Marathon de la Parole: 4 Juin de 17h à 18h (heure n° 3)
De Jean 10,1 à Jean 15,27


Quelques commentaires et référence pour accompagner la méditation...


Lecteur: 1



Bible des peuples : PATRIE SANS FRONTIÈRES Avec la parabole de Jésus, nous pouvons imaginer un de ces enclos où les troupeaux de plusieurs bergers se rassemblent pour la nuit sous la surveillance d’un gardien. Au lever du jour chaque berger appelle ses moutons et les conduit dehors. La Bible avait annoncé le jour où Dieu, le Berger, viendrait rassembler les brebis dispersées de son peuple pour les faire vivre en sécurité dans leur patrie. Jésus est le Berger et il vient accomplir ce qui était annoncé ; mais il ne le fera pas comme on le pensait. Les Juifs pensaient que le Berger leur rendrait leur ancienne prospérité : ils seraient une nation privilégiée parmi les autres nations. Ici, Jésus dit clairement que son peuple ne se confond pas avec la nation juive. Seuls ceux qui croient lui appartiennent. Parmi les Juifs, il prendra ceux qui sont à lui et il choisira aussi des brebis d’autres parcs à brebis (16), c’est-à-dire venant de nations autres que la nation juive. Alors il prendra la tête de ce troupeau. Il ne l’enfermera pas dans une bergerie, il ne l’installera dans aucune société ou nation de ce monde. Mais il le conduira là où lui seul sait. Le troupeau unique, l’unique Église, chemine au cours de l’histoire sans s’identifier à une nation ou à une civilisation, sans s’enfermer dans ses institutions. L’histoire montre que les hommes se rassemblent autour de grands personnages, chefs ou saints. Mais la présence d’un Pasteur se fait plus pressante quand un peuple n’a ni frontières, ni armes, ni langue, ni lois pour se défendre des attaques de l’extérieur et des dissensions internes. La foi en Jésus nous unit mieux que la fidélité aux traditions du passé ou la solidarité entre coreligionnaires. Le peuple du Christ n’est pas une masse, mais il est fait de personnes qui ont commencé avec Jésus une aventure de confiance et d’amour réciproques : Je les connais, et elles entendront mon appel (14 et 16). Quand la Bible parlait de Berger, elle désignait généralement Dieu lui-même, seul Roi d’Israël, mais parfois aussi le Roi-Messie envoyé par Dieu. Jésus ne mentionne qu’un seul Pasteur : tout en étant différent du Père, il est un avec lui (30). Vous êtes des dieux (34). Dans la Bible les anges sont appelés parfois : fils de Dieu ; Jésus observe que les dirigeants peuvent aussi y être appelés dieux au sens de personnages divins. C’est la raison pour laquelle Jésus ne voulait pas être proclamé fils de Dieu, car cela pouvait être pris dans un sens figuré. Mais maintenant il se définit de la façon la plus forte en disant : Le Père est en moi et moi dans le Père (38). Mais en même temps qu’il insiste sur son pouvoir divin (15, 18, 29, 38), il maintient aussi qu’il dépend entièrement du Père. En ceci nous reconnaissons Dieu le Fils.;



