Premier Livre des Rois
19,4 Quant à lui, il marcha toute une journée dans le désert. Il vint s’asseoir à l’ombre d’un buisson, et demanda la mort en disant : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. » ( ) 19,5 Puis il s’étendit sous le buisson, et s’endormit. Mais voici qu’un ange le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange ! » ( ) 19,6 Il regarda, et il y avait près de sa tête une galette cuite sur des pierres brûlantes et une cruche d’eau. Il mangea, il but, et se rendormit. ( ) 19,7 Une seconde fois, l’ange du Seigneur le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange, car il est long, le chemin qui te reste. » ( Jn 6,8 , ) 19,8 Élie se leva, mangea et but. Puis, fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb, la montagne de Dieu. ( Ex 24,18 , Os 2,16 )

19,9 Là, il entra dans une caverne et y passa la nuit. Et voici que la parole du Seigneur lui fut adressée. Il lui dit : « Que fais-tu là, Élie ? »


1214 Bible des peuples sur verset 2018-08-26: Élie arrive à Bersabée : il y trouve l’un des plus anciens lieux de culte israélites. Les auteurs bibliques qui terminèrent la rédaction de ces livres après le retour d’Exil laissent entendre que dès la construction du temple de Jérusalem il n’y a plus eu d’autre lieu de culte légitime en Israël. En fait, Jérusalem n’imposa son monopole que bien plus tard, avec la réforme de Josias. Les sanctuaires de province continuèrent, même si le temple de Jérusalem, mieux soutenu et contrôlé par les rois, apparaissait comme le centre religieux le plus fidèle à l’orthodoxie de la foi. Les Israélites du nord aimaient faire le pèlerinage de Bersabée (Amos 5.5), à l’extrême sud, et lorsqu’Élie va chercher Dieu, ce n’est pas Jérusalem qui l’intéresse, mais Bersabée. En réalité, Élie retourne aux sources, et la source, c’est la révélation de l’Horeb. Il se dirigea vers la grotte et y passa la nuit. L’Horeb était un mont sacré et un lieu de pèlerinage bien avant que Moïse aille le visiter, comme en sont témoin les inscriptions qu’on y a retrouvées. Comme Moïse, Élie est allé au mont où l’on rencontre Dieu. La grotte était très probablement un lieu bien identifié où l’on passait la nuit dans l’attente d’un songe ou d’une communication divine. Ce qui se passe alors est significatif du caractère propre de la révélation biblique. Dieu ne forme pas d’abord des sages dont l’enseignement pourrait illuminer les hommes en recherche, il prend en mains des prophètes qui vont peser sur le déroulement de l’histoire. Il ne s’agit pas de nier le témoignage exceptionnel que représente la vie fulgurante d’Élie — nous ne la connaissons, de fait, que par ce que ses disciples ont pu et ont voulu rappeler. Mais toujours nous trouverons deux aspects inséparables dans la vie des personnages bibliques, comme c’était déjà le cas pour Moïse (Exode 3.14-16) : d’abord une connaissance de Dieu, donnée par Dieu, ensuite un rôle dans les événements politiques et mondiaux. S’il nous est parfois difficile de comprendre pourquoi les deux sont liés, c’est peut-être parce que le sens réel de l’histoire nous échappe. Il y a quelque ressemblance entre la parole de Dieu à Élie et celles à Jérémie en Jérémie 15.19. Dans les deux cas le prophète, sûr de la proximité de Dieu qui se manifeste à lui de façon exceptionnelle, s’étonne de son échec apparent : il n’a pas fini de se heurter aux paradoxes de la sainteté de Dieu. Ce scandale est un élément essentiel de la révélation de Dieu à son peuple, une révélation qu’il n’a accordée à nul autre ; il atteindra son paroxysme dans l’abandon de Jésus par son Père (Matthieu 27.46), ce qui sera un signe de l’authenticité de sa mission (Luc 24.46). Élie va reprendre sa tâche étonnante qui est de manifester l’opposition de Dieu au chemin ouvert par la dynastie d’Omri. On a vu que celui-ci, après avoir pris le pouvoir, avait inauguré une politique tournée vers l’avenir : une nouvelle capitale, Samarie, l’alliance avec le nouveau souverain de Tyr qui lui ouvrait le commerce international, le développement de la production et la réorganisation d’une armée qui avait prouvé sa force face aux Assyriens. Mais tout cela n’entrait pas dans le projet de Dieu sur son peuple, un projet dans lequel la fidélité d’Israël à son Dieu, une fidélité manifestée dans le refus des aides extérieures, était la condition de base. Élie ne pouvait pas renverser la tendance, il devait au moins laisser un témoignage inoubliable. Élie ne réalisera pas lui-même la triple tâche qui lui est confiée : c’est assez pour lui d’avoir appelé et formé son successeur (19.19).

( Ex 33,21 , Mc 9,1 )
19,10 Il répondit : « J’éprouve une ardeur jalouse pour toi, Seigneur, Dieu de l’univers. Les fils d’Israël ont abandonné ton Alliance, renversé tes autels, et tué tes prophètes par l’épée ; moi, je suis le seul à être resté et ils cherchent à prendre ma vie. » ( ) 19,11 Le Seigneur dit : « Sors et tiens-toi sur la montagne devant le Seigneur, car il va passer. » À l’approche du Seigneur, il y eut un ouragan, si fort et si violent qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers, mais le Seigneur n’était pas dans l’ouragan ; et après l’ouragan, il y eut un tremblement de terre, mais le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre ; ( ) 19,12 et après ce tremblement de terre, un feu, mais le Seigneur n’était pas dans ce feu ; et après ce feu, le murmure d’une brise légère. ( ) 19,13 Aussitôt qu’il l’entendit, Élie se couvrit le visage avec son manteau, il sortit et se tint à l’entrée de la caverne. Alors il entendit une voix qui disait : « Que fais-tu là, Élie ? » ( ) 19,14 Il répondit : « J’éprouve une ardeur jalouse pour toi, Seigneur, Dieu de l’univers. Les fils d’Israël ont abandonné ton Alliance, renversé tes autels, et tué tes prophètes par l’épée ; moi, je suis le seul à être resté et ils cherchent à prendre ma vie. » ( )



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