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20,20 Sortis pour combattre contre Benjamin les hommes d'Israël se rangèrent en bataille face à Guivéa.

19111 Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg sur verset 2023-10-31: LE CRIME DES BENJAMINITES
Une partie de l'argent que Dalila reçut des seigneurs philistins pour le prix du secret de Samson, elle la donna à son fils Michée, qui s'en servit pour se faire une idole. (125) Ce péché est d'autant plus impardonnable que Michée doit sa vie à un miracle accompli par Moïse. À l'époque de l'oppression égyptienne, si les Israélites ne fournissaient pas le nombre de briques prescrit, leurs enfants étaient utilisés comme Mtriaux de construction. Tel aurait été le sort de Michée s'il n'avait pas été sauvé par un miracle. Moïse écrivit le nom de Dieu et l'inscrivit sur le corps de Michée. Le garçon mort revint à la vie, et Moïse le tira du mur dont il faisait partie. (126) Michée ne s'est pas montré digne du miracle fait pour lui. Avant même que les Israélites ne quittent l'Égypte, il fabriqua son idole, (127) et c'est lui qui façonna le veau d'or. A l'époque du juge Othniel, (128) il s'établit à trois milles au plus du sanctuaire de Silo, (129) et gagna le petit-fils de Moïse (130) pour qu'il officiât comme prêtre devant son idole.
Le sanctuaire érigé par Michée abritait diverses idoles. Il avait trois images de garçons, trois de veaux, un lion, un aigle, un dragon et une colombe. Lorsqu'un homme venait chercher une femme, on lui disait de faire appel à la colombe. S'il désirait s'enrichir, il adorait l'aigle. Pour les filles, il s'adressait aux veaux, au lion pour la force et au dragon pour la longévité. Des sacrifices et de l'encens étaient offerts à ces idoles, et tout devaient être achetés comptant avec l'argent de Michée, sept didrachmes pour un sacrifice, et une seule pour obtenir de l'encens. (131)
La dégénérescence rapide de la famille de Moïse peut s'expliquer par le fait que Moïse avait épousé la fille d'un prêtre qui servait les idoles. Cependant, le petit-fils de Moïse n'était pas un idolâtre ordinaire. Sa conduite pécheresse n'était pas dépourvue d'un semblant de moralité. Son grand-père lui avait enseigné la règle selon laquelle un homme doit faire «Abodah Zarah» contre rémunération plutôt que de dépendre de ses semblables. Le sens de «Abodah Zarah» ici est naturellement «étrange», dans le sens d'un travail «inhabituel», mais il prenait le terme dans son acception ordinaire de «service de dieux étranges». (132) Loin d'être un idolâtre convaincu, il adoptait des méthodes destinées à nuire à la cause du culte des idoles. Lorsque quelqu'un venait avec un animal dans l'intention de le sacrifier, il disait: «Quel bien l'idole peut-elle te faire ? Elle ne peut ni voir, ni entendre, ni parler.» Mais comme il se préoccupait de sa propre subsistance et qu'il ne voulait pas offenser trop grossièrement les idolâtres, il poursuivait: «Si tu apportes un plat de farine et quelques œufs, cela suffira.» Cette offrande, il la mangeait lui-même.
