Livre de la Genèse
22,3 Abraham se leva de bon matin, sella son âne, et prit avec lui deux de ses serviteurs et son fils Isaac. Il fendit le bois pour l’holocauste, et se mit en route vers l’endroit que Dieu lui avait indiqué. ( Jg 15,15 , ) 22,4 Le troisième jour, Abraham, levant les yeux, vit l’endroit de loin. ( ) 22,5 Abraham dit à ses serviteurs : « Restez ici avec l’âne. Moi et le garçon nous irons jusque là-bas pour adorer, puis nous reviendrons vers vous. » ( ) 22,6 Abraham prit le bois pour l’holocauste et le chargea sur son fils Isaac ; il prit le feu et le couteau, et tous deux s’en allèrent ensemble. ( ) 22,7 Isaac dit à son père Abraham : « Mon père ! – Eh bien, mon fils ? » Isaac reprit : « Voilà le feu et le bois, mais où est l’agneau pour l’holocauste ? » ( )

22,8 Abraham répondit : « Dieu saura bien trouver l’agneau pour l’holocauste, mon fils. » Et ils s’en allaient tous les deux ensemble.


2270 Bible des peuples sur verset 2018-11-17: Le récit du sacrifice d’Isaac nous choque : comment Dieu peut-il demander à Abraham d’immoler son fils. Pour comprendre ce texte, sans doute faut-il en faire une double lecture. À un premier niveau, ce texte est une condamnation formelle de tout sacrifice humain. N’oublions pas qu’à l’époque où il a été rédigé, les sacrifices d’enfants étaient couramment pratiqués par les Cananéens : de nombreux Israélites étaient tentés de croire, en voyant l’exemple des Cananéens, qu’un tel sacrifice plaisait à Dieu. C’est pourquoi les prophètes ont lutté de toutes leurs forces contre ce type de sacrifices (voir Jérémie 19). Ici, dans un premier temps, Abraham prend pour une volonté de Dieu l’immolation de son fils Isaac, mais à la fin du récit Dieu intervient de façon catégorique pour l’arrêter dans cette démarche. Ce texte dans une première lecture justifie également le rituel du rachat des premiers-nés. Toutes prémices appartiennent à Dieu ; mais à l’inverse des premiers-nés des animaux qui sont immolés, ceux de l’homme sont rachetés ( Exode 13.13). Cependant le texte de la Genèse nous invite à lire dans ce texte, plus loin et plus haut, l’exemple de la foi sans faille du patriarche : Dieu met à l’épreuve ses amis pour que leur foi grandisse. Il réserve ses plus grands bienfaits à ceux qui restent fidèles alors que tout espoir semble perdu. Pendant toute sa vie, Abraham a compté sur les promesses de Dieu pour son fils ; mais est-il prêt maintenant à sacrifier les promesses avec son fils ? Dieu l’a placé sur un chemin, que va-t-il faire si le chemin semble se perdre ? Après l’épreuve, Abraham saura qu’il aime son fils de la façon que Dieu veut, parce qu’il a choisi Dieu avant son fils. Comme lui nous saurons mieux que Dieu approuve nos engagements quand nous aurons montré que nous sommes prêts à les abandonner si telle est sa volonté. Quand toutes les promesses que Dieu a faites semblent s’écrouler, c’est l’amour vrai qui nous maintient fidèles. La tradition chrétienne a vu dans cette scène d’Abraham immolant son fils pour mieux le retrouver, l’annonce du don que Dieu le Père nous fera de son Fils, pour que nous soyons sauvés par sa mort sur la croix et par sa résurrection. Dieu le Père a sacrifié son propre Fils pour sauver les pécheurs. Même si les termes : sacrifice, souffrance, amour, n’ont pas le même sens pour Dieu que pour nous, nous ne devons pas penser qu’un Dieu indifférent et sans pitié exige de nous des sacrifices dont il n’a aucune expérience ( Romains 5.8 ; 8.31).

( Mt 6,31 , Lc 12,29 )
22,9 Ils arrivèrent à l’endroit que Dieu avait indiqué. Abraham y bâtit l’autel et disposa le bois ; puis il lia son fils Isaac et le mit sur l’autel, par-dessus le bois. ( ) 22,10 Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils. ( ) 22,11 Mais l’ange du Seigneur l’appela du haut du ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici ! » ( ) 22,12 L’ange lui dit : « Ne porte pas la main sur le garçon ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique. » ( ) 22,13 Abraham leva les yeux et vit un bélier retenu par les cornes dans un buisson. Il alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils. ( )