Lecture d'un commentaire (2519)


Ep 1,1

Commentaire: Faut-il parler ici d’une “lettre” de Paul ? Déjà la lettre aux Romains était en majeure partie consacrée à un exposé sur la foi et le salut. Ici c’est plus vrai encore : il n’y a pas de nouvelles, pas de message personnel pour une communauté précise, mais de nouveau un long exposé sur le salut du monde. Il était sans doute destiné aux Églises de la région d’Éphèse. Pourquoi le monde ? Où va l’humanité ? Ce sont les mêmes questions qui se posent pour nous tous les jours de façon plus insistante, dans la mesure même où ces dernières années ont vu comme une “prise en masse” des peuples les plus divers. Même ceux qui veulent dominer ne peuvent plus le faire qu’en se présentant comme les porte-parole de l’ensemble. Où est le salut pour l’homme ? Quel est son avenir ? Et Paul nous répond de sa prison de Rome. Comme nous le rappellent les Actes ( 28.16 et 30), Paul était prisonnier à Rome dans les années 60. Dans cette capitale du seul monde que connaissaient alors les Occidentaux, il a eu tout le loisir d’évaluer les doctrines qui circulaient à travers l’Empire Romain. Elles venaient du Moyen Orient où elles préoccupaient tout spécialement les Chrétiens de la région d’Éphèse. Dans la mesure où d’autres religions prétendaient ouvrir à tous un chemin de salut, elles remettaient en cause le Christ, unique sauveur d’une humanité une. Cette lettre aux Éphésiens semble avoir été écrite après celle aux Colossiens. Paul y reprend et développe le plan de Dieu qu’il dit avoir compris dans une révélation. Le monde a été créé pour les hommes, et pour qu’il en émerge l’Homme Nouveau, une seule famille dans le Christ. Tous se retrouveront, chacun à sa place, autour d’une personne capable de les accueillir tous et chacun dans sa propre plénitude : le Christ. Certains pensent que la lettre aux Éphésiens n’est pas de Paul : comment pourrait-il parler de façon impersonnelle à une communauté où il a travaillé pendant plus de deux ans, de 55 à 57 ap. J.-C. environ ? Mais, comme nous l’avons dit, la lettre a dû être adressée, non pas aux seuls chrétiens de la ville d’Éphèse, mais plus largement aux communautés de la vallée du Lycus : Hiérapolis, Laodicée ( Colossiens 4.13 et 16) et Colosses, qui avaient été évangélisées par des compagnons de Paul, en particulier Épaphras ( Colossiens 1.7). D’autres pensent que les questions posées sont le propre d’un temps postérieur à Paul : comme les lettres à Tite et Timothée, celle-ci ne serait de lui que dans un sens très large. Mais quand on sait le niveau très bas de la littérature chrétienne immédiatement après la mort des apôtres, il est difficile de penser qu’une lettre d’une telle sûreté théologique et d’une telle richesse doctrinale ait pu mûrir chez un autre que chez Paul, même s’il en a laissé la rédaction à l’un de ses disciples, Tychique ( Éphésiens 6.21) ou Timothée ( Colossiens 1.1). Il faut reconnaître, en effet, que le style en est différent de celui des lettres les plus authentiques, dictées par Paul.


Source: Bible des peuples