Livre de la Genèse
32,18 Au premier il donna cet ordre : “Quand mon frère Ésaü te rencontrera, il te posera la question : À qui appartiens-tu et où vas-tu ? À qui appartient ce que tu as là ? ( ) 32,19 Alors tu répondras : Tout appartient à ton serviteur Jacob. C’est un cadeau qu’il envoie à mon seigneur Ésaü, lui-même arrive derrière nous.” ( ) 32,20 Il donna également ses instructions au deuxième, puis au troisième, bref, à tous ceux qui accompagnaient les troupeaux. Il leur disait : “Voilà comment vous parlerez à Ésaü quand vous le rencontrerez, ( ) 32,21 vous lui direz : Ton serviteur Jacob arrive tout de suite derrière nous.” Il pensait en effet : “Le cadeau que j’envoie devant moi l’apaisera et je pourrai alors le regarder en face. Peut-être me fera-t-il bon accueil.” ( ) 32,22 Il envoya donc le cadeau en avant de lui. Quant à lui, il passa cette nuit-là dans le camp. ( )

32,23 Durant la nuit il alla prendre ses deux femmes et ses deux servantes ainsi que les onze enfants pour passer le gué du Yabok.


5065 Daniel-Ange de Maupeou d'Ableiges sur verset 2023-02-26:

Le gué de Yabboq, l'as-tu déjà passé ?

As-tu attendu que tombe la nuit ?

As-tu d'abord fait passer toutes ces choses

qui tiennent à toi, parce qu'elles tiennent de toi ?

Sur la berge encore chaude des chaleurs du jour,

es-tu resté seul ?

vraiment seul ?

Alors, peut-être, une main t'a-t-elle saisi par l'épaule ,

Contre quelqu'un tu auras mené un beau combat,

Un dur combat

Tant que dure la nuit.

Quelqu'un d'étrange et d'étranger,

et pourtant,

comme il te paraît familier !

Tu le rencontres pour la première fois et voilà :

tu l'avais toujours connu.

Il t'enveloppe de son mystère - manteau de nuit.

Ton mystère, de ses yeux de lumière, il en sonde la nuit.

Quelqu'un de plus fort que toi,

et comme il est faible devant toi !

Fort comme un athlète,

faible comme un enfant.

Fort comme un lion,

faible comme un agneau.

Il t'atteint là où tu te croyais inatteignable,

mais à tes coups, comme il s'offre vulnérable !

Tant que dure la nuit.

S'il ne peut te vaincre qu'en te blessant, serait-ce

que le premier, il a été blessé par toi ?

S'il te supplie de le lâcher, serait-ce

qu'il s'est, le premier; livré entre tes mains ?

Il t'a maîtrisé. Tu l'as vaincu.

Il s'est laissé prendre. Tu t'es laissé meurtrir.

Il a été pris au jeu de ton combat.

Tu as été pris au jeu de sa danse.

Qui donc est-il cet homme - mais est-ce un homme ?-

qu'on ne peut vaincre qu'en étant brisé par lui ?

qu'on ne peut rencontrer sans en être marqué

à la vie et à la mort ?

Qui donc est-il cet Ange - mais est-ce un ange ?-

pour être à ce point sans défense devant moi ?

pour mener ainsi son combat

comme on mène une danse ?

Qui donc est-il cet être insaisissable

qui se laisse ainsi saisir,

jusqu'à ne plus pouvoir désenlacer sa propre étreinte ?

Qui donc est-il cet infatigable lutteur

qui va jusqu'à se rouler avec moi dans la poussière

rouge, des heures et des heures ?

Tant que dure la nuit ?

Serait-il ce frère dont la rencontre me fait si peur

et pour qui, aujourd'hui même, je préparais des présents ?

Serait-il ce torrent

que je m'apprêtais à traverser le dernier,

et tout seul ?

Serait-il El-Shaddaï, de mon Père Abraham ?

Mais l'Inaccessible n'a pas besoin de partenaire ?

Serait-il Elyôn, de mon Père Isaac ?

Mais le Très-Haut ne s'allonge pas ainsi

sur l'herbe et le bois !

Et puis, Dieu a-t-il des os et de la chair et du sang,

pour se payer un tel corps-à-corps ?

avec mes os et ma chair et mon sang ?

Oui ! Qui donc est-il cet Inconnu,

dont les traits s'estompent dans le noir ?

Je n'ai pas demandé à ce qu'il soit là,

au travers de ma nuit,

et tant que dure la nuit !

La nuit, ne vois-tu pas comme elle blanchit déjà

là-bas, derrière la colline ?

