Lecture d'un commentaire (2520)


Ep 1,1

Commentaire: Cette première page de la lettre aux Éphésiens est, dans la Bible, la meilleure expression globale du mystère chrétien. Elle équilibre, d’une certaine façon, la grande présentation de Paul aux Romains, présentation qui semblait centrer trop uniquement l’œuvre de Dieu sur la tragédie de l’homme pécheur. La lettre aux Éphésiens, comme l’Évangile de Jean, parle d’une re-création du monde là où la lettre aux Romains utilisait des termes plus juridiques : dette et réparation du péché. Béni soit Dieu ! Paul commence généralement ses lettres par une formule de louange et d’action de grâces. Mais la prière ici se prolonge : il proclame le plan mystérieux de Dieu tel qu’il l’a compris dans une révélation (3.3). Sa décision mystérieuse (9). En réalité Paul dit ce mystère : mais ce terme désignait alors une décision ou une doctrine secrète. Ici Paul nous parle du dessein de Dieu créateur : son plan s’enracine dans le mystère des trois Personnes divines. Nous savons que le Fils et l’Esprit procèdent de Dieu le Père, les trois n’étant qu’un seul Dieu. Mais, en plus de cette communication et de cet épanchement de vie en Dieu, avant la création du monde, Dieu le Père a voulu communiquer ses richesses, en dehors de lui, à des êtres créés. C’est là l’origine de toute l’histoire humaine. Dieu a voulu que des enfants (5) se multiplient autour de son Fils unique et en lui, capables de recevoir son Esprit et de le lui rendre. Ils reviendront à lui à la fin de l’histoire, rassemblés en un seul corps (10). Dieu nous a choisis dans le Christ (4). Remarquer l’expression dans le Christ que nous avons commentée dans 1Corinthiens 1.4. Toute créature vient de Dieu à travers ce Fils en qui Dieu contemple sa propre richesse. Nous sommes tels que Dieu nous a aimés en lui, et nous sommes en lui, de quelque façon, dès le commencement. Mais aussi, en nous créant libres, Dieu sait que notre liberté est fragile : nous aurons du mal à lui donner une réponse filiale. Comment revenir à Dieu, au cœur de son mystère, sans mourir à soi-même ? Toute l’histoire ne pourra être que continuelle mort et résurrection, pour les peuples comme pour les personnes. Mais la Sagesse divine a prévu que le Fils viendrait au milieu de nous, avec sa croix et sa résurrection, afin de nous manifester l’amour du Père (5). Et bien entendu, là où vient le Fils, l’Esprit sera communiqué : v. 7 et 13. Nous sommes rachetés par son sang (7). Il est sûr que Jésus a pris la place de la victime expiatoire qui porte sur elle le péché, mais ici Paul fait aussi allusion à une loi biblique : le rachat d’un esclave se signait par le sang ( Exode 21.6). Marqués de l’Esprit (13). Les Juifs étaient marqués dans la chair, comme d’un “cachet”, par la circoncision. Ce rite certifiait leur appartenance à Dieu. Pour leur part, les Chrétiens reçoivent l’Esprit qui agit en eux : c’est de lui que viennent la foi, l’espérance et l’amour, les diverses formes de service, le don de la connaissance, les miracles et les guérisons. Ces dons sont la preuve la plus évidente qu’ils sont devenus enfants de Dieu. Ces dons sont aussi un avant-goût de toutes les merveilles que Dieu nous réserve. Paul distingue deux moments : le plan de Dieu dans l’éternité (1-10), et sa réalisation dans le temps (11-14). Les deux dernières strophes correspondent à ces deux étapes de l’histoire sainte : — Dieu nous a mis à part (11). Paul parle en son nom et au nom du peuple juif choisi pour être le peuple de Dieu. — Vous aussi… (13). Ici, Paul se réfère aux Chrétiens d’origine grecque (et païenne), déjà nombreux dans ces communautés d’Éphèse. Le temps de la plénitude est donc arrivé, c’est-à-dire le moment où l’évangile est proclamé à tous les hommes, pour que tous reçoivent les dons de l’Esprit. Cette page précise quelques points essentiels de la foi. Il décidait dès ce moment (5). Nous retrouvons ici l’équivalent de ce que Paul a affirmé dans Romains 8.29-30. Nous ne pouvons pas passer à côté du terme “prédestination”. Beaucoup ont utilisé ce terme de façon différente de Paul : voir à ce sujet PRÉDESTINATION dans Romains*9.14. Il nous est impossible de comprendre comment nous sommes libres si Dieu nous connaît dans l’éternité. Nous ne devons pas pour autant partager les doutes et l’angoisse de ceux qui se croient soumis à un destin ou à une redoutable “volonté de Dieu”. En réalité nous sommes “soumis” à un amour et à des bénédictions (3) qui n’attendent que notre réponse. (Voir commentaire de Romains*9). Paul ne parle de condamnation pour personne ; il affirme seulement que Dieu fait preuve d’un amour spécial pour ceux qu’il appelle à devenir membres du Christ. La Bible parle peu de l’amour de Dieu pour les non-croyants, mais nous devons le comprendre à la lumière de l’amour qu’il nous a montré en nous conduisant jusqu’au Christ. Dieu nous a choisis dans le Christ (4). Bien des auteurs chrétiens ont parlé comme si, au commencement, Dieu avait créé l’homme sans envisager sa chute et que le Christ n’était venu que pour sauver le pécheur perdu. Ce n’est pas ce que Paul dit ici : dès le commencement la venue du Christ et le don de l’Esprit, tout comme les lois de la vie et le cours de l’histoire, étaient mystérieusement liés à l’ordre qui existe en Dieu lui-même. Le Bien-aimé (6) est toujours le premier pour Dieu. De même pour nous : le souci de “nous sauver” ne peut pas être la base de notre foi. Ce serait tout aussi égoïste que de pratiquer sa religion pour rester en bonne santé. Le Fils nous a révélé la Gloire du Père et comment lui-même revenait au Père : il voulait nous tirer de notre égoïsme, même de l’égoïsme religieux : Jean 17 et Philippiens 2.9.


Source: Bible des peuples