Lecture en continu (LXX traduite)

40,17 Et dans la première lune de la seconde année depuis la sortie d'Égypte, le jour de la nouvelle lune, le tabernacle fut dressé.

18991 Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg sur verset 2023-10-31: LE JOUR DES DIX COURONNES
Le premier jour de Nisan était un jour riche en événements, «un jour qui se distinguait par dix couronnes». C'est le jour où les princes des tribus commencent à apporter leurs offrandes ; c'est le premier jour où la Shekinah vient habiter au milieu d'Israël ; c'est le premier jour où il est interdit de sacrifier ailleurs qu'à l'endroit prévu ; c'est le premier jour où les prêtres accordent leur bénédiction à Israël ; le premier jour du service régulier des sacrifices ; le premier jour où les prêtres participaient à certaines portions de l'offrande ; le premier jour où le feu céleste a été vu sur l'autel ; c'était en outre le premier jour de la semaine, un dimanche, le premier jour du premier mois de l'année. (376)
C'est ce jour-là, après « la semaine de forMton « d'Aaron et de ses fils, que Dieu dit à Moïse: « Tu penses que tu seras grand prêtre parce que tu t'es occupé des fonctions sacerdotales pendant cette semaine ? Non, appelle Aaron et annonce-lui qu'il a été nommé grand prêtre, et en même temps appelle les anciens et annonce en leur présence son élévation à cette dignité, afin qu'on ne dise pas que c'est Aaron lui-même qui a assumé cette dignité» (377). [A l'exemple de Dieu qui, au Sinaï, avait distingué Aaron avant tous les autres, en disant: «Tu monteras, toi et Aaron avec toi, mais que les prêtres et le peuple ne passent pas», Moïse alla d'abord chez Aaron, puis chez les fils d'Aaron, et ensuite seulement chez les anciens, pour s'entretenir avec eux des préparatifs de l'installation d'Aaron dans sa charge. (378)
Lorsque Moïse annonça à Aaron que Dieu l'avait nommé grand prêtre, Aaron répondit: «Quoi ? Tu as eu tout le travail d'ériger le tabernacle, et c'est moi qui vais en être le grand prêtre !» Moïse lui répondit: «Aussi vrai que tu vis et que tu es grand prêtre, je suis aussi heureux que si j'avais été choisi moi-même. Comme tu t'es réjoui de mon élévation, je me réjouis de la tienne.» (379) Moïse poursuivit: «Mon frère Aaron, bien que Dieu se soit réconcilié avec Israël et lui ait pardonné son péché, tu dois, par ton offrande, fermer la bouche de Satan, afin qu'il ne te haïsse pas lorsque tu pénétreras dans le sanctuaire. Prends donc un jeune veau en offrande pour le péché, car de même que tu as failli perdre tes droits à la dignité de grand prêtre à cause d'un veau, de même tu seras rétabli dans ta dignité par le sacrifice d'un veau. Moïse se tourna alors vers le peuple et dit: «Vous avez deux péchés à expier: la vente de Joseph, dont les pères ont enduit le manteau du sang d'un chevreau pour faire croire à leur père que son propriétaire avait été déchiré par une bête sauvage, et le péché que vous avez commis en adorant le veau d'or. Prenez donc un chevreau pour expier la faute que vous avez commise avec un chevreau, et prenez un veau pour expier la faute que vous avez commise avec un veau. Mais pour vous assurer que Dieu s'est réconcilié avec vous, offrez aussi un taureau, et reconnaissez ainsi que vous égorgez devant Dieu votre idole, le taureau que vous aviez adoré auparavant». Mais le peuple dit à Moïse: «A quoi sert-il à cette nation de rendre hommage à son roi, qui est invisible ?» Moïse répondit: «C'est pour cela que Dieu vous a ordonné d'offrir ces sacrifices, afin qu'il se montre à vous.» À ces mots, ils se réjouirent grandement, car ils savaient que Dieu était désormais complètement réconcilié avec eux, et ils s'empressèrent d'apporter les offrandes au sanctuaire. Moïse leur adressa un avertissement en ces termes: « Veillez maintenant à chasser de vos cœurs toute mauvaise impulsion, à n'avoir plus qu'une seule pensée et une seule résolution, celle de servir Dieu, et à consacrer vos services entiers au seul et unique Dieu, car il est le Dieu des dieux et le Seigneur des seigneurs. Si vous agissez selon mes paroles, la gloire du Seigneur vous apparaîtra».
Mais Aaron, dans son humilité, n'osait pas encore entreprendre ses activités sacerdotales. L'aspect de l'autel à cornes l'effrayait, car il lui rappelait l'adoration du taureau par Israël, un incident dans lequel il ne se sentait pas tout à fait innocent. Moïse dut l'encourager à s'approcher de l'autel et à offrir les sacrifices. Après avoir offert les sacrifices prescrits, Aaron, les mains levées, bénit le peuple en disant: «L'Éternel te bénit et te garde ; L'Éternel fait briller sur toi sa face et te fait grâce ; L'Éternel lève sur toi sa face et te donne la paix.
