Marathon de la Parole: 2020 - heure 6 De Genèse 9,1 à Genèse 18,33
Quelques commentaires et référence pour accompagner la méditation...
Lecteur: 1
Bible des peuples : La bénédiction donnée par Dieu à Noé et ses fils (c’est-à-dire à toute l’humanité) est comme un commentaire de la promesse précédente. Remarquons les points suivants : — l’homme est confirmé dans sa charge de gérant de la création (v. 2). — Il peut manger la viande des animaux (v. 3) et en cela Dieu, qui ne veut ni la violence ni la mort fait une concession (comparer avec 1.29). Seulement le sang lui est interdit : ceci est propre à la culture des Hébreux : selon eux le sang contenait l’âme, ou la vie des êtres vivants, et consommer la viande sans saigner l’animal leur paraissait profaner la sainteté de la vie ( Lévitique 17.10).;
Lecteur: 2
Bible des peuples : Les chapitres 10 et 11 introduisent un début de sélection qui mène à Abraham et à sa famille. Les généalogies et les migrations permettent de mieux situer Abraham dans l’histoire universelle. Désormais le récit va se centrer sur la famille d’Abraham qui, avec le temps, deviendra le peuple de Dieu. Les trois fils de Noé représentent symboliquement les trois groupes humains qui, selon les Israélites, composaient l’humanité : — Leur propre groupe, béni par Dieu, les Sémites (y compris, entre autres, les Arabes). Ils appelaient leur ancêtre : Sem, ou “le Nom”, celui qui connaît et qui garde le Nom, c’est-à-dire la présence de Dieu. — Un second groupe, Japhet, comprenant les peuples d’Europe, qui allaient former les empires grecs et romains. — Le troisième groupe était celui des Africains, surtout Misraïm (l’Égypte) ainsi que Kouch (l’Éthiopie) et les Cananéens qui occupaient la Terre Sainte avant sa conquête par les Israélites. Comme l’immoralité sexuelle était très répandue chez les Cananéens, on attribuait un manque de pudeur à leur ancêtre Kam. Dans cette liste d’ancêtres, les noms de héros légendaires sont mélangés à ceux de peuples et de villes “fils” de telle ou telle race. Par exemple, les noms mentionnés de 2 à 6 sont des peuples et des tribus, et non des individus.;
Lecteur: 3
Bible des peuples : Il serait facile de montrer que ce récit de la Tour de Babel reproduit en partie des légendes sur Babel (Babylone), la plus célèbre capitale de l’époque avec ses bâtiments de brique et ses étranges tours qui semblaient inachevées. En 11.7 l’auteur biblique retient une expression ambiguë provenant de cette légende païenne où les dieux prennent peur de l’arrogance des hommes qui les menacent dans leur résidence céleste. Voici en quelques mots une vision très pessimiste du progrès et de la centralisation. Dieu a confié aux hommes la mission d’occuper toute la terre pour la faire fructifier ; dispersion sans doute, mais parlant un même langage. La découverte de nouvelles techniques ouvre l’âge des cités, la concentration urbaine donne les moyens d’entreprendre de grands travaux, elle éveille aussi les ambitions du pouvoir. Soif de domination et volonté de se protéger contre les menaces et les mauvais sorts : ce sont les ressorts secrets des grands empires. Muraille de Chine, course aux armements, impérialisme économique, les grands projets pour lesquels on a sacrifié des millions d’esclaves resteront inachevés. Dieu s’indigne : cette façon de faire l’humanité n’est pas celle qu’il a prévue. Lui va construire à partir des humbles et les commencements seront insignifiants ; ce sera d’abord l’appel d’Abraham, au chapitre suivant. La première promesse de Dieu à Abraham sera de rassembler toutes les nations dans sa descendance ( Genèse 12.3). Seul Dieu peut nous rassembler : quand à la Pentecôte l’Esprit Saint a pénétré le cœur des croyants (Actes 2), il les a fait se comprendre dans la langue unique de l’amour. Un seul peuple : ce sera l’Église. Tandis que le pécheur travaille seul et développe une culture oppressive, ceux qui croient construisent avec Dieu, grâce à la communication et à la communion dans l’Esprit (Éphésiens 2.14-22). La diversité des langues humaines intriguait alors, tout comme la diversité des cultures ; on pense aujourd’hui que l’homme parle depuis plusieurs dizaines de milliers d’années ; mais une langue est toujours en évolution, davantage encore lorsque l’écriture n’est pas là pour la fixer. En un temps ou des groupes humains peu nombreux, éparpillés sur les continents, vivaient presque sans contact les uns avec les autres, il suffisait de quelques générations pour que les langues se multiplient à l’infini.;
Lecteur: 4
