Lecture d'un commentaire (2532)


Ep 3,14

Commentaire: Je me mets à genoux… Paul passe tout naturellement de son exposé à la prière. Tel est le chemin de l’homme intérieur (16) qui ne se contente pas de penser à Dieu ou de parler de lui, comme s’il était un objet. L’Esprit préserve en lui la conscience de cette Présence qui lui donne la vie. Comme le disait sainte Thérèse : “Je porte partout le cœur de mon Dieu, et le Dieu de mon cœur”. Le Père origine de toute patrie, de toute famille céleste, car patrie vient de Père (15). Notre société a beaucoup dévalorisé “le père”, tout comme la patrie, avec l’obsession d’une autorité qui étoufferait la personnalité de ses enfants. Paul n’en est pas là : il s’émerveille devant celui qui seul est sans origine. Le Père est la source de l’être divin, de lui émanent l’ordre et le mystère des Personnes divines. C’est de lui encore que l’univers tient ses richesses. Et Paul, qui vient d’évoquer la destinée commune de tous les peuples, rappelle que chacun d’eux (il dit exactement : chaque famille) a reçu de lui “son nom”, c’est-à-dire son identité et sa dignité. Sans doute faut-il reconnaître que ce mot père n’a plus le même sens qu’il avait au temps de Paul, lorsque le père se taillait la meilleure part de l’autorité et du respect. Maintenant que la femme trouve enfin dans beaucoup de milieux sa pleine place dans la famille et la société, nous serions tentés de parler des parents et non du père. Ce n’est pourtant pas par hasard que Dieu s’est révélé dans une culture, celle des hébreux, où Dieu était une figure masculine. Il ne les a jamais laissé imiter leurs voisins qui associaient toujours les déesses et les dieux. Il n’a rien fait pour leur montrer Dieu, ou la Divinité, comme la Grande Mère, ce qui a été le cas en bien des peuples. Même si la Bible dit que Dieu unit en lui toutes les richesses de l’amour paternel et maternel ( Isaïe 49.14), elle s’en tient au mot “Père”. Ce faisant elle insiste sur la liberté et l’initiative de Dieu en tout ce qu’il fait : l’univers, et nous-mêmes, nous ne sommes pas sortis de Dieu comme une “émanation”, comme produits tout naturellement dans le sein de la Toute-Puissance divine. Tout a été décision lucide et créatrice. Une autre raison plaidait plus fortement encore pour le maintien du mot “Père”, et c’est le fait que toute l’œuvre de Dieu dans le monde aboutit dans la Bible à un mariage, celui de Dieu et de la race humaine par l’intermédiaire du Christ. L’humanité et l’Église occupent la place de l’épouse dans le couple humain, alors que Dieu est le modèle ultime de l’époux. La famille, avec l’autorité des parents, est la base de la société, et de même la paternité a sa place dans l’Église : la succession des évêques et l’autorité d’une hiérarchie qui ne dépend pas d’une votation à la base, font partie d’un ordre divin. Une société qui ignore le père ou qui méprise le mariage, est tout aussi aberrante que des “Églises spontanées”. L’amour du Christ qui dépasse toute connaissance (19). Paul pense certainement à l’amour que le Christ lui a manifesté et continue de lui manifester personnellement à la mesure même de ses épreuves. La connaissance et l’expérience de cet amour dépassent tout ce que personne jamais n’a imaginé. Mais l’étude, et les livres, et les disciplines de méditation n’y suffisent pas. Il nous sera donné gratuitement, par initiative de Dieu, sur le chemin de l’amour dont le Christ s’est fait le modèle et le centre.


Source: Bible des peuples