paul à Jérusalem durant deux ou trois ans, un peu après ces événements ( Actes 22.3). La conversion de Paul sera providentiellement préparée par la fréquentation de cet homme ouvert et sincère, tout autant que par la mort d’Étienne (7.54-60).


Source: Bible des peuples