Lecture d'un commentaire (1773)


Ac 1,9

Commentaire: Ce texte des Actes est le seul qui parle de Jésus élevé au Ciel dans une manifestation visible (le texte de Luc 24.51 est fort douteux et les autres évangiles n’en font pas mention). Faut-il penser que Luc a matérialisé cette montée au Ciel qui n’avait jusque là qu’un sens figuré ? Il était normal qu’une manifestation sensible leur soit accordée, adaptée à leur imagerie religieuse, pour graver dans leur esprit l’exaltation du Christ. C’est ce que Dieu a fait pour d’autres en de multiples occasions. Il doit être clair que tous les faits et gestes de Jésus ressuscité dont les apôtres ont été les témoins sont des façons qu’il a eues de se manifester à eux. Sa résurrection lui avait donné accès à une autre existence qui n’a pas de représentation dans notre monde. C’est ainsi qu’un seul mot ne suffisait pas pour dire ce qu’avait été la Résurrection. L’Écriture employait à ce sujet deux mots grecs différents : se lever et s’éveiller ; nous les traduisons le plus souvent selon l’usage habituel : ressusciter. Mais à côté de ce réveil ou de ce relèvement, l’Écriture emploie également le terme exalter ou glorifier ( Jean 12.23 ; Actes 3.13). Et c’est alors que nous devons relire Éphésiens 1.20-21 et 4.9-10. La résurrection et la glorification de Jésus signifient qu’il a pris en mains l’histoire et le cosmos. Il courbera toutes les trajectoires pour qu’elles aboutissent à cet Homme Nouveau et ces Terre et Cieux nouveaux qui sont au bout de l’histoire. Par conséquent, bien que l’image de Jésus élevé au Ciel jure avec la représentation que nous nous faisons aujourd’hui du cosmos, nous devons garder, avec d’autres mots, son sens cosmique. Nous n’avons pas à renier tous ces termes qui définissent le monde spirituel à partir d’un en bas et d’un en haut : ils expriment sans doute l’ordre vrai des choses.


Source: Bible des peuples