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La Trinité 05 réfutation des ariens/Saint Augustin
CHAPITRE XVI.
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La Trinité 05 réfutation des ariens/Saint Augustin
TOUT CE QUI SE DIT DE DIEU PAR RAPPORT AU TEMPS SE DIT DES RELATIONS ET NON DE LA SUBSTANCE.
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La Trinité 05 réfutation des ariens/Saint Augustin
Quoique l'Esprit-Saint soit coéternel au Père et au Fils, nous disons néanmoins de lui des choses qui n'ont existé que dans le temps, comme d'avoir été donné. Mais ce langage ne doit point nous surprendre, car si l'Esprit-Saint, en tant que don de Dieu, est éternel, il n'a été donné que dans le temps. Et de même un homme n'est appelé maître que du jour où il a un serviteur. C'est ce que nous disons également de Dieu par rapport à l'acte de la création qui n'a été accompli que dans le temps. Car si Dieu est de toute éternité le maître de la créature, celle-ci n'est pas éternelle. Comment donc expliquer qu'en Dieu ces relations ne tombent point sur la substance, parce que son immutabilité s'oppose, comme je l'ai prouvé au commencement de ce traité, à ce qu'il soit soumis aux influences du temps et des lieux ? Non, nous n'osons affirmer que Dieu est de toute éternité le Maître de la créature, de peur que nous ne soyons contraints de dire que la créature elle-même est éternelle. Car Dieu ne peut de toute éternité commander à la créature, si de toute éternité celle-ci ne lui est assujettie. C'est ainsi qu'on ne saurait être serviteur si l'on n'a pas un maître, ni maître, si l'on n'a pas un serviteur.
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Mais peut-être direz-vous qu'à la vérité Dieu est éternel, tandis que le temps est essentiellement fini et limité, en raison même de sa mobilité et de ses variations. Bien plus, comme le temps n'a point précédé le cours des siècles, puisqu'ils ont commencé simultanément, vous vous croirez autorisé à dire que Dieu, même en qualité de Maître, n'est point soumis au temps, parce que de toute éternité il est le Maître des siècles, qui ont donné au temps sa valeur et son existence. Mais que répondrez-vous au sujet de l'homme qui a été créé dans le temps, et dont le Seigneur ne pouvait se dire le maître avant qu'il ne l'eût créé ? certainement ce n'est que dans le temps que Dieu est devenu le maître de l'homme; et pour parler plus clairement encore, j'affirme que Dieu n'a pu que successivement devenir votre maître et le mien, puisque votre naissance et la mienne appartiennent aux périodes successives des siècles et des âges. Cette question vous paraît-elle obscure, parce que celle de l'éternité des âmes est encore douteuse?je m'explique en l'appliquant au peuple d'Israël. Comment Jéhovah est-il devenu le Dieu d'Israël? car en supposant même ce que je ne discute pas en ce moment, à savoir que l'âme de ce peuple fût déjà créée, il n'en est pas moins vrai que ce même peuple n'existait point encore comme peuple, puisque nous ne connaissons pas la date de son origine.
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Selon le même ordre d'idées, j'affirme que le souverain domaine de Dieu sur les arbres et les moissons est soumis au temps. Et en effet les arbres et les moissons n'ont qu'une existence bien récente. Mais direz-vous : ils existaient en germes dès la création. Je vous l'accorde, et néanmoins vous m'avouerez qu'autre est la souveraineté qui s'exerce sur une matière brute et inerte, et autre celle qui régit la même matière polie et organisée. C'est ainsi qu'à des intervalles différents, je possède d'abord une pièce de bois, et puis, le coffre qu'elle a servi à confectionner. Car peut-on nier que le coffre n'existait pas encore, quand déjà je possédais le bois? Comme ut donc serons-nous en droit d'assurer qu'aucun accident n'atteint la substance divine ? Ce sera en disant que Dieu est essentiellement immuable et que tout ce qui tient à la mutabilité du temps, des lieux et des créatures, ne s'affirme de lui qu'indirectement et par relation. C'est dans ce même sens que je dis d'un homme qu'il (433) est mon ami. Car il n'a commencé de l'être que du jour où il a commencé de m'aimer; en sorte que ce titre d'ami implique en lui un certain changement de volonté. S'agit-il d'une pièce d monnaie avec laquelle je paie? C'est sans changer et dans un sens relatif qu'elle devient ou un prix ou un gage ou toute autre chose.
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Ainsi une pièce de monnaie peut prendre bien des noms et les perdre sans que sa valeur substantielle et intrinsèque en soit altérée. Mais combien plus facilement dirons-nous du Dieu immuable et éternel que tout ce qui se produit dans le temps et par rapport aux créatures, ne tombe point sur sa substance, et ne se dit de lui que relativement à la créature ! « Seigneur, dit le psalmiste, vous êtes devenu notre refuge (Ps 89, 1 ) ». Mais ici ce mot refuge ne s'applique à Dieu que relativement, tandis qu'à .notre égard il se prend dans un sens précis et direct. Et en effet, de ce que Dieu devient notre refuge, lorsque nous avons recours à lui, pouvons-nous conclure qu'il éprouve dans sa nature, ou substance, une modification quelconque, modification qui n'existait pas avant que nous n'eussions recours à lui ? Non, sans doute, et c'est en nous seulement qu'il s'opère quelque changement, puisque de mauvais que nous étions précédemment, nous devenons bons en prenant le Seigneur pour notre refuge. L'homme change, mais Dieu demeure immuable. Ainsi encore le Seigneur commence à devenir notre Père lorsque nous sommes régénérés par sa grâce, car « il nous a donné dit saint Jean, le pouvoir de devenir enfants de Dieu (Jn 1, 12 ) ». C'est donc l'homme qui devient meilleur par le fait de son adoption divine; et si le Seigneur commence alors à devenir son Père, cela n'implique aucun changement en sa nature.
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Je me résume, et je dis que tout ce qui s'affirme de Dieu comme ayant commencé en lui à une date précise, et comme n'existant pas auparavant, ne s'affirme que relativement. Gardons-nous cependant de croire qu'en lui la substance divine soit modifiée par ces relations accidentelles, car elles n'atteignent que le sujet auquel nous les rapportons. L'homme devient juste en devenant l'ami de Dieu, et ainsi il change. Mais on ne saurait assigner une date à l'amour de Dieu pour cet homme, comme s'il ressentait présentement pour lui un amour qui soit nouveau, et qui n'existait pas auparavant. Un tel langage contredirait en Dieu cette vision qui lui montre le passé comme toujours présent, et le futur comme étant déjà passé. Et en effet, avant toute création Dieu a aimé-ses-élus, et il les a prédestinés à la gloire. Mais lorsque ceux-ci se tournent vers lui, et qu'ils le trouvent, nous disons qu'il commencé à les aimer. Du reste nous ne parlons ainsi que pour nous faire comprendre et pour suppléer à l'imperfection de tout langage humain. Et de même quand Dieu s'irrite. contre les méchants, et qu'il se montre bienveillant envers les bons, ce sont eux qui changent, tandis que lui-même reste immuable. C'est le phénomène de la lumière qui offense un oeil malade et réjouit un oeil sain. Certes la lumière est toujours la même, et notre oeil seul a changé.
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