Evangile de Jean
21,21 Pierre, voyant donc ce disciple, dit à Jésus : « Et lui, Seigneur, que lui arrivera-t-il ? » ( ) 21,22 Jésus lui répond : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi. » ( ) 21,23 Le bruit courut donc parmi les frères que ce disciple ne mourrait pas. Or, Jésus n’avait pas dit à Pierre qu’il ne mourrait pas, mais : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? » ( ) 21,24 C’est ce disciple qui témoigne de ces choses et qui les a écrites, et nous savons que son témoignage est vrai. ( ) 21,25 Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites ; et s’il fallait écrire chacune d’elles, je pense que le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l’on écrirait. ( )
Actes des Apôtres de Luc

1,1 CHER THEOPHILE, dans mon premier livre, j’ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné, depuis le moment où il commença,


1768 Bible des peuples sur titre livre 2018-10-27: Au cours des trois années de sa vie publique, Jésus a jeté les fondements de l’Église : il a rassemblé ses premiers disciples et les a associés à sa mission (Marc 3.13-16). Il a fait de Pierre le responsable de la “communion” (Matthieu 16.18) et le gardien de la foi ( Luc 22.31) dans ce nouveau peuple de Dieu. Il a fait des Douze et des disciples un peuple de témoins ( Jean 15.16) et leur a promis le don de l’Esprit qui devait leur faire découvrir la plénitude de la lumière qu’il était venu apporter sur la terre ( Jean 16.13). Aujourd’hui le Seigneur est ressuscité, un peuple nouveau, un monde nouveau est né du côté ouvert de Jésus, comme l’enfant naît dans le sang et l’eau qui s’écoule du ventre de sa mère ( Jean 19.34). Illuminé par la parole de Jésus, animé par son esprit, ce peuple se met en route pour annoncer à toutes les nations les merveilles de Dieu et pour rassembler dans l’unité ses enfants dispersés ( Jean 11.52). Deux grandes figures vont se détacher dans cette aventure apostolique : Pierre et Paul. L’un s’attachera davantage à l’évangélisation des Juifs, l’autre sera mis à part pour annoncer la Bonne Nouvelle du salut aux païens (Galates 2.7-8). L’auteur du troisième évangile, Luc, va rendre témoignage de cette naissance de l’Église dans un livre appelé les Actes des Apôtres, ou probablement à l’origine Actes d’Apôtres. S’il y a eu pour cet ouvrage comme pour les Évangiles des récits plus anciens que Luc a utilisés pour rédiger son texte, l’harmonisation de ces divers documents a été faite de façon si remarquable, qu’il est bien difficile aujourd’hui de les discerner. Certains spécialistes pensent qu’au point de départ les Actes des Apôtres ne formaient avec le troisième évangile qu’un seul et même livre que l’on aurait divisé par la suite. De toute façon, une chose est certaine : dès le début du 2e siècle, les Actes des Apôtres se présentaient comme un texte indépendant. Par contre ce témoignage sur la naissance de l’Église nous est parvenu sous deux formes différentes : le “texte courant” représenté par la majorité des anciens manuscrits d’origine syrienne ou égyptienne, et le texte dit “occidental”, plus long et plus marqué par les querelles qui opposaient les Juifs aux premiers chrétiens. Le livre des Actes ne se déroule pas selon un plan rigoureux. On peut cependant discerner quelques grandes divisions de l’ouvrage, qui mettent en relief le projet de Luc. Sans porter un regard exclusif sur Pierre et Paul, Luc leur a donné la meilleure part. Malgré de nombreuses exceptions, la figure de Pierre domine les douze premiers chapitres, celle de Paul la seconde partie de l’ouvrage. Sur un plan géographique, on peut remarquer que les Actes des Apôtres nous conduisent de Jérusalem, par la Judée et la Samarie, jusqu’à Rome, suivant en cela la mission que Jésus a fixée à ses apôtres au jour de son ascension (Actes 1.8). Dans les sept premiers chapitres nous sommes à Jérusalem, puis avec les chapitres 8 et suivants, nous voyons — toujours en faisant place aux exceptions — l’Église se développer en Judée, en Samarie et sur la plaine côtière ; et à partir du chapitre 13, nous partons avec Paul en Asie mineure et en Grèce pour nous retrouver au chapitre 28 