Il te faut savoir son Nom. A tout prix.

Sinon, comment le rappeler, une fois que je l'aurai lâché ?

comment crier vers lui, encore, encore,

une fois que je n'entendrai plus sa voix ?

Car, qui sait ? Peut-être pourra-t-il guérir de sa main

ce qui, par sa main a été cassé ?

Savoir son Nom, c'est pouvoir le garder tout contre soi

la lutte terminée, la blessure bandée.

Surtout ne pas le laisser partir avant que de savoir

d'où viennent ses pas, dans l'herbe ravie de soleil

et vers où le mène cette marche dansante dans le sable.

Tu penses : Mais ce ne peut être que Jésus, celui-là !

Son Nom, pourquoi le chercher ailleurs ?

Mais, ce Nom de Jésus - regarde-moi droit dans les yeux -

le sais-tu vraiment ?

As-tu sondé ses abîmes ? cheminé dans son épaisseur,

remonté jusqu'à sa force ?

Surtout, oui surtout, en as-tu goûté la douceur ?

savouré la vérité ?

Et si -ce soir au moins- il n'attendait de toi pas

d'autre supplication que celle-ci !

Oh ! Ton Nom, dis-le moi !

Cet appel, a-t-il jamais reflué sur tes lèvres ?

Et s'il était en train, Lui, de guetter chez toi

ce point d'interrogation qui n'en finit pas

de remonter de tes profondeurs :

Mais qu'y a -t-il donc au-dedans de Ton Nom ?

S'il était en quête -et qui sait ?- en besoin

de cette audace qui ose dire :

Non je ne te lâcherai pas,

tant que tu ne m'auras pas laissé ton Nom,

comme on livre un secret,

comme on laisse un héritage :

quelque chose qui, de toi, devient de moi,

et dont rien ne me dépossédera

parce qu'il restera à toi,

et que, de ta main,

qui peut en être arraché ?

Tu peux me blesser à l'autre jambe,

me frapper où tu voudras, s'il le faut,

voici chacun de mes membres pour recevoir

la blessure qui vient de toi.

Mais je soutiendrai le combat

tant que dure la nuit,

tant que ton Nom ne l'aura pas éclairée,

ma nuit !

*

Mais attention ! Regarde, là-bas :

N'est-ce pas l'étoile du matin, déjà ?

Fais vite ! Courte est la nuit après laquelle les

clartés de ton Nom ne peuvent plus servir d'étoiles.

Il ne te reste plus beaucoup de temps pour me le dire

Il ne te reste plus beaucoup de temps pour te le dire.

Fais vite : bientôt je vais pouvoir lire ton visage,

et voir tes yeux, n'est-ce pas mourir ?

et mourir ?

Toi, tu ne m'auras plus pour me confier

ce Nom dont brûlent tes lèvres.

Et moi, je n'en aurai plus besoin.

Te voir, ce sera assez,

peut-être même trop !

Le Nom, c'est pour la nuit. La Face pour le jour.

Le Nom pour les heures d'ombre.

La Face pour les heures de soleil.

Le Nom, pour les temps où j'ai besoin de ne pas douter

de cette Face qui est là, tout contre la mienne,

et qu'il me faut bien entendre avant de la voir.

O toi, l'hôte imprévisible de mes nuits,

me donneras-tu ton Nom avant que je ne voie ta Face ?

Ton Nom pour que m'habite le désir de ta Face ?

Ton Nom où déjà se blottit ta Face ?

Jésus, Qui d'autre que toi pourrait me donner ton Nom

comme on montre son visage !

Un Nom où tout se sait de ce que l'on voudrait tant dire

et que l'on n'arrive jamais à dire,

où tout se devine dans sa nudité sans mots,

parce qu'il suffit, le regard !

Un Nom dont on se laisse regarder,

tout autant qu'on l'écoute,

Un Nom qui dise tout de toi,

comme les yeux livrent tout

de celui qu'on se prend à aimer.

Jésus ! Ai-je jamais dit ton Nom

comme on se laisse regarder par son Fiancé,

qui serait en même temps son Roi ?

Peut-être n'ai-je pas assez combattu avec toi,

pour que la lutte en soit devenue danse.

Pas assez pour savoir jusqu'où va ta faiblesse,

pour voir jusqu'où va ta force dans ma faiblesse.

Pas encore jusqu'au sang,

et le mien et le tien mêlés l'un à l'autre,

comme la sève à l'amandier.

Pas encore jusqu'à l'aube douce

où nous nous retrouverons l'un dans l'autre,

où chacun se reconnaîtra - transparent -

dans les yeux de l'autre.

