Marathon de la Parole: 5 Juin de 10h à 11h (heure n° 20)
De Matthieu 7,1 à Matthieu 12,50


Quelques commentaires et référence pour accompagner la méditation...


Lecteur: 2



Daniel Bourguet : « Il y eut un grand calme » - Hébert Roux (extr. L’Evangile du Royaume) cité dans Daniel Bourguet : l’Evangile médité par les Pères - Matthieu - ed. Olivetan

L’épisode de la tempête apaisée met en lumière la vraie nature de la foi.
Il doit être rapproché du passage du chapitre 6 sur les soucis.

De la même façon que Jésus demande « pourquoi vous inquiétez-vous ? », il interroge ici encore ses disciples : « pourquoi avez-vous peur ? »

A l'effroi qui saisit ces hommes en péril, comme au souci à l'égard de la nourriture et du vêtement, Jésus oppose la foi.
Ceux qui ont peur, comme ceux qui s'inquiètent, sont des « gens de peu de foi ».

Le sommeil de Jésus, souligné par Matthieu, et que, dans Marc, ses disciples lui reprochent, offre un contraste saisissant avec la furie des éléments déchaînés et l'affolement des disciples.
Mais il ne signifie pas que Jésus ignore ou méconnaisse la tempête et la réalité du danger qui menace, pas plus que, dans le passage sur les oiseaux du ciel et les lis des champs, il ne néglige la réalité de la vie quotidienne.

Jésus endormi incarne en quelque sorte la sécurité de la foi ; il évoque le sommeil du bien-aimé de l'Éternel, dont parle le Psaume 127, de celui qui se sait gardé.
Et lorsqu'il se tient ensuite face à la tempête, exactement comme tout à l'heure au milieu des malades et des démons, il agit avec le calme et la décision de celui qui veut et qui peut, et auquel il suffit de vouloir pour pouvoir.
C'est avec l'autorité que lui donne cette puissance qu'il demande : « pourquoi avez-vous peur ? »

Or, la peur des disciples vient précisément de ce qu'ils ne reconnaissent pas en Jésus celui qui veut et qui peut. Leur « petite foi », qui fait contraste avec la « grande foi » du centenier, ne discerne pas « qui est celui-ci, à qui même les vents et la mer obéissent ».

Ils ne comprennent pas qu'il suffit d'un mot, d'un geste de Jésus pour ramener le calme, parce que sa parole [- connectée au divin -] est vraiment efficace, agissante et ordonnatrice. […]

C'est peut-être l'intention profonde de ce récit, de mettre en lumière l'action providentielle du Dieu créateur et rédempteur qui commande au vent et à la tempête, comme il nourrit les oiseaux du ciel et revêt les lis des champs.

Les disciples ne comprennent pas cette action parce que leur cœur est partagé: ils n'ont pas compris ce que veut dire « chercher premièrement le Royaume et sa justice », ni que ce Royaume est là quand Jésus est là, prononçant, au milieu du plus grand danger et de la perdition la plus totale, la parole qui sauve.

Ainsi, la foi ne s'exerce point en dehors de la réalité concrète de la vie, ni hors des événements qui mettent la vie en question.

Elle commence, au contraire, au point de rencontre de notre vie et de l'action de [Dieu en l’homme] ; elle est une intervention de Dieu dans notre existence.

C'est parce qu'il en est ainsi qu'elle peut emporter toute crainte : « Et il y eut un grand calme…» [nous dit l’Evangile]

[Que la foi du Christ - la confiance en l’action providentielle de Dieu - soit au coeur de nos tempêtes…
Et que le règne de Dieu vienne s’immiscer dans nos coeurs, pour les ouvrir au calme et à la paix véritables qui viennent de Dieu.]
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Lecteur: 3



Daniel Bourguet : « Tes péchés te sont pardonnés » - Hébert Roux (extr. L’Evangile du Royaume) cité dans Daniel Bourguet : l’Evangile médité par les Pères - Matthieu - ed. Olivetan

Tout au long de ce passage court une sorte de frémissement de joie et d'espérance.
Les témoins sont troublés et émus et pressentent, derrière guérison et délivrance, la main de Dieu, qui fait toutes choses nouvelles et change la face du monde.

Mais en même temps, aussi, devant ces signes annonciateurs, tout ce qui se sent menacé et mis en cause par la nouveauté de l’Évangile se met à réagir et à s'inquiéter :
des réserves, des objections, des accusations sont formulées, contestant à Jésus sa qualité de Messie.

Ainsi en est-il chaque fois que Dieu agit : devant la manifestation de son règne et de sa puissance, les esprits et les cœurs sont divisés, partagés entre la joie et la crainte, l'espérance et la terreur, la foi et l'incrédulité.