à Rome, dans le palais de l’empereur, c’est-à-dire au cœur même du monde païen. Là s’arrête brusquement le livre des Actes comme si Luc, à la manière d’un coureur chargé d’accompagner le rayonnement de la bonne nouvelle du salut de Jérusalem jusqu’aux extrémités de la terre, avait atteint le but et réalisé ainsi son contrat. Cela suffit à nous rappeler, s’il était nécessaire, que les Actes, pas plus que les évangiles, ne se présentent comme une biographie de Pierre ou de Paul, ou comme une histoire détaillée de l’Église primitive, mais comme un témoignage de l’œuvre de l’Esprit Saint. En fait, l’Esprit Saint est le véritable “acteur” de la naissance de l’Église : c’est pourquoi beaucoup de commentateurs, depuis les premiers siècles chrétiens, n’ont pas hésité à appeler ce livre “l’évangile de l’Esprit Saint”. On pourrait reprendre ici, en la modifiant, la parole de Jean : “l’Esprit a accompli beaucoup d’autres signes qui ne sont pas rapportés dans ce livre, mais ceux-ci ont été mis par écrit pour que vous croyiez que l’Esprit est à l’œuvre dans l’Église de Jésus-Christ.” D’autres traits marquants apparaissent encore dans ce livre des Actes : l’Église est enracinée dans l’expérience et la tradition de la foi d’Israël. Ici se met en œuvre la conviction qui se manifeste à travers les évangiles : “Jésus a accompli les Écritures”, c’est-à-dire qu’il a révélé le sens définitif, et transfiguré en sa propre personne toutes les réalités de l’Ancien Testament : la royauté de David, la prédication des prophètes, le Temple, la manne et l’agneau, etc. Dans les Actes des Apôtres Luc s’attache, à travers les diverses prédications de Pierre et de Paul en particulier, à souligner comment le mystère du Christ et de l’Église ont été annoncés et préparés dans l’Ancien Testament, mais aussi et inséparablement, comment ce double mystère donne tout son sens à l’histoire d’Israël. Dans cette perspective Luc souligne volontiers les parallèles entre Jésus et son Église, mais aussi entre le peuple de l’Ancien Testament et l’Église : à titre d’exemple citons les parallèles entre la mort d’Étienne et celle de Jésus, la montée de Paul à Jérusalem et celle de Jésus, mais aussi l’opposition entre la tour de Babel et la Pentecôte. Toujours dans le même sens, Jérusalem revient constamment sous la plume de Luc (58 fois). Comme il le fait dans son évangile, où la Ville Sainte, à la différence des autres évangélistes, est nommée 30 fois, Luc nous montre Jérusalem comme le lieu où s’est accompli le salut et d’où l’annonce de la Bonne Nouvelle doit partir vers toutes les nations.

1769 Bible des peuples sur verset 2018-10-27: Tout au long du livre des Actes, les apôtres affirment qu’ils sont “témoins de la résurrection de Jésus” ( Actes 2.32 ; 3.15 ; 5.32 ; 10.41 ; 13.31…) Ce témoignage ne s’appuie pas sur de vagues sentiments ou des visions douteuses, mais sur les “preuves” que Jésus a données à ses apôtres après sa résurrection et dont les évangiles se font l’écho. La mention des 40 jours est importante. Inspiré par les 40 semaines que l’enfant passe dans le sein maternel, le chiffre symbolique de 40 indique tout à la fois le temps de l’épreuve et de la maturation ; il est le temps de l’attente d’une naissance nouvelle. Durant 40 jours Jésus, au désert, s’est préparé à sa mission de Sauveur, durant 40 jours les apôtres se prépareront à l’effusion de l’Esprit et à leur mission de témoins. C’est à Jérusalem que les apôtres vont recevoir le baptême dans l’Esprit qui fera d’eux des créatures nouvelles. L’Esprit qui planait sur les eaux ( Genèse 1.2) au premier jour de la création, va venir sur eux et inaugurera les temps nouveaux. L’Église dont ils seront les “colonnes” sera d’abord et avant tout l’œuvre de l’Esprit Saint. C’est dans l’Esprit que les apôtres puiseront la force d’être au milieu du monde, témoins du ressuscité. Vous serez mes témoins à Jérusalem, en Judée, en Samarie, et jusqu’au bout du monde (8). Luc donne ici le plan géographique du livre des Actes (voir l’Introduction). Mais en même temps, il nous montre comment toute la dynamique de l’Ancien Testament se retourne avec la mort et la résurrection de