Alors, ne m'en veux pas si je refuse de te lâcher,

tant que ce Nom ne m'aura pas donné

de ne plus jamais être lâché par toi,

tant que dure la nuit.

*

Et voilà qu'il t'est répondu, non pas son Nom,

mais un autre questionnement :

Pourquoi ? Pourquoi veux-tu le savoir, mon Nom ,

Serait-ce pour le galvauder, l'analyser, le décortiquer ?

Ou pour vivre jusqu'au bout ce qu'il te révélera de moi,

pour marcher jusqu'au fond de ce qu'il dira de toi ?

Sa question, ne l'élude pas trop facilement.

Vers tes source, descends, avant de t'engager à

recevoir son Nom.

A le recevoir de ses propres lèvres.

Car il se reçoit comme on donne un baiser, son Nom !

Ce baiser, ne l'a-t-il pas sollicité de toi,

au moment où tu t'y attendais le moins !

au plus fort du combat ?

N'est-ce pas lui qui, le premier, l'a mendié ton nom ?

Le désir te serait-il venu de lui poser ta question,

comme sourd des profondeurs un irrésistible appel

si d'abord elle n'avait coulé de lui ?

Comment veux-tu qu'il se confie à travers son Nom,

si jamais encore tu ne lui as fait cette confiance :

lui offrir le tien.

Mais mon nom, il le connaît sûrement !

Oui et non.

L'a-t-il déjà reçu comme donné par toi ?

Lui dire ton nom c'est, du même coup, lui dire :

Me voici, toi qui m'appelles.

Et alors, lorsqu'il t'ouvrira aux cent visages

de son Nom à Lui, chacun te sera sourire :

Me voici à toi et pour toi,

avant même que tu m'appelles !

Viendra l'heure - n'est-elle pas déjà là ? -

où, à l'intérieur de ton nom, il glissera ton nom nouveau,

ce Nom que tu ne sais pas encore,

mais dont l'attente, déjà, fait frémir ta vie.

Et qui sait ?

Sera-t-il tellement différent du sien,

le Nom de ton Enfance neuve ?

Du moins, si tu tends les psaumes de tes deux mains,

pour le recevoir de sa Main.

Et alors, quand tu auras consenti à le recevoir,

ton nom au-dedans du sien,

Tu ne seras plus le même.

Tes remparts se seront écroulés,

Des béances se seront ouvertes,

pour t'être ouvert à une certitude unique.

Tu clocheras d'une jambe parce qu'il est dit

qu'il est ouvert aux estropiés et aux aveugles, le Royaume !

Tu marcheras au pas des enfants,

ta marche et tes démarches paraîtront maladroites.

Tu ne seras plus comme tout le monde,

ton monde sera autre, une fois qu'un héritage d'ailleurs

aura été versé dans les plis de ton manteau.

Tu seras comme un de ceux qu'on marginalise,

qui font peur à ceux qui se croient normaux,

parce qu'ils sont trop libres,

parce qu'on pressent en eux une danse qui vous échappe,

et que cela inquiète toujours

de ne pas savoir d'où vient le vent.

Te ne pourras plus courir là où tu voudrais :

tu seras dépendant d'un amour

qui te dépendra d'une vie.

Pauvre de toi, pauvre de ton corps, pauvre de ton coeur :

tout n'en aura-t-il pas été livré, avec ton nom ?

Glaive à deux tranchants, son Nom t'aura pénétré

jusqu'au point de division des articulations et de moelles.

Jésus ! Comment dire ce mot, sans le suivre

là où il est et vainqueur et vaincu à la fois :

cette colline où la gloire royale éclate

dans la chair tendre d'un Agneau ?

Te seras encore nomade, mais revenu de ton long exil.

Tu ne redouteras plus ton frère,

tu verras son visage comme on voit Dieu.

La réconciliation inespérée, elle viendra au-devant de toi.

L'impossible baiser à ton ennemi, il te sera donné,

sans que tu saches trop comment.

Un trésor neuf habitera ta maison.

Inaliénable comme un secret.

Seul, tu ne le seras plus. Jamais plus.

Ces choses dont l'amour t'aura dépossédé,

et que tu auras fait passer en avant de toi ;

elles te seront rendus, neuves et belles.

Elles ne te tiendront plus :

tu les tiendras de Lui.

Cette blessure-là rien ne pourra la guérir,

rien, sinon l'Amour.

Au creux de ton être, tu en porteras le signe,

jusque dans la mort, et au-delà.

Oui, au-delà, car la blessure que tu lui as faite,

tu la verras, Soleil, une fois le gué franchi.

