Evangile de Matthieu
8,21 Un autre de ses disciples lui dit : « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » ( ) 8,22 Jésus lui dit : « Suis-moi, et laisse les morts enterrer leurs morts. » ( ) 8,23 Comme Jésus montait dans la barque, ses disciples le suivirent. ( ) 8,24 Et voici que la mer devint tellement agitée que la barque était recouverte par les vagues. Mais lui dormait. ( ) 8,25 Les disciples s’approchèrent et le réveillèrent en disant : « Seigneur, sauve-nous ! Nous sommes perdus. » ( )

8,26 Mais il leur dit : « Pourquoi êtes-vous si craintifs, hommes de peu de foi ? » Alors, Jésus, debout, menaça les vents et la mer, et il se fit un grand calme.


21470 Daniel Bourguet sur marathon 2024-06-02: « Il y eut un grand calme » - Hébert Roux (extr. L’Evangile du Royaume) cité dans Daniel Bourguet : l’Evangile médité par les Pères - Matthieu - ed. Olivetan

L’épisode de la tempête apaisée met en lumière la vraie nature de la foi.
Il doit être rapproché du passage du chapitre 6 sur les soucis.

De la même façon que Jésus demande « pourquoi vous inquiétez-vous ? », il interroge ici encore ses disciples : « pourquoi avez-vous peur ? »

A l'effroi qui saisit ces hommes en péril, comme au souci à l'égard de la nourriture et du vêtement, Jésus oppose la foi.
Ceux qui ont peur, comme ceux qui s'inquiètent, sont des « gens de peu de foi ».

Le sommeil de Jésus, souligné par Matthieu, et que, dans Marc, ses disciples lui reprochent, offre un contraste saisissant avec la furie des éléments déchaînés et l'affolement des disciples.
Mais il ne signifie pas que Jésus ignore ou méconnaisse la tempête et la réalité du danger qui menace, pas plus que, dans le passage sur les oiseaux du ciel et les lis des champs, il ne néglige la réalité de la vie quotidienne.

Jésus endormi incarne en quelque sorte la sécurité de la foi ; il évoque le sommeil du bien-aimé de l'Éternel, dont parle le Psaume 127, de celui qui se sait gardé.
Et lorsqu'il se tient ensuite face à la tempête, exactement comme tout à l'heure au milieu des malades et des démons, il agit avec le calme et la décision de celui qui veut et qui peut, et auquel il suffit de vouloir pour pouvoir.
C'est avec l'autorité que lui donne cette puissance qu'il demande : « pourquoi avez-vous peur ? »

Or, la peur des disciples vient précisément de ce qu'ils ne reconnaissent pas en Jésus celui qui veut et qui peut. Leur « petite foi », qui fait contraste avec la « grande foi » du centenier, ne discerne pas « qui est celui-ci, à qui même les vents et la mer obéissent ».

Ils ne comprennent pas qu'il suffit d'un mot, d'un geste de Jésus pour ramener le calme, parce que sa parole [- connectée au divin -] est vraiment efficace, agissante et ordonnatrice. […]

C'est peut-être l'intention profonde de ce récit, de mettre en lumière l'action providentielle du Dieu créateur et rédempteur qui commande au vent et à la tempête, comme il nourrit les oiseaux du ciel et revêt les lis des champs.

Les disciples ne comprennent pas cette action parce que leur cœur est partagé: ils n'ont pas compris ce que veut dire « chercher premièrement le Royaume et sa justice », ni que ce Royaume est là quand Jésus est là, prononçant, au milieu du plus grand danger et de la perdition la plus totale, la parole qui sauve.

Ainsi, la foi ne s'exerce point en dehors de la réalité concrète de la vie, ni hors des événements qui mettent la vie en question.

Elle commence, au contraire, au point de rencontre de notre vie et de l'action de [Dieu en l’homme] ; elle est une intervention de Dieu dans notre existence.

C'est parce qu'il en est ainsi qu'elle peut emporter toute crainte : « Et il y eut un grand calme…» [nous dit l’Evangile]

[Que la foi du Christ - la confiance en l’action providentielle de Dieu - soit au coeur de nos tempêtes…
Et que le règne de Dieu vienne s’immiscer dans nos coeurs, pour les ouvrir au calme et à la paix véritables qui viennent de Dieu.]

( )
8,27 Les gens furent saisis d’étonnement et disaient : « Quel est donc celui-ci, pour que même les vents et la mer lui obéissent ? » ( ) 8,28 Comme Jésus arrivait sur l’autre rive, dans le pays des Gadaréniens, deux possédés sortirent d’entre les tombes à sa rencontre ; ils étaient si agressifs que personne ne pouvait passer par ce chemin. ( ) 8,29 Et voilà qu’ils se mirent à crier : « Que nous veux-tu, Fils de Dieu ? Es-tu venu pour nous tourmenter avant le moment fixé ? » ( ) 8,30 Or, il y avait au loin un grand troupeau de porcs qui cherchait sa nourriture. ( ) 8,31 Les démons suppliaient Jésus : « Si tu nous expulses, envoie-nous dans le troupeau de porcs. » ( )



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