Jésus. Depuis les premières pages de la Genèse, nous savons que le ciel et la terre sont à Dieu : il en est le Créateur et tout lui appartient. Mais avec l’appel d’Abraham et la marche de Moïse, nous découvrons que dans cet univers, une terre est particulièrement bénie de Dieu, c’est la terre de la promesse ; lorsque David s’empare de Jérusalem, cette ville devient Cité de David mais également Cité de Dieu. Dès lors le Psaume peut le dire : “Dieu préfère Jérusalem à toutes les autres villes de Jacob” (Psaume 87.2), et dans cette ville sainte, c’est sur la “montagne du Temple” que Dieu a sa demeure ( 1Rois 8.29). Ainsi, peu à peu, au fur et à mesure que Dieu marche à côté de son peuple, éclairant la route de sa parole, le regard se concentre sur Jérusalem et sur le Temple. Mais lorsque les hommes auront détruit le Temple véritable ( Jean 2.19), l’humanité du Fils en le clouant à la croix, Dieu fera jaillir la vie de la mort, et dès lors une dynamique nouvelle éclatera repartant de Jérusalem vers les autres contrées de la Terre Promise (Judée et Samarie), et de la Terre Promise jusqu’aux extrémités de la terre. Chacun des évangiles, à sa manière, s’achève sur un envoi en mission des disciples. De même, dès la première page des Actes, Jésus rappelle à son Église les exigences de la mission : lorsque l’Église, lorsqu’une communauté d’Église cesse d’être missionnaire, elle n’est plus l’Église de Jésus. Il fut enlevé sous leurs yeux (9). Jésus a multiplié les “preuves” de sa résurrection auprès de ceux qui auront pour vocation d’en être les témoins (1.3), mais il lui faut maintenant montrer à ses disciples le but final de la résurrection. En s’élevant vers le ciel dans cette dernière apparition, Jésus leur révèle le sens de sa propre histoire : venu du Père, il retourne vers le Père, mais il n’y retourne pas seul, il entraîne avec lui tout “un peuple de captifs” ( Éphésiens 4.8) qu’il arrache à la puissance des ténèbres pour les faire entrer dans son royaume de lumière ( Colossiens 1.13), il s’en va nous préparer une place afin que là où il est, nous y soyons nous aussi (Jean 14.2-3). Pour le moment, les disciples sont encore dans le monde, au milieu duquel ils doivent témoigner de la réalité nouvelle du Royaume de Dieu inauguré par Jésus : un royaume qui n’est pas, comme ceux de la terre, établi sur le pouvoir et sur l’argent (Luc 22.25-26), mais un royaume d’amour, de justice et de paix. Ce royaume n’est pas à chercher dans les nuages, il est déjà au milieu de nous (Luc 17.20-21) et il grandit chaque fois que nous nous laissons guider par l’Esprit de Dieu.

1770 Bible des peuples sur verset 2018-10-27: Il suffit de comparer ce début avec celui de l’Évangile de Luc pour voir que ce sont les deux parties d’une même œuvre. Théophile signifie : “Qui aime Dieu”. Ce pourrait n’être qu’un prête-nom : le livre alors s’adresserait à quiconque aime Dieu.

4900 Chouraqui sur titre livre 2019-04-19: Le cinquième livre du Nouveau Testament continue le troisième évangile et il est dû à la plume du même auteur, Loucas (Luc). L’attestation, faite par la plus ancienne tradition chrétienne, est confirmée par la lecture critique des deux ouvrages, tous deux dédiés à une seule personne, Theophilos, dont nous ne savons rien d’autre que ce qu’en dit la dédicace. Le style, le vocabulaire, la pensée sous-jacente à l’exposé des faits confirment l’homogénéité de ces deux oeuvres, écrites par un Syrien hébraïsé qui exerçait probablement la profession de médecin.
Le titre grec Praxeis Apostolôn est rendu ici par Gestes d’envoyés, de préférence à l’habituel Actes des Apôtres. Praxeis est communément employé en grec pour désigner la geste ou les gestes des grands hommes ou, dans un sens moins favorable, ceux qui permettent aux prestidigitateurs de réaliser leurs tours. Le mot « apôtre », usé par un trop long emploi, est remplacé par envoyé. Le grec apostolos traduit en effet l’hébreu shelihîm et désigne les envoyés des différentes communautés religieuses ou des partis qu’Israël déléguait constamment, de Terre sainte vers la diaspora, pour entretenir le zèle des communautés hébraïques et recueillir leurs offrandes.