Cette marque indélébile :

Telle sera la bénédiction sur toi

de Celui qui t'aura vaincu,

dans sa faiblesse même,

qui, dans sa vulnérabilité même,

t'aura désarmé !

Tu seras le béni du Béni ! Fils du Roi !

Sa blessure en toi sera royale :

devenue d'amour, parce que reçue de l'Amour,

offerte à l'Amour.

*

La passe de Penouël, tu l'auras franchie,

un anneau d'or glissé au doigt.

L'autre rive de ton cœur,

tu l'auras atteinte.

Un autel y sera dressé,

d'où s'élèvera l'encens et du matin et du soir.

Ta vie sera sauve : sauvée !

Ta vue clarifiée : guérie !

Ce Nom mendié, il sera devenu :

- Braise sur tes lèvres et dans tes yeux,

baiser de lumière sur le monde,

- Cri de ta chair et de ton sang,

lueur au long de ta nuit.

- Fête pour ton cœur

poème d'où l'aube se lève,

Dans sa frêle voilure,

déjà la Face resplendira.

*

Cela ne sera peut-être qu'au Soleil levant,

mais cela commence à n'importe quelle veille de la nuit.

Étoilée ou non. De printemps ou d'automne.

N'y a-t-il pas en toi

un printemps et un automne simultanés ?

Des feuilles qu'emporte le vent,

des boutons qui s'ouvrent, caressés par l'aube ,

Des fleurs fanées à jeter, des étoiles neuves à cueillir ?

Des choses que tu perds à jamais,

des choses que tu reçois pour toujours ?

Des êtres trop tendrement aimés, à donner,

des êtres qui font peur à éteindre ?

Alors, quelle que soit la saison de ta vie,

l'heure de ta nuit ou le nombre des étoiles,

reste un peu sur la berge, ce soir. Veux-tu ?

Ce qui, aujourd'hui, doit mourir, offre-le,

ce qui demain doit fleurir, tends-y les bras.

Les angoisses de ce jour,

les peurs de demain,

qu'elles s'éteignent au seuil d'une nuit

où tu es attendu quelque part.

Attends le Passage : combat et danse

Yabboq, ce soir.

Aux aurores, Penouël !

2290 Bible des peuples sur verset 2018-11-17: Ici, comme en d’autres récits anciens de la Bible, les découvertes modernes apportent un éclairage nouveau du texte, qui nous permet peut-être d’en faire une autre lecture, en apparence plus terre à terre, et pourtant tout aussi riche au point de vue spirituel. Des fouilles récentes menées sur ce lieu même nous apprennent que le Dieu de Pénuel se chargeait de remettre les hommes dans le droit chemin, et que son prophète Balaam (voir Nombres 25) transmettait ses menaces. De fait, les plus anciennes histoires de Jacob laissaient entendre que Dieu l’avait corrigé (Osée 12.4-5) : on expliquait ainsi son nom Ichrael : “corrigé par Dieu”. Mais plus tard ce nom se transforma en Israël, car en Palestine centrale on avait du mal à prononcer le son “ch” (voir Juges 12.6) et on l’interpréta “fort contre Dieu”, ce qui était beaucoup plus satisfaisant pour l’orgueil national. On peut donc penser que dans la tradition primitive, alors que Jacob revenait, fier de ses femmes, de ses fils et de tout ce qu’il avait acquis de façon plus ou moins honnête, Dieu l’avait arrêté, menacé et blessé : “Jacob, ce n’est pas toi avec tes ruses et tes astuces, qui assureras ta réussite ; rappelle-toi que tu as tout reçu de ton Dieu. Humilie-toi devant lui et redeviens ce que tu n’aurais jamais dû cesser d’être, un croyant confiant et abandonné entre ses mains.” Il lui avait fallu s’humilier pour recevoir les bénédictions promises à ses pères.

( )
32,24 Après les avoir pris et leur avoir fait passer le torrent, il fit passer tout ce qu’il avait. ( ) 32,25 Et Jacob resta seul. Quelqu’un lutta avec lui jusqu’au lever du jour. ( ) 32,26 Voyant qu’il ne pouvait dominer Jacob, il le toucha à l’articulation de la hanche, et la hanche de Jacob se démit tandis qu’il luttait avec lui. ( ) 32,27 L’autre lui dit : “Laisse-moi partir, car le jour se lève.” Mais Jacob répondit : “Je ne te laisserai pas partir avant que tu ne m’aies donné la bénédiction.” ( ) 32,28 L’autre lui dit : “Quel est ton nom ?” Il répondit : “Jacob.” ( )



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