Evangile de Matthieu
15,22 Et voici, une femme cananéenne, qui venait de ces contrées, lui cria: Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David! Ma fille est cruellement tourmentée par le démon. ( ) 15,23 Il ne lui répondit pas un mot, et ses disciples s'approchèrent, et lui dirent avec insistance: Renvoie-la, car elle crie derrière nous. ( ) 15,24 Il répondit: Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël. ( Mc 6,45 , ) 15,25 Mais elle vint se prosterner devant lui, disant: Seigneur, secours-moi! ( ) 15,26 Il répondit: Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants, et de le jeter aux petits chiens. ( )
15,27 Oui, Seigneur, dit-elle, mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres.
21474 Daniel Bourguet sur marathon 2024-06-02: « Les miettes qui tombent de la table » - Jean Chrysostome (extr. Homélie 52 sur St Matthieu) cité dans Daniel Bourguet : l’Evangile médité par les Pères - Matthieu - ed. Olivetan
« Аie pitié de moi ! », dit la Cananéenne.
Spectacle touchant que celui d'une femme s'exprimant avec tant d'émotion, d'une mère implorant pour sa fille, pour une enfant tourmentée de la façon la plus cruelle. Mais Jésus ne lui répondit pas une seule parole !
Quelle étrange et singulière attitude ! Il admet en sa présence des Juifs, malgré leur endurcissement; et cette femme qui accourt vers lui, qui le supplie et l'implore, il ne daigne même pas lui répondre !
« Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israel », dit Jésus. Et que fait la Cananéenne, après avoir entendu ces paroles ?
S'en va-t-elle en gardant le silence ? Perd-elle courage ?
Pas du tout ! Elle insiste d'autant plus !
Il n'en est pas ainsi de nous.
Quand nous ne sommes pas exaucés, nous nous retirons, découragés, alors qu'il faudrait insister davantage.
Qui donc, il est vrai, n'aurait pas été refroidi par cette réponse?
Le silence aurait suffi à porter au désespoir ; et à bien plus forte raison une réponse de cette nature ! Mais cette femme, loin de se retirer découragée, comme on aurait pu le penser, s'approche de plus près et se prosterne en disant : « Seigneur, viens à mon aide ! »
Quelle est à ce moment l'attitude du Christ ?
Il n'est pas encore satisfait, et il augmente le désarroi de la Cananéenne, en disant : « Il n'est pas bon de prendre le pain des enfants et de le donner aux petits chiens ! »
En lui adressant une telle réponse, il lui fait plus de peine que s'il s'était tu !
Plus la femme insiste dans sa prière, plus il s'applique à la rebuter !
Les Juifs, il ne les appelle plus « brebis », mais « enfants », et elle, il la nomme « petit chien » !
Que fait alors cette femme ?
De ces paroles mêmes, elle tire un argument :
« Si je suis un petit chien, dit-elle, alors je ne suis plus une étrangère ! Je n'ignore pas que la nourriture soit nécessaire aux enfants ! Mais dois-je être repoussée pour autant, sous prétexte que je suis un petit chien ? S'il est mal de recevoir quoi que ce soit, il faudra donc interdire les miettes. Mais s'il convient que l'on partage, si peu que ce soit, alors, je ne dois pas être chassée, même si je suis un petit chien ! Car ce titre me donne plutôt le droit de n'être pas repoussée. »
Considère donc, je te prie, en même temps que sa foi, l'humilité profonde de la Cananéenne.
Alors que Jésus donne le nom d'« enfants» aux Juifs, elle ne se contente pas de cela, et les appelle « maîtres », tant elle est loin de souffrir de l'éloge adressé à autrui.
« Les petits chiens, dit-elle, mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ».
Elle se traite de « chien » et elle les traite de « maîtres ».
A cause de cela elle est admise au nombre des enfants.
« Ô femme, lui dit le Chris, grande est ta foi. Qu'il te soit fait selon ton désir ! »
Et à l'heure même sa fille fut guérie.
15,28 Alors Jésus lui dit: Femme, ta foi est grande; qu'il te soit fait comme tu veux. Et, à l'heure même, sa fille fut guérie. ( ) 15,29 Jésus quitta ces lieux, et vint près de la mer de Galilée. Étant monté sur la montagne, il s'y assit. ( Mc 8,1 , ) 15,30 Alors s'approcha de lui une grande foule, ayant avec elle des boiteux, des aveugles, des muets, des estropiés, et beaucoup d'autres malades. On les mit à ses pieds, et il les guérit; ( ) 15,31 en sorte que la foule était dans l'admiration de voir que les muets parlaient, que les estropiés étaient guéris, que les boiteux marchaient, que les aveugles voyaient; et elle glorifiait le Dieu d'Israël. ( ) 15,32 Jésus, ayant appelé ses disciples, dit: Je suis ému de compassion pour cette foule; car voilà trois jours qu'ils sont près de moi, et ils n'ont rien à manger. Je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur que les forces ne leur manquent en chemin. ( )
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Lu dans le marathon de la parole: Voir heure 21