Lecture en continu (Traduction Liturgique)

36,5 et vinrent dire à Moïse : « Le peuple apporte plus qu’il n’en faut pour le travail que le Seigneur a ordonné d’exécuter. »

18988 Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg sur verset 2023-10-31: L'ACHÈVEMENT DU TABERNACLE
Le onzième jour de Tishri, Moïse réunit le peuple et l'informa que Dieu désirait qu'il y ait un sanctuaire au milieu de lui, et chaque homme fut invité à apporter au sanctuaire l'offrande de son choix. En même temps, il leur fit comprendre que, si la participation à la construction du tabernacle était une action pieuse, ils ne devaient en aucun cas rompre le sabbat pour se hâter de construire le sanctuaire. Moïse leur exposa alors le genre de travail qui était permis le jour du sabbat, et celui qui était interdit, car il n'y avait pas moins de trente-neuf occupations dont l'exercice le jour du sabbat était puni de mort (359). En raison de l'importance de l'observation du sabbat, Moïse en communiqua les préceptes directement à la grande masse du peuple qu'il avait rassemblée, et non aux seuls anciens. Il agissait ainsi selon l'ordre de Dieu, qui lui avait dit: «Va, Moïse, convoque de grandes assemblées et annonce-leur les lois du sabbat, afin que les générations futures suivent ton exemple ; les jours de sabbat, rassemble le peuple dans les synagogues et instruis-le dans la Torah, afin qu'il sache ce qui est interdit et ce qui est permis, pour que Mon nom soit glorifié parmi Mes enfants.» C'est dans l'esprit de ce commandement que Moïse a institué que, pour chaque jour saint, il y ait une prédication dans les synagogues et un enseignement sur la signification du jour saint en question. Il convoqua le peuple à ces enseignements par ces mots: «Si vous suivez mon exemple, Dieu vous comptera comme si vous aviez reconnu Dieu comme votre roi dans le monde entier.» (360)
L'accent mis sur l'observation des lois du sabbat était tout à fait nécessaire, car le peuple était si pressé de donner ses contributions, que Moïse dut faire annoncer, le jour du sabbat, qu'ils ne devaient rien emporter de leurs maisons, car il est défendu de porter des choses le jour du sabbat. Car Israël est un peuple particulier, qui a répondu à l'invitation d'aller chercher de l'or pour le veau d'or, et qui a répondu avec non moins de zèle à l'invitation de Moïse d'apporter des contributions pour le Tabernacle. Ils ne se contentèrent pas de sortir des objets de leurs maisons et de leurs trésors, mais ils arrachèrent de force les ornements de leurs femmes, de leurs filles et de leurs fils, et les apportèrent à Moïse pour la construction du tabernacle. Ils pensaient ainsi effacer le péché qu'ils avaient commis en fabriquant le veau d'or ; ils avaient employé leurs ornements à la construction de l'idole, et maintenant ils les employaient pour le sanctuaire de Dieu. (362)
Les femmes, quant à elles, n'étaient pas moins désireuses d'apporter leur contribution, et elles étaient particulièrement actives dans la production des tentures de laine. Elles le firent d'une manière si miraculeuse, qu'elles filèrent la laine pendant qu'elle était encore sur les chèvres. Moïse ne voulut pas d'abord accepter les contributions des femmes, mais celles-ci apportèrent leurs manteaux et leurs miroirs, en disant: «Pourquoi rejettes-tu nos dons ? Si tu le fais parce que tu ne veux dans le sanctuaire rien de ce dont les femmes se servent pour rehausser leurs charmes, voici nos manteaux dont nous nous servons pour nous dérober aux regards des hommes. Mais si tu crains d'accepter de nous quelque chose qui ne nous appartiendrait pas, mais qui appartiendrait à nos maris, voici nos miroirs qui n'appartiennent qu'à nous, et non à nos maris.» A la vue de ces miroirs, Moïse entra dans une grande colère et fit chasser les femmes, en s'écriant: «Quel droit ont dans le sanctuaire ces miroirs qui ne servent qu'à exciter les désirs sensuels ?» Mais Dieu dit à Moïse: «Ces miroirs me sont plus chers que tous les autres dons, car ce sont eux qui m'ont donné mes armées. Lorsqu'en Égypte les hommes étaient épuisés par leurs lourds travaux, les femmes avaient l'habitude de venir les voir avec de la nourriture et de la boisson, de sortir leurs miroirs et de dire à leurs maris en les caressant: 'Regarde dans le miroir, je suis bien plus belle que toi'. Prends donc ces miroirs et fais-en la cuve qui contient l'eau pour la sanctification des prêtres». C'est d'ailleurs de cette cuve que l'on tirait l'eau que devait boire la femme soupçonnée d'adultère pour prouver son innocence. De même qu'autrefois les miroirs servaient à allumer l'affection conjugale, de même on en fit le vase pour l'eau qui devait rétablir la paix rompue entre mari et femme.
Lorsque Moïse, sur l'ordre de Dieu, fit connaître au peuple que quiconque avait un coeur bien disposé, homme ou femme, pouvait apporter une offrande, le zèle des femmes fut si grand, qu'elles repoussèrent les hommes et s'avancèrent en foule avec leurs dons, (364) de sorte qu'en deux jours tout ce qui était nécessaire à la construction du tabernacle était entre les mains de Moïse. Les princes des tribus vinrent presque trop tard avec leurs contributions, et au dernier moment ils apportèrent les pierres précieuses pour les vêtements d'Aaron, afin qu'ils soient tout de même représentés dans le sanctuaire. Mais Dieu prit mal leur retard, et c'est pourquoi ils cherchèrent plus tard à être les premiers à offrir des sacrifices dans le sanctuaire. (365)
Après que tout eut été fourni pour la construction du Tabernacle, Bezalel se mit à l'œuvre avec le dévouement de toute son âme, et, en récompense, les Saintes Écritures ne parlent que de lui comme du constructeur du sanctuaire, bien que beaucoup d'autres l'aient secondé dans ce labeur. Il commença par façonner les planches, puis il s'occupa de les recouvrir, et lorsqu'il eut achevé ces choses, il se mit à préparer les rideaux, puis il acheva l'arche avec le propitiatoire qui en fait partie, et enfin la table pour les pains de proposition et le chandelier. (366)