Livre de la Genèse
24,5 Le serviteur lui demanda : « Et si cette femme ne consent pas à me suivre pour venir ici ? Devrai-je alors ramener ton fils dans le pays d’où tu es sorti ? » ( ) 24,6 Abraham lui répondit : « Garde-toi d’y ramener mon fils ! ( ) 24,7 Le Seigneur, le Dieu du ciel, lui qui m’a pris de la maison de mon père et du pays de ma parenté, m’a déclaré avec serment : “À ta descendance je donnerai le pays que voici.” C’est lui qui enverra son ange devant toi, et tu prendras là-bas une épouse pour mon fils. ( ) 24,8 Si cette femme ne consent pas à te suivre, tu seras dégagé du serment que je t’impose. Mais, en tout cas, tu n’y ramèneras pas mon fils. » ( ) 24,9 Le serviteur prêta à son maître Abraham un serment solennel concernant cette affaire. ( )

24,10 Parmi les chameaux de son maître, le serviteur en prit dix et il s’en alla, emportant tout ce que son maître avait de meilleur. Il se leva et s’en alla vers l’Aram-des-deux-Fleuves, à la ville de Nahor.


18824 Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg sur verset 2023-10-31: LA COUR DE REBEKAH
Accompagné de dix hommes (285), monté sur dix chameaux chargés de bijoux et de colifichets, Éliézer se rendit à Haran sous la conduite de deux anges, chargés de veiller l'un sur Éliézer, l'autre sur Rébecca (286).
Le voyage à Haran dura peu d'heures ; il y arriva le soir même, car la terre s'empressa de venir à sa rencontre d'une manière merveilleuse (287) ; il s'arrêta au puits d'eau, et pria Dieu de lui permettre de distinguer, parmi les jeunes filles qui venaient puiser de l'eau, la femme désignée pour Isaac, afin que ce fût elle seule, et non les autres, qui lui donnât à boire (288). A proprement parler, ce désir était inconvenant, car si une esclave lui avait donné de l'eau à boire (289), Dieu l'aurait exaucé. Toutes les jeunes filles dirent qu'elles ne pouvaient pas lui donner de leur eau, parce qu'elles devaient l'emporter chez elles. C'est alors que parut Rébecca, qui venait au puits contrairement à son habitude, car elle était fille de roi, Béthuel, son père, étant roi de Haran. Lorsque Eliézer adressa à cette jeune fille innocente sa demande d'eau à boire, non seulement elle fut prête à exécuter son ordre, mais elle réprimanda les autres jeunes filles pour leur manque de courtoisie envers un étranger (290). Eliézer remarqua aussi que l'eau montait d'elle-même vers elle depuis le fond du puits, de sorte qu'elle n'avait pas besoin de faire d'efforts pour la puiser. Après l'avoir examinée attentivement, il eut la certitude qu'elle était l'épouse choisie par Isaac. Il lui donna un anneau de nez, dans lequel était enchâssée une pierre précieuse d'un demi-sicle, préfigurant le demi-sicle que ses descendants apporteraient chaque année au sanctuaire. Il lui donna aussi deux bracelets pour les mains, d'un poids de dix sicles d'or, en signe des deux tables de pierre et des dix commandements qui s'y trouvaient (291).
Lorsque Rébecca, portant les bijoux, se rendit auprès de sa mère et de son frère Laban, celui-ci se précipita sur Eliézer pour le tuer et s'emparer de ses biens. Laban comprit bientôt qu'il ne pourrait pas faire beaucoup de mal à un géant comme Eliézer. Il le rencontra au moment où Eliezer s'emparait de deux chameaux et leur faisait traverser le torrent (292) ; en outre, comme Eliezer ressemblait beaucoup à Abraham, Laban crut voir Abraham devant lui, et il dit: «Entre, béni de l'Éternel ! Il n'est pas convenable que tu restes dehors ; j'ai purifié ma maison des idoles» (293).
Lorsque Éliézer arriva à la maison de Béthuel, on essaya de le tuer par ruse. Ils lui présentèrent des aliments empoisonnés. Heureusement, il refusa de manger avant de s'être acquitté de sa tâche. Tandis qu'il racontait son histoire, Dieu ordonna que le plat qui lui était destiné vienne se placer devant Béthuel, qui en mangea et mourut (294).
