Lecture en continu (SEGOND)

12,4 Abram partit, comme l'Éternel le lui avait dit, et Lot partit avec lui. Abram était âgé de soixante-quinze ans, lorsqu'il sortit de Charan.

18804 Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg sur verset 2023-10-31: ABRAM EN CANAAN
Abram fut soumis à dix tentations, et il résista à toutes, ce qui montre à quel point l'amour d'Abram était grand (52). La première épreuve à laquelle il fut soumis fut le départ de son pays natal. Les épreuves qu'il rencontra furent nombreuses et sévères, et il n'aimait pas non plus quitter sa maison. Il s'adressa à Dieu et dit: «Le peuple ne parlera-t-il pas de moi et ne dira-t-il pas: «Il s'efforce d'amener les nations sous les ailes de la Shekinah, mais il laisse son vieux père à Haran et il s'en va» ? Dieu lui répondit: «Oublie tout souci au sujet de ton père et tes proches, même s'ils te parlent avec bonté. Même s'ils t'adressent des paroles bienveillantes, ils n'ont qu'une idée en tête: te faire périr».
Abram abandonna son père à Haran et partit pour Canaan, accompagné de la bénédiction de Dieu, qui lui dit: «Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai et je rendrai grand ton nom». Ces trois bénédictions devaient contrecarrer les conséquences néfastes qui, craignait-il, suivraient l'émigration, car voyager d'un lieu à l'autre nuit à la croissance de la famille, diminue les biens et la considération dont on jouit (54). La plus grande de toutes les bénédictions, cependant, était la parole de Dieu: «Et toi, sois une bénédiction». Cela signifie que quiconque entrait en contact avec Abram était béni. En outre, Dieu lui promit qu'à l'avenir son nom serait mentionné dans les bénédictions et que Dieu serait loué en tant que bouclier d'Abram, une distinction qui n'a été accordée à aucun autre mortel, à l'exception de David (56). Mais les paroles: «Et sois une bénédiction» ne s'accompliront que dans le monde futur, lorsque la postérité d'Abram sera connue parmi les nations et ses descendants parmi les peuples comme «la postérité que l'Éternel a bénie» (57).
Lorsque Abraham fut invité pour la première fois à quitter sa maison, on ne lui dit pas vers quel pays il devait se diriger ; sa récompense serait d'autant plus grande qu'il exécuterait l'ordre de Dieu (58). Abram montra sa confiance en Dieu, car il dit: « Je suis prêt à aller partout où tu m'enverras « (59). Le Seigneur lui demanda alors d'aller dans un pays où il se révélerait, et lorsqu'il se rendit plus tard à Canaan, Dieu lui apparut, et il sut que c'était la terre promise (59).
En entrant en Canaan, Abram ne savait pas encore qu'il s'agissait du pays désigné comme son héritage. Il se réjouit néanmoins d'y arriver. En Mésopotamie et à Aramnaharaïm, dont il avait vu les habitants manger, boire et se livrer à la débauche, il avait toujours souhaité: «Que ma part ne soit pas dans ce pays !» Mais lorsqu'il arriva en Canaan, il constata que les gens s'appliquaient à cultiver la terre, et il dit: «Que ma part soit dans ce pays !». Heureux de cette heureuse nouvelle, Abram érigea un autel au Seigneur pour le remercier de sa promesse, puis il se mit en route vers le sud, en direction de l'endroit où devait s'élever le Temple. A Hébron, il érigea à nouveau un autel, prenant ainsi possession du pays dans une certaine mesure. De même, il éleva un autel à Aï, car il prévoyait qu'un malheur frapperait sa descendance à cet endroit, lors de la conquête du pays par Josué. L'autel, espérait-il, éviterait les conséquences néfastes qui en résulteraient.
Chaque autel qu'il élevait était un centre pour ses activités de missionnaire. Dès qu'il arrivait à un endroit où il désirait séjourner, il dressait une tente d'abord pour Sarah, puis pour lui-même, et il commençait aussitôt à faire des prosélytes et à les amener sous les ailes de la Shekinah. C'est ainsi qu'il accomplit son dessein d'amener tous les hommes à proclamer le nom de Dieu (61).
Pour l'instant, Abram n'était qu'un étranger dans sa terre promise. Après le partage de la terre entre les fils de Noé, lorsque chacun fut allé dans son lot, Canaan, fils de Cham, vit que le pays qui s'étendait du Liban au fleuve d'Égypte était beau à voir, et il refusa d'aller dans son lot, à l'ouest, le long de la mer. Il s'établit dans le pays du Liban, à l'orient et à l'occident, depuis la limite du Jourdain jusqu'à la limite de la mer. Cham, son père, et ses frères, Cusch et Mitsraïm, lui adressèrent la parole et dirent: «Tu habites un pays qui ne t'appartient pas, car il ne nous a pas été attribué lors du tirage au sort. Ne fais pas cela ! Si tu persistes, toi et tes enfants, vous tomberez, maudits, dans le pays, en rébellion. C'est par rébellion que tu t'es installé ici, c'est par rébellion que tes enfants seront abattus, c'est par rébellion que ta descendance sera détruite pour l'éternité. Ne séjourne pas dans le pays de Sem, car c'est à Sem et aux enfants de Sem qu'il a été attribué par le sort. Tu es maudit, et tu seras maudit devant tous les enfants de Noé, à cause de la malédiction, car nous avons prêté serment devant le saint juge et devant notre père Noé.
Canaan n'écouta pas les paroles de son père et de ses frères. Il habita, lui et ses fils, dans le pays du Liban, depuis HaMt jusqu'à l'entrée de l'Égypte (62). Bien que les Cananéens eussent pris illégalement possession du pays, Abram respecta leurs droits ; il munit ses chameaux de muselières, pour les empêcher de paître sur la propriété d'autrui (63).