Le livre, écrit après l’évangile de Marc et à la suite de celui de Luc, n’a pas dû bénéficier de la connaissance des Lettres de Paul. La recherche biblique s’est efforcée de déterminer la date de sa rédaction qu’elle fixe, selon les écoles et les auteurs, entre 60 et 80. La même imprécision règne en ce qui concerne le lieu où cette oeuvre aurait été écrite; on a suggéré Rome avant la comparution de Paul devant le tribunal de César, pour servir à sa défense.
Le but de l’auteur est de rapporter les événements de la passion de Iéshoua‘ à la naissance de la communauté chrétienne. L’ouvrage commence par une dédicace, puis l’auteur reprend la finale du troisième évangile (Lc 24,13-53) assurant ainsi la liaison entre ses deux livres (Ac 1,1-11). Suit une mosaïque d’épisodes qui jalonnent la naissance de l’Église à Jérusalem (Ac 1,12-7,60) et dans les régions voisines (Ac 8,1-12,25). Le récit du premier grand voyage missionnaire de Paul précède le rapport sur le concile de Jérusalem (Ac 13,1-15,35). La quatrième partie des Gestes est entièrement consacrée au récit des missions de Paul (Ac 15,36-21,16). Emprisonné à Jérusalem puis à Césarée, Paul est enfin transféré à Rome où il attend de passer en jugement (Ac 21,17-28,31).
Davantage qu’un livre d’histoire dans le sens moderne du terme, Gestes d’envoyés forme la chronique édifiante de la vie de la nouvelle communauté chrétienne. Il s’agit d’une « défense et illustration » de la foi en Iéshoua‘, messie d’Israël et sauveur de l’humanité. Vous serez mes témoins à Ieroushalaîm, dans tout Iehouda, à Shomrôn et jusqu’à l’extrémité de la terre, avait dit Iéshoua‘ à ses adeptes (Ac 1,8). L’oeuvre nous rapporte l’histoire de cet essor, de Jérusalem à Rome.
Ce serait une erreur de penser que seule la communauté chrétienne de Jérusalem envoyait des shelihîm, des « apôtres » vers la diaspora. L’usage d’agents de liaison entre les communautés de l’exil et la mère patrie était constant en Israël à l’époque du Deuxième Temple. Le shaliah représentait toujours une secte ou un parti: il était un envoyé des sadducéens, des zélotes, des esséniens ou, plus généralement, des pharisiens, qui considéraient la diaspora comme leur chasse gardée. Les missionnaires hébreux étaient des scribes, des prêtres, de savants docteurs de la tora ou même des artisans ou des marchands lettrés qui doublaient leurs activités commerciales par un effort de propagande religieuse ou nationale.
La foi d’Israël, dans toutes ses nuances, née de la Bible et exacerbée par les tragédies de l’histoire, tranchait universellement sur le relâchement des moeurs, qu’encourageaient les mythes et les mystères du paganisme décadent. Dans toute l’étendue de l’empire, le prosélytisme hébraïque répand une littérature abondante, véhicule efficace du monothéisme éthique.
Gestes d’envoyés forme un nouveau témoignage du dynamisme spirituel et du zèle incomparable que les Hébreux déploient au sein du monde païen pour répandre leur foi en IHVH-Adonaï Elohîms, qui compte au sein de l’empire plus de deux millions d’adeptes à l’heure où Pierre et Paul entreprennent leur activité missionnaire. Celle-ci survient en un temps où ce qui rapproche les Hébreux (de quelque tendance qu’ils soient) et les chrétiens est infiniment plus important que ce qui les sépare. Ils adorent le même Dieu; IHVH-Adonaï Elohîms, s’inspirent des mêmes Écritures, sont fidèles au même sanctuaire et vivent d’une même tradition.