Sous David, il occupa le poste de trésorier. David le nomma parce qu'il pensait qu'un homme qui était prêt à devenir prêtre d'une idole uniquement pour gagner son pain devait être digne de confiance. Si sincère qu'ait été son repentir, il retomba dans son ancienne vie lorsqu'il fut démis de ses fonctions par Salomon, qui remplit tous les postes par de nouveaux titulaires lors de son accession au trône. Finalement, il abandonna complètement ses habitudes idolâtres et devint un homme si pur que Dieu lui accorda le don de prophétie. Cela se produisit le jour où l'homme de Dieu de Juda vint trouver Jéroboam, car le petit-fils de Moïse n'est autre que le vieux prophète de Béthel qui invita l'homme de Dieu de Juda à venir dans sa maison. (133)
Le mal commis par Michée se répandit de plus en plus. Les Benjaminites, en particulier, se distinguèrent par leur zèle à rendre hommage à leurs idoles. Dieu décida donc de faire retomber sur eux les péchés d'Israël et de Benjamin. L'occasion ne tarda pas à se présenter. Les Benjaminites ne tardèrent pas à commettre le crime de Guibéa (Jg 20,14). Devant la maison de Béthac, vieillard vénérable, ils imitèrent la conduite honteuse des Sodomites devant la maison de Lot. Lorsque les autres tribus demandèrent réparation aux Benjaminites et qu'on leur refusa satisfaction, il s'ensuivit des combats sanglants. Au début, les Benjaminites l'emportèrent, en dépit du fait que l'Urim et le Thummim interrogés par Phinéas avaient encouragé les Israélites à s'engager dans le conflit, avec les mots suivants: «Montez à l'assaut, je les livrerai entre vos mains». Après avoir essuyé de nombreuses défaites, les tribus reconnurent l'intention de Dieu de les trahir en punition de leurs péchés. Elles fixèrent donc un jour de jeûne et de convocation devant l'arche sainte, et Phinéas, fils d'Eléazar, adressa à Dieu une supplique en leur faveur: «Qu'est-ce que cela signifie ? Phinéas, fils d'Éléazar, implora Dieu en leur faveur: «Qu'est-ce que c'est que cette égarement de ta part ? L'action des Benjaminites est-elle juste à tes yeux ? Pourquoi ne nous as-tu pas ordonné de cesser le combat ? Si ce que nos frères ont fait est mal à tes yeux, pourquoi nous fais-tu tomber devant eux dans le combat ? Dieu de nos pères, écoute ma voix ! Fais savoir aujourd'hui à ton serviteur si la guerre faite à Benjamin est agréable à tes yeux, ou si tu veux punir ton peuple pour ses péchés. Alors les pécheurs parmi nous s'amenderont. Je me souviens de ce qui s'est passé dans ma jeunesse, au temps de Moïse. Dans le zèle de mon âme, j'en ai tué deux pour le péché de Zimri ; et comme ses partisans cherchaient à me tuer, tu as envoyé un ange, qui en a exterminé vingt-quatre mille et m'a délivré. Mais voici que onze de tes tribus sont parties pour exécuter tes ordres, pour se venger et pour tuer, et voici qu'elles ont été tuées elles-mêmes, de sorte qu'on leur fait croire que tes révélations sont mensongères et trompeuses. Seigneur, Dieu de nos ancêtres, rien n'est caché devant toi. Explique-nous pourquoi ce malheur nous a frappés».
Dieu répondit longuement à Phinéas en expliquant pourquoi onze tribus avaient souffert si durement. Le Seigneur avait voulu les punir pour avoir permis à Michée et à sa mère Dalila de poursuivre leurs mauvaises voies sans être inquiétés, alors qu'ils étaient animés d'un zèle sans bornes pour venger le mal fait à la femme de Guibéa. Dès que tous ceux qui s'étaient rendus coupables d'avoir aidé Michée dans ses pratiques idolâtres, directement ou indirectement, avaient péri, Dieu était prêt à les aider dans leurs conflits avec les Benjamites.
C'est ce qui arriva. Lors de la bataille qui eut lieu peu après, soixante-quinze mille Benjamites furent tués. Seuls six cents membres de la tribu survécurent. (134) Craignant de rester en Palestine, le petit groupe émigra en Italie et en Allemagne. (135)
En même temps, le châtiment que Dieu leur avait promis s'abattit sur les deux principaux pécheurs. Michée perdit la vie par le feu, et sa mère se décomposa vivante ; des vers sortaient de son corps. (136)
Malgré le grand malheur causé par Michée, il avait une bonne qualité, et Dieu a permis qu'elle plaide en sa faveur lorsque l'ange s'est dressé contre lui en tant qu'accusateur. Il était extrêmement hospitalier. Sa maison était toujours grande ouverte au vagabond, et c'est à son hospitalité qu'il dut d'avoir une part dans le monde futur. (137) En enfer, Michée est le premier de la sixième division, qui est sous la direction de l'ange Hadriel, et il est le seul de cette division à être épargné par les tortures de l'enfer. (138) Le fils de Michée était Jéroboam, dont les veaux d'or furent un péché bien plus grand que tout ce que son père avait fait. (139)
En ce temps-là, Dieu parla à Phinéas: «Tu es âgé de cent vingt ans, tu as atteint le terme naturel de la vie de l'homme. Va donc t'établir sur la montagne de Danaben, et tu y resteras de longues années. J'ordonnerai aux aigles de te nourrir, afin que tu ne reviennes pas vers les hommes, jusqu'au moment où tu fermeras les nuages et les rouvriras. Alors je te porterai au lieu où sont ceux qui t'ont précédé, et tu y resteras jusqu'à ce que je visite le monde et que je t'y fasse goûter la mort». (140)