Lecture d'un commentaire (1388)


2Co 3,16

Commentaire: Lorsqu’on oppose ancienne et nouvelle alliance, il faut respecter différents points de vue. Dans un sens, l’alliance du Sinaï est irrévocable (Romains 11.29) : le peuple d’Israël reste le peuple de la révélation divine, avec une mission irremplaçable dans l’histoire et le salut du monde, aujourd’hui comme dans le passé : c’est là que sont nos racines, et l’Église n’a jamais accepté de mettre l’Ancien Testament au-dessous du Nouveau. Mais lorsqu’il s’agit d’interpréter cette révélation, d’en retrouver les lignes directrices et d’en voir les prolongements à travers le temps, le voile est là devant les yeux de ceux qui ne se sont pas tournés vers le Christ (3.15) ; l’Apocalypse dira que le livre est scellé et que seul le Christ en ouvre les sceaux (Apocalypse 5). En ce sens, cette alliance est annulée, ou plus précisément dépassée, et tout ce qu’on voudrait bâtir à partir de l’histoire passée d’Israël sans avoir reconsidéré cette histoire à la lumière du Christ est condamné à l’échec. D’un autre point de vue, Jérémie insiste sur l’aspect intérieur de la Nouvelle Alliance : elle est le fruit d’une rencontre avec Dieu qui pardonne le péché et se révèle de personne à personne. Elle se situe donc sur un autre plan que l’alliance contractée au Sinaï avec un peuple déterminé sur la base d’une loi et d’un culte particulier. Cela ne veut pas dire que la Nouvelle Alliance soit une réalité purement intérieure, qu’elle n’intéresse que des individus et soit sans lien avec l’histoire. Jérémie parlait de temps nouveaux, et si Jésus inaugure la Nouvelle Alliance, cela signifie qu’avec son sacrifice il y a bien passage d’un temps de l’histoire à un autre : c’est là que se situe la rupture, ou le pas le plus décisif dans l’aventure humaine. On aura beau parler de l’ère de l’écriture, de l’âge de la vapeur ou de l’électricité ou de l’Internet ou de la culture planétaire… il faudra toujours compter les années avant et après le Christ. Ce n’est pas parce qu’on vit après le Christ qu’on a reçu l’Évangile, et il ne suffit pas d’appartenir à l’Église pour expérimenter les richesses de cette Nouvelle Alliance. Paul, pour sa part, s’émerveille de la transformation que l’Esprit opère en ceux qui ont été donnés au Christ, et même si certains de ses lecteurs ne le suivent que de loin, l’expérience de l’Esprit à l’œuvre dans la communauté a été pour beaucoup dans leur conversion.


Source: Bible des peuples