Lecture d'un commentaire (2767)


Jn 7,34

Commentaire: JÉSUS SAGESSE ET VERBE DE DIEU Vous me chercherez et vous ne me trouverez pas. C’est le même avertissement que Dieu faisait par la voix des prophètes ( Jérémie 13.16). Une fois de plus, Jésus s’applique des paroles et des prérogatives que la Bible réservait à Dieu. Mais cette expression rappelle plus encore les appels de la Sagesse en Proverbes 1.28. Si nous lisons avec attention cet évangile, nous serons frappés par l’usage de bien des expressions qui faisaient partie du discours de la Sagesse en Proverbes 8.22-30 et 9.1-6, ou en Sagesse 6-7. Il y a d’abord le couple chercher et trouver : Sagesse 6.13-16 ; Proverbes 8.17 ; puis l’affirmation : j’aime ceux qui m’aiment ( Proverbes 8.17) ; puis le banquet de la sagesse ; puis la réciprocité : Dieu seul la connaît ( Job 28.23-27 ; Siracide 1.6-8) et seule elle connaît Dieu (Sagesse 8.4 ; 9.9. Jésus est médiateur entre Dieu et les hommes comme l’était la Sagesse, comme elle il fait appel aux petits et aux écrasés ( 9.4 ; Matthieu 11.28). Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements : ( Jean 14.15 ; Sagesse 6.18)… À propos de Proverbes 8.22 nous avons fait remarquer que cette personnification de la Sagesse ouvrait la voie à la reconnaissance de Jésus comme Verbe de Dieu. Mais cela s’est fait de façon indirecte. Il y a d’abord eu l’identification de Jésus avec la Sagesse mystérieuse et paradoxale de Dieu : 1Corinthiens 1.21-24. Pourquoi, ensuite, Jean a-t-il glissé vers un autre mot, le Verbe ? Sans doute a joué le fait qu’on se trouvait un peu mal à l’aise en identifiant Jésus avec sagesse, mot féminin. La théologie féministe imagine qu’on a refusé inconsciemment le féminin parce qu’il signifiait pour tous une infériorité, et ce n’est pas là un jugement téméraire. Mais la raison qui a dû peser le plus fortement pour le choix de Logos (ou : Verbe, ou Parole proférée) par l’évangéliste Jean, c’est l’intuition du mystère divin. N’oublions pas que le Verbe est plus qu’une parole, c’est l’Expression de Dieu. On pouvait faire de la Sagesse le nom féminin de Dieu, et il n’y aurait eu aucune difficulté à dire Dieu Sophia, ou Dieu Sagesse. Mais alors elle ne se distinguait pas de lui. Au mieux, selon une des interprétations possibles de Proverbes 8.30, elle se présentait comme une petite fille de Dieu, dans son manteau. Mais Jean veut que le Fils éternel soit vraiment personne, non pas à côté mais face au Père, une autre face, opposée ou distincte de l’Amour-Dieu. Le mot Logos était là, d’actualité et compris de tous, tout prêt pour exprimer ce que la Sophia ne disait pas, et Jean l’a pris. Verbe fort masculin et batailleur dans l’Apocalypse, mais non dans l’Évangile.


Source: Bible des peuples