Lecture en continu (Bible de Jérusalem)

10,6 Fils de Cham: Kush, Miçrayim, Put, Canaan.

18790 Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg sur verset 2023-10-31: LES DESCENDANTS DE NOÉ SE RÉPANDENT À L'ÉTRANGER
Lorsque Cham apprit que son père l'avait maudit, il s'enfuit, honteux, et s'installa avec sa famille dans la ville qu'il avait bâtie et qu'il appela Neelatamauk en l'honneur de sa femme. Jaloux de son frère, Japhet suivit son exemple. Il construisit lui aussi une ville qu'il nomma en l'honneur de sa femme, Adataneses. Sem est le seul des fils de Noé à ne pas l'avoir abandonné. A proximité de la maison de son père, près de la montagne, il construisit sa ville, à laquelle il donna aussi le nom de sa femme, Zedeketelbab. Les trois villes sont situées près du mont Lubar, l'éminence sur laquelle l'arche s'est posée. La première se trouve au sud, la deuxième à l'ouest et la troisième à l'est.
Noé s'efforça d'inculquer à ses enfants et aux enfants de ses enfants les ordonnances et les commandements qu'il connaissait. Il les avertit notamment contre la fornication, l'impureté et toutes les iniquités qui avaient provoqué le déluge sur la terre. Il leur reprocha de vivre séparés les uns des autres et de se livrer à des jalousies, car il craignait qu'après sa mort ils n'aillent jusqu'à répandre du sang humain. Il les mit en garde contre cette éventualité, afin qu'ils ne soient pas anéantis de la terre comme ceux qui l'avaient précédée. Une autre loi qu'il leur enjoignit d'observer, c'est celle qui ordonne que le fruit d'un arbre ne soit pas consommé pendant les trois premières années de sa croissance, et que, la quatrième année, il soit réservé aux seuls prêtres, après qu'une partie en a été offerte sur l'autel de Dieu. Et Noé, après avoir achevé de donner ses enseignements et ses injonctions, dit: «C'est ainsi qu'Hénoch, votre ancêtre, a exhorté son fils Mathusalem, et Mathusalem son fils Lamek, et Lamek m'a tout transmis comme son père le lui avait demandé, et maintenant je vous exhorte, mes enfants, comme Hénoch l'a fait pour son fils. Lorsqu'il vécut, dans sa génération, qui était la septième génération de l'homme, il l'ordonna et l'attesta à ses enfants et aux enfants de ses enfants, jusqu'au jour de sa mort « (67).
En l'an 1569 après la création du monde, Noé partagea la terre par tirage au sort entre ses trois fils, en présence d'un ange. Chacun d'eux étendit la main et prit un morceau du sein de Noé. Le bulletin de Sem portait l'inscription du milieu de la terre, et cette portion devint l'héritage de ses descendants pour l'éternité. Noé se réjouit que le sort l'ait attribué à Sem. C'est ainsi que s'accomplit la bénédiction qu'il lui avait donnée: «Et Dieu dans la demeure de Sem», car trois lieux saints se trouvaient dans son enceinte: le Saint des Saints du Temple, le mont Sinaï, point médian du désert, et le mont Sion, point médian du nombril de la terre.
Le sud échut au lot de Cham, et le nord devint l'héritage de Japhet. Le pays de Cham est chaud, celui de Japhet est froid, mais celui de Sem n'est ni chaud ni froid, sa température est chaude et froide à la fois. (68).
Ce partage de la terre eut lieu vers la fin de la vie de Péleg, nom que lui donna son père Eber, qui, étant prophète, savait que le partage de la terre aurait lieu du temps de son fils (69). Le frère de Péleg fut appelé Joktan, parce que la durée de la vie de l'homme fut abrégée de son temps (70).
Les trois fils de Noé, debout devant leur père, partagèrent chacun leur part entre leurs enfants, Noé menaçant de sa malédiction quiconque tendrait la main pour prendre une part qui ne lui avait pas été attribuée par le sort. Et tous s'écrièrent: «Qu'il en soit ainsi ! Qu'il en soit ainsi !» (71)
Cent quatre terres et quatre-vingt-dix-neuf îles furent ainsi réparties entre soixante-douze nations, chacune ayant sa propre langue et utilisant seize caractères d'écriture différents. Japhet reçut quarante-quatre terres, trente-trois îles, vingt-deux langues et cinq types d'écriture ; Cham reçut trente-quatre terres, trente-trois îles, vingt-quatre langues et cinq types d'écriture ; et Sem vingt-six terres, trente-trois îles, vingt-six langues et six types d'écriture - un ensemble de caractères écrits de plus pour Sem que pour chacun de ses frères, l'ensemble supplémentaire étant l'hébreu (72).
La terre désignée comme l'héritage des douze fils de Jacob fut provisoirement accordée à Canaan, à Sidon, à Heth, aux Jébusiens, aux Amorites, aux Girgashites, aux Hiviens, aux Arkiens, aux Sinites, aux Arvadites, aux Zémarites et aux HaMtites. Le devoir de ces nations était de prendre soin de la terre jusqu'à ce que les propriétaires légitimes viennent (73).
A peine les enfants de Noé et les enfants de leurs enfants avaient-ils pris possession des habitations qui leur avaient été attribuées, que les esprits impurs commencèrent à séduire les hommes et à les tourmenter par des douleurs et toutes sortes de souffrances conduisant à la mort spirituelle et physique. Sur les supplications de Noé, Dieu fit descendre l'ange Raphaël, qui bannit de la terre les neuf dixièmes des esprits impurs, n'en laissant qu'un dixième à Mastema, pour qu'il punisse les pécheurs par leur intermédiaire. Raphaël, soutenu par le chef des esprits impurs, révéla alors à Noé tous les remèdes résidant dans les plantes, afin qu'il y ait recours en cas de besoin. Noé les consigna dans un livre qu'il transmit à son fils Sem (74). C'est à cette source que remontent tous les livres de médecine où les sages de l'Inde, de l'Aram, de la Macédoine et de l'Égypte puisent leurs connaissances. Les sages de l'Inde se consacraient particulièrement à l'étude des arbres et des épices curatives ; les Araméens étaient très versés dans la connaissance des propriétés des grains et des graines, et ils traduisaient les anciens livres médicaux dans leur langue. Les sages de Macédoine furent les premiers à appliquer concrètement les connaissances médicales, tandis que les Égyptiens cherchaient à guérir par la magie et l'astrologie, et enseignaient le Midrash des Chaldéens, composé par Kangar, fils d'Ur, fils de Kesed. La médecine se répandit de plus en plus jusqu'à l'époque d'Esculape. Ce sage macédonien, accompagné de quarante savants magiciens, voyagea de pays en pays, jusqu'à ce qu'ils arrivent au pays au-delà de l'Inde, dans la direction du Paradis. Ils espéraient y trouver du bois de l'arbre de vie et répandre ainsi leur renommée dans le monde entier. Leur espoir fut déçu. Arrivés sur place, ils trouvèrent des arbres guérisseurs et du bois de l'arbre de vie, mais au moment où ils allaient tendre la main pour cueillir ce qu'ils désiraient, un éclair jaillit de l'épée qui tournait sans cesse, les frappa à terre et ils furent tous brûlés. Avec eux disparut toute connaissance de la médecine, qui ne revint qu'au temps du premier Artaxerxès, sous les sages macédoniens Hippocrate, Dioscoride de Baala, Galien de Caphtor et l'Hébreu Asaph (75).