Lecteur: 2



Bible des peuples : Voici le septième et dernier miracle de Jésus dans l’évangile de Jean. Les premières paroles sont pour nous présenter l’homme malade. Lazare personnifie celui qui est blessé par le péché et qui va à la mort à moins que Jésus ne le rappelle à la vie. Lazare revient à la vie ! N’envions pas trop Lazare qui eut la chance de vivre quelques années de plus et la malchance de devoir mourir une seconde fois. Ce miracle ne fait qu’annoncer la vraie résurrection, laquelle n’est pas un prolongement de la vie, mais la transformation de tout notre être. La résurrection est chose essentiellement spirituelle, même si elle prend toute notre personne. Elle commence dès que la foi nous fait émigrer de notre mode de vie pour nous ouvrir à la vie de Dieu. Tout comme Marthe (24), les Juifs croyaient en la résurrection des morts au dernier jour. Mais ils pensaient à une force divine qui viendrait ébranler l’univers et ouvrir les tombes pour que les morts puissent en sortir. De fait, la résurrection des morts émane du Fils de Dieu, qui possède tout le pouvoir nécessaire pour ramener à la vie et pour transformer la création. Celui qui vit soumis au Christ est déjà passé de la mort à la vie (5.24) et par conséquent, il ne mourra pas pour toujours (11.26). C’est pour cela que Jésus est appelé sept fois Le Seigneur. Toutes les personnes dont il s’agit ici appelaient Jésus, “Maître”, mais Jean leur fait dire Seigneur. Il veut ainsi nous enseigner que ce miracle de Lazare rappelé à la vie est une image de la résurrection glorieuse de Jésus, le Seigneur. Les Juifs voulaient tuer Jésus (8), mais il leur était difficile de le faire arrêter légalement. Ils ne pouvaient le faire que dans la province de Jérusalem où leurs communautés religieuses et leur organisation politique étaient puissantes. Tant que Jésus restait de l’autre côté du Jourdain, il était en sécurité. La résurrection de Lazare va précipiter la mort et la résurrection de Jésus. Il faut douze heures (9). Jésus achèvera les douze heures de sa journée, ou de sa mission, sans en craindre les risques. Ceux qui comme lui marchent le jour, c’est-à-dire selon le plan divin ne trébucheront pas ; pour eux le Christ sera la lumière du monde. Je crois que tu es le Christ (27). Quelle extraordinaire profession de foi que celle de Marthe ! Elle ressemble à celle de Pierre ( Matthieu 16.16). Et d’ici peu, ce sera Marie qui annoncera la résurrection aux apôtres eux-mêmes. L’évangile n’est vraiment pas machiste et ne glorifie pas non plus la hiérarchie ecclésiastique. Père, je te remercie (41). Cette action de grâces est la seule dans l’évangile de Jean, à part la longue prière du chapitre 17 qui, sous une apparence de pétition, est en réalité la louange du Père. Nous en avons une autre dans Luc 10.21. Ces actions de grâces attribuées à Jésus nous sembleront peut-être bien peu si nous croyons que la gratitude est une attitude chrétienne essentielle : mais Jésus exprime sa gratitude dans tout ce qu’il fait. Pendant toute sa vie humaine, il a renoncé à sa propre volonté afin que le Père puisse se servir de lui pour sa gloire ( Jean 12.27-28). Déliez-le (44). Les Juifs bandaient les morts avant de les enterrer. Mais le terme “délier” veut aussi dire quelque chose d’autre : c’était le terme que l’Église primitive utilisait pour signifier le pardon des péchés. Comme Lazare, ceux qui reçoivent le pardon reviennent à la vie.;



Lecteur: 4



Bible des peuples : Matthieu et Marc racontent aussi cet incident du repas où Marie montra son amour passionné pour Jésus. Elle l’aimait de toutes ses forces, et loin de l’aveugler, son amour lui faisait percevoir et respecter la mystérieuse personnalité de Jésus. Tous les apôtres ne comprirent pas son geste, car il leur restait beaucoup à apprendre sur la façon d’aimer le Christ. Souvent, comme Judas, nous parlons de donner aux pauvres. Pourtant le Seigneur ne nous commande pas de donner, mais d’aimer. Aimer les pauvres, c’est leur révéler que Dieu les appelle et les aider à se développer comme personnes en surmontant leurs faiblesses et leurs divisions et en accomplissant la mission que Dieu leur a confiée : être témoins de l’Évangile. Si nous ne vivons pas parmi eux, nous avons besoin de conversion et de pauvreté authentique pour découvrir le Royaume avec eux. Il est très difficile d’aimer véritablement les pauvres, et comment le pourrait-on sans aimer Jésus passionnément ?;



Lecteur: 6



Bible des peuples : LE RITE PÉNITENTIEL Jean ne fait pas allusion à l’eucharistie ( Marc 14.12) lorsqu’il raconte la Cène, mais il parle du “lavement des pieds” dont on a un rappel en Luc 22.27. Il commence à laver les pieds des disciples. En ce temps la plupart des gens marchaient pieds nus et les autres portaient des sandales. À l’arrivée, l’hôte demandait à un serviteur de laver les pieds du marcheur ( Genèse 18.4 ; Luc 7.44). Cette nuit-là Jésus voulut être le Serviteur, tout comme il le serait (au sens d’ Isaïe 52.13) dans la célébration de l’Eucharistie. Ce lavement des pieds est une œuvre sacrée et a valeur de purification. Aucune religion n’offre les choses sacrées n’importe comment et à n’importe qui. Dans le cas présent, les apôtres, tout comme Jésus, avaient pris le bain qui leur permettait d’être purs, avant de monter à Jérusalem pour y célébrer la Pâque (Nombres 9.6). Ceci explique la réponse de Jésus à Pierre (v. 10). Mais on voit que Jésus donne un deuxième sens à ses paroles. Les apôtres étaient déjà dans la grâce de Dieu : la parole de Jésus qu’ils avaient accueillie les avait purifiés ( 15.3). Mais il leur fallait une préparation avant de partager le pain de vie à la table du Seigneur, et ce n’était pas ce qu’on aurait pu attendre. Il ne leur a pas demandé d’abord de jeûner ou de confesser leurs péchés, ils ont dû accepter humblement que leur Seigneur leur lave les pieds. Cette action nous rappelle à la fois les sacrements du baptême et de la pénitence. Elle unit par des liens d’humilité et de miséricorde celui qui purifie et ceux qui sont purifiés. Dorénavant les apôtres feront ce que leur Seigneur a fait avant eux puisqu’il les enverra en son nom pour pardonner les péchés. Mais ils ne devront pas agir comme des dignitaires ou des juges qui de haut accordent le pardon à des coupables. Ils devront faire le premier pas sur le chemin de l’humilité et de la miséricorde, afin de purifier ceux qui s’approchent de la table du Seigneur. Dans ce chapitre nous trouvons le terme Seigneur sept fois. Nous comprenons de ce fait qu’en lavant les pieds de ses apôtres, Jésus a fait un geste significatif qui nous révèle, mieux que tout autre, qui est notre Seigneur et Dieu.;