Il en est qui accueillent la parole du Royaume, il en est qui la rejettent ; il en est qui sont saisis, il en est pour lesquels Jésus devient une occasion de chute.

Pour la première fois, nous voyons Jésus proclamer le pardon des péchés. Telle est la forme concrète et personnelle que prend la Bonne Nouvelle lorsqu'elle est adressée à quelqu’un.

Que se passe-t-il donc tout d'abord ?
Rien d'autre que ceci : Jésus ordonne à ce malheureux de « prendre courage » parce que ses péchés lui sont pardonnés. Il l'appelle « mon enfant ».
Cette parole n'est pas un banal encouragement comme peuvent en prodiguer les médecins ; il n'est pas question non plus d'une promesse pour plus tard.
Jésus affirme comme un fait que cet homme - qu’il accueille comme un père accueille son enfant - a reçu le pardon de ses péchés. Cela est vrai simplement parce que Jésus le déclare.

Il ne nous est pas dit que le paralytique vint vers Jésus pour cela. S'il est tendu vers quelque chose de précis, c'est vers la libération de son mal qui le tient ligoté sur son grabat ; et pourtant, c'est d'abord uniquement cela que Jésus lui donne par sa parole : le pardon de ses péchés.

Il ne se passe rien d'autre ; l'homme reste prisonnier de son infirmité physique.
Il est certain que la réalité de ce que Jésus lui déclare dépend uniquement de la foi qu'il accorde à la parole dite.

Devant une telle parole, il faut, de toute évidence, se décider : ou bien la tenir pour vraie ou bien la rejeter. Or, elle ne peut être vraie que pour celui qui croit que Jésus a le pouvoir de la prononcer avec pleine autorité.

Si l'on ne croit pas que Jésus ait ce pouvoir, on ne peut que refuser sa parole de grâce et le traiter de blasphémateur. C'est ce que ne manquent pas de faire les scribes.
Pour eux, Jésus blasphème parce qu'il s'attribue un pouvoir qu'il n'a pas ; et c'est à cause de cela qu'ils mettent en doute la véracité de sa parole.

Mais le miracle vient confondre leur incrédulité.
A la déclaration du pardon de ses péchés, Jésus ajoute la guérison physique, le signe par lequel ceux qui conçoivent de mauvaises pensées dans leurs cœurs seront confondus, afin qu'ils sachent qu'en doutant de sa parole ils ont douté de Dieu.
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Lecteur: 7



Daniel Bourguet : Voici ma mère et mes frères » - Hébert Roux (extr. L’Evangile du Royaume) cité dans Daniel Bourguet : l’Evangile médité par les Pères - Matthieu - ed. Olivetan

La venue de la mère et des frères de Jésus constitue une interruption qui vient mettre un terme à la véhémente attaque de Jésus contre les scribes et les pharisiens et la « race » méchante. Elle fournit à Jésus l'occasion d'une dernière parole qui met en quelque sorte le point final à tout ce qui précède.

Voici précisément que viennent à lui ceux de sa « génération », ses parents selon la chair, sa mère et ses frères.
Les paroles de Jésus en cette circonstance laissent nettement comprendre qu'il n'y a pour lui aucune parenté, aucune commune mesure entre la chair et le sang et le Royaume des Cieux.
Il n'entend pas anéantir entre les hommes les liens naturels, et il ne saurait être question d'étayer sur ces déclarations une parole anti-humaine destructrice des liens naturels de la famille.

Le sens de cet épisode est ailleurs.
Il doit être compris en rapport avec ce qui précède et la façon dont Jésus veut être connu.

On ne saurait s'approcher de lui et le connaître, lui et son règne, par une autre voie que celle de la foi et de la révélation.
Il n'y a chez personne, pas même chez la mère et les frères de Jésus selon la chair, une inclination, une affinité, une capacité naturelles à pénétrer le mystère du Royaume.

On ne peut y entrer, et être rendu participant de sa maison, de sa famille (Ep 2,19), qu'en naissant à une vie nouvelle, en étant arraché à la [vie ancienne, au « vieil homme » - comme le dira l’apôtre Paul.]

[Cette nouvelle naissance n’est pas liée à l’extériorité, à la vie naturelle ou mondaine… mais elle relève d’abord de l’intériorité… d’une ouverture spirituelle et d’une transformation du coeur.]

C'est pourquoi ses disciples, c'est-à-dire ceux qui entendent la parole du Royaume et font la volonté du Père qui est dans les cieux, constituent la vraie parenté de Jésus.

Il est significatif que Jésus emploie ici l'expression même du Sermon sur la Montagne, par laquelle il désigne ceux qui entreront dans le Royaume des Cieux :
« Quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là entrera dans le Royaume des Cieux. » (Mt 7,21)
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