Lecture en continu (Traduction Liturgique)

23,2 Elle mourut à Kiriath-Arba, c’est-à-dire à Hébron, dans le pays de Canaan. Abraham s’y rendit pour le deuil et les lamentations.

18822 Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg sur verset 2023-10-31: LA MORT ET L'ENTERREMENT DE SARAH
Pendant qu'Abraham s'occupait du sacrifice, Satan alla trouver Sara, lui apparut sous la forme d'un vieillard très humble et très doux, et lui dit: «Tu ne sais pas tout ce qu'Abraham a fait aujourd'hui à ton fils unique ? Il a pris Isaac, a construit un autel, l'a égorgé et l'a offert en sacrifice. Isaac a crié et pleuré devant son père, mais celui-ci ne l'a pas regardé et n'a pas eu pitié de lui.» Après avoir dit ces paroles à Sara, Satan s'éloigna d'elle, et elle le prit pour un vieillard d'entre les fils des hommes qui avaient été avec son fils. Sarah éleva la voix et poussa des cris amers, en disant: «Mon fils, Isaac, mon fils, si j'étais morte aujourd'hui à ta place, je serais affligée à ton sujet. Après t'avoir élevé, après t'avoir fait grandir, ma joie s'est changée en deuil à ton sujet. Dans mon désir d'avoir un enfant, j'ai pleuré et prié, jusqu'à ce que je t'aie mis au monde à quatre-vingt-dix ans. Aujourd'hui, tu as servi pour le couteau et le feu. Mais je me console: c'est la parole de Dieu, et tu as exécuté l'ordre de ton Dieu, car qui peut transgresser la parole de notre Dieu, entre les mains duquel se trouve l'âme de tout être vivant ? Tu es juste, Seigneur notre Dieu, car toutes tes oeuvres sont bonnes et justes, et moi aussi je me réjouis de la parole que tu as commandée, et tandis que mon oeil pleure amèrement, mon coeur se réjouit. Sarah posa sa tête sur le sein d'une de ses servantes, et elle resta immobile comme une pierre.
Elle se leva ensuite et se mit à chercher des nouvelles de son fils, jusqu'à ce qu'elle arrivât à Hébron, et personne ne put lui dire ce qui était arrivé à son fils. Ses serviteurs allèrent le chercher dans la maison de Sem et d'Eber, et ils ne le trouvèrent pas ; ils cherchèrent dans tout le pays, et il n'y était pas. Et voici que Satan vint à Sara sous la forme d'un vieillard, et lui dit: «Je t'ai parlé faussement, car Abraham n'a pas tué son fils, et il n'est pas mort» ; et quand elle entendit cette parole, sa joie fut si grande que son âme s'évanouit de joie.
Lorsque Abraham et Isaac retournèrent à Beer-Sheba, ils cherchèrent Sarah et ne la trouvèrent pas ; et lorsqu'ils s'informèrent de son sort, on leur dit qu'elle était allée les chercher jusqu'à Hébron. Abraham et Isaac se rendirent auprès d'elle à Hébron, et lorsqu'ils découvrirent qu'elle était morte, ils pleurèrent amèrement sur elle, et Isaac dit: «O ma mère, ma mère, ma mère ! comment m'as-tu quitté, où es-tu allée, et comment m'as-tu abandonnée ?» Abraham et tous ses serviteurs pleurèrent et se lamentèrent sur elle, d'un deuil grand et pesant, au point qu'Abraham ne priait pas, mais passait son temps à se lamenter et à pleurer sur Sara (257). Et, en effet, il avait de grandes raisons de se lamenter sur sa perte, car, même dans sa vieillesse, Sara avait conservé la beauté de sa jeunesse et l'innocence de son enfance (258).
La mort de Sarah a été une perte non seulement pour Abraham et sa famille, mais aussi pour tout le pays. Tant qu'elle était en vie, tout allait bien dans le pays. Après sa mort, la confusion s'est installée. Les pleurs, les lamentations et les gémissements concernant son départ furent universels, et Abraham, au lieu de recevoir de la consolation, dut en offrir à d'autres. Il s'adressa au peuple en deuil et dit: «Mes enfants, ne prenez pas trop à coeur le départ de Sara. Les justes et les impies subissent le même sort. Je vous prie maintenant de me donner une sépulture chez vous, non comme un don, mais pour de l'argent» (259).
Ces derniers mots expriment la modestie d'Abraham. Dieu lui avait promis tout le pays, mais lorsqu'il venait enterrer ses morts, il devait payer la tombe, et il ne lui venait pas à l'esprit de dénigrer les voies de Dieu. En toute humilité, il s'adressa aux habitants d'Hébron, en disant: «Je suis étranger et je séjourne avec vous.» Dieu lui adressa la parole, et dit: «Tu t'es comporté avec modestie. Aussi longtemps que tu vivras, je t'établirai sur eux comme seigneur et comme prince» (260).
Un ange apparut au peuple lui-même, qui répondit à ses paroles en disant: «Tu es un prince de Dieu parmi nous. Dans le choix de nos sépulcres, ensevelis tes morts, parmi les riches si tu le veux, ou parmi les pauvres si tu le veux.