Lecteur: 8



Bible des peuples : LA VIE SPIRITUELLE
Après le lavement des pieds, Jean nous présente trois discours d’adieu de Jésus à ses apôtres. Ceux qui ont partagé sa vie pendant plusieurs mois devront bientôt découvrir une autre manière de vivre avec le Christ ressuscité et présent, bien qu’invisible. Jésus dit : “J’étais avec vous” ; dorénavant, “Je serai en vous”. Le premier de ces discours occupe le chapitre 14. L’ascension de Jésus auprès du Père n’est pas un exploit individuel : elle nous ouvre le chemin de notre maison qui n’est pas située en haut, mais en Dieu. Il y a beaucoup de chambres, ce qui veut dire qu’il y a aussi une place pour nous. Cette chambre n’est pas une “propriété” où l’on s’enferme, elle signifie seulement que là Dieu se donne totalement : nous viendrons à lui (24). Nous aurons tout en Dieu, et son rayonnement fera jaillir de chacun de nous la résonance unique que lui seul peut donner. Chacun sera dans sa propre demeure et en communion avec tous. Puisque nous savons maintenant quel est le but, nous devons nous acheminer vers cette communion définitive. Le Christ déclare : “Je suis le chemin”. Il s’est fait homme précisément pour que nous voyions le Père en lui. Il a suivi son chemin, si déconcertant pour nous, afin qu’en méditant sur ses actions nous avancions vers la vérité. Même si au début, nous ne comprenons pas bien sa pensée, avec le temps nous découvrirons le Seigneur et nous comprendrons que son chemin est aussi le nôtre. En passant par la croix et la mort, nous conquerrons notre propre vérité et nous parviendrons à la vie. Je suis dans le Père et le Père est en moi, et vous en moi (11 et 20) Le Christ nous fait entrer dans la famille de Dieu. Ne parlons donc plus de nous approcher de Dieu comme s’il était loin de nous. Il ne s’agit pas non plus d’être à côté de lui comme si Dieu gardait pour lui tout son mystère. Nous entrons dans la vie mystérieuse des Personnes divines qui partagent tout et qui sont le seul et unique Dieu. Les choses matérielles ne peuvent pas se pénétrer l’une l’autre, mais cela est possible dans le domaine de l’esprit. Le Christ est dans le Père et le Père est en lui, et ils se font une chambre chez nous. Dans l’introduction de son évangile, Jean explique que toutes les actions de Dieu dans le monde doivent se comprendre à la lumière de la relation intime entre le Père et le Fils. Il ajoute ici que la présence de Dieu en nous se doit à une autre personne, le Saint-Esprit. Ni le Père seul que personne n’a vu, ni le Fils qui s’est manifesté, ne peuvent par eux-mêmes s’unir aux hommes. Mais ils peuvent le faire par l’Esprit que nous devrions appeler : Dieu qui se communique. C’est pourquoi nous appelons vie spirituelle tout ce qui se rapporte à notre relation avec Dieu. Le présent chapitre développe les trois pas de la vie spirituelle : — garder les paroles de Jésus : les méditer, les mettre en pratique et les laisser prendre racine dans notre âme. — ensuite, instruits par l’Esprit au sujet de ce que nous devons demander au nom du Christ, demander en toute confiance les choses qu’il désire lui-même. — finalement, faire les mêmes choses que lui. Il n’a pas multiplié les bonnes œuvres, mais il a achevé ce que son Père lui demandait de faire, même quand son obéissance semblait un vain sacrifice. Je demanderai au Père de vous donner un autre Protecteur (16). Jésus se réfère au Saint-Esprit qu’il appelle le Paraclet. Ce mot grec a plusieurs sens. Ici nous traduisons : le Protecteur. l’Esprit donne aux croyants la confiance et inspire leurs prières pour qu’elles soient écoutées de Dieu. Le Protecteur (ou l’Interprète) se chargera de vous enseigner (26). L’Esprit nous permet de comprendre et d’interpréter les paroles de Jésus à chaque époque. Jude lui dit. Ces trois interventions des apôtres sont un procédé de style utilisé par Jean pour donner vie au discours de Jésus. Chaque fois on lui pose une question maladroite qui lui permet de préciser le vrai sens de ce qu’il vient de dire, un peu comme avec la Samaritaine. Seigneur, veux-tu te manifester à nous et pas au monde ? (22). Jude a compris que Jésus parlait de rencontres secrètes : il ne s’agit pas de cela. Jésus voulait dire qu’il se manifesterait à eux par son Esprit pour les instruire et leur donner la paix. Vous avez appris ce que je vous ai dit (28). Rappelons que ce discours de Jésus a été refait par Jean en pensant à ses propres auditeurs ; à eux s’adresse ce : vous avez appris. Le Père est plus grand que moi (28). Cela ne contredit pas ce que Jean enseigne sur la divinité de Jésus tout au long de son évangile. Il faut lire ces paroles avec ce que Jésus dit en 5.18 ; 10.30 ; 16.15 si nous voulons comprendre un peu le mystère du Christ, “vrai Dieu” ( Romains 9.5 ; Tite 2.13 ; 1Jean 5.20). Dès le quatrième siècle, le grand évêque et défenseur de la foi, saint Hilaire de Poitiers, écrivait : “Le Père est plus grand parce que c’est lui qui donne. Mais puisqu’il donne au Fils son être propre et unique, le Fils n’est pas inférieur au Père”. De plus, c’est le propre du Fils de se sacrifier par amour pour son Père jusqu’à ce que le Père lui rende “la gloire qu’il avait avant” ( 17.5 et 6.62). C’est pourquoi les apôtres qui l’ont vu homme parmi les hommes au temps de son humiliation, doivent se réjouir de ce départ. L’Esprit Saint que le Père vous enverra (26). Comparer avec 15.26 : l’Esprit que je vous enverrai Le Saint-Esprit procède du Père qui est la Source unique, mais le Fils donne cet Esprit qui pour lui n’est pas une chose reçue : c’est son propre Esprit.
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Lecteur: 10



