Lecture d'un commentaire (2819)


Jn 14,1

Commentaire: LA VIE SPIRITUELLE
Après le lavement des pieds, Jean nous présente trois discours d’adieu de Jésus à ses apôtres. Ceux qui ont partagé sa vie pendant plusieurs mois devront bientôt découvrir une autre manière de vivre avec le Christ ressuscité et présent, bien qu’invisible. Jésus dit : “J’étais avec vous” ; dorénavant, “Je serai en vous”. Le premier de ces discours occupe le chapitre 14. L’ascension de Jésus auprès du Père n’est pas un exploit individuel : elle nous ouvre le chemin de notre maison qui n’est pas située en haut, mais en Dieu. Il y a beaucoup de chambres, ce qui veut dire qu’il y a aussi une place pour nous. Cette chambre n’est pas une “propriété” où l’on s’enferme, elle signifie seulement que là Dieu se donne totalement : nous viendrons à lui (24). Nous aurons tout en Dieu, et son rayonnement fera jaillir de chacun de nous la résonance unique que lui seul peut donner. Chacun sera dans sa propre demeure et en communion avec tous. Puisque nous savons maintenant quel est le but, nous devons nous acheminer vers cette communion définitive. Le Christ déclare : “Je suis le chemin”. Il s’est fait homme précisément pour que nous voyions le Père en lui. Il a suivi son chemin, si déconcertant pour nous, afin qu’en méditant sur ses actions nous avancions vers la vérité. Même si au début, nous ne comprenons pas bien sa pensée, avec le temps nous découvrirons le Seigneur et nous comprendrons que son chemin est aussi le nôtre. En passant par la croix et la mort, nous conquerrons notre propre vérité et nous parviendrons à la vie. Je suis dans le Père et le Père est en moi, et vous en moi (11 et 20) Le Christ nous fait entrer dans la famille de Dieu. Ne parlons donc plus de nous approcher de Dieu comme s’il était loin de nous. Il ne s’agit pas non plus d’être à côté de lui comme si Dieu gardait pour lui tout son mystère. Nous entrons dans la vie mystérieuse des Personnes divines qui partagent tout et qui sont le seul et unique Dieu. Les choses matérielles ne peuvent pas se pénétrer l’une l’autre, mais cela est possible dans le domaine de l’esprit. Le Christ est dans le Père et le Père est en lui, et ils se font une chambre chez nous. Dans l’introduction de son évangile, Jean explique que toutes les actions de Dieu dans le monde doivent se comprendre à la lumière de la relation intime entre le Père et le Fils. Il ajoute ici que la présence de Dieu en nous se doit à une autre personne, le Saint-Esprit. Ni le Père seul que personne n’a vu, ni le Fils qui s’est manifesté, ne peuvent par eux-mêmes s’unir aux hommes. Mais ils peuvent le faire par l’Esprit que nous devrions appeler : Dieu qui se communique. C’est pourquoi nous appelons vie spirituelle tout ce qui se rapporte à notre relation avec Dieu. Le présent chapitre développe les trois pas de la vie spirituelle : — garder les paroles de Jésus : les méditer, les mettre en pratique et les laisser prendre racine dans notre âme. — ensuite, instruits par l’Esprit au sujet de ce que nous devons demander au nom du Christ, demander en toute confiance les choses qu’il désire lui-même. — finalement, faire les mêmes choses que lui. Il n’a pas multiplié les bonnes œuvres, mais il a achevé ce que son Père lui demandait de faire, même quand son obéissance semblait un vain sacrifice. Je demanderai au Père de vous donner un autre Protecteur (16). Jésus se réfère au Saint-Esprit qu’il appelle le Paraclet. Ce mot grec a plusieurs sens. Ici nous traduisons : le Protecteur. l’Esprit donne aux croyants la confiance et inspire leurs prières pour qu’elles soient écoutées de Dieu. Le Protecteur (ou l’Interprète) se chargera de vous enseigner (26). L’Esprit nous permet de comprendre et d’interpréter les paroles de Jésus à chaque époque. Jude lui dit. Ces trois interventions des apôtres sont un procédé de style utilisé par Jean pour donner vie au discours de Jésus. Chaque fois on lui pose une question maladroite qui lui permet de préciser le vrai sens de ce qu’il vient de dire, un peu comme avec la Samaritaine. Seigneur, veux-tu te manifester à nous et pas au monde ? (22). Jude a compris que Jésus parlait de rencontres secrètes : il ne s’agit pas de cela. Jésus voulait dire qu’il se manifesterait à eux par son Esprit pour les instruire et leur donner la paix. Vous avez appris ce que je vous ai dit (28). Rappelons que ce discours de Jésus a été refait par Jean en pensant à ses propres auditeurs ; à eux s’adresse ce : vous avez appris. Le Père est plus grand que moi (28). Cela ne contredit pas ce que Jean enseigne sur la divinité de Jésus tout au long de son évangile. Il faut lire ces paroles avec ce que Jésus dit en 5.18 ; 10.30 ; 16.15 si nous voulons comprendre un peu le mystère du Christ, “vrai Dieu” ( Romains 9.5 ; Tite 2.13 ; 1Jean 5.20). Dès le quatrième siècle, le grand évêque et défenseur de la foi, saint Hilaire de Poitiers, écrivait : “Le Père est plus grand parce que c’est lui qui donne. Mais puisqu’il donne au Fils son être propre et unique, le Fils n’est pas inférieur au Père”. De plus, c’est le propre du Fils de se sacrifier par amour pour son Père jusqu’à ce que le Père lui rende “la gloire qu’il avait avant” ( 17.5 et 6.62). C’est pourquoi les apôtres qui l’ont vu homme parmi les hommes au temps de son humiliation, doivent se réjouir de ce départ. L’Esprit Saint que le Père vous enverra (26). Comparer avec 15.26 : l’Esprit que je vous enverrai Le Saint-Esprit procède du Père qui est la Source unique, mais le Fils donne cet Esprit qui pour lui n’est pas une chose reçue : c’est son propre Esprit.


Source: Bible des peuples