Bible des peuples : La foi Quitte ton pays et le clan de ton père… À beaucoup d’entre nous Dieu dirait plutôt : “Laisse là ta sagesse”. Car si Dieu parle, ce n’est sûrement pas pour nous dire ce que nous savons déjà. Nous pensions savoir ce que nous valons et où nous devons aller, mais s’il avait déjà disposé de nous, s’il nous connaissait mieux que nous ne nous connaissons ? Abraham n’a pas pris l’initiative de partir ; Dieu l’a appelé et, ce faisant, il l’a libéré. Car, (et c’est là l’un des aspects du péché) chacun naît et vit comme en terre étrangère. Sa propre réalité lui échappe tant qu’il ne s’est pas enraciné en Dieu. Les religions et les idéologies des hommes, pour autant qu’elles sont des produits de leur culture, ne leur permettent pas de dépasser un monde qu’ils ont fait à leur mesure. Pour que l’homme prenne conscience de sa vocation, il faut que Dieu l’appelle et qu’il sorte de ce cercle vicieux. La foi ne viendra jamais sans ruptures, et c’est pourquoi Dieu en a prévu dans chacune de nos vies : départ de la maison parentale, entrée au travail, mariage… La foi nous prépare à affronter d’autres ruptures plus pénibles, qui nous mettront plus entièrement au service de Dieu. Le croyant ne pense jamais qu’il est arrivé ; jusqu’à la fin de sa vie il sera un nomade, attiré par un idéal jamais atteint, toujours attentif aux signes de Dieu pour voir où Dieu l’attend. Abraham a su répondre à l’appel de Dieu qui lui faisait de belles promesses : là est toute la foi. Il y a dans la Bible des fondateurs ou réformateurs de la religion, comme Moïse. Il y a des sages et des livres de sagesse. Mais il y a avant tout la foi, des hommes et des femmes qui sont capables de répondre quand Dieu les appelle. Et les promesses que Dieu a faites à Abraham valent aussi bien pour tous les autres croyants : En toi seront bénies toutes les familles de la terre. Dans un monde divisé, où chacun défend son domaine, Dieu choisit un homme sans terre pour préparer le Royaume. Dès ce premier moment, Dieu choisit les pauvres, ceux dont la vie n’est pas assurée, pour donner au monde ce que le monde ne peut pas découvrir par lui-même. C’est à eux que Dieu promet la Cité définitive ( Hébreux 11.10). Les enfants d’Abraham : voir Matthieu 3.7 ; Jean 8.33 ; Actes 3.25 ; 13.26 ; Romains 4.13 ; Galates 3.8.;
Lecteur: 5
Bible des peuples : Voici Abraham devenu chef de guerre. Sa campagne éclair jusqu’à Damas fait penser à celle de David. Quant à Melkisédek, sa ville de Shalem pourrait bien représenter Jérusalem. Le Dieu Très Haut est El Elyôn, sans doute le nom du dieu de cette cité avant l’arrivée des Israélites (ce nom réapparaîtra au Psaume 78.35. Les noms cités au début de ce chapitre semblent bien fictifs. Sans doute voulait-on faire d’Abraham un digne ancêtre de David. On se trompait en le peignant comme un guerrier, mais on exprimait une intuition de la foi en les appuyant l’un sur l’autre : les victoires de David accomplissaient ce que Dieu avait promis à Abraham en un lointain passé. On était conscient de vivre une histoire déjà très longue et d’être porté par des promesses de Dieu qui toujours se réaliseraient. Même si aujourd’hui il peut nous sembler que ces lointains ancêtres n’avaient pas plus de raison de croire en Yahvé que les peuples environnants n’en avaient pour s’attacher à leurs dieux locaux, leur foi de fait était différente, tournée vers un avenir dont on était convaincu qu’il se réaliserait, et Dieu se chargeait de leur donner raison. C’était déjà la foi de l’évangile : Qu’il vous soit fait comme vous avez cru.;
Lecteur: 7
Bible des peuples : Abraham s’inquiète : la promesse de Dieu tarde à s’accomplir. Ne pourrait-il pas avoir d’Agar, sa servante, ce fils promis par Dieu ? Pour qu’il soit considéré comme le fils de Saraï, il suffirait qu’elle l’adopte selon les coutumes du temps. Dieu garde le silence et laisse Abraham résoudre ses problèmes selon sa conscience. Mais toute l’affaire échoue : l’héritier promis par Dieu ne sera pas ce fils qui est né “selon la chair”, c’est-à-dire en vertu des lois humaines ; il sera le fils de la Promesse et de l’intervention de Dieu : il sera le fils du miracle. Nous voyons ici la liberté de Dieu qui préfère tenir ses promesses au moment précis où elles semblent devenues impossibles. Lahaï Roï peut se traduire : celui qui vit et voit. Bien sûr, c’est une étymologie populaire, mais le texte la rapporte pour souligner l’expérience très forte faite par Agar. Avoir vu que Dieu vit et qu’il nous voit, c’est assez pour nous donner des ailes.;
Lecteur: 9
Bible des peuples : Les promesses de Dieu étaient pour les descendants d’Abraham : lui ne les verra pas réalisées. Mais Dieu donne à son ami une preuve de ce qu’il va faire : Isaac naît dans des circonstances miraculeuses. Une histoire simple et merveilleuse : Dieu sous des traits humains vient demander l’hospitalité à son ami avant de le combler de ses bienfaits. Dieu ne se présente pas seul, mais accompagné de deux anges, comme pour dissiper l’image d’un Dieu solitaire, si courante chez ceux qui ne connaissent pas encore le mystère des trois Personnes divines.;