Bible des peuples : Dans ce second discours d’adieu, Jésus nous invite à rester fermes au milieu du monde. Ce discours se compose de quatre parties : — la parabole de la vigne : “je vous ai envoyés porter du fruit.” — “le monde vous détestera.” — l’œuvre de l’Esprit Saint. — “encore un peu et vous me reverrez.” D’abord la parabole de la vigne. Jésus utilise une image biblique, mais il en change le sens, comme il l’avait fait en parlant du bon Pasteur ( Jean 10.1…). La vigne représentait le peuple d’Israël. Faite de pieds choisis, soignée par le Seigneur, elle aurait dû produire des fruits de justice ( Marc 12.1…). Mais en venant parmi nous Jésus met fin à cette période de l’histoire où le royaume de Dieu s’identifiait au peuple juif. Maintenant la vraie vigne a poussé ses racines. Le Christ en est le tronc d’où sortent les sarments, c’est-à-dire nous qui vivons par lui. Mais Jésus est aussi toute la plante, tronc et rameaux ensemble : les chrétiens sont vraiment le corps du Christ. La vigne était le peuple d’Israël, et ce qui semblait alors le plus important était que l’ensemble de la communauté réponde à Dieu. Les individus importaient moins qu’Israël dans son ensemble. Maintenant Jésus ne dit pas : la communauté chrétienne est la vigne, mais : Je suis la vigne. Et l’important est que chacun de nous soit relié à Jésus par la foi, la prière et sa parole : comme au chapitre 10, ce sont les personnes qui comptent. Nous devons tous porter des fruits, et Jésus ne précise pas quels sont ces fruits : service, compréhension, ou action pour la justice sociale, ou encore une vie consacrée à Dieu dans le silence. Il signale simplement que ces fruits doivent provenir de son Esprit et être marqués de son propre sceau. La réussite de l’Église ne se mesure pas à ses exploits mais au progrès des personnes qui, en elle, approfondissent le mystère du Christ et partagent sa croix et sa résurrection. Après avoir spécifié que nous dépendons totalement de lui, Jésus répète son commandement : l’amour. Il y a un certain ordre pour bâtir une vie chrétienne. Si nous commençons par dire : “Nous devons aimer notre prochain, c’est la seule chose importante”, nous n’arriverons à rien, puisque chacun comprend l’amour à sa manière tant qu’il n’a pas fait sienne la pensée du Christ. Il nous demande d’abord de partager sa pensée : c’est le sens de l’expression : gardez mes commandements. Ainsi nous deviendrons ses amis ; nous le connaîtrons comme une personne qui nous aime et qui agit en nous. Et ensuite nous produirons le fruit authentique de l’amour dont le Christ est l’arbre unique.;