En fait, les chrétiens se distinguaient des autres adorateurs de l’Elohîms d’Israël sur deux plans: ils voyaient en Iéshoua‘ le messie, le fils de Dieu et le sauveur du monde. Une fois exclus de la Synagogue par les pharisiens après que ceux-ci, à la suite du génocide romain, eurent réussi à prendre la direction exclusive des survivants de la nation, les apôtres de la foi nouvelle s’adressèrent, sans doute faute de choix, au monde païen plutôt qu’aux communautés juives jalousement gardées par les rabbis. Mais aux yeux des Romains et des autres païens, tout le débat judéo-chrétien n’était fait que d’incompréhensibles argaties, l’essentiel étant à leurs yeux que tous les Hébreux et les païens « judaïsés » rejetaient « fanatiquement » les dieux de Rome et avec eux les idoles de toutes les nations. Par ce rejet, ils tombaient ensemble sous le coup des lois de l’Empire qui les condamnaient indistinctement pour crime d’athéisme. La confrontation entre Rome et Jérusalem avait un caractère d’autant plus fatal qu’en contestant les idoles, juifs et chrétiens ébranlaient en ses assises le pouvoir politique qui en émanait et qui puisait en elles sa propre légitimité.
Il est classique de reconnaître trois étapes dans l’essor du christianisme: dans un premier temps, l’Église primitive, entièrement hébraïque dans ses racines, vit de la foi purement eschatologique en Iéshoua‘, le messie rédempteur et sauveur; par la suite, le christianisme s’éloigne davantage du judaïsme pharisien, et se développe sur l’impulsion des Hébreux hellénisés et du plus éminent d’entre eux, Paul. La troisième période commence, après la destruction du Temple de Jérusalem et les massacres ou les déportations qui suivirent cet événement, avec la fondation de la première Église catholique, apostolique dans son esprit et romaine dans sa direction, sous le contrôle de païens convertis au christianisme; elle aboutira à la conversion de l’empereur Constantin et à la proclamation du christianisme en tant qu’unique religion officielle de l’empire.
Interpréter les Évangiles, les Actes ou les Lettres, qui appartiennent à la première ou, tout au plus, à la deuxième période de l’Église primitive, dans le sens où ces textes ont été lus pendant la troisième période où triomphe l’Église catholique, apostolique et romaine, contribue à rendre plus inextricable l’affrontement judéo-chrétien. Celui-ci s’est manifesté par le rejet par les Juifs de tout ce qui pouvait, de près ou de loin, leur rappeler la religion de la Croix, devenue crucifiante pour eux; et, pour les chrétiens, par un éloignement grandissant de leurs sources hébraïques.
Pendant les deux premières périodes que nous venons de définir, le conflit le plus profond n’est certainement pas celui qui oppose la Synagogue à l’Église, mais l’opposition de l’une et l’autre à l’Empire. Il est capital de le souligner: la contradiction fondamentale entre l’Église et la Synagogue n’est pas d’ordre théologique mais téléologique, la première ayant choisi pour fin la conversion des païens et le royaume de Dieu; l’autre ayant été contrainte de se replier sur elle-même, de renoncer à tout prosélytisme, pour, sur les ruines de son Temple, de sa terre et de son peuple, resserrer les rangs des survivants et les organiser de telle manière qu’ils puissent sauver, avec la Bible hébraïque, les sources de leur langue, de leur culture et de leur religion, en attendant l’heure promise de leur retour et de leur résurrection. Le choix de l’Église l’éloignait de ses sources hébraïques et semblait constituer une trahison au regard de la Synagogue. L’option de la Synagogue paraissait être une folie ou une perfidie aux yeux de la chrétienté.
L’une et l’autre étaient cependant confrontées à des missions apparemment impossibles, l’Église à celle de convertir l’humanité entière à la foi au Christ-Roi; la Synagogue vouée, sans aucun support temporel, à sauver une nation, une foi, une culture, une langue assassinées.
Tel est le drame qui s’ouvre après la crucifixion de Iéshoua‘ et dont les « gestes » des envoyés, et leurs lettres, dessinent bien les lignes de force. En face de César, et de la mort qu’il répand dans les pays qui résistent à son règne, s’élève une double espérance: celle de l’Église, qui s’attend au retour et au triomphe du Christ-Roi, et celle de la Synagogue, condamnée à répéter chaque jour, pendant deux millénaires: « L’an prochain à Jérusalem. »

( Lc 8,33 , )
1,2 jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir, par l’Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu’il avait choisis. ( ) 1,3 C’est à eux qu’il s’est présenté vivant après sa Passion ; il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu. ( ) 1,4 Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux, il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre que s’accomplisse la promesse du Père. Il déclara : « Cette promesse, vous l’avez entendue de ma bouche : ( ) 1,5 alors que Jean a baptisé avec l’eau, vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici peu de jours. » ( ) 1,6 Ainsi réunis, les Apôtres l’interrogeaient : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » ( )



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