Abraham rendit d'abord grâces à Dieu du sentiment amical que lui avaient témoigné les enfants de Heth, puis il poursuivit ses négociations pour la caverne de Machpéla (262). Il connaissait depuis longtemps la valeur particulière de cet endroit. Adam l'avait choisi comme lieu de sépulture pour lui-même. Il avait craint que son corps ne soit utilisé à des fins idolâtres après sa mort ; il désigna donc la grotte de Machpéla comme le lieu de sa sépulture, et son cadavre fut déposé dans les profondeurs, afin que personne ne puisse le trouver (263). Lorsqu'il y enterra Eve, il voulut creuser plus profondément, parce qu'il sentait le doux parfum du Paradis, près de l'entrée où elle se trouvait, mais une voix céleste lui cria: Assez ! Adam lui-même y fut enseveli par Seth, et jusqu'au temps d'Abraham le lieu fut gardé par les anges, qui y entretenaient un feu perpétuel, afin que personne n'osât s'en approcher pour y ensevelir ses morts (264). Or, le jour où Abraham reçut les anges dans sa maison, et qu'il voulut égorger un bœuf pour leur divertissement, le bœuf s'enfuit, et Abraham, en le poursuivant, entra dans la caverne de Machpéla. Là, il vit Adam et Ève étendus sur des divans, des bougies allumées à la tête de leurs reposoirs, tandis qu'une douce odeur embaumait la caverne.
Abraham voulut acquérir la caverne de Macpéla auprès des fils de Heth, habitants de la ville de Jébus. Ceux-ci lui dirent: «Nous savons qu'à l'avenir Dieu donnera ces terres à ta descendance, et maintenant, jure-nous qu'Israël n'arrachera pas la ville de Jébus à ses habitants sans leur consentement.» Abraham accepta la condition, et il acquit le champ d'Ephron, en possession duquel il se trouvait (265).
Cela se passa le jour même où Ephron avait été nommé chef des fils de Heth, et il avait été élevé à ce poste afin qu'Abraham n'ait pas à traiter avec un homme de rang inférieur. C'était aussi un avantage pour Abraham, car Ephron avait d'abord refusé de vendre son champ, et seule la menace des fils de Heth de le destituer de son poste, s'il ne répondait pas au désir d'Abraham, pouvait l'inciter à changer d'avis (266).
En se montrant fourbe, Ephron propose alors à Abraham de lui céder le champ sans contrepartie, mais lorsque ce dernier insiste pour le payer, Ephron lui dit: «Mon seigneur, écoutez-moi. Un terrain valant quatre cents sicles d'argent, qu'est-ce que cela représente entre toi et moi ?», montrant bien que l'argent lui importait au plus haut point. Abraham comprit ses paroles, et lorsqu'il vint payer le champ, il pesa la somme convenue entre eux avec la meilleure monnaie courante (267) ; un acte, signé par quatre témoins, fut rédigé, et le champ d'Ephron, qui était à Machpéla, le champ et la caverne qui s'y trouvait, furent garantis à Abraham et à ses descendants pour tous les temps.
L'enterrement de Sarah eut lieu au milieu d'une grande magnificence et de la sympathie de tous. Sem et son fils Eber, Abimélek, roi des Philistins, Aner, Eshcol et Mamré, ainsi que tous les grands du pays, suivirent son cercueil. On observa pour elle un deuil de sept jours, et tous les habitants du pays vinrent se recueillir auprès d'Abraham et d'Isaac (268).
Lorsque Abraham entre dans la grotte pour y déposer le corps de Sarah, Adam et Ève refusent d'y rester, «car, disent-ils, nous avons déjà honte devant Dieu du péché que nous avons commis, et nous aurons encore plus honte de vos bonnes actions». Abraham apaise Adam. Il lui promet de prier Dieu pour lui, afin que le besoin de honte disparaisse. Adam reprit sa place, et Abraham ensevelit Sarah, et en même temps il ramena Eve, qui résistait, à sa place (269).
Un an après la mort de Sarah, Abimélek, roi des Philistins, mourut à son tour, à l'âge de cent quatre-vingt-treize ans. Son successeur sur le trône fut son fils Benmelek, âgé de douze ans, qui prit le nom de son père après son accession. Abraham ne manqua pas de rendre une visite de condoléances à la cour d'Abimélek.
Lot mourut également à cette époque, à l'âge de cent quarante-deux ans. Ses fils, Moab et Ammon, épousèrent tous deux des femmes cananéennes. Moab engendra un fils, et Ammon six fils ; la descendance de l'un et de l'autre fut extrêmement nombreuse.
Abraham subit en même temps une perte sévère par la mort de son frère Nachor, dont les jours s'achevèrent à Haran, alors qu'il avait atteint l'âge de cent soixante-douze ans (270).

410 Olivier (Les légendes des Juifs) sur verset 2011-10-18: C'est Abraham qui avait voulu que l'âge soit marqué par des signes sûrs et reconnaissables: les rides. Avant l'époque d'Abraham, rien ne distinguait un homme âgé d'un homme jeune.

920 Dict. Amoureux du Judaïsme sur verset 2018-01-28: Sarah est la première femme juive à mourir en Canaan.