Malgré les offrandes et les bénédictions, il n'y avait toujours pas de signe de la Shekinah, si bien qu'Aaron, le cœur lourd, pensa: «Dieu est en colère contre moi, et c'est ma faute si la Shekinah n'est pas descendue sur Israël ; je dois simplement à mon frère Moïse d'être entré dans le sanctuaire à ma grande confusion, car mon service n'a pas suffi à faire descendre la Shekinah.» Sur ce, Moïse entra une seconde fois avec son frère dans le sanctuaire, et leurs prières unies eurent l'effet désiré: «un feu sortit de devant le Seigneur et il demeura sur l'autel cent soixante années, sans que le bois de l'autel fût consumé, ni que son revêtement d'airain fût fondu».
Lorsque le peuple vit le feu céleste, gage évident de la grâce de Dieu et de sa réconciliation avec lui, il poussa des cris, tomba sur sa face et loua Dieu, entonnant en son honneur un chant de louange. La joie régnait non seulement sur la terre, mais encore dans le ciel, car en ce jour la joie de Dieu pour l'érection du sanctuaire était aussi grande que l'avait été, au premier jour de la création, sa joie pour ses ouvrages, le ciel et la terre. En effet, dans un certain sens, l'érection du Tabernacle a été la touche finale de la création du monde. En effet, le monde existe pour trois raisons: la Torah, le service divin et les œuvres d'amour. De la création du monde à la révélation du Sinaï, le monde a dû son existence à l'amour et au tombeau de Dieu ; de la révélation à l'érection du sanctuaire, le monde a dû son existence à la Torah et à l'amour, mais ce n'est qu'avec l'érection du Tabernacle que le monde a assuré sa base solide, car il avait désormais trois pieds sur lesquels s'appuyer: la Torah, le service divin et l'amour. D'un autre point de vue, le jour de la consécration du sanctuaire est à mettre en relation avec les jours de la création, car lors de la création du monde, Dieu a habité avec les mortels et n'a retiré la Shekinah au ciel qu'à cause du péché des deux premiers êtres humains. Mais le jour de la consécration du Tabernacle, la Shekinah est retournée dans son ancienne demeure, la terre. Les anges se sont donc lamentés ce jour-là, en disant: «Maintenant, Dieu va quitter les armées célestes et habiter parmi les mortels». Dieu les apaisa en disant: «Aussi vrai que vous vivez, ma vraie demeure restera en haut», mais il n'était pas tout à fait sérieux lorsqu'il dit cela, car la terre est vraiment sa principale demeure. Ce n'est qu'après l'édification du Tabernacle sur terre que Dieu ordonna aux anges d'en construire un semblable dans le ciel, et c'est dans ce Tabernacle que Métatron offre les âmes des pieux devant Dieu, en expiation pour Israël, au moment de l'exil, lorsque Son sanctuaire terrestre est détruit.
Ce jour marque un changement important dans les rapports entre Dieu et Moïse. Auparavant, la voix de Dieu frappait l'oreille de Moïse comme si elle était conduite par un tube, et à cette occasion, l'extérieur ne reconnaissait qu'au visage rougi de Moïse qu'il recevait une révélation ; maintenant, lors de la consécration du sanctuaire, cela a changé. En effet, ce jour-là, lorsqu'il entra dans le sanctuaire, une voix douce, agréable et charmante retentit dans sa direction, et il dit: «J'entendrai ce que Dieu, l'Éternel, me dira: Il dit alors: «J'écouterai ce que Dieu, le Seigneur, dira». Il entendit alors les paroles suivantes: «Autrefois, l'inimitié régnait entre moi et mes enfants, autrefois la colère régnait entre moi et mes enfants, autrefois la haine régnait entre moi et mes enfants ; mais maintenant, l'amour règne entre moi et mes enfants, l'amitié règne entre moi et mes enfants, la paix règne entre moi et mes enfants.
Il était évident que la paix régnait, car ce jour-là, la liberté de mouvement dans le monde, qui avait été accordée jusqu'alors aux démons, leur a été retirée. Jusqu'alors, ils étaient si souvent rencontrés que Moïse récitait régulièrement une prière spéciale lorsqu'il se rendait sur le mont Sinaï, demandant à Dieu de le protéger contre les démons. Mais dès que le tabernacle fut érigé, ils disparurent. Pas entièrement, il est vrai, car aujourd'hui encore, ces créatures pernicieuses peuvent tuer une personne, surtout dans la période allant du dix-septième jour de Tammouz au neuvième jour d'Ab, lorsque les démons exercent leur pouvoir. Le plus dangereux d'entre eux est Keteb, dont la vue tue aussi bien les hommes que les animaux. Il roule comme une boule et a une tête de veau avec une seule corne sur le front.
De même que Dieu a détruit le pouvoir de ces démons par le Tabernacle, de même, par la bénédiction sacerdotale qu'il a accordée à son peuple avant la consécration du sanctuaire, il a brisé le charme du mauvais oeil, qui aurait pu lui nuire maintenant comme il l'avait fait lors de la révélation sur le Sinaï. Les grandes cérémonies de ce jour-là avaient tourné les yeux du monde entier vers Israël, et le mauvais œil des nations avait provoqué la brisure des deux tables. De même que Dieu bénit son peuple à cette occasion, de même Moïse, après l'achèvement du tabernacle, bénit Israël par ces mots: «Que le Dieu éternel de vos pères vous mutiplie pour que vous soyez mille fois plus nombreux que vous ne l'êtes, et vous bénisse comme il vous l'a promis. Le peuple répondit à cette bénédiction en disant: «Que la beauté du Seigneur notre Dieu soit sur nous! Puisses-tu soutenir le travail de nos mains au-dessus de nous; oui,que Tu soutiennes l'oeuvre de nos mains.» (381)