Eliezer montra le document qu'il avait, dans lequel Abraham cédait tous ses biens à Isaac, et il fit connaître aux parents d'Abraham combien son maître leur était attaché, malgré les longues années de séparation (295) ; mais il leur fit savoir en même temps qu'Abraham n'était pas entièrement dépendant d'eux. Il pouvait chercher une femme pour son fils parmi les filles d'Ismaël ou de Lot. Les parents d'Abraham consentirent d'abord à laisser Rebecca partir avec Eliézer, mais comme Béthuel était mort entre-temps, ils ne voulurent pas donner Rebecca en mariage sans l'avoir consultée. D'ailleurs, ils jugèrent convenable qu'elle restât à la maison au moins pendant la semaine de deuil de son père (296). Mais Éliézer, voyant l'ange l'attendre, ne voulut pas souffrir de retard, et il dit: «L'homme qui est venu avec moi et qui a fait prospérer mon chemin, m'attend dehors» ; et comme Rébecca se déclarait prête à partir immédiatement avec Éliézer, sa mère et son frère accédèrent à son désir et la congédièrent avec leurs bénédictions (297). Mais leurs bénédictions ne venaient pas du fond de leur cœur. En effet, en règle générale, la bénédiction des impies est une malédiction, et c'est pourquoi Rébecca resta stérile pendant des années.
Le retour d'Eliézer en Canaan fut aussi merveilleux que l'avait été son départ pour Haran. Il accomplit en trois heures un voyage de dix-sept jours. Il quitta Haran à midi et arriva à Hébron (299) à trois heures de l'après-midi, l'heure de la prière de Minhah, qui avait été introduite par Isaac. Il était en train de prier lorsque Rebecca l'aperçut pour la première fois, et elle demanda à Eliézer de quel homme il s'agissait. Elle vit qu'il ne s'agissait pas d'un individu ordinaire. Elle a remarqué la beauté inhabituelle d'Isaac, et aussi qu'un ange l'accompagnait. Sa question n'était donc pas dictée par la simple curiosité (300). C'est alors qu'elle apprit par le Saint-Esprit qu'elle était destinée à être la mère de l'impie Ésaü. La terreur la saisit à cette connaissance, et, tremblante, elle tomba du chameau et s'infligea une blessure (301).
Après avoir entendu les merveilleuses aventures d'Eliezer, Isaac emmena Rébecca dans la tente de sa mère Sarah, et elle se montra digne de lui succéder. La nuée réapparut, qui avait été visible au-dessus de la tente pendant la vie de Sara et avait disparu à sa mort ; la lumière brilla de nouveau dans la tente de Rébecca, que Sara avait allumée à l'entrée du sabbat et qui avait brûlé miraculeusement pendant toute la semaine ; la bénédiction revint avec Rébecca, qui avait plané sur la pâte pétrie par Sara ; et les portes de la tente s'ouvrirent pour les nécessiteux, larges et spacieuses, comme elles l'avaient été pendant la vie de Sara (302).
Isaac avait pleuré sa mère pendant trois ans, et il n'avait pu trouver aucune consolation dans l'académie de Sem et d'Eber, son lieu de résidence pendant cette période. Mais Rébecca le consola après la mort de sa mère (303), car elle était la contrepartie de Sarah en personne et en esprit (304).
Pour le récompenser d'avoir exécuté à sa pleine satisfaction la mission dont il l'avait chargé, Abraham libéra son esclave (305). La malédiction qui pesait sur Eliézer, comme sur tous les descendants de Canaan, se transforma en bénédiction, parce qu'il servait Abraham avec loyauté (306). La plus grande récompense de toutes, c'est que Dieu le trouva digne d'entrer vivant au Paradis, distinction qui n'était réservée qu'à un très petit nombre (307).

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24,11 Il fit agenouiller les chameaux en dehors de la ville, près d’un puits d’eau, à l’heure du soir, l’heure où les femmes sortent pour y puiser. ( ) 24,12 Il dit : « Seigneur, Dieu de mon maître Abraham, permets-moi de faire aujourd’hui une heureuse rencontre et montre ta faveur à l’égard de mon maître Abraham. ( ) 24,13 Me voici debout près de la source, et les filles des gens de la ville sortent pour puiser de l’eau. ( Gn 16,7 , ) 24,14 La jeune fille à qui je dirai : “Incline ta cruche pour que je boive”, et qui répondra : “Bois et je vais aussi abreuver tes chameaux”, que cette jeune fille soit celle que tu destines à ton serviteur Isaac ; je saurai ainsi que tu as montré ta faveur à l’égard de mon maître. » ( ) 24,15 Il n’avait pas fini de parler que sortit Rébecca, la fille de Betouël, fils de Milka, elle-même femme de Nahor, le frère d’Abraham ; elle portait sa cruche sur